BPCE 3° trimestre 2014

Comme je l’ai déjà écrit, BPCE est l’usine à gaz créée par le principal collaborateur de notre histrion ignare qui utilise certains de ses tuyaux pour enduire les analystes (et presque tout le monde) dans l’erreur à l’insu de leur plein gré…
En effet, les comptes trimestriels publiés ne font jamais état de ces fameux TSSDI, Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée que nos banksters ont réussi à faire comptabiliser officiellement en France dans les capitaux propres alors qu’ils sont considérés partout dans le monde comme des dettes car ce sont des capitaux rémunérés sous la forme d’intérêts.
Cette distinction entre capital et dettes est fondamentale, comme le montre clairement la dénomination du passif en anglais : Liabilities & equity, le mot passif n’existant pas en anglais, car les actifs ne peuvent être financés que par des capitaux propres et des dettes.
C’est simple, mais trop simple pour nos banksters franchouillards qui ont trouvé là un terrain d’entente pour camoufler plus ou moins adroitement leurs turpitudes, mais ça ne marche pas pour les rares analystes compétents s’exprimant en français (le pluriel ne se justifie peut-être pas !) et pour les gens de l’EBA, l’Agence Bancaire Européenne qui ont publié les montants des véritables capitaux propres selon les règles appliquées partout dans le monde, sans les titres dits hybrides dont les TSSDI font partie, pour les bilans arrêtés au 30 juin 2013 et qui confirment mes analyses.
Les chiffres publiés dans les rapports trimestriels de BPCE ne donnent donc pas une image fidèle de la réalité pour tromper les investisseurs et les marchés, ce qui est condamnable mais pas condamné en France (seul celui qui a dénoncé cette tromperie a été sanctionné !).

Cependant, les banksters de BPCE publient prudemment le montant des véritables capitaux propres en concordance avec ceux de l’EBA dans une annexe,

Document 1 :

Les chiffres publiés dans le bilan publié par BPCE doivent donc être retraités en fonction de ces données pour donner une image fidèle de la réalité,

Document 2 :

Dans ces conditions, il est possible de calculer des ratios qui se rapprochent de la réalité en appliquant les règles internationales.

Le ratio Core Tier 1 réel, c’est-à-dire le rapport entre les capitaux propres et (sur) le total des dettes (du bilan moins les capitaux propres) est de 4,1 %, ce qui correspond à un leverage (que l’on peut traduire par ratio de levier) de 24,5 qui s’interprète de la façon suivante : le total des dettes représente 24,5 fois le montant des véritables capitaux propres, ce qui correspond à un multiple d’endettement, expression que j’ai adoptée, avec le symbole µ pour simplifier.

Document 3 :

BPCE2013 Q22013 Q42014 Q12014 Q22014 Q3
1 Assets1 161,641 123,521 140,101 151,871 170,45
2 Equity52,04351,33960,22961,37754,47
TSSDI +…6,9377,83211,72512,0674,062
4 Goodwill4,2654,1684,2044,314,508
5 Tangible eq40,84139,33944,34545,9
6 Liabilities1 120,801 084,181 095,801 106,871 124,55
7 Leverage (µ)27,427,624,724,624,5
8 Core Tier 1 (%)3,643,634,044,074,08

Sommes en milliards d’euros.

Pour le 3° trimestre 2014, les banksters de BPCE publient curieusement un ratio de levier Bâle 3… de 4,5 % ! … qui confirme très précisément la justesse de mes analyses passées et présentes (pour le trimestre précédent, nos banksters avaient seulement écrit que leur ratio était supérieur à 4 % !),

Document 4 :

Comme je l’ai déjà écrit, Bien entendu, les ratios et multiples de ce tableau sont calculés à partir des actifs qui ne sont pas pondérés des risques car tout actif est par définition risqué, selon les préconisations de ce bon vieux Greenspan, de la BRI, d’Axel Weber, de la Fed, de la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et en conformité avec les accords de Bâle I comme le rapporte entre autres la CRR/CRD IV (cf. mon analyse des résultats de Deutsche Bank).

BPCE est donc dans une mauvaise situation car son multiple d’endettement réel, le leverage, reste à un niveau trop élevé alors que pour ce bon vieux Greenspan, le leverage devrait être inférieur à 10 (donc avec un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %) pour respecter les règles prudentielles d’endettement bancaire après les turbulences de 2008.

Il faudrait pour cela augmenter les capitaux propres de 60,5 milliards d’euros ou diminuer le total du bilan de… 665 milliards (par cessions d’actifs par exemple) !

Les dirigeants de BPCE ne parlent pas évidemment des 17,229 milliards d’euros (au 5 novembre) que la Banque de France leur prête en mettant en pension des titres sous la forme de Certificats de dépôt dans le cadre des Titres de Créances Négociables (TCN)

Document 5 :

… ni de 1,177 milliard de Bons à Moyen Terme (faisant partie des TCN),

Document 6 :

Pire encore : le groupe BPCE publie prudemment encore un document faisant état de… 168 milliards d’euros d’encours de refinancement (auprès de la BCE et de la Banque de France) alors que le montant des dépôts (placement des liquidités) n’est que de 49 milliards,

Document 7 :

Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami mais le marché interbancaire est complètement bloqué dans la zone euro.

Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !

Cliquer ici pour voir les résultats de BPCE d’où sont extraites ces informations.
Cliquer ici pour voir mon article sur les comptes de BPCE pour le trimestre précédent.

7 réflexions sur “BPCE 3° trimestre 2014”

  1. Bonjour Monsieur Chevallier

    Encore merci de vos billets.

    Est ce que vous voyez dans la presse, les blogs, etc.. des signaux faibles concordant avec vos analyses ?

    Non pas des articles disant la même chose, mais des manifestations de ces déséquilibres se traduisant par des phénomènes visibles dans l’économie.

    A propos du blocage du marché interbancaire par exemple…

    Bien à vous

    F

      1. Marché interbancaire en effet bloqué car nécessité de reduire les bilans par la répression financière. Les citoyens lambdas en prennent pour 20 ans de décroissance : déflation des salaires, inflation des biens et des taxes.

  2. Avez vous des informations concernant les résultats 2013 du Crédit Mutuel – CIC ?

    De mémoire, leur bilan annuel est publié vers le mois d’octobre et il ne publie pas de résultat trimestriel ce qui est contraire aux règles

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