Leverage réel des banques françaises, 2° trimestre 2017

Un récapitulatif du leverage réel des 4 Gos banques françaises à la fin de ce dernier trimestre montre clairement que la confiance ne peut pas régner dans le système bancaire en France comme en Europe car elles sont très loin de respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan, à savoir un leverage inférieur à 10 correspondant à un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %,

Document 1 :

2017 Q2Cdt Agri GroupBPCE-NatixisBNP-ParibasSté GénéraleTotal
1 Assets1 741,501 748,652 142,961 350,206 983,33
2 Equity100,183,54199,31860,1343,07
3 Hybrid securities +8,45,04914,42714,342,127
4 Goodwill13,87,8929,7914,936,343
5 Tangible equity77,970,675,141264,6
6 Liabilities1 663,601 678,052 067,861 309,206 718,73
7 Leverage (µ)21,3623,7727,5331,9325,39
8 Core Tier 1 (%)4,684,213,633,133,94

Sommes en milliard d’euros.

Pour respecter les règles prudentielles d’endettement telles qu’elles ont été définies par ce bon vieux Greenspan, il faudrait globalement augmenter les capitaux propres de ces 4 Gos banques de… 410 milliards d’euros ou diminuer le total de leurs dettes de l’ordre de… 4 000 milliards !

Quelques petits rappels : en suivant la même méthode d’analyse, Citigroup respecte ces règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan à savoir un leverage de 10 correspondant à un ratio Tier 1 de 10 %.

Les 8 plus grandes banques des Etats-Unis avaient au même trimestre globalement un leverage de 12,03 correspondant à un ratio Core Tier 1 de 8,31 % répondant aux exigences de la BRI dans les années 80.

Le total de leur bilan (10 113 milliards de dollars) ne représente que 57,0 % du PIB annuel américain (19 226,7 milliards de dollars) ce qui inquiète les Américains, mais les Français ne s’inquiètent pas du fait que le total des bilans de leurs 4 Gos banques représente 3 fois le PIB annuel de la France (2 257,2 milliards d’euros) !
Pire : il repose sur de l’argent non gagné (près de 500 milliards d’euros), c’est-à-dire sur de la création monétaire.

Le multiple d’endettement de ces 4 Gos banques s’est légèrement amélioré par rapport à la fin de l’année 2016…

Document 2 :

2016 Q4Cdt Agri GroupBPCE-NatixisBNP-ParibasSté GénéraleTotal
1 Assets1 722,801 763,042 076,961 382,206 945,04
2 Equity98,681,262100,66562342,48
3 Hybrid securities +9,53,36516,84916,746,412
4 Goodwill13,87,99710,2164,436,368
5 Tangible equity75,369,973,640,9259,7
6 Liabilities1 647,501 693,142 003,361 341,306 685,34
7 Leverage (µ)21,8824,2227,2232,825,74
8 Core Tier 1 (%)4,574,133,673,053,88

… et l’amélioration d’une année sur l’autre reste très faible,

Document 3 :

2016 Q2Cdt Agri GroupBPCE-NatixisBNP-ParibasSté GénéraleTotal
1 Assets1 770,701 757,642 171,991 460,207 160,53
2 Equity96,677,22897,50958,5329,837
3 Hybrid securities +93,1116,99314,343,403
4 Goodwill14,27,81810,1164,736,834
5 Tangible equity73,466,370,439,5249,6
6 Liabilities1 697,301 691,342 101,591 420,706 910,93
7 Leverage (µ)23,1225,5129,8535,9727,69
8 Core Tier 1 (%)4,323,923,352,783,61

Les banksters, c’est-à-dire les cadres dirigeants de ces grandes banques connaissent très bien la gravité de la situation dans leur propre établissement, et il en est de même pour les autres. Ils n’ont donc pas confiance entre eux, ce qui bloque le marché interbancaire.
Cependant, leurs groupes de pression ont réussi à faire adopter par les autorités des pays européens des usines à gaz de règles absconses de façon à mieux camoufler leurs errements létaux.

Ce problème n’est jamais abordé dans les médias ni officiellement dans les milieux financiers selon cette méthode. Elle a pourtant été (plus ou moins) clairement explicitée par ce bon vieux Greenspan et d’autres dont la BRI, Axel Weber, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, l’Union Européenne (dans sa directive CRD IV), la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), The Swiss Financial Market Supervisory Authority (FINMA)…
Je ne fais que reprendre leurs idées.

Pour l’instant, il n’y a pas encore eu de tsunami bancaire. Le marché interbancaire ne fonctionne plus. La crise rampante perdure, le désordre allant croissant.

D’après une étude du Parlement européen, les prêts dits non performants, c’est-à-dire les prêts octroyés par les banques qui risquent de ne pas être remboursés dépassent 1 000 milliards d’euros dans la zone,

Document 4 :

D’après les Marioles de la BCE, ces prêts non performants seraient de 350 milliards pour l’Italie. Les évaluations du Parlement seraient donc sous-évaluées de l’ordre de 25 %, ce qui conduirait pour les Gos banques françaises à un total de 180 milliards !

En fait, la nomenklatura bancaire européenne joue collectivement sa survie en maintenant des cours déconnectés de la réalité. De telles manips, ça marche un temps mais pas tout le temps.

Tout est simple.

Pour rappel, d’après MorningStar les principales institutions financières américaines ont augmenté leurs capitaux propres de plus de 750 milliards de dollars depuis 2009, dixit une dépêche de l’AFP, ce qui confirme parfaitement mes analyses antérieures sur les banques alors que les banques européennes et en particulier les Gos banques françaises n’ont presque pas augmenté leurs capitaux propres pendant la même période.
Les chiffres de MorningStar sont donc bien en concordance avec les 410 milliards d’euros que les Gos banques françaises devraient rajouter à leurs capitaux propres pour respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan d’après mes analyses…

26 réflexions sur “Leverage réel des banques françaises, 2° trimestre 2017”

  1. Ben oui mais ça peut durer des décennies à la manière que l’Europe accepte les méthodes des banquiers.
    Je te racheté pour un franc , je mets à chargé les peuples, beaucoup de méthodes pour tenir.
    Des banques feront faillite elles seront reprises et les dettes seront appurées par les délais 100 ans.
    Voyez l’Espagne.
    Pendant ces 100 ans les peuples ne verront pas d’économie prospère.

  2. « ces grandes banques connaissent très bien la gravité de la situation »

    TOUS les hauts responsables économiques, politiques, BC (s), connaissent la gravité de la situation !

    Autant la crise de 2007-2008 en à surpris plus d’un, façon de parler, autant les mesurent prisent ne trompent plus personne.

    Faute de courage et de grandeur intellectuelle le désordre fera son travail destructeur, jusqu’à mort s’en suive.

    Et encore merci et bravo à vous, Monsieur JP Chevallier, de mettre en relief ces données si précieuses pour comprendre le fond de notre histoire contemporaine. Le nerf de la guerre est malade en temps de « paix »… le « Foot ou Art » est déjà bien installé !

    BitCoin toujours en surtension à +- 2800$, les 3000 ne devraient plus tardé à tomber… oui je sais, c’est une monnaie sans nation et sans armées ! mais…c’est aussi un conflit mondial d’un nouveau genre !

  3. Qu’en est il de la situation d’Amundi détenu à 76% par la Banque qui bricole ?

    Peut-on appliquer la même grille de lecture que pour les banques?

  4. Unique solution aux dettes….les taxer plus que les bénéfices.
    On taxe les fenêtres je les mûres.
    On taxe les bénéfices je fais des pertes.
    On taxe les pertes je fais des bénéfices.

  5. Bonjour Monsieur CHEVALIER,
    Un grand respect pour tout ce que vous faites et pour tous les risques que vous prenez à rétablir la vérité.
    Par les temps qui courent, c’est CHEVALERESQUE.
    Ayant été récemment au Québec, RBC et DESJARDINS sont elles aussi bien respectueuses que leurs voisines US? ou ressemblent elles à leur cousines françaises?
    Merci, par avance.

  6. le total des réserves de la BNS a atteint 719,9 milliards de francs, contre 699,2 milliards un mois plus tôt, soit une progression de 3% ou 20,7 milliards de francs sur un mois. Un commentaire sur l’état de ce bilan de la bns serrait bien venu.Cordialement

  7. Cher Jean Pierre, j’admire votre travail mais retirer les titres AT1 et tier 2 (T2) des fonds propres peut être remis en question.

    Hors mis en Italie (problème interne), les coussins AT1 et T2 ont rempli leurs rôles (absorption des pertes)

    Les « nouveaux fonds propres des banques US ont été en partie crées à travers l’émission de ces titres hybrides (en plus bien sur des bons résultats accumulés).

      1. Citigroup a elle seule a émis 12 instruments hybrides qui viendront couvrir les pertes en cas de baisse du ratio CET1. Ces instruments sont tous notés BB par Moody’s pour refléter leurs risques (BBB pour les seniors).

        Encore une fois je ne remets pas en cause votre travail, juste un point de désaccord sur la méthodologie, d’enlever les titres hybrides des fonds propres car en cas de crise, ces instruments serviront a éponger les dettes. De plus ces titres sont « perpétuels », d’ou aucune possibilité pour les porteurs de réclamer quoi que ce soit.

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