Planche à billets : le Liban en dépôt de bilan !

Le Liban est au bord du défaut de paiement, c’est-à-dire du dépôt de bilan !

C’est un très bel exemple de création monétaire indue passant par la planche à billets, et qui se passe actuellement.

Et c’est encore notre ami Pierre Jovanovic qui en donne des témoignages particulièrement significatifs, cliquer ici pour accéder à son site et plus particulièrement pour les articles publiés au cours de ces deux dernières semaines à ce sujet.

Pierre Jovanovic est le seul journaliste économique qui comprend ces problèmes de création monétaire et leur importance, cf. entre autres son livre sur Adolf Hitler et la revanche de la planche à billets.

Pour ce qui me concerne, je donne dans cet article les raisons pour lesquelles le Liban en est arrivé à cette situation catastrophique sur la base de données officielles et donc fiables publiées par la banque centrale du Liban qui porte encore son nom en français, à savoir la Banque du Liban car il s’agit là d’une survivance de la période révolue pendant laquelle la France exerçait une influence considérable dans le monde et en particulier au Proche-Orient…

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La planche à billets fonctionne à plein tube au Liban comme le montre l’envolée des billets en circulation (Currency) en livres libanaises (LBP, Lebanese Pounds) surtout depuis les mois de septembre-octobre derniers,

Document 1 :

Cette création monétaire indue se développe à la vitesse grand V car entre fin août et fin décembre 2019, soit en 4 mois seulement, la masse de ces billets en circulation en livres libanaises a presque doublé pour atteindre plus de 10 000 milliards de livres !

Les Libanais se ruent dans leurs banques pour essayer de récupérer de l’argent, leur argent en billets.

C’est le bank run et la situation continue à s’aggraver comme l’indique le dernier communiqué, en français (!) de la Banque du Liban,

Document 2 :

297 milliards de livres supplémentaires ont été mis en circulation pendant la première semaine pleine de 2020 (derniers chiffres publiés à ce jour) !

Le cours du dollar dans la rue est aux alentours de 2 700 livres, largement supérieur au cours officiel d’après les constations de Pierre Jovanovic et ce sera pire dans l’avenir.

En même temps (comme dirait l’Autre), les Libanais s’appauvrissent à vitesse grand V comme le montre la diminution de leur épargne de… 972 milliards de livres en une seule semaine seulement !

Cette épargne des ménages libanais correspond à l’agrégat monétaire M2-M1 dont les chiffres publiés par la banque centrale montrent le grand plongeon qui va donc encore s’accentuer !

Document 3 :

Auparavant, les Libanais utilisaient deux monnaies qui étaient alors en circulation : les livres pour les dépenses courantes et les dollars (USD, des États-Unis) mais surtout depuis le mois de septembre, ils ont de très grandes difficultés pour se procurer de dollars car leurs banques en manquent cruellement elles-mêmes.

En effet, pour avoir des dollars, les banques libanaises doivent en recevoir lors du paiement des entreprises établies au Liban qui exportent en vendant leurs produits payés en dollar (USD) ou en devises fortes et fiables comme l’euro ou la livre anglaise.

Or, les importations sont 5 fois plus élevées que les exportations !

Document 4 :

Sommes en milliards de dollars (USD), données mensuelles.

En d’autres termes, les produits libanais exportables sont peu nombreux alors que le Liban importe la plupart des biens et des services qui y sont utilisés.

La balance commerciale libanaise est donc largement déficitaire, comme dans presque tous les pays non producteurs d’hydrocarbures dominés par les musulmans.

Pendant des années cette situation a pu perdurer car les banques libanaises enregistraient des entrées de capitaux en devises fortes, dont surtout en dollars (USD) provenant d’opérations qu’elles n’auraient jamais dû faire avec des clients qu’elles n’auraient jamais dû avoir…

En effet, les paiements de beaucoup de trafics d’armes et de drogues et de détournements d’argent public des pays musulmans passaient habituellement et traditionnellement par l’intermédiaires de banques libanaises, ce qui constituait des rentrées d’argent qui équilibraient la balance des paiements.

Les Libanais pouvaient alors se procurer facilement des dollars pour payer certaines transactions de montants importants, comme par exemple les loyers, les transactions immobilières, etc., ce qui n’a plus été le cas à partir de la fin de l’été dernier.

Par ailleurs, les banques libanaises qui manquaient de liquidités pouvaient et peuvent encore s’en procurer auprès de la banque centrale mais à des taux particulièrement élevés, de l’ordre de 10 % !

Document 5 :

En effet, il fallait et il faut offrir de tels taux particulièrement rémunérateurs pour attirer des capitaux de façon à faire perdurer ce système fondamentalement vicié à sa base.

C’est ainsi que les banques libanaises pouvaient offrir des taux supérieurs à 10 % alors que les mêmes taux de base en Europe sont négatifs !

Elles pouvaient le faire car elles faisaient payer très cher leurs clients douteux qui étaient quand même heureux de pouvoir ainsi faire ces opérations bancaires condamnables en d’autres pays.

Les banques libanaises étaient et sont encore prospères avec des multiples d’endettement qui donnent l’impression (fausse) d’être fiables.

Ainsi, la principale banque libanaise Audi Bank, a un leverage de l’ordre de 10, ce qui est parfait… tant que le système bancaire ne s’effondre pas !

Document 6 :

Sommes en millions de livres libanaises.

Les réserves du Liban accumulées précédemment sont très faibles et insuffisantes pour sauver la situation,

Document 7 :

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La situation actuelle du Liban est sans issue car l’hypertrophie monétaire y est considérable comme le montre le fait que la masse monétaire M3 (205 681 milliards de livres fin novembre 2019) correspond à… 245 % du PIB annuel courant en livres pour 2019 estimable aux alentours de 50 000 milliards, chiffre non actualisé officiellement.

Pour information (ou pour rappel) : la masse monétaire M3 ne devrait pas dépasser… 80 % du PIB annuel courant.

La crise libanaise va donc inéluctablement s’aggraver dans l’avenir proche.

Ses conséquences sont et seront pires que les conditions qu’ont supportées les Libanais lors de la guerre civile au cours de laquelle les différentes milices se sont affrontées.

Evidemment, les autorités américaines et certaines grandes entreprises américaines (des États-Unis) ont gentiment laissé le Liban sombrer dans cette création monétaire létale à terme et elles l’aggravent même un peu…

Ainsi par exemple, comme le rapporte Pierre Jovanovic, Visa et Mastercard ont retiré récemment la possibilité à leurs clients de faire des transactions bancaires par l’intermédiaire de leurs cartes de paiement et de crédit adossées aux banques libanaises.

Les chiites libanais du Hezbollah qui ont pris le pouvoir au Liban seront vaincus non pas militairement par leurs adversaires mais par la bulle monétaire létale qui s’est développée dans leur pays.

La guerre du XXI° siècle est monétariste.

Elle est a priori plus douce qu’une guerre de haute intensité mais elle a des conséquences finalement pires, plus graves et plus durables.

Cliquer ici pour accéder aux statistiques de la Banque du Liban dont les données de cet article sont tirées.

© Chevallier.biz

5 réflexions sur “Planche à billets : le Liban en dépôt de bilan !”

  1. La (seconde partie de) phrase à ne jamais oublier… quel que soit le cas considéré:

    « Ainsi, la principale banque libanaise Audi Bank, a un leverage de l’ordre de 10, ce qui est parfait… tant que le système bancaire ne s’effondre pas ! »

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