Une analyse plus précise du bilan de la BNS s’impose…
Jusqu’au 1° trimestre 2008, tout allait bien : les capitaux propres de la BNS représentaient plus de la moitié du total de son bilan,
Document 1 :
La situation s’est dégradée par la suite. Au pire, fin juillet 2011, les capitaux propres ne représentaient plus que 6,5 % du total du bilan, ce qui correspond à un multiple d’endettement, mon µ, le leverage en anglais, de 14,5 !
Document 2 :
Ainsi, le total des dettes représentait 14,5 fois le montant des capitaux propres fin juillet 2011, ce qui est totalement hors normes.
La tendance était tellement dramatique que Thomas Jordan, vice président de la BNS envisageait quelques jours avant la publication des chiffres signifiant enfin son retournement, l’inenvisageable : des capitaux propres négatifs et le recours à la planche à billets pour sauver la BNS !
Le retournement de la tendance catastrophique visible à partir des chiffres de la fin du mois d’août s’est effectué grâce à l’augmentation vertigineuse des Comptes de virements des banques en Suisse qui ont atteint des sommets aux alentours de 200 milliards au 4° trimestre 2011,
Document 3 :
Ainsi, le passif est maintenant constitué principalement de ces Comptes de virements des banques en Suisse qui permettent à la BNS d’augmenter miraculeusement ses bénéfices : les capitaux propres sont passés de 16 milliards de francs fin juillet à 53 milliards fin novembre.
Document 4 :
La fuite des capitaux de l’€URSS en crise a sauvé la BNS d’une faillite catastrophique !
Ce dernier graphique met en évidence la détérioration de la situation de la BNS après la faillite de la banque des frères Lehman (mi septembre 2008) qui a même obligé les dirigeants de la BNS à emprunter comme le montrent les chiffres de la rubrique Propres titres de créance qui n’ont baissé que dernièrement.
Les Comptes de virements des banques en Suisse représentent maintenant la moitié du bilan de la BNS à la place des capitaux propres en quelque sorte, des emprunts ayant assuré la jonction,
Document 5 :
Compte tenu des entrées massives de capitaux en Suisse fuyant l’enfer de l’€URSS, la BNS a été obligée de faire (à partir du début de 2009) ce que doit faire toute banque centrale en pareille situation : conserver, et même racheter des devises, de plus en plus au fur et à mesure que la crise de l’euro système se développe pour un total proche de 300 milliards de francs,
Document 6 :
En 2000, lorsque le stock d’or a enfin été comptabilisé à sa juste valeur de marché, sa part dans l’actif de la BNS était proche de celle des devises mais elle baisse continuellement, ce qui est positif,
Document 7 :
Les devises (euros et dollars) représentent maintenant de 70 à 80 % du total du bilan, ce qui est normal et même très rassurant.
Ces chiffres montrent que la BNS n’a pas attendu le mois de septembre 2011 pour racheter des devises afin de soutenir un franc faible par rapport à l’euro et que ce soutien, s’il a été coûteux, les bénéfices ont été finalement supérieurs aux coûts.
La structure du bilan de la BNS présente des caractéristiques tout à fait différentes de celles des autres banques centrales.
Les désordres croissants dans la zone euro permettent de prédire une amélioration de la structure de ses comptes dans l’avenir mais il subsiste une certaine vulnérabilité.
Dans le cadre de la guerre monétariste qui est engagée, ces maudits petits Suisses réussissent paradoxalement à en tirer les plus grands avantages car ce sont les meilleurs banquiers du monde (à part ceux d’UBS et de CS).
Enfin, il faut ajouter qu’il n’y a pas de création monétaire du fait de la BNS (pas d’argent non gagné) mais circulation d’argent (réputé gagné), ce qui est tout à fait différent.
Tout est simple, ou presque…
Samedi 28 janvier 2012 :
Crise de la dette : Berne a envisagé le pire.
Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann estime que la zone euro survivra à l’actuelle crise de la dette. Sinon on courrait à une «catastrophe», a déclaré samedi le ministre de l’économie au Forum économique de Davos (WEF). La Suisse a envisagé tous les scénarios.
Le Conseil fédéral semble préparé à une désintégration de la zone euro. Le gouvernement a officiellement exigé que tous les scénarios soient envisagés, a relevé le Bernois devant quelques journalistes.
M. Schneider-Ammann s’est entretenu lors de son séjour dans la station grisonne avec plusieurs ministres d’autres pays. L’incertitude est de mise, a-t-il observé à l’issue des échanges. Selon lui, une certaine psychologie est importante : «Nous ne devons pas parler de la situation de manière plus morose qu’elle ne l’est».
http://www.tdg.ch/economie/Crise-de-la-dette-Berne-a-envisage-le-pire-/story/13527900