Les banksters de BNP-Paribas ont publié leur bilan pour ce dernier trimestre mais ils continuent à ne pas le présenter correctement, c’est-à-dire pas comme devraient le faire les banques normalement constituées…
En effet, pour déterminer les véritables capitaux propres dits tangibles excluant les minoritaires (Tangible shareholders equity), il faut aller pêcher le montant du Total part du groupe au passif puis retrancher les écarts d’acquisition (goodwill) inscrits à l’actif…
Document 1 :
… et surtout retrancher les Titres Super-subordonnés à Durée Indéterminée (TSSDI) qui se montaient à 6,599 milliards d’euros à la fin de ce dernier trimestre… qui ne sont mentionnés que dans les états financiers semestriels, cf. mes articles à ce sujet, car les dirigeants de nos Gos banques ont réussi à faire adopter en France cette règle qui n’est bien entendu pas appliquée ailleurs (qu’en France),
Document 2 :
Une petite remarque : ces chiffres du bilan ont été curieusement retraités, avec un effet favorable pour la banque évidemment… en application des règles IFRS 10 et 11 et IAS 32 !
Les derniers chiffres publiés par les banksters sur leur endettement sont étonnamment exactement égaux de ceux que j’avais retraités précédemment (sur la base d’un ratio de levier Bâle 3 publié par BNP de… 3,7 % pour le 1° trimestre), ce qui confirme une fois de plus la justesse de mes analyses : le ratio Core Tier 1 réel (calculé comme je le fais habituellement en application des règles préconisées par ce bon vieux Greenspan et autres) est de 3,7 % correspondant à un leverage de 27,0 !
Document 3 :
BNP | 2013 Q2 | 2013 Q3 | 2013 Q4 | 2014 Q1* | 2014 Q2 |
---|---|---|---|---|---|
1 Assets | 1 861,34 | 1 855,62 | 1 810,52 | 1 882,76 | 1 906,63 |
2 Equity | 86,136 | 86,644 | 87,433 | 85,519 | 84,6 |
3 TSSDI | 7,229 | 7,229 | 6,614 | 6,614 | 6,599 |
4 Goodwill | 10,488 | 10,278 | 9,846 | 11,7 | 9,925 |
5 Tangible eq | 68,419 | 69,137 | 70,973 | 67,205 | 68,076 |
6 Liabilities | 1 792,92 | 1 786,48 | 1 739,55 | 1 815,55 | 1 838,55 |
7 Leverage (µ) | 26,2 | 25,8 | 24,5 | 27 | 27 |
8 Core Tier 1 (%) | 3,8 | 3,9 | 4,1 | 3,7 | 3,7 |
Sommes en milliards d’euros. Le montant des écarts d’acquisition du 1° trimestre 2014 est estimé par rapport au ratio de levier Bâle 3 publié par BNP de 3,7 %.
Cependant, le communiqué de presse mentionne curieusement page 2 que le ratio de levier Bâle 3 est de… 3,5 % ! (c’est en fait le ratio Core Tier 1), ce qui signifie en réalité que le montant des véritables capitaux propres représente 3,5 % du total des actifs, ce qui correspond à son inverse, le leverage, c’est-à-dire au multiple d’endettement ou levier en français, de 28,6 (le total des dettes représente 28,6 fois le montant des capitaux propres), confirmant ainsi parfaitement mes analyses mais… en pire !
Document 4 :
Par ailleurs, ces chiffres sont en concordance avec ceux de l’Autorité Bancaire Européenne (l’EBA, dans le cadre de son étude sur la solidité des banques de la zone euro), qui ne retient que les véritables capitaux propres, sans les titres dits hybrides (super subordonnés et autres) ni les écarts d’acquisitions officiellement reportés à l’actif ni les autres plantages qui auraient dû être publiés par la BNP dans ses bilans. L’EBA a diffusé un document évaluant à 68 milliards d’euros le montant des véritables capitaux propres à la fin du 2° trimestre 2013. En conséquence, le véritable leverage se montait alors à 26,2 correspondant à un ratio Core Tier réel de 3,8 % en concordance avec mes analyses antérieures et postérieures.
A la suite des turbulences financières de ces dernières années, ce bon vieux Greenspan a relevé ses exigences à un leverage inférieur à 10 correspondant à un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %, sans pondérer les actifs, comme le préconisent également la BRI, Axel Weber, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni et la Banque du Portugal.
Dans ce cas, il faudrait pour cela augmenter les capitaux propres de… 105 milliards d’euros pour avoir un leverage de 10 ou diminuer le total des dettes de… 1 150 milliards !
C’est drôle, on se demande pourquoi les banksters de BNP-Paribas ne publient pas le montant des Certificats de Dépôt Négociables (CDN) qu’ils mettent en pension pour obtenir… 40 milliards d’euros d’argent frais ! chiffres publiés par la Banque de France, auxquels il faudrait ajouter ceux qui sont prêtés par la BCE qui ne publie aucun chiffre.
Document 5 :
Le leverage réel de BNP est de 27. Celui de la banque des frères Lehman était de 32 lorsqu’elle a fait faillite, ce qui a provoqué de fortes turbulences financières dans le monde. Le total de son bilan était alors de 650 milliards de dollars… seulement.
Le total du bilan de BNP, 1 900 milliards d’euros, est proche du montant du PIB annuel de la France.
Tout ceci est fort inquiétant mais il y a pire : tout le monde sait que BNP a été condamnée par les autorités américaines à payer près de 9 milliards de dollars pour éviter une condamnation en bonne et due forme en reconnaissant sa culpabilité dans des opérations frauduleuses.
Or, les banksters de BNP ne reconnaissent pas cette somme comme étant une amende (s’analysant comme étant la conséquence d’une condamnation) mais comme le résultat d’un accord (banal) avec les autorités américaines !
Document 6 :
Les banksters de BNP écrivent que cette somme doit être considérée comme non fiscalement déductible du résultat imposable et ils ont parfaitement raison sur ce point mais ils ont l’outrecuidance de faire… exactement le contraire en la passant en charge déductible du résultat dans un compte folklorique qu’ils ont inventé : Coûts relatifs à l’accord global avec les autorités des Etats-Unis !
Document 7 :
Il s’agit là évidemment d’une présentation frauduleuse des comptes dans le but de tromper le public et en particulier les clients et les investisseurs, ce qui est condamnable : c’est le délit de publication de faux bilan.
En fait, pour respecter les règles (les 9 milliards de dollars d’amende doivent être considérés comme non fiscalement déductibles du résultat imposable), il n’aurait pas fallu comptabiliser cette somme en charges, ce qui aurait fait un résultat avant impôts de 4,897 milliards d’euros engendrant un impôt sur les bénéfices de l’ordre de 33 % soit 1,632 milliards et un résultat net final de 3,265 milliards,
Document 8 :
Pire encore : si les personnes qui me lisent comprennent bien la manip des gangsters de BNP, ils sont sur le point de faire payer la moitié de cette amende par les contribuables !
En effet, en comptabilisant les 5,750 milliards d’euros d’amende en charges au 2° trimestre (compte tenu des provisions antérieures), les banksters de la BNP évitent de payer l’impôt sur les bénéfices de 1,632 milliards et ils disposent d’un avoir fiscal de 1,424 milliards, soit en tout 3,056 milliards qui sont perdus par les contribuables, ce qui signifie que ce sont eux qui vont payer in fine la moitié de l’amende de la BNP !
C’est du très grand art ! Bravo les artistes !
Personne n’a imaginé une telle pirouette. J’avoue que j’admire la prouesse.
Le plus drôle est que plus de 24 heures après la publication des comptes de la BNP, personne, à ma connaissance du moins, n’a compris la manip.
Enfin remarquons que les banksters de la BNP précisent qu’une incertitude demeure quant au traitement fiscal qui sera retenu in fine [… pour] cet accord, ce qui signifie que le gouvernement peut valider l’analyse de la BNP mais ce n’est pas certain.
En fait, en lisant entre les lignes, cela signifie que, si le gouvernement actuel accepte cette interprétation, BNP récupère miraculeusement 3 milliards d’euros. Comme un ascenseur permet de monter, il permet aussi de descendre, il est évident que les banksters de la BNP feront profiter le parti au pouvoir d’un retour d’ascenseur, à savoir de financements qui bénéficient du secret bancaire, ainsi que leurs adversaires qui seront par la suite au pouvoir, pour que tout reste discret.
Ainsi prospère la nomenklatura.
Les banksters de BNP prennent les Français pour des idiots et ils ont raison. Ça marche : ils ne comprennent jamais rien aux problèmes financiers, bancaires, monétaires.
Les Français sont en vacances. Ça baigne. Tout va bien.
Tout est simple… à condition de savoir décrypter correctement des centaines de pages de comptes à dormir debout pour en tirer la substantifique moelle.
Finalement, je remercie les dirigeants de nos Gos banques et ici ceux de BNP qui montrent que j’avais raison et que j’ai toujours raison de calculer les véritables ratios d’endettement.
Heureusement, je suis le seul à faire de telles analyses, mais l’EBA en reprendra certains éléments dans ses études à venir de façon à restaurer un peu de sa crédibilité !
Cliquer ici pour lire le communiqué présentant les résultats (non audités) de BNP d’où sont tirées ces dernières données.
Cliquer ici pour lire les données de la Banque de France sur les Titres de Créances Négociables (TCN).
……….
Qui peut les faire condamner?
« Qui peut les faire condamner? »
L’AMF !! (Humour noir…)
Leurs clients en fermant leur compte chez eux !!!!!!!!!
Du grand art M. Chevallier!
Bravo pour vos analyses tellement justes.
Pour le reste, les médias corrompus de cette grande propagande restent « étonnamment » muets.
post à sauvegarder !
» BNP précisent qu’une incertitude demeure quant au traitement fiscal qui sera retenu in fine [… pour] cet accord, » On a vraiment une législation top, très malléable, pas du tout raide comme la Justice (cela, c’était autrefois)…
Bonjour M. Chevallier,
Je vous avoue tout de suite que je ne connais rien des spécificités de la comptabilité bancaire. Etudiant en droit je m’intéresse surtout aux conséquences de la sanction prononcée à l’encontre de BNP. Second aveu, je ne comprends pas votre critique de la comptabilisation de l’amende qui m’apparaît régulière.
Avec mes connaissances limitées, voilà comment j’ai analysé ce document.
Mon hypothèse c’est que le résultat avant impôt est un résultat comptable. L’amende peut alors être comptabilisée en charge. Le résultat comptable avant impôt est déterminé sans considération des règles de déductibilité fiscale. Le chiffre est inscrit entre parenthèses puisqu’il s’agit d’une perte.
L’impôt sur les bénéfices est calculé à partir du bénéfice imposable. Or ce dernier est déterminé en procédant à des déductions et de réintégrations fiscales. Par exemple des charges vont être réintégrées, c’est à dire ajoutées au bénéfice car la loi le prévoit. Le principe c’est que certaines dépenses engagées par l’entreprise ne doivent pas lui permettre de diminuer son IS comme des dépenses somptuaires ou des amendes.
L’IS ici n’est pas directement calculé en divisant par 3 le résultat avant impôt. Il faut d’abord déterminer le résultat fiscal. En l’absence d’informations on peut faire des suppositions :
Résultat fiscal = Résultat avant impôt – produits déductibles + les charges à réintégrées
= -1053 – ??? + 5950 = 4900 environ
Il est possible qu’il faille déduire à ce résultat des produits déductibles comme des plus values
Voila ce qui pourrait expliquer le montant de 1424€ d’IS. Indiqué entre parenthèses parce qu’il faut le déduire du résultat avant impôt pour déterminer le résultat net et non parce qu’il s’agit d’un avoir. En effet le résultat net = -1053 – 1424 = -2477 .
Pouvez vous développer votre critique parce que je ne la comprends pas, merci.
ah les bandits ……………..je m’en doutais…………..de cette entourloupe.
Une amende est à prendre sur le capital rien d’autre.
tout est sous contrôle. Rien de facheux n’arrivera. Certaines sup de co sont dirigées par d’anciens de l’audit anglo-saxon, consul honoraire de l’UK. Sup de co qui permettent à des crétins de décrocher leur diplôme qui les amène à des carrières de Cadre sup à la Dexia, 2ème dernier BNP Paribas. Les lecteurs de ce blog, anciens de sup de co ont été soigneusement écarté par le système. Tout va bien. La sociologie des banksters nous protège. Les CCI seraient en défaut de paiement selon Jovanovic. Qu’elles crèvent.
Bonjour ,
Bien vu, car il faut décortiquer ces situations comptables, mais si j’ai bien compris c’est votre job ! Il me semble qu’il ne faut pas perdre de vue que ce n’est qu’une situation et ……… donc provisoire .Il est donc nécessaire de suivre la sortie du bilan définitif 2014 avec ses annexes, le rapport du ou des commissaires aux comptes et bien sur l’annexe déterminant le résultat imposable,donc Juin 2015! Si les faux en écritures sont confirmés ce ne peut ètre qu’avec l’accord de l’administration fiscale et vu les montants en cause qu’avec l’aval du ministre des finances me semble t’il . Donc vigilance et ne laissez pas tomber merci !
meilleures salutations ,
jean pierre chevalier;