3° bulle monétaire !

Une troisième bulle monétaire se développe aux Etats-Unis dans une certaine euphorie et dans une indifférence certaine ce qui est quand même un peu étonnant…

Il est difficile de la déceler et de la mettre en évidence depuis que le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, a décidé que la Fed ne publierait plus les chiffres de la masse monétaire M3, justement pour que les personnes qui se trouvent hors de la Fed ne puissent ni la déceler ni la mettre en évidence et encore moins agir en conséquence.

Cependant, les deux bulles monétaires précédentes ont eu des répercussions sur les cours des sociétés cotées qui ont dépassé les normes, et il est fort probable qu’il en soit ainsi actuellement,

Document 1 :

En effet, le ratio des cours (Price) sur les bénéfices (Earnings), le P/E dépasse les normes historiques qui sont de l’ordre de 15…

Document 2 (Wall Street Journal) :

alors que les bénéfices des sociétés américaines sont dans les normes historiques : ils n’augmentaient que sur une tendance de 6,75 % d’une année sur l’autre au 1° trimestre, ce qui est dans le bas de la bande de tendance sur le long terme,

Document 3 :

Ces bénéfices représentaient 8 % du PIB au 1° trimestre, ce qui est là aussi normal depuis que les Reaganomics ont redressé l’Amérique,

Document 4 :

La survalorisation des cours des sociétés américaines est donc un indicateur possible et plausible de l’hypertrophie qui s’est développée dans l’agrégat monétaire M3-M2 que les personnes qui se trouvent en dehors de la Fed ne peuvent pas déceler.

Les bons fondamentaux de l’économie américaine et les bénéfices ne peuvent pas justifier des PER aussi élevés, ni l’anticipation de la baisse du taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés de 15 % voulue par le Donald.
En effet, les Etats-Unis sont un pays démocratique (contrairement à la France) car la séparation des pouvoirs est bien réelle : ainsi par exemple, le Donald n’a pas pu faire adopter la réforme de l’ObabaCare au cours des 6 mois depuis sa prise de fonction à cause de l’obstruction de parlementaires, y compris Républicains.
Dans ces conditions, il n’est pas du tout certain qu’il puisse faire adopter la baisse du taux de l’impôt sur les bénéfices de 15 % qui pourrait justifier un PER actuellement supérieur aux normes.

D’ailleurs, même en prenant pour base un tel taux de l’impôt sur les bénéfices à 15 %, le PER pourrait être actuellement de l’ordre de 19 par anticipation, toutes choses égales par ailleurs.
Un PER actuel de 25 correspond à une survalorisation des cours des sociétés américaines de l’ordre de 30 %, c’est-à-dire à une hypertrophie de l’agrégat M3-M2 de 30 % !

Compte tenu des moyens d’analyse dont on dispose, la mise en évidence d’une survalorisation des cours des sociétés américaines est a priori la seule façon de déceler et de mettre en évidence cette troisième bulle monétaire.

Le problème qui se pose alors est d’en trouver les causes.
Pas de bulle internet, les banques américaines (des Etats-Unis !) respectent les règles prudentielles d’endettement (cf. mes analyses), les causes de cette troisième bulle monétaire sont donc différentes de celles des précédentes.

Seules quelques remarques instructives (mais passées inaperçues) ont été formulées par Janet Yellen. Elles confirment une explication plausible tirée de l’observation des comptes de grandes entreprises américaines

En effet, leurs disponibilités (cash) sont très abondantes (et même anormalement). Elles dégagent des bénéfices considérables largement supérieurs à leurs besoins d’investissements alors que le paysan de Böhm-Bawerk était obligé d’avoir en poches les bénéfices tirés de la vente de sa dernière récolte pour pouvoir acheter une charrue afin d’augmenter sa production, sa productivité, ses bénéfices et son niveau de vie futurs.
Ces grandes entreprises américaines n’ont pas besoin de leurs derniers bénéfices pour acheter une… charrue, c’est-à-dire financer le lancement de leurs prochains produits.

Ainsi par exemple, Apple disposait à la fin du trimestre dernier de 256 milliards de dollars de disponibilités,
C’est de l’argent sain, c’est-à-dire de l’argent gagné non utilisé, qui stagne, qui ne circule pas.
Inversement, c’est donc une masse monétaire supérieure à la normale, donc une bulle monétaire que l’on devine mais que l’on ne peut pas mettre en évidence avec certitude du fait que les chiffres de M3 pour les Etats-Unis ne sont pas publiés.

Le problème qui se pose alors est de trouver une solution pour faire disparaitre cette hypertrophie monétaire potentiellement dangereuse à terme.

En pareilles circonstances, les gens de la Fed ont l’habitude de laisser grossir la bulle en formation pour la faire éclater à leur guise et en position de force pour pouvoir imposer leurs solutions face à des adversaires au départ plus puissants qu’eux.
Il est alors difficile de savoir ce qu’ils concoctent.

Des solutions douces seraient possibles comme par exemple celle d’augmenter la distribution massive de dividendes.
En effet, cet argent passerait ainsi du patrimoine de ces entreprises à leurs actionnaires, ce qui alimenterait sa circulation.
Cependant, comme le niveau de distribution des dividendes est déjà élevé, il est difficile de dépasser les normes,

Document 5 :

Une autre solution serait pour les entreprises de racheter une part significative de leurs actions, ce qui transformerait ainsi ces disponibilités en valeurs mobilières, donc non monétaires.

Cependant, ces deux solutions sont déjà souvent utilisées par beaucoup d’entreprises et elles ne sont pas suffisantes pour faire éclater cette bulle déjà très importante.

Pour de bons Français dans le genre du Merluche, une solution se serait imposée : augmenter les salaires pour diminuer les bénéfices des entreprises, ce qui n’est pas dans la mentalité des Américains, évidemment !
Par ailleurs, il est intéressant de noter que cette bulle monétaire est purement américaine (aux Etats-Unis). Elle ne s’est pas transmise dans la vieille Europe continentale qui souffre elle aussi d’une bulle monétaire mais dont les causes sont totalement différentes.

Conclusion : ça va encore péter !
Où ?
Quand ?
Comment ?
Telles sont les inconnues
.
L’éclatement de cette bulle américaine fera peu de dommages collatéraux aux Etats-Unis du fait que les fondamentaux y sont sains, ce qui est loin d’être le cas dans la zone euro, ce qui pourrait être fatal à l’€mpire germanique.

18 réflexions sur “3° bulle monétaire !”

  1. bonjour.une petite suggestion: laisser mettre en place un impot sur les gafa par le reste du monde;2 avantages: subventionner certains pays en difficulté et se venger du parti prix obamesque des ces gafa…

  2. Bonjour ,
    vous vous êtes trompé concernant le Donald pendant sa campagne et après sur ses annonces mais concernant les autres analyses vous êtes excellent .
    Cordialement JP

  3. Les bons spéculateurs sont ceux qui sont déjà investis dans la bonne devise et
    le bon actif ( actions, obligations, biens immobiliers, matières 1ères ) quand ça va pèter !

    Leur investissement prendra de la valeur quand les marchés chuteront.

  4. Mais d ou vient cette variation sur la parité euro dollar après une grande stabilité à 1,10 depuis 2 ans quand la Suisse avait lâché l’euro?

  5. la bulle ne serait elle pas simplement due au fait que les marchés obligataires ayant été soutenus par les QE (en contre partie de liquidités réinjectées dans le système bancaire si j’ai bien compris), la bulle obligataire est a son maximum et offre donc un potentiel de hausse faible. les liquidités restantes se reportent massivement sur les actifs risqués, dans l’hypothèse où les banques centrales continueraient à soutenir les marchés en cas de problème. en résumé, on a créé un biais haussier sur les obligations qui ont été soutenues par les BC. dans un second temps cette absence prétendue de risque a engendré des achats massifs d actifs, qu’il s agisse d actions ou d’immobilier, et ce en déconnexion totale avec les salaires qui eux stagnent. il s agit d une hyperinflation masquée car elle ne concerne que certaines classes d actifs. heureusement les matières premières n ont pas suivi, sinon cela aurait été une inflation incontrôlable. mais peut être que cela viendra. lorsque l on dit qu’il n y a pas d inflation au delà de 2%, on sous estime l impact des niveaux des actifs sur la vie des gens et la baisse globale de leur niveau de vie. le travail ne paye plus suffisamment pour acquérir des actifs financiers ou immobiliers. seul un levier de dette important permet d acquérir des biens, conséquence directe du gonflement de la bulle obligataire. la prochaine crise sera a nouveau une crise de la dette généralisée public + privé. avec un peu de chance on tombera dans un scénario japonais. au pire ce sera le scénario grec à savoir rigueur et chute du niveau de vie. il y a aussi un scénario inflationniste, mais compte tenu d un vieillissement global de la population il est moins probable. je pense que globalement les banques centrales sont responsables de cette bulle car elles ont laissé penser qu’elles injecteraient des quantités infinies de monnaie si nécessaire. voir la BOJ qui achète des actions sur le marché !!! cela n’a plus aucun sens, c est une fuite en avant des banques centrales, qui ont de par leur action dévalué l’épargne au profit des actifs. remonter les taux courts a 5% minimum serait un moyen de dégonfler la bulle. si on ne le fait pas la divergence des actifs par rapport aux salaires va s accroitre et provoquera a terme un effondrement.

    1. Vous ne prenez pas en considération ce qui est le + important, à savoir les bulles monétaires, ce qui ne vous permet pas d’analyser correctement ces problèmes et d’en tirer les bonnes conclusions, mais vous n’êtes pas le seul !

  6. James Sunderland

    Cher JPC,

    Bravo pour toutes vos passionnantes analyses que je lis depuis la création de votre site..

    J’ai une question très importante à vous poser!

    Depuis très longtemps, vous écrivez que les banquiers centraux tendent à « laisser grossir une bulle en formation pour la faire éclater à leur guise et en position de force pour pouvoir imposer leurs solutions »

    Quel est le processus mis en place par la Fed pour faire éclater une bulle?

    J’ai toujours pensé que la Fed, de par son incompétence, était responsable d’une crise de facon involontaire plutôt que volontaire.

    Depuis des années, la Fed semble tout faire pour développer la bulle et empêcher une crise: dans sa communication afin d’acheter chaque creux et empêcher chaque baisse (Yellen a récemment déclaré qu’elle ne verrait pas d’autre crise de notre vivant, interventions de Bullard et Fischer), manipulation du VIX, etc…

    Comment fait-elle pour éclater une bulle monétaire?

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