BPCE 2° trimestre 2015

Comme je l’ai déjà écrit, BPCE est l’usine à gaz créée par le principal collaborateur de notre histrion ignare qui utilise certains de ses tuyaux pour enduire les analystes (et presque tout le monde) dans l’erreur à l’insu de leur plein gré…
En effet, les comptes trimestriels publiés ne font jamais état de ces fameux TSSDI, Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée que nos banksters ont réussi à faire comptabiliser officiellement en France dans les capitaux propres alors qu’ils sont considérés partout dans le monde comme des dettes car ce sont des capitaux rémunérés sous la forme d’intérêts.
Cette distinction entre capital et dettes est fondamentale, comme le montre clairement la dénomination du passif en anglais : Liabilities & equity, le mot passif n’existant pas en anglais, car les actifs ne peuvent être financés que par des capitaux propres et des dettes.
C’est simple, mais trop simple pour nos banksters franchouillards qui ont trouvé là un terrain d’entente pour camoufler plus ou moins adroitement leurs turpitudes, mais ça ne marche pas pour les rares analystes compétents s’exprimant en français (le pluriel ne se justifie peut-être pas !) et pour les gens de l’EBA, l’Agence Bancaire Européenne qui ont publié les montants des véritables capitaux propres selon les règles appliquées partout dans le monde, sans les titres dits hybrides dont les TSSDI font partie, pour les bilans arrêtés au 30 juin 2013 et qui confirment mes analyses.
Les chiffres publiés dans les rapports trimestriels de BPCE ne donnent donc pas une image fidèle de la réalité pour tromper les investisseurs et les marchés, ce qui est condamnable mais pas condamné en France (seul celui qui a dénoncé cette tromperie a été sanctionné !).

Cependant, les banksters de BPCE publient prudemment le montant des véritables capitaux propres en concordance avec ceux de l’EBA dans une annexe,

Document 1 :

Les chiffres publiés dans le bilan publié par BPCE doivent donc être retraités en fonction de ces données pour donner une image fidèle de la réalité,

Document 2 :

Dans ces conditions, il est possible de calculer des ratios qui se rapprochent de la réalité en appliquant les règles internationales.

Le ratio Core Tier 1 réel, c’est-à-dire le rapport entre les capitaux propres et (sur) le total des dettes (du bilan moins les capitaux propres) est de 4,4 %, ce qui correspond à un leverage (que l’on peut traduire par ratio de levier) de 22,9 qui s’interprète de la façon suivante : le total des dettes représente 22,9 fois le montant des véritables capitaux propres, ce qui correspond à un multiple d’endettement, expression que j’ai adoptée, avec le symbole µ pour simplifier,

Document 3 :

BPCE2014 Q22014 Q32014 Q42015 Q12015 Q2
1 Assets1 151,871 170,451 223,301 238,571 169,19
2 Equity61,37754,4755,2956,23355,028
3 Deductions12,0674,0625,0853,761,823
4 Goodwill4,314,5083,6053,7734,305
5 Tangible eq4545,946,648,748,9
6 Liabilities1 106,871 124,551 176,701 189,871 120,29
7 Leverage (µ)24,624,525,324,422,9
8 Core Tier 1 (%)4,074,083,964,094,36

Sommes en milliards d’euros.

Pour ce dernier trimestre, les banksters de BPCE publient curieusement un ratio de levier Bâle 3… de 4,8 % proche de celui que j’ai calculé, ce qui confirme la justesse de mes analyses passées et présentes,

Comme je l’ai déjà écrit, Bien entendu, les ratios et multiples de ce tableau sont calculés à partir des actifs qui ne sont pas pondérés des risques car tout actif est par définition risqué, selon les préconisations de ce bon vieux Greenspan, de la BRI, d’Axel Weber, de la Fed, de la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et en conformité avec les accords de Bâle I comme le rapporte entre autres la CRR/CRD IV (cf. mon analyse des résultats de Deutsche Bank).

BPCE est donc dans une mauvaise situation car son multiple d’endettement réel, le leverage, reste à un niveau trop élevé alors que pour ce bon vieux Greenspan, le leverage devrait être inférieur à 10 (donc avec un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %) pour respecter les règles prudentielles d’endettement bancaire en vigueur après les turbulences de 2008.

Il faudrait pour cela augmenter les capitaux propres de 57 milliards d’euros ou diminuer le total du bilan de… 630 milliards (par cessions d’actifs par exemple) !

Là encore, il est étonnant de constater que les banksters de BPCE semblent avoir réagi positivement lors de ce dernier trimestre en baissant le total de leur bilan, et donc de leurs dettes de… 70 milliards d’euros ! … ce qui améliore sensiblement le leverage, mais il faudrait continuer ainsi pendant une… dizaine de trimestres pour respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan !

Les dirigeants de BPCE ne parlent pas évidemment des 15 milliards d’euros que la Banque de France leur prête généreusement en mettant en pension des titres sous la forme de Certificats de Dépôt Négociables dans le cadre des Titres de Créances Négociables (TCN) dont un milliard de Bons à Moyen Terme (faisant partie de ces TCN),

Document 4 :

Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami mais le marché interbancaire est complètement bloqué dans la zone euro.
Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !

Cliquer ici pour voir les résultats de BPCE d’où sont extraites ces informations.

6 réflexions sur “BPCE 2° trimestre 2015”

  1. ces fameux TSSDI, Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée que nos banksters ont réussi à faire comptabiliser officiellement en France dans les capitaux propres peuvent ils dans l’absolu valoir zéro ? cela s’est il déjà réalisé par le passé dans quelle que banque que se soit ? doit on rester puriste ou bien considérer une partie de ces sommes comme obligatoirement acquise en fond propre ?

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