Comme je l’ai déjà écrit, BPCE est l’usine à gaz créée par le principal collaborateur de notre histrion ignare qui utilise certains de ses tuyaux pour enduire les analystes (et presque tout le monde) dans l’erreur à l’insu de leur plein gré…
En effet, les comptes trimestriels publiés ne font jamais état de ces fameux TSSDI, Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée que nos banksters ont réussi à faire comptabiliser officiellement en France dans les capitaux propres alors qu’ils sont considérés partout dans le monde comme des dettes car ce sont des capitaux rémunérés sous la forme d’intérêts.
Cette distinction entre capital et dettes est fondamentale, comme le montre clairement la dénomination du passif en anglais : Liabilities & equity, le mot passif n’existant pas en anglais, car les actifs ne peuvent être financés que par des capitaux propres et des dettes.
C’est simple, mais trop simple pour nos banksters franchouillards qui ont trouvé là un terrain d’entente pour camoufler plus ou moins adroitement leurs turpitudes, mais ça ne marche pas pour les rares analystes compétents s’exprimant en français (le pluriel ne se justifie peut-être pas !) et pour les gens de l’EBA, l’Agence Bancaire Européenne qui ont publié les montants des véritables capitaux propres selon les règles appliquées partout dans le monde, sans les titres dits hybrides dont les TSSDI font partie, pour les bilans arrêtés au 30 juin 2013 et qui confirment mes analyses.
Les chiffres publiés dans les rapports trimestriels de BPCE ne donnent donc pas une image fidèle de la réalité pour tromper les investisseurs et les marchés, ce qui est condamnable mais pas condamné en France (seul celui qui a dénoncé cette tromperie a été sanctionné !).
Cependant, les banksters de BPCE publient prudemment le montant des véritables capitaux propres en concordance avec ceux de l’EBA dans une annexe,
Document 1 :
Les chiffres publiés dans le bilan publié par BPCE doivent donc être retraités en fonction de ces données pour donner une image fidèle de la réalité,
Document 2 :
Dans ces conditions, il est possible de calculer des ratios qui se rapprochent de la réalité en appliquant les règles internationales.
Le ratio Core Tier 1 réel, c’est-à-dire le rapport entre les capitaux propres et (sur) le total des dettes (du bilan moins les capitaux propres) est de 4,1 % en pourcentage, ce qui correspond à un leverage (que l’on peut traduire par ratio de levier) de 24,6 qui s’interprète de la façon suivante : le total des dettes représente 24,6 fois le montant des véritables capitaux propres, ce qui correspond à un multiple d’endettement, expression que j’ai adoptée, avec le symbole µ pour simplifier.
Document 3 :
BPCE | 2013 Q2 | 2013 Q4 | 2014 Q1 | 2014 Q2 |
---|---|---|---|---|
1 Assets | 1 161,64 | 1 123,52 | 1 140,10 | 1 151,87 |
2 Equity | 52,043 | 51,339 | 60,229 | 61,377 |
TSSDI + | 6,937 | 7,832 | 11,725 | 12,067 |
4 Goodwill | 4,265 | 4,168 | 4,204 | 4,31 |
5 Tangible eq | 40,841 | 39,339 | 44,3 | 45 |
6 Liabilities | 1 120,80 | 1 084,18 | 1 095,80 | 1 106,87 |
7 Leverage (µ) | 27,4 | 27,6 | 24,7 | 24,6 |
8 Core Tier 1 (%) | 3,64 | 3,63 | 4,04 | 4,07 |
Sommes en milliards d’euros.
Pour le 2° trimestre 2014, les banksters de BPCE publient curieusement un ratio de levier Bâle 3… supérieur à 4 % ! … qui confirme la justesse de mes analyses passées et présentes,
Document 4 :
Comme je l’ai déjà écrit, Bien entendu, les ratios et multiples de ce tableau sont calculés à partir des actifs qui ne sont pas pondérés des risques car tout actif est par définition risqué, selon les préconisations de ce bon vieux Greenspan, de la BRI, d’Axel Weber, de la Fed, de la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni et la Banque du Portugal, comme cela a été le cas pendant de nombreuses années après les accords de Bâle I.
BPCE est donc dans une mauvaise situation car son multiple d’endettement réel, le leverage, reste à un niveau trop élevé alors que pour ce bon vieux Greenspan, ces chiffres devraient être aux alentours de 10 pour respecter les règles prudentielles d’endettement bancaire.
Il faudrait pour cela augmenter les capitaux propres de 60 milliards d’euros ou diminuer le total du bilan de… 650 milliards (par cessions d’actifs par exemple) !
Les dirigeants de BPCE ne parlent pas évidemment des 16,2 milliards d’euros (au 31 juillet) que la Banque de France leur prête en mettant en pension des titres sous la forme de Certificats de Dépôt Négociables dans le cadre des Titres de Créances Négociables (TCN)…
Document 5 :
… ni de 1,6 milliard de Bons à Moyen Terme Négociables (faisant partie des TCN) ni des milliards prêtés par la BCE qui ne publie pas ses chiffres,
Document 6 :
Pire encore : le groupe BPCE publie prudemment encore un document faisant état de… 113 milliards d’euros d’encours de refinancement (auprès de la BCE et de la Banque de France) alors que le montant des dépôts (placement des liquidités) n’est que de 52 milliards,
Document 7 :
Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami mais le marché interbancaire est complètement bloqué dans la zone euro.
Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !
Cliquer ici pour voir les résultats de BPCE d’où sont extraites ces informations,
Certes, on est peut-être trop peu nombreux, mais des gens vous lisent, croyez-moi ! et on est autant consterné que vous. En tout cas, un grand merci pour vos analyses hors des sentiers battus.
vivement la fiche d’analyse de Dexia Crédit Local de France.