Banques et besoins de recapitalisation : USA / Europe (compléments)

Quelques compléments s’imposent après mon article sur les besoins de recapitalisation des big banks too big to fail…

D’abord, des graphiques permettent souvent de mieux comprendre certains problèmes, comme par exemple les besoins de recapitalisation des banques (exprimés en milliards de monnaies nationales) pour qu’elles respectent la règle prudentielle d’un multiple d’endettement de 10 au maximum,

Document 1 :

Ces besoins d’endettement peuvent aussi être évalués par rapport au total des actifs (en pourcentage), ce qui montre qu’ils sont inférieurs à 4 % pour les seules banques américaines, ce qui confirme leur bonne santé, et inversement pour les banques européennes,

Document 2 :

Les investisseurs, même s’ils ne sont pas toujours rationnels, se montrent quand même avisés car les capitalisations des banques américaines sont globalement bien supérieures à celles des banques européennes,

Document 3 :

Il est maintenant bien entendu que ce sont les actionnaires qui devraient recapitaliser les banques en cas de besoin (et non plus les contribuables).
Dans un tel cas, les actionnaires de toutes les banques américaines auraient alors une position finalement positive ce qui n’est pas le cas des banques européennes dont leurs actionnaires devraient, pour toutes ces banques, perdre quelques milliards dans leur sauvetage,

Document 4 :

Les besoins de recapitalisation représentent 8 fois le montant de la capitalisation boursière du groupe BPCE-Natixis, bravo les artistes, encore un record pour la France !

Document 5 :

Les capitalisations boursières sont celles du 5 août,

Document 6 :

123456
RankBanks 2016 Q2RecapMarket Cap.Mark Cap - RecapRecap / Mark Cap
1Citigroup-5,7132,83138,53-0,04
2Goldman Sachs10,467,3356,930,15
3Wells Fargo21,8245,62223,820,09
4Bank of America26,6153,58126,980,17
5JP Morgan Chase45,2239,47194,270,19
6Morgan Stanley22,755,4632,760,41
7State Street1026,916,90,37
8Bk New York Mellon15,243,6228,420,35
9Credit Suisse37,522,99-14,511,63
10Crédit Agricole Group87,522,38-65,123,91
11BPCE Natixis93,511,26-82,248,3
12BNP Paribas12754,65-72,352,32
13UBS59,750,79-8,911,18
14Société Générale93,324,99-68,313,73
15Deutsche Bank11116,28-94,726,82

Par ailleurs, un article de Bloomberg explique clairement que les méthodes d’analyse relatives à la situation des banques ne sont pas les mêmes des deux côtés de l’Atlantique… ce qui confirme parfaitement ce que j’en ai écrit depuis plusieurs années !

En effet, les Américains (c’est-à-dire la communauté financière américaine qui se réfère aux études et aux recommandations de la Fed) considèrent pour l’essentiel, à juste titre, que les banques étant des entreprises dont l’activité principale consiste à prêter de l’argent (l’argent qu’elles ont, c’est à dire leurs capitaux propres, et l’argent qu’elles n’ont pas, mais qu’elles empruntent) doivent respecter la règle prudentielle d’endettement suivante : le total des dettes des banques ne doit pas dépasser 10 fois le montant de leurs capitaux propres (avec des dépassements admissibles jusqu’à un multiple de 12).

Il n’en est pas de même en Europe car, en appliquant cette règle fondamentale, il apparait que les banksters ne la respectent pas.
Comme ils ont une influence considérable, ils ont le pouvoir d’imposer aux autorités et à l’ensemble de la communauté financière leurs propres règles qui leur permettent de prétendre que tout va bien alors que tous les indicateurs montrent qu’il n’en est rien.

Ainsi, les derniers tests de stress de l’EBA ne se basent pas sur la règle du multiple d’endettement préconisée par la Fed (et par ce bon vieux Greenspan) mais sur des a priori irrationnels…
En effet, l’EBA prétend pouvoir se baser sur les conséquences de chocs comme par exemple celui d’une chute du PIB de 7,1 % (alors qu’elle n’a été que de 4 % d’une année sur l’autre en 2009) et en déduire les conséquences sur la situation des banques, ce qui est totalement irréaliste et il en est de même pour ce qui concerne les autres hypothèses retenues qui sont hautement incohérentes (comme par exemple une chute importante des cours des actions).
Pourquoi le PIB baisserait il de 7,1 % ? L’EBA ne se pose pas cette question, sans s’interroger sur ses causes, et ne donne évidemment aucune réponse !
En fait, l’EBA raisonne à l’envers en prenant en considération une chute du PIB qui devrait avoir pour conséquence une fragilisation de la situation des banques alors que c’est le contraire qui est l’occurrence la plus probable : c’est la chute de dominos des banques surendettées qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement qui provoquera une crise, donc la chute du PIB, et non pas l’inverse.
L’EBA se mord la queue en confondant les causes et les conséquences !

Cliquer ici pour lire cet article de Bloomberg.

5 réflexions sur “Banques et besoins de recapitalisation : USA / Europe (compléments)”

  1. bonjour.

    les cours des banques françaises sont au bord du sautoir olympique …va t on assisté à un plongeon historique ? c’est surtout la réception qu’il faudra surveiller…

  2. Pourtant les banques françaises ne manquent pas de cadres sups et autres cadres dirigeants, sans compter les Drh et tutti quanti : avec toute cette masse de gens supérieurs, tellement supérieurs qu’ils peuvent en un tour de main se reconvertir en agent général d’assurance (là encore un secteur écrasé par l’intelligence supérieure de ses collaborateurs, genre inspecteur vie), toutes ces institutions financières devraient être au top.

    1. @Du Guesclin,

      Cher chevallier,

      « toutes ces institutions financières devraient être au top.“

      Quoi, quoi, quoi ?, mais elles sont au top, la preuve, elles creusent encore après avoir touché le fond !

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