Crédit Agricole 4° trimestre 2014

Nos péquenots du Crédit Agricole donnent l’impression d’avoir enfin compris eux-aussi (après les autres banksters de la BNP et de la Générale)… ce que j’explique depuis des années, à savoir que l’essentiel pour les banques, est qu’elles doivent respecter les règles prudentielles telles qu’elles ont été édictées par ce bon vieux Greenspan : un leverage réel non pondéré des actifs calculé avec le montant des capitaux propres réels (les actifs nets tangibles, sans les écarts d’acquisition), ou son inverse, le ratio Core Tier 1 comme le préconisent aussi la BRI, Axel Weber, l’EBA, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et la CRR/CRD IV.

Cependant, les groupes de pression bancaires ont réussi à faire adopter une limite de… 3 % minimum pour le ratio Core Tier 1 contre 8 % lors de Bâle 1 que ce bon vieux Greenspan a relevée à 10 % à la suite des turbulences financières.

En effet, ils publient eux-aussi cette donnée : 5,2 %… dans leurs slides !

Document 1 :

Cependant, nos péquenots du Crédit Agricole publient par ailleurs un slide montrant que le montant de leurs capitaux réels est de… 64,7 milliards d’euros !

Document 2 :

En reprenant ce chiffre, le multiple d’endettement réel, mon µ, le leverage est de 26,2 ce qui correspond à un ratio Core Tier 1 réel de 3,81 % pour ce dernier trimestre,

Document 3 :

Cdt Agric Groupe2013 Q42014 Q12014 Q22014 Q32014 Q4
1 Assets1 706,301 718,601 663,301 731,501 762,80
2 Equity76,379,38285,186,7
3 CRD IV…1,54,96,48,18
4 Goodwill14,514141414
5 Tangible eq60,360,461,66364,7
6 Liabilities1 646,001 658,201 601,701 668,501 698,10
7 Leverage (µ)27,327,52626,526,2
8 Core Tier 1 (%)3,73,63,853,783,81

Sommes en milliards d’euros.

Sur la base de ces données publiées dans le cadre de la CRD IV (Capital Requirements Directive), les chiffres sont en concordance avec ceux qui sont obtenus en respectant les préconisations de ce bon vieux Greenspan.

Document 4 :

Il faudrait augmenter les capitaux propres du groupe Crédit Agricole de… 95 milliards d’euros pour respecter la règle prudentielle d’endettement de ce bon vieux Greenspan ou diminuer les dettes de… 1 115 milliards !

Comme je l’ai déjà écrit, Les péquenots du Crédit Agricole montrent une fois de plus que le leverage est bien le problème le plus important pour cette banque comme pour les autres, comme je le répète à maintes reprises.
A priori, ce sont les clients et les salariés du Crédit Agricole qui vont renflouer la banque, en espérant que ce ne soit pas… les contribuables.
La grosse différence entre les Etats-Unis et l’Europe, dont la France, est que les autorités américaines n’hésitent pas à flinguer les grandes banques qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement telles qu’elles ont été édictées par les gens de la Fed et en particulier par ce bon vieux Greenspan, tandis qu’en Europe, et surtout en France, les dirigeants des Gos banques font ce qu’ils veulent, et le résultat est catastrophique comme le montre le marché interbancaire qui est totalement bloqué, la BCE étant obligée de s’y substituer, ce qui a des conséquences dramatiques, en accentuant et en prolongeant la crise.
Enfin, nos péquenots qui bricolent avec le crédit ne parlent évidemment pas des dizaines de milliards d’euros qu’ils obtiennent (quasiment gratuitement) de la Banque de France en mettant chaque jour des titres en pension dans le cadre des Titres de Créances Négociables, d’après les chiffres de la Banque de France et d’autres milliards encore de la BCE pour lesquels aucune information n’est donnée.

Tout le reste est mauvaise littérature pour idiots inutiles voire nuisibles qui font confiance à leurs Gos banques.
Pour l’instant, tout va bien : pas de tsunami bancaire.

Cliquer ici pour lire le rapport financier du Crédit Agricole S.A. d’où sont tirées ces informations.

8 réflexions sur “Crédit Agricole 4° trimestre 2014”

  1. J’adore décidément le style que vous adoptez pour la présentation de vos analyses et je suis totalement fan de vos termes et expressions choisies (mécanos, péquenots, bankster etc. …)
    C’est aussi courageux qu’amusant et il faut bien reconnaître que ça crédibilise totalement la pertinence de vos analyses qui, sans cela, conduiraient les « GOS BANQUES » à vous attaquer inlassablement.
    Au lieu de cela, c’est le silence le plus total et le mutisme coupable des médias en dit long sur la confiance que l’on peut leur accorder, y compris à ceux qui sont prétendument spécialistes.

    Désormais, un clash monétaire en Europe semble inévitable et je présume qu’il aura pour conséquence de provoquer un tsunami en bourse. Je suis un peu frustré de ne pas toujours savoir comment interpréter vos analyses pour en déduire les conséquences les plus probables.

    Quoiqu’il en soit, je vous renouvèle mes sincères remerciements pour l’éclairage que vous nous offrez.

  2. Bonjour Monsieur Chevallier,

    Une question sur votre méthodologie : vous comparez le leverage de banques européennes et américaines, dont les comptes sont publiés respectivement en IFRS et USGAAP. Or il y a des différences entre ces deux normes comptables, notamment sur la comptabilisation des produits dérivés. Est-ce que vous procédez à des retraitements ? Sinon, ces différences comptables n’expliquent-elles pas en partie les différences de leverage entre banques européennes et américaines, en sachant que l’autre élément d’explication est la caractère davantage désintermédié de l’économie américaine ?

    Merci.

  3. Bonjour,

    Bravo pour vos analyses, mais sauf erreur de ma part si, et j’aurais tendance à donner crédit à vos démonstrations, ce que vous dites est avéré.
    Pourquoi aucune banque us ne dénonce les pratiques de ses homologues européennes ?

    La financiarisation de l’économie est-ce un modèle d’économie ?

    Nos très chers banksters n’ont pas l’air inquiet, nos journalistes n’osent pas aborder le cruel manque de fonds propres des banques.

    Les banques que vous citez en exemple parfois, ces petites unités sont les rois de l’évasion fiscale auprès de filiales suisses ou luxembourgeoises généralement, donc avec une ethique très particulières.

      1. Il y a souvent des questions et réflexions naïves.

        De manière générale, la population française est extrêmement naïve.

        Sur tout les sujets.

        Il faut dire que les propagandes, d’endormissement, sont massives, omniprésentes, c’est du très très très lourd.

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