Les banksters de BNP-Paribas ont publié leur bilan pour ce dernier trimestre mais ils continuent à ne pas le présenter correctement, c’est-à-dire pas comme devraient le faire les banques normalement constituées…
En effet, pour déterminer le montant des véritables capitaux propres dits, tangibles, excluant les minoritaires (Tangible shareholders equity), il faut aller pêcher le montant du Total part du groupe au passif puis retrancher les écarts d’acquisition (goodwill) inscrits à l’actif…
Document 1 :
… et surtout retrancher les titres dits hybrides comme les Titres Super-Subordonnés à Durée Indéterminée (TSSDI) dont les montants ne sont pas publiés dans les comptes trimestriels (ils ne sont mentionnés que dans les états financiers semestriels) qui sont considérés par la seule nomenklatura française comme faisant partie des capitaux propres, ce qui n’est pas le cas partout ailleurs dans le monde, cf. mes articles à ce sujet.
Depuis le début de cette année 2014, les banksters de BNP-Paribas publient un ratio de levier Bâle 3 qui est de 3,5 % pour ce dernier trimestre,
Document 2 :
Les chiffres de ces ratios de levier Bâle 3 publiés par les banksters de BNP-Paribas sont en concordance avec ceux que j’avais calculés sur la base de l’analyse de ces titres hybrides, ce qui prouve une fois de plus la justesse de mes analyses sur ce sujet, et ceci depuis plusieurs années…
En reprenant les chiffres de ces ratios de levier Bâle 3 publiés par les banksters de BNP-Paribas pour ces 4 derniers trimestres, le tableau d’analyse fait apparaitre le leverage réel qui est de 28,4 pour ce dernier trimestre,
Document 3 :
BNP | 2013 Q3* | 2013 Q4 | 2014 Q1 | 2014 Q2 | 2014 Q3 |
---|---|---|---|---|---|
1 Assets | 1 855,62 | 1 810,52 | 1 882,76 | 1 906,63 | 2 068,64 |
2 Equity | 86,644 | 87,433 | 85,519 | 84,6 | 87,588 |
3 Hybrid securities + | 7,229 | 13 | 6,614 | 10 | 6,6 |
4 Goodwill | 10,278 | 9,846 | 11,7 | 9,925 | 10,547 |
5 Tangible eq | 69,137 | 64,587 | 67,205 | 64,675 | 70,441 |
6 Liabilities | 1 786,48 | 1 745,94 | 1 815,55 | 1 841,95 | 1 998,19 |
7 Leverage (µ) | 25,8 | 27 | 27 | 28,5 | 28,4 |
8 Core Tier 1 (%) | 3,9 | 3,7 | 3,7 | 3,5 | 3,5 |
Sommes en milliards d’euros. Le montant des titres hybrides du 3° trimestre 2013 est calculé par rapport aux chiffres qui ont été publiés par la banque.
Il faudrait augmenter les capitaux propres de 117 milliards d’euros pour que BNP-Paribas respecte les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan (sans pondérer les actifs, comme le préconisent également la BRI, Axel Weber, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et la CRR/CRD IV), à savoir un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 % ou un leverage inférieur à 10 (contre respectivement 8% et 12,5 pour le ratio Core Tier 1 d’origine), ou diminuer le total des dettes de 1 295 milliards, par cessions d’actifs par exemple.
C’est drôle, on se demande pourquoi les banksters de BNP-Paribas ne publient pas le montant des Titres de Créances Négociables (TCN) qu’ils mettent en pension pour obtenir… 31,5 milliards d’euros d’argent frais ! … répartis entre les Certificats de Dépôt Négociables (CDN),
Document 4 :
… et les Bons à Moyen Terme Négociables…
Document 5 :
… chiffres publiés par la Banque de France, auxquels il faudrait ajouter ceux qui sont prêtés par la BCE qui ne publie aucun chiffre.
Le leverage réel de BNP est de 28,4. Celui de la banque des frères Lehman était de 32 lorsqu’elle a fait faillite, ce qui a provoqué de fortes turbulences financières dans le monde. Le total de son bilan était alors de 650 milliards de dollars… seulement.
Le total du bilan de BNP, 2 068 milliards d’euros, est proche du montant du PIB annuel de la France (2 137 milliards) !
Les Américains sont inquiets face à la puissance de leurs big banks too big to fail, mais JPMorgan est celle qui a le total de son bilan le plus plus élevé avec seulement… 2 527 milliards de dollars, soit 14 % du PIB des Etats-Unis.
Les banksters de BNP (et leurs homologues des autres Gos banques) prennent les Français pour des idiots et ils ont raison. Ça marche : ils ne comprennent jamais rien aux problèmes financiers, bancaires, monétaires, heureusement…
Tout va bien.
Tout est simple… à condition de savoir décrypter correctement des centaines de pages de comptes à dormir debout pour en tirer la substantifique moelle.
Finalement, je remercie les dirigeants de nos Gos banques et ici ceux de BNP qui montrent que j’avais raison et que j’ai toujours raison de calculer les véritables ratios d’endettement.
Cliquer ici pour lire le communiqué présentant les résultats (non audités) de BNP d’où sont tirées ces dernières données.