BNP-Paribas 2° trimestre 2015

Les banksters de BNP-Paribas ont publié leur bilan pour ce dernier trimestre mais ils continuent à ne pas le présenter correctement, c’est-à-dire pas comme devraient le faire les banques normalement constituées…

En effet, pour déterminer le montant des véritables capitaux propres dits, tangibles, excluant les minoritaires (Tangible shareholders equity), il faut aller pêcher le montant du Total part du groupe au passif puis retrancher les écarts d’acquisition (goodwill) inscrits à l’actif…

Document 1 :

et surtout retrancher les titres dits hybrides que sont les Titres Super-Subordonnés à Durée Indéterminée (TSSDI) dont les montants ne sont pas publiés dans les comptes trimestriels (ils ne sont mentionnés que dans les états financiers semestriels). Ils sont considérés par la seule nomenklatura bancaire française comme faisant partie des capitaux propres, ce qui n’est pas le cas partout ailleurs dans le monde, cf. mes articles à ce sujet,

Document 2 :

En reprenant les seuls chiffres pouvant donner une image fidèle de la réalité, pour les seuls semestres, en ne retenant que le montant des véritables capitaux propres, le leverage réel de BNP est de 27,7 pour ce dernier trimestre publié correspondant à un ratio Core Tier 1 réel de 3,6 % sans amélioration par rapport aux semestres précédents,

Document 3 :

BNP Paribas2013 Q42014 Q22014 Q42015 Q2
1 Assets1 810,521 906,632 077,762 138,51
2 Equity87,43384,689,4192,078
3 Hybrid securities + …6,6186,5996,5896,468
4 Goodwill9,8469,92510,57711,024
5 Tangible eq70,96968,07672,24474,586
6 Liabilities1 739,551 838,552 005,522 063,92
7 Leverage (µ)24,52727,827,7
8 Core Tier 1 (%)4,13,73,63,6

Sommes en milliards d’euros. [version corrigée, une erreur de calculs ayant été faite dans la précédente]

Un certain nombre de dirigeants de big banks européennes (UBS, Deutsche Bank, Barclays) ont décidé de prendre des mesures énergiques pour diminuer leur leverage par cessions d’actifs de plusieurs centaines de milliards.
Ceux de BNP font exactement le contraire !

Depuis le début de 2014, les banksters de BNP-Paribas publient un ratio de levier Bâle III dans les 3 % en le majorant un peu par rapport à mes calculs,

Document 4 :

Les chiffres de ces ratios de levier Bâle III publiés par les banksters de BNP-Paribas sont donc en concordance avec ceux que je calcule sur la base de l’analyse de ces titres hybrides (l’écart entre mes calculs et ceux de BNP est faible), ce qui prouve une fois de plus la justesse de mes analyses sur ce sujet, et ceci depuis plusieurs années…

Il faudrait augmenter les capitaux propres de… 120 milliards d’euros (!) ou diminuer le total des dettes de… 1 320 milliards (!) par cessions d’actifs par exemple pour que BNP-Paribas respecte les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan (sans pondérer les actifs, comme le préconisent également la BRI, Axel Weber, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et la CRR/CRD IV), à savoir un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 % ou un leverage inférieur à 10 (contre respectivement 8% et 12,5 pour le ratio Core Tier 1 d’origine).

C’est drôle, on se demande pourquoi les banksters de BNP-Paribas ne publient pas le montant des Titres de Créances Négociables (TCN) qu’ils mettent en pension pour obtenir… 34,4 milliards d’euros d’argent frais ! … répartis entre 31,7 milliards de Certificats de Dépôt Négociables (CDN),

Document 5 :

et 2,7 milliards des Bon à Moyen Terme Négociables

Document 6 :

… chiffres publiés par la Banque de France, auxquels il faudrait ajouter ceux qui sont prêtés par la BCE qui ne publie aucun chiffre.

Le leverage réel de BNP est de 31,5. Celui de la banque des frères Lehman était de 32 lorsqu’elle a fait faillite, ce qui a provoqué de fortes turbulences financières dans le monde. Le total de son bilan était alors de 650 milliards de dollars… seulement.

Le total du bilan de BNP de 2 138 milliards d’euros, est proche du montant du PIB annuel de la France (2 167 milliards au 1° trimestre) !

Les Américains sont inquiets face à la puissance de leurs big banks too big to fail, mais JPMorgan est celle qui a le total de son bilan le plus plus élevé avec seulement… 2 450 milliards de dollars, soit 13,7 % du PIB des Etats-Unis (17 840 milliards de dollars).

Les banksters de BNP (et leurs homologues des autres Gos banques) prennent les Français pour des idiots et ils ont raison. Ça marche : ils ne comprennent jamais rien aux problèmes financiers, bancaires, monétaires, heureusement…
Ils n’ont été amenés à payer que 9 milliards de dollars pour éviter d’être condamnés… aux Etats-Unis !
Tout va bien.

Tout est simple… à condition de savoir décrypter correctement des centaines de pages de comptes à dormir debout pour en tirer la substantifique moelle.
Finalement, je remercie les dirigeants de nos Gos banques et ici ceux de BNP qui montrent que j’avais raison et que j’ai toujours raison de calculer les véritables ratios d’endettement.

Cliquer ici pour lire le communiqué présentant les résultats (non audités) de BNP d’où sont tirées ces dernières données.

10 réflexions sur “BNP-Paribas 2° trimestre 2015”

  1. Ces banques en quasi faillite empêchent toute transformation de l’économie , elles ne peuvent se redresser , elles attendent le clash ou la mort lente du pays.
    Ce qui est plus probable c’est un changement de dictature en politique qui ferait prendre ses pertes à la société.
    Car enfin le socialisme ou la dictature c’est la même chose.
    Souhaitons un Franco un Pinochet un Staline a la France sociale.

    1. Waouhhh
      Encore un qui critique mais qui n’avance aucun chiffre.
      Philippe, vous avez toute la place pour dire ce qui est erroné et donnez les bons chiffres !!!!!
      mais, je crois que c’est un troll………
      Bonne soirée

  2. N. N. de NAT. je desire conserver mon anonymat

    Bonjour, erreur de calcul ? Les Hybrides + le goodwill donnent 74,586 et 72,244 en fonds propres pour Q4 et Q2 ? Pas obligatoire de me publier.
    Bien à vous.

      1. N. N. de NAT. je desire conserver mon anonymat

        Nous les stategistes ont a des petits cervaux mais des grosses calculettes !! Votre article est aussi chez Contrepoints.
        Bien à vous.

  3. C’est marrant cette tradition depuis 2008 de taper sur les banques. Avant on n’entendait rien.

    Si le leverage réel de BNP est équivalent à celui de Lehman Brothers en 2007, peut-être n’a-t-elle pas, elle, 50 milliards de subprimes pourris en portefeuille.

    Jusqu’à preuve du contraire, à part l’affaire Kerviel, les banques françaises privées gèrent plutôt correctement leur risque.

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