€ crise : ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas

Ce qu’on voit, ce sont les rendements des bons à 10 ans du Trésor italien (6,227 %) qui explosent par rapport à ceux du Bund (2,229 %) depuis le 4 juillet, c’est-à-dire à partir du moment où Standard & Poor’s, le grand méchant loup de l’hyper puissance américaine comme le répétait Chirak, eût annoncé que le 2° plan envisagé (celui qui a été officialisé le 21 juillet) pour aider la Grèce conduirait à un défaut de paiement signifiant le début de la chute des dominos euro-zonards,
Graphique 1 :

Idem pour la France (3,189 %),
Graphique 2 :

Les données sont celles du vendredi 5 août au matin à 9 heures 30.
L’€ crise est fulgurante.
La hausse des rendements est accentuée par la baisse de ceux du Bund qui ont été proches du plus bas historique de 2,110 % atteint le 31 août 2010,
Graphique 3 :

La BCE est manifestement intervenue dans les heures suivantes pour racheter des bons des Trésors sur le marché secondaire (malgré l’opposition des Allemands mis une fois de plus en… minorité écrasante !) pour en faire baisser les rendements dans un certain désordre : en fin de séance européenne, à 17 heures 30, les rendements de ces bons italiens sont tombés à 6,081 % et ceux de l’Espagne à 6,032 % ! alors que ceux du Bund sont remontés à 2,345 % (et à 3,255 % pour les bons français).

Ce qu’on ne voit pas, ce sont les déséquilibres fondamentaux dans la zone euro qui provoquent la fuite des capitaux qui sortent de ces cochons de pays du Club Med, dont la France pour se réfugier en Allemagne, pays considéré comme sûr.

Le problème n’est pas le surendettement de l’Etat grec et des autres dont les taux montent, mais ces déséquilibres fondamentaux qui se manifestent par la hausse de ces taux car les bons des Trésors de la zone euro, en particulier ceux à 10 ans qui en sont la référence la plus liquide, jouent le rôle de quasi monnaies en l’absence de monnaies nationales.

Les rendements des bons des Trésors sont en quelque sorte le thermomètre qui indique la gravité de la maladie. Quand la fièvre monte, il est inutile de plonger le malade dans l’eau froide : il faut combattre l’infection à sa racine.
Il est totalement inutile d’aider l’Etat grec et les autres de ces cochons de pays du Club Med.
La seule et unique solution aurait été de mettre fin au plus tôt à cet euro système qui regroupe des pays dont les niveaux et les gains de productivité globale sont très différents les uns des autres.

Les tensions internes de l’euro système, qui est un système fermé de changes fixés une fois pour toutes pire que celui de Bretton Woods comme l’a fort judicieusement relevé notre ami le docteur Bernard Trémeau, s’accentuent jusqu’à l’explosion possible.

Pour l’instant, cet euro système ne survit que grâce au maintien d’un euro fort par rapport au dollar faible.

Cet exploit est rendu possible, non pas par l’intervention de la BCE et de la communauté financière euro-zonarde comme je le pensais auparavant, mais par les Américains eux-mêmes qui multiplient les annonces anxiogènes sur le niveau de la dette publique qui dépasse les limites normales.

Une fois encore, c’est Standard & Poor’s, le grand méchant loup de l’hyper puissance américaine, qui vient de donner un grand coup en dégradant le AAA que les Etats-Unis détenaient depuis sa création en 1941.

Comme je l’ai écrit à maintes reprises, les Américains qui défendent le leadership de leur pays sur le monde, ont élaboré un plan diabolique pour augmenter le désordre en Europe afin de l’affaiblir durablement.

Les Reaganomics, comme tous les monétaristes, savent, depuis les analyses de Milton Friedman, que l’euro ne pourra pas supporter un choc mondial.
Le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, et ses acolytes ont créé ce choc en laissant se développer une bulle en M3-M2 difficilement décelable dans la mesure où B-2 avait pris soin de supprimer la publication des chiffres de M3 lors de son arrivée à la présidence de la Fed, pour la faire éclater par la suite.

Le défaut de paiement de deux banques (grecques ?) présentant un risque systémique de la zone euro le 6 mai 2010 d’après la BCE a surpris tout le monde en l’absence d’accords de swaps.
La situation est plus (mieux) maitrisable maintenant (après la conclusion et le renouvellement de ces accords de swaps), pour les Américains du moins, après ce premier décrochage.

Bien entendu, cette dégradation de S&P ne signifie pas que la dette des Etats-Unis ne soit plus maitrisable : il suffit de mettre fin aux dépenses de l’Etat fédéral totalement inutiles (des milliers de milliards de dollars) qui ont été votées par les parlementaires sous les présidences de W. et d’Obaba.

Il s’agit indubitablement d’une désinformation assez grossière mais qui marche très bien finalement grâce aux innombrables idiots inutiles qui peuvent ainsi devenir miraculeusement utiles.
Dans quelques années, quand les analyses telles que les miennes seront devenues courantes, tout le monde se demandera comment et pourquoi 300 millions d’Européens ont voulu créer et maintenir cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro.

Il s’agit là de la plus grande erreur collective (et mondiale) après le communisme de l’URSS et le socialisme nationaliste allemand.

Les détails de la chute des dominos euro-zonards dépendront des décisions de notre histrion ignare et de ses congénères qui ne comprennent rien aux problèmes posés.

3 réflexions sur “€ crise : ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas”

  1. Beaucoup (sur le net) considèrent que le système financier mondial est proche de l’explosion finale…… et la dégradation de la note des USA comme étant le début de la fin………. quel est votre avis? merci

  2. Berlin pense que l’économie italienne est trop grosse pour être sauvée par le Fonds européen de stabilité financière.

    Le gouvernement allemand craint que l’économie italienne soit trop grosse pour être sauvée par le Fonds européen de stabilité financière, selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel daté du dimanche 7 août.

    Selon cet article, dont les détails ont été diffusés avant la publication, le gouvernement allemand doute de plus en plus que les 440 milliards d’euros (625 milliards de dollars) du Fonds européen de stabilité financière (FESF) soient capables de financer un plan de sauvetage de l’Italie.

    L’hebdomadaire Der Spiegel affirme que le gouvernement allemand insiste sur le fait que l’Italie doit résoudre ses problèmes d’endettement elle-même, et que le FESF est destiné uniquement à sauver les petits pays au sein de la zone euro.

    Ces dernières semaines, sur les marchés boursiers et obligataires, l’Italie a été violemment attaquée par les investisseurs internationaux inquiets de sa dette publique élevée, de sa croissance anémique, ainsi que des signes de tensions au sein de la coalition de centre-droite du Premier ministre Silvio Berlusconi.

    Contacté par l’AFP, un porte-parole du ministère allemand des Finances a répété une déclaration de jeudi 4 août, selon laquelle « la réouverture du débat sur la taille du FESF ne semble pas une solution appropriée pour calmer les marchés. »

    Cette déclaration a été rendue publique après que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé à une réévaluation du FESF.

    La FESF a déjà été utilisé pour renflouer l’Irlande et le Portugal, et il sera de nouveau utilisé dans le second plan de sauvetage grec que l’Union Européenne tente de finaliser après l’accord du sommet d’urgence le 21 juillet.

    En Janvier 2013, un nouveau Mécanisme Européen de Stabilité, doté de 750 milliards d’euros, prendra le relais du FESF.

    (Dépêche AFP)

    http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jXmytukEv1siVp6oZYQAEGsQY5Fg?docId=CNG.fe9e326fe1166ede471ced5c58baa423.571

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