Euro, argent sain, monétarisme, Reaganomics…

L’argent sain est le premier pilier des Reaganomics dixit Arthur Laffer.

Ça commence mal car une telle phrase est totalement incompréhensible en Europe et surtout en France, sauf parmi le microcosme microscopique de mes lecteurs…
L’argent est sain aux Etats-Unis comme le montre par exemple la part de M1 par rapport au PIB depuis une cinquantaine d’année qui est tombée aux alentours de 13 %, constituée pour moitié de dépôts à vue sur les comptes courants et pour l’autre moitié de billets (dont les deux tiers se trouvent en dehors des Etats-Unis dans des mains pas toujours très propres…),
Graphique 1 :

Cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

La fameuse planche à billets n’imprime pas de monnaie de singe aux Etats-Unis comme le répètent tous les idiots les plus ignares. La seule réaction notable a été une augmentation importante des soldes positifs des comptes courants des Américains depuis la faillite de Lehman (ce qui a peut-être été exigé par les banques, par prudence).

Comparativement, la situation est catastrophique dans la zone euro : M1 représentait 28 % du PIB en 1998, comme aux Etats-Unis en 1959, ce qui était relativement admissible. Ce pourcentage aurait dû baisser au cours des années suivantes pour tomber comme aux Etats-Unis aux alentours de 15 % du PIB a priori mais l’évolution a été exactement inverse : M1 a considérablement augmenté depuis l’adoption de l’euro pour atteindre plus de 50 % du PIB,
Graphique 2 :

Dans la zone euro, M1 se monte à 4 700 milliards d’euros contre 1 700 milliards de dollars aux Etats-Unis pour 300 millions d’habitants environ dans les deux cas.

L’hypertrophie de M1 dans la zone euro est donc de l’ordre de 2 500 à 3 000 milliards d’euros, ce qui correspond au montant des réserves en devises qui auraient dû rester dans les coffres de la Buba (en transposant les 3 000 milliards de dollars de réserves de la Chine).

Comme l’écrivait Simon Johnson, l’ancien chief economist du FMI, les excédents de l’Allemagne qui étaient censés être investis dans les pays du Club Med pour y faire remonter la productivité globale au niveau de celle de l’Allemagne ont été transférés en fait sur les comptes des habitants de ces cochons de pays du Club Med.
Maintenant, il est absolument impossible de faire éclater cette bulle et elle est durable, ce qui empêchera la croissance du PIB d’atteindre son potentiel optimal pendant les prochaines décennies.
La vieille Europe est plombée par l’hypertrophie de sa masse monétaire comme l’a été le Japon.

M3 représente plus de 100 % du PIB,
Graphique 3 :

Aux Etats-Unis, les agrégats monétaires évoluent normalement, seul M2-M1 qui correspond aux dépôts dans les caisses d’épargne des Américains est un peu trop élevé du fait de l’ambiance de crise larvée qui y règne,
Graphique 4 :

L’augmentation d’une année sur l’autre de M2-M1 depuis fin 2009 est faible, ce qui signifie que la croissance du PIB des Etats-Unis devrait continuer à fluctuer autour de son potentiel optimal dans les 3 %,
Graphique 5 :

L’augmentation de M3 dans la zone euro a été trop forte depuis l’adoption de l’euro, et surtout, elle s’est faite à partir de celle de M1 alors qu’aux Etats-Unis, elle a été le résultat de l’amélioration de la trésorerie des entreprises (M3-M2), ce qui a des effets, positifs, tout à fait différents,
Graphique 6 :

La trésorerie des entreprises correspondant à M3-M2 a considérablement augmenté aux Etats-Unis à partir de 2006, ce qui s’est transmis en Europe. L’hypertrophie de cet agrégat a été combattue par le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, en particulier avec la chute de Lehman. La situation est redevenue normale depuis le début 2010 des deux côtés de l’Atlantique,
Graphique 7 :

A partir de ces analyses monétaires, j’ai écrit depuis plusieurs années déjà que la vieille Europe allait droit dans le mur. Maintenant, on y est, dans le mur. Le choc est sur le point de se produire, inévitablement, quelles que soient les circonstances.
Les modalités de cette crise sont en quelque sorte des détails relativement secondaires : les banques grecques seront certainement les premiers dominos à tomber.

De toute façon, l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics. Inversement, quand l’argent n’est pas sain, c’est-à-dire lorsque la masse monétaire est hypertrophiée, la situation est rarement rattrapable.
La guerre mondiale du XXI° siècle n’aura été que monétariste.

Cliquer ici pour lire l’article d’Arthur Laffer sur les piliers des Reaganomics, et l’argent sain en particulier.

11 réflexions sur “Euro, argent sain, monétarisme, Reaganomics…”

  1. Bonjour,
    Je ne comprends pas vos propos lorsque vous affirmez qu' »il est absolument impossible de faire éclater cette bulle et elle est durable (hypertrophie de M1 ?) » et que plus loin vous écrivez « Maintenant, on y est, dans le mur … les banques grecques seront certainement les premiers dominos à tomber. »
    N’y a t’il pas un antagonisme entre ces deux propos ? Les faillites des banques grecques et à fortiori d’autres établissements n’engendreraient elles pas une destruction de M1 ?

  2. Mardi 31 mai 2011 :

    Crise de la dette : Mario Draghi met en garde contre des effets systémiques importants.

    Le gouverneur de la Banque d’Italie Mario Draghi, futur président de la Banque centrale européenne (BCE), a mis en garde mardi contre les effets systémiques importants que pourrait entraîner la crise de la dette dans certains pays de la zone euro.

    Dans la zone euro, la crise de la dette souveraine dans trois pays, qui représentent 6 % du PIB de la zone, a le potentiel d’avoir des effets systémiques importants, a déclaré M. Draghi, qui ne cite pas le nom de ces pays, mais fait référence à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal.

    M. Draghi s’exprimait à Rome devant l’assemblée générale annuelle de la Banque d’Italie.

    La zone euro se trouve face à l’épreuve la plus difficile depuis sa création, a-t-il ajouté.

    http://www.romandie.com/news/n/_Crise_dette_Draghi_met_en_garde_contre_des_effets_systemiques_importants310520111105.asp

  3. Qu’attendez vous pour prendre la direction monétaire en Europe , faites un coup d’état , au lieu de clamer tout seul ………………………

  4. Mercredi 1er juin 2011 :

    Le FMI ne verserait sans doute pas sa part d’aide à la Grèce.

    BERLIN (Reuters) – Il semble certain que le Fonds monétaire international (FMI) ne versera pas sa part d’une nouvelle tranche d’aide financière qui doit être allouée à la Grèce fin juin mais il devrait participer à un nouveau programme d’assistance, écrit mercredi le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

    « Il est pour l’heure considéré comme certain que le FMI ne versera pas sa part de la nouvelle tranche du programme d’aide en cours fin juin », rapporte le quotidien financier, sans citer de source.

    Le Fonds, explique-t-il, ne peut débourser le montant prévu que si le financement du programme de consolidation budgétaire est assuré pour une période de 12 mois, et la « troika », qui réunit FMI, Union européenne et Banque centrale européenne, est apparemment parvenue à la conclusion que ce n’est pas le cas.

    L’euro a perdu un demi-cent environ contre le dollar, en réaction à cet article et s’échangeait autour de 1,4425 dollar vers 8h50.

  5. Via AFP:

    « Nous travaillons à une formule pour que les créanciers privés maintiennent leur exposition à la dette grecque », a confirmé à l’AFP un responsable gouvernemental d’un grand pays européen.

    Ils veulent forcer le droguer à continuer les doses!

  6. Irlande : la décote sera de 80 à 90 % ! ! !

    Mardi 31 mai 2011 :

    Les banques irlandaises Bank of Ireland, Irish Life & Permanent (IL&P) et Education Building Society (EBS) ont annoncé mardi qu’elles allaient mettre à contribution certains créanciers privés pour se recapitaliser, imitant ainsi leur rivale Allied Irish Banks.

    Dans des communiqués séparés, ces établissements ont indiqué qu’ils allaient rembourser avant l’échéance prévue certaines dettes dites « subordonnées » ou « junior », mais avec d’énormes décotes, économisant ainsi d’importantes sommes par rapport à ce qu’elles auraient dû verser à leurs créanciers.

    Les investisseurs détenant des dettes dites « seniors » bénéficient, à des degrés variables, d’une protection supérieure à ceux possédant des dettes « juniors », dites aussi « subordonnées », plus rémunératrices mais plus risquées.

    Bank of Ireland prévoit de racheter jusqu’à 2,6 milliards d’euros de dettes avec une décote de 80 à 90 % par rapport à leur valeur nominale, IL&P va racheter 840 millions de dettes avec une décote de 80 %, et EBS reprendra 260 millions de dettes avec une décote, là encore, de 80 à 90 %.

    http://www.news-banques.com/irlande-boi-ilp-et-ebs-mettent-a-contribution-leurs-creanciers-junior/012177804/

  7. Mercredi 1er juin 2011 :

    Le Portugal a levé mercredi 850 millions d’euros en bons du Trésor à trois mois à un taux d’intérêt record, après avoir reçu les premières tranches du prêt accordé par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).

    L’Etat portugais a payé un taux moyen de 4,967 %, avec une demande 2,7 fois supérieure à l’offre, selon les données publiées par l’Institut de gestion du crédit public (IGCP), qui avait prévu de lever entre 750 millions et un milliard d’euros.

    « Ce taux est un nouveau plus haut historique pour un financement à trois mois », a indiqué Filipe Silva, stratégiste obligataire à la Banco Carregosa, dans une note envoyée à l’AFP.

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp_00348677-le-portugal-leve-850-millions-d-euros-a-trois-mois-a-un-taux-record-171355.php

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