BPCE 2° trimestre 2017

Comme je l’ai déjà écrit, BPCE est l’usine à gaz créée par le principal collaborateur de notre histrion ignare qui utilise certains de ses tuyaux pour enduire les analystes (et presque tout le monde) dans l’erreur à l’insu de leur plein gré…
En effet, nos banksters avaient réussi à faire comptabiliser officiellement en France les fameux Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée (TSSDI) dans les capitaux propres alors qu’ils sont considérés partout dans le monde comme des dettes car ce sont des capitaux rémunérés sous la forme d’intérêts.
Cette distinction entre capital et dettes est fondamentale, comme le montre clairement la dénomination du passif en anglais : Liabilities & equity, le mot passif n’existant pas en anglais, car les actifs ne peuvent être financés que par des capitaux propres et des dettes.
C’est simple, mais trop simple pour nos banksters franchouillards qui ont trouvé là un terrain d’entente pour camoufler plus ou moins adroitement leurs turpitudes, mais ça ne marche pas pour les rares analystes compétents s’exprimant en français (le pluriel ne se justifie peut-être pas !) et pour les gens de l’EBA, l’Agence Bancaire Européenne qui ont publié les montants des véritables capitaux propres selon les règles appliquées partout dans le monde, sans les titres dits hybrides dont les TSSDI font partie, pour les bilans arrêtés au 30 juin 2013 et qui confirment mes analyses.
Les chiffres publiés dans les rapports trimestriels de BPCE ne donnaient donc pas une image fidèle de la réalité pour tromper les investisseurs et les marchés, ce qui est condamnable mais pas condamné en France (seul celui qui a dénoncé cette tromperie a été sanctionné !).

Cependant, les banksters de BPCE publient maintenant prudemment le montant des véritables capitaux propres en concordance avec ceux de l’EBA dans une annexe,

Document 1 :

Les chiffres publiés dans le bilan publié par BPCE doivent donc être retraités en fonction de ces données pour donner une image fidèle de la réalité,

Document 2 :

Dans ces conditions, il est possible de calculer des ratios qui se rapprochent de la réalité en appliquant les règles internationales.

Le ratio Core Tier 1 réel, c’est-à-dire le rapport entre les capitaux propres et (sur) le total des dettes (du bilan moins les capitaux propres) est de 4,83 %, ce qui correspond à un leverage (que l’on peut traduire par ratio de levier) de 20,72 qui s’interprète de la façon suivante : le total des dettes représente 20,72 fois le montant des véritables capitaux propres, ce qui correspond à un multiple d’endettement, expression que j’ai adoptée, avec le symbole µ pour simplifier.

Document 3 :

BPCE2016 Q22016 Q32016 Q42017 Q12017 Q2
1 Assets1 219,741 209,081 235,241 238,651 238,25
2 Equity58,42859,83261,46262,63763,041
3 Deductions1,111,2141,7652,1591,649
4 Goodwill4,3184,3184,3974,4784,392
5 Tangible eq5354,355,35657
6 Liabilities1 166,741 154,781 179,941 182,651 181,25
7 Leverage (µ)22,0121,2721,3421,1220,72
8 Core Tier 1 (%)4,544,74,694,744,83

Sommes en milliards d’euros.

Comme je l’ai déjà écrit, Bien entendu, les ratios et multiples de ce tableau sont calculés à partir des actifs qui ne sont pas pondérés des risques car tout actif est par définition risqué, selon les préconisations de ce bon vieux Greenspan, de la BRI, d’Axel Weber, de la Fed, de la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), en conformité avec les accords de Bâle I comme le rapporte entre autres la CRR/CRD IV.

BPCE est donc dans une mauvaise situation car son multiple d’endettement réel, le leverage, reste à un niveau trop élevé alors que pour ce bon vieux Greenspan, le leverage devrait être inférieur à 10 (donc avec un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %) pour respecter les règles prudentielles d’endettement bancaire en vigueur après les turbulences de 2008.

Il faudrait pour cela augmenter les capitaux propres de 55,6 milliards d’euros !

Les dirigeants de BPCE ne parlent pas évidemment des 23,780 milliards que la Banque de France leur prête généreusement en mettant en pension des titres sous la forme de Titres Négociables à Court Terme dans le cadre des Titres de Créances Négociables (TCN), et… 35 milliards avec Natixis !

Document 4 :

Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami mais le marché interbancaire est complètement bloqué dans la zone euro.
Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !

Cliquer ici pour voir les résultats de BPCE d’où sont extraites ces informations,
Cliquer ici pour voir les chiffres des Titres Négociables à Court Terme dans le cadre des Titres de Créances Négociables (TCN).

5 réflexions sur “BPCE 2° trimestre 2017”

  1. Du coup Natixis, qui semble avoir des ratios d’endettement démentiels, peut-il faire couler BPCE (pas aux normes préconisées par ce bon vieux Greenspan, mais quand même plus solide) ?

  2. Monsieur Chevalier, vous êtes un brillant professeur qui explique à un cancre – pour ma part – la loi de la relativité.
    Ma question de béotien est :
    Ou se tourner pour protéger son argent ?
    Une banque dans quel pays ?
    j’ai imaginé la stratégie ( sic ) suivante : 20% or – 40% immobilier – le solde dans une monnaie que j’ignore ..
    Votre éclairage me serait ( et sans doute à quelques autres 🙂 très précieux
    Cordialement

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