Banques et besoins de recapitalisation

Les discussions et les polémiques rebondissent au sujet de la santé des big banks too big to fail, en particulier européennes après une étude de Sascha Steffen du Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung (ZEW, Centre for European Economic Research) et de l’Université de Mannheim avec Viral Acharya (de la New York University Stern School of Business) et Diane Pierret (Université de Lausanne) : Stress Scenarios Reveal Capital Shortfalls in EU Banking Sector.

La problématique sur les fondamentaux des banques est contestée, surtout par les banksters européens, évidemment !
Elle a pourtant bien été exposée en particulier par ce bon vieux Greenspan, depuis le début des années 80 et il l’a révisée après les turbulences financières de 2008.
Elle peut s’exprimer simplement de la façon suivante : le total des dettes des banques ne doit pas dépasser 10 fois le montant de leurs capitaux propres réels.

C’est simple, c’est clair, c’est une règle prudentielle d’endettement logique, une norme empirique qui donne d’excellents résultats globalement.

En l’appliquant aux 15 plus grandes banques américaines et européennes, il apparait clairement que les banques américaines, si elles ne respectent pas toutes cette règle, n’en sont pas loin, ce qu’admet la Fed qui estime qu’elles ont globalement des besoins de recapitalisation de l’ordre de 120 milliards de dollars,

Document : 1

En appliquant cette règle, selon les dernières préconisations de ce bon vieux Greenspan qui sont plus rigoureuses que celles qui sont retenues par la Fed, j’en arrive à des besoins de recapitalisation de 161 milliards de dollars (pour ces 8 banques américaines), qui sont du même ordre de grandeur que les chiffres de la Fed, cf. mes analyses qui sont donc en concordance avec celles de la Fed. C’est donc du sérieux !

Par contre, les besoins de recapitalisation (colonne 3) pour les banques européennes sont beaucoup plus importants, en appliquant évidemment la même méthode d’analyse,

Document 2 :

12345
RankBanks 2016 Q2RecapTangible equityTang Eq-Recap
1Deutsche Bank11148,1-62,9
2BNP Paribas12770,4-56,6
3Société Générale93,339,5-53,8
4UBS59,730,25-29,45
5BPCE Natixis93,566,3-27,2
6Crédit Agricole Group87,573,4-14,1
7Credit Suisse37,537,16-0,34
8State Street1013,213,21
9Bk New York Mellon15,218,513,31
10Morgan Stanley22,752,6729,97
11Goldman Sachs10,471,1760,77
12Wells Fargo21,8149,95128,15
13JP Morgan Chase45,2179,05133,85
14Bank of America26,6172,11145,51
15Citigroup-5,7171,09176,79

Sommes en milliards de monnaie nationale.

Ainsi, pour que le total des dettes de Deutsche Bank ne dépasse pas 10 fois le montant de ses capitaux propres réels, il faudrait recapitaliser cette banque à hauteur de… 111 milliard d’euros !

Pour les Gos banques françaises, les besoins de recapitalisation sont de :
127 milliards d’euros pour BNP-Paribas qui détient le record mondial, bravo les artistes !
93,3 milliards (seulement !) pour les mécanos de la Générale,
93,5 milliards pour le groupe BPCE-Natixis,
87,5 milliards pour le groupe Crédit Agricole
!

Bien entendu, les banksters européens considèrent avec le plus grand mépris les études de l’institut ZEW et, évidemment les miennes, mais tout concorde : la réalité nous montre que nous avons raison !
En effet, le marché interbancaire est bloqué, les Marioles de la BCE prêtent quasiment gratuitement des centaines de milliards d’euros à des banques pour qu’elles puissent survivre, le Brexit a montré qu’en cas de perturbation les cours des banques plongent, les rendements des bons des Trésors européens de référence sont négatifs jusqu’au 10 ans et même jusqu’au 30 ans pour la Suisse, etc.

Le document 2 (colonne 5) montre que la différence entre le montant des capitaux propres réels (les actifs tangibles) et (moins) les besoins de recapitalisation, établit un classement logique entre les pires des banques et les meilleures.
En effet, plus les besoins de recapitalisation sont élevés par rapport aux actifs tangibles (c’est-à-dire la valeur à la casse d’une banque en perdition), plus cette banque est dans une situation proche d’un sauvetage en urgence pour éviter un risque systémique, et inversement : les banques américaines affichent toutes des résultats positifs (en colonne 5) ce qui montre qu’elles sont viables en cas d’accentuation de risques majeurs.

Par ailleurs, le classement des banques en fonction de leurs besoins de recapitalisation par rapport à leurs actifs (tout court), exprimés en pourcentage, montre là aussi logiquement que les banques européennes sont bien les pires, les mécanos de la Générale détenant le record mondial, bravo les artistes !

Document 3 :

12345
RankBanks 2016 Q2RecapAssetsrecap/assets %
1Citigroup-5,71 818,77-0,31
2Goldman Sachs10,48971,16
3Wells Fargo21,81 889,241,15
4Bank of America26,62 186,611,22
5JP Morgan Chase45,22 466,101,83
6Morgan Stanley22,7828,8732,74
7State Street10255,3863,92
8Bk New York Mellon15,2372,3514,08
9Credit Suisse37,5821,1644,57
10Crédit Agricole Group87,51 770,704,94
11BPCE Natixis93,51 757,645,32
12BNP Paribas1272 171,995,85
13UBS59,7989,3976,03
14Société Générale93,31 460,206,39
15Deutsche Bank1111 803,296,16

Les marchés n’intègrent pas correctement ces analyses comme le montrent les capitalisations boursières qui ne sont pas en concordance avec les risques courus par ces banques,

Document 4 :

1234567
RankBanks 2016 Q2Tangible equityMarket Cap.RecapMark Cap-RecapTang Eq-Recap
1Citigroup171,1132,83-5,7138,5176,786
2Goldman Sachs71,267,3310,456,960,766
3Wells Fargo150245,6221,8223,8128,152
4Bank of America172,1153,5826,6127145,505
5JP Morgan Chase179,1239,4745,2194,3133,852
6Morgan Stanley52,755,4622,732,829,965
7State Street13,226,91016,93,206
8Bk New York Mellon18,543,6215,228,43,306
9Credit Suisse37,222,9937,5-14,5-0,336
10Crédit Agricole Group73,422,3887,5-65,1-14,1
11BPCE Natixis66,311,2693,5-82,2-27,2
12BNP Paribas70,454,65127-72,4-56,6
13UBS30,350,7959,7-8,9-29,446
14Société Générale39,524,9993,3-68,3-53,8
15Deutsche Bank48,116,28111-94,7-62,9

Cliquer ici pour lire l’étude de l’institut ZEW sur les banques : Stress Scenarios Reveal Capital Shortfalls in EU Banking Sector.

7 réflexions sur “Banques et besoins de recapitalisation”

  1. Plus de 400 milliards d’euros pour recapitaliser 4 banques françaises, il va falloir pédaler. Je comprends mieux le mariage Gai et les intérêts négatifs !

    Plus de 2000 milliards de dettes pour 65 millions de Français, le terrorisme n’a pas fini de sévir !

    Heureusement, ce n’est pas sérieux, que c’est la faute à l’euro, que c’est les Grecques qui ne règlent pas l’addition, que les Allemands ne savent plus compter, que le brexit c’est de l’humour anglais, que les histoires belges font encore plus rire, que le fromage qui pue s’exporte dans le monde entier, que les courbes s’inversent par miracle, que le prélèvement à la source fera de la sauce en plus, que ça va de mieux en plus mieux, que Normal 1° va déclarer la guerre à la finance pour se faire réélire, que, que que, sinon plus personne ne dormirais dans ce plat pays qui n’est plus le mien !

  2. @ Whoa
    Il faut mettre ces chiffres en perspective avec le budget de l’Etat français. Je constate autour de moi que la confusion est la plus totale dans l’esprit des gens qui nous entourent.
    En effet, du fait que l’on exprime le dépassement budgétaire et la dette du pays en pourcentage du PIB, les gens ont tendance à croire que le budget de l’Etat est le PIB (2100 milliards).
    En réalité, c’est faux bien évidemment. Les recettes de l’Etat français avoisinent 400 Milliards d’euros par an et les dépenses sont près de 20% supérieures au recettes !
    La marge de manoeuvre de l’Etat français est donc absolument nulle et du coup, lorsque l’on évoque un renflouement des banques pour 400 milliards, on comprend mieux que l’Etat français ne pourra pas faire face. C’est pourquoi il se prépare à faire les poches des épargnants.

    1. « Il faut mettre ces chiffres en perspective »…

      Mais les perspectives sont là sous nos yeux et merci à JP. Chevallier, au passage.

      « il faudrait globalement augmenter les capitaux propres de ces 4 Gos banques de… 440 milliards d’euros ou diminuer le total de leurs dettes de… 4 415 milliards ! »

      C’est du privé avec des régles publiques, puique les clients sont aussi des créditeurs en puissances.

      Plus de 2 trillons de la dette Française n’est qu’un chiffre officiel… Elle est plus du double en réalité !

      100% du PIB ne veut rien dire, nous sommes bien d’accord et faire rentrer du « migrant » pour partager nos dettes est aussi un contre sens !

      La création de richesse c’est quoi aujourd’hui ? De la dette ? Vraiment ? Remboursé comment ? avec du papier indexé sur quoi ? Des services inutiles et des emmerdes administratifs?

      L’argent ne fait pas la valeur, mais la valeur fait de l’argent. Même les touristes ne viennent plus et ils ont raison, ils en ont plus pour leurs argents et se font dépouiller, plus rien ne circule ou ne fonctionne correctement. Des péages, des bouchons, des taxes, des emmerdes, bravo ça nous sommes champions. 70% d’imposition et c’est pas assez !

      Je reviens d’Allemagne, ça grouille de partout, dans tous les sens, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, des autoroutes 3 voies gratuites de long en large et en travers, des files de camions à n’en plus finir, jour et nuit une effervescence torride et le simple fait de passer la frontière vous rentrez dans un Franco-désert.

      Ha, elles sont très belles, nos autoroutes 2 voies, limité à 130 , super taxées et sécurisées, et nous n’allons pas les user, elles ne servent que pour partir en vacances (bon, d’accord, 3 fois dans l’année)!!!

      Alors la perspective, c’est que le chômage est une valeur sure et durable en France et la création de richesse c’est le partage de la pauvreté. Et ils sont fiers, dès qu’ils vendent 3 hélicos aux bougnoules qui ne savent pas s’en servir !

      Changez de nom, comme EDF et ses centrales pourris ou la SNCF en (g)rêve perpétuel et fuyez avant qu’un prince vous impose la charia !

  3. Quelqu’un avait une autre idée à l’augmentation du taux d’épargne US qui est surtout dû aux ménanges aisés, la maison est payée, les enfants sont partis et malgré la volonté de consommation, ces ménages gagnent tout simplement trop pour tout dépenser.

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