SNCF : un train d’arnaques qui déraille !

La situation réelle de la SNCF est pire que ce que fait apparaitre son résultat et son bilan publiés car le rapport financier certifié recèle en fait des pertes considérables, de l’ordre d’une quarantaine de milliards d’euros qui sont plus ou moins bien camouflées, ce qui est une tromperie gigantesque

En effet, les dotations aux amortissements de l’EPIC SNCF (le groupe total) se montent à 2,847 milliards d’euros pour l’année 2015…

Document 1 :

… ce qui représente 6,75 % des immobilisations (corporelles) qui se montent à 42,320 milliards,

Document 2 :

Or, à titre de comparaison, Deutsche Bahn comptabilise 4,471 milliards d’euros de dotations aux amortissements

Document 3 :

pour 42,821 milliards d’immobilisations, soit 10,44 % ce qui signifie que les Allemands considèrent que la perte de valeur du matériel roulant et des infrastructures est de l’ordre de 10 % par an, ce qui est a priori vraisemblable,

Document 4 :

Dès lors, la sous-évaluation des dotations aux amortissements de l’EPIC SNCF est déjà a priori importante et anormale.

Par ailleurs, les immobilisations corporelles de l’EPIC SNCF réseau se montent à 57,476 milliards d’euros d’après les chiffres publiés dans le rapport financier 2015…

Document 5 :

et celles de l’EPIC SNCF Mobilités à 12,394 milliards,

Document 6 :

Comme l’EPIC SNCF (le groupe total) est constitué de deux ZEPICs, l’EPIC SNCF réseau et l’EPIC SNCF Mobilités (et accessoirement encore d’un autre EPIC), le montant de ses immobilisations devrait être la somme des immobilisations de ces deux ZEPICs, soit :

57,476 + 12,394 = 69,870 milliards

Or, le montant des immobilisations de l’EPIC SNCF publié dans le bilan est de 42,320 milliards d’euros (cf. document 1).
Il y a là une incohérence monumentale !

Pourquoi ce grand écart ?
La réponse est dans le rapport financier de l’EPIC SNCF (le groupe total), dans la note 4,1 qui avoue que ses immobilisations ne sont pas comptabilisées à leur valeur nette comptable en fin d’exercice, mais pour des montants diminués des subventions d’investissements versées par l’Etat et les Régions, ce qui est totalement contraire aux règles comptables, évidemment,

Document 7 :

Le montant de ces subventions d’investissements se montait fin 2015 à… 32,270 milliards d’euros !

Document 8 :

Le bilan publié par l’EPIC SNCF (le groupe total) ne respecte pas les règles comptables, ce qui est condamnable mais pas condamné, évidemment.

En fait, le montant des immobilisations de l’EPIC SNCF (le groupe total) qui aurait dû être publié aurait dû se monter à 74,590 milliards d’euros et les dotations aux amortissements auraient dû être de l’ordre de 8 milliards à l’instar de celles de Deutsche Bahn, et non pas de 2,8 milliards (cf. document 1).
Dès lors, les pertes réelles de l’EPIC SNCF sont de l’ordre 5 milliards d’euros au lieu d’un (petit) bénéfice publié.

Les comptes de l’EPIC SNCF (le groupe total) sont certifiés…

Document 9 :

… mais prudemment, les commissaires aux comptes prennent quand même quelques précautions en ne garantissant pas la valeur nette des actifs !

Document 10 :

En fait, d’après les déclarations du patron de la SNCF, ces commissaires aux comptes ont manifestement refusé d’avaliser une première mouture des dotations aux amortissements en exigeant de comptabiliser une douzaine de milliards de pertes de valeur.

Comme le montant de l’actif tangible est négatif à hauteur de 10 milliards d’euros, compte tenu des subventions d’investissements de 32 milliards, ce sont donc une quarantaine de milliards d’euros que les administrations publiques, c’est-à-dire les contribuables, ont versé à la SNCF pour qu’elle se maintienne en survie !

Les Enarques ont l’habitude de créer des usines à gaz pour camoufler des dettes et des pertes, mais dans ce cas, l’usine à gaz de la SNCF les révèle finalement… à condition de savoir décrypter correctement ses comptes.

L’EPIC SNCF (le groupe total) a publié son rapport financier vendredi dernier, Vendredi Saint. Aucun journaleux n’a publié à ce jour d’article sur ce petit trou d’une quarantaine de milliards d’euros qui est et sera finalement comblé par les contribuables, ce qui n’intéresse personne.

Je suis le seul, à ma connaissance, à avoir mis en évidence cette tromperie.

15 réflexions sur “SNCF : un train d’arnaques qui déraille !”

  1. Bonjour,

    Je suis un fidèle lecteur et je trouve vos analyses très pertinentes notamment sur les banques.

    A la lecture de votre article, je me permets d’émettre juste une contradiction à vos propos sur la comptabilisation des subventions d’investissements.

    Je vous cite:  » ses immobilisations ne sont pas comptabilisées à leur valeur nette comptable en fin d’exercice, mais pour des montants diminués des subventions d’investissements versées par l’Etat et les Régions, ce qui est totalement contraire aux règles comptables »… « Le bilan publié par l’EPIC SNCF (le groupe total) ne respecte pas les règles comptables, ce qui est condamnable mais pas condamné, évidemment. »

    A ma connaissance, le groupe SNCF publie ses comptes en IFRS. Donc ce traitement comptable est soumis à la norme IAS 20 : « Comptabilisation des subventions publiques et informations à fournir sur l’aide publique ».

    La norme permet deux options dont l’une est d’enregistrer au bilan les subventions en déduction du coût des actifs financés par ses subventions et de déduire au P&L la charge d’amortissement. Oui, cela est interdit en French GAAP mais le groupe publie ses comptes en IFRS donc ce n’est pas une « arnaque comptable ».

    Bien sur, cette problématique fait partie intégrante du débat sur l’application des normes IFRS et de savoir si elles donnent une vision économique correcte des comptes des groupes. Mais ceci est un très très vaste débat.

    Avec tout le respect que je vous dois, le terme « arnaque comptable » me semble donc peut flatteur et peut induire en erreur un public non professionnel.

    Bonne journée à vous.

    Adrien K.

    IAS 20 : http://www.focusifrs.com/menu_gauche/normes_et_interpretations/textes_des_normes_et_interpretations/ias_20_comptabilisation_des_subventions_publiques_et_informations_a_fournir_sur_l_aide_publique

  2. wow… quelles consequences voyez-vous a court et moyen terme?
    Idealement, en prenant cet exemple comme point de depart, quel serait le scenario a ecrire si on devait reconnaitre ce trou? est-ce que ca pourrait aller jusqu’au defaut sur la dette de la France?

  3. Mes lectures sur d’autres sites (subservifs forcement) m’ammenent a croire que le systeme trouvera toujours un moyen de survivre et en fait je cherche a identifier quelle pourrait etre l’étincelle que le systeme n’arrivera pas a etouffer et qui pourrait creer la surprise… et l’ecroulement en chaine des dominos…

    pour info:
    http://www.objectifeco.com/economie/dettes/faillites/la-france-ne-fera-jamais-faillite-oubliez-vos-fantasmes-marxistes-et-ceux-qui-les-exploitent-voici-une-vision-du-futur-plus-realiste.html

    http://www.objectifeco.com/economie/croissance-recession/recession/le-meilleur-indicateur-que-je-connaisse-pour-jauger-du-risque-d-explosion-de-l-economie.html

  4. l’Arafer (gendarme du rail) s’est publiquement opposé à la candidature de Jean-Pierre Farandou à la présidence de SNCF Réseau. Humiliation de plus pour le successeur de notre histrion ignare.

  5. En Europe, l’économie réelle continue à s’effondrer, les classes populaires continuent à s’appauvrir, les classes moyennes continuent à s’appauvrir.

    La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne est un échec total.

    Mario Draghi, qui travaillait pour la banque étatsunienne Goldman Sachs, a complètement échoué.

    Le seul côté positif de l’action de Mario Draghi, c’est cette information qui vient juste d’être diffusée :

    En 2014, le nombre de banquiers rémunérés plus de 1 million d’euros a progressé de près de 22 %.

    Jeudi 31 mars 2016 :

    Les banquiers millionnaires sont toujours plus nombreux.

    Le nombre de banquiers rémunérés plus de 1 million d’euros a progressé de près de 22 % en 2014 en Europe.

    http://www.lesechos.fr/journal20160331/lec2_finance_et_marches/021804654516-les-banquiers-millionnaires-sont-toujours-plus-nombreux-1210638.php

  6. Oups les choses changent en Belgique avec le liquide , retrait maxi 3000€……les banquiers ont peur de la fuite des dépôts mis sous le matelas.
    Pour la Belgique c’est très grave……..en France n’en parlons pas si vous tirez 50€ on vous demande pourquoi.
    Lestozeroc’edtlamortdubanquier…….bienfait.

  7. Et bien sûr nous retrouvons nos inénarrables auditeurs d’E&Y et de PWCL. Que dis je les indécrotables, grassement payés par ces grosses compagnies et donc en partie par les contribuables.

  8. Les sociétés évoluées ou les peuples sont régis par un petit nombre sont vouées à disparaître.
    Le temps est venu pour l’Europe , tous les signes concordent.

  9. Hors sujet http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20160330.OBS7376/jean-peyrelevade-il-faudrait-supprimer-l-ena.html
    « Y a-t-il une fatalité à ce que l’Etat soit un mauvais actionnaire ?

    – Oui. Le système de gouvernance des entreprises publiques est fait pour dysfonctionner, parce qu’il n’existe aucun contre-pouvoir en cas de management incompétent ou pris de mégalomanie : ni le conseil d’administration, ni l’Etat actionnaire, ni le régulateur, ni les syndicats… La raison essentielle est sociologique : c’est une question de recrutement des élites administratives et politiques françaises. Au sommet de la pyramide du pouvoir, on trouve plein d’administrateurs prestigieux, de grands ministres, de présidents surdiplômés. Mais le problème est que cette classe, ou plutôt cette caste qui nous dirige, se pense infaillible. […]

    Avant l’affaire du Lyonnais, jamais je n’avais soupçonné que la notion de responsabilité individuelle était complètement absente de ce système fermé sur lui-même, fonctionnant en vase clos, et gouverné par des hiérarchies mandarinales. D’une certaine manière, ce modèle français qui allie des politiques à la fine fleur de la fonction publique énarchique n’est pas très différent du modèle chinois ! […] »

  10. Bonjour,
    Je ne suis pas expert, mais il me semble que la comptabilisation au bilan des subventions d’investissement n’a pas d’impact sur le compte de résultat : les amortissements supplémentaires des actifs financés par la subvention d’investissement sont a priori compensés par le passage au compte de résultat de la subvention d’investissement, au même rythme (mais je n’ai peut-être pas compris votre propos sur ce point).
    Il est clair cependant comme vous le soulignez que ce traitement ne donne pas une vision réaliste du bilan de l’EPIC.
    Reste à savoir où lesdites subventions d’investissements sont inscrites dans le bilan de l’Etat et des collectivités locales concernés… (ah, bon, il n’y en a pas ? moi qui croyais… euh non rien en fait)

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