Interactive Brokers, les banksters et le leverage

Interactive Brokers est un bon exemple d’arnaque que les banksters utilisent pour enduire dans l’erreur à l’insu de leur plein gré les investisseurs et les analystes qui ne décryptent pas attentivement leur leverage…

En effet, j’ai mis en ligne le 6 novembre… 2011 un article faisant état pour ce courtier d’un excellent leverage à 6,2 correspondant à un ratio Tier 1 de 16,3 % en prenant en considération le total des capitaux propres publiés, ce qui était habituel à cette époque, cf. ci-dessous le lien de cet article.

Or, il est apparu par la suite, au fil des années que les banksters cherchent toujours à tricher sur les deux éléments du calcul de ce multiple d’endettement, à savoir sur le montant des capitaux propres et sur le total des dettes.

Ainsi par exemple, les banksters français se sont fait les spécialistes des titres dits hybrides, c’est-à-dire de certains emprunts qu’ils ont fait passer comme étant des capitaux propres du fait qu’ils étaient quasiment permanents.
Par la suite, les autorités européennes ont mis un peu d’ordre en obligeant les banksters à publier hors bilan le montant de leurs capitaux propres tangibles. Les péquenots du Crédit qui bricole viennent d’ailleurs d’être (légèrement) sanctionnés pour avoir encore un peu triché sur ce point.

Les banksters ont quand même réussi à pouvoir publier des ratios qui sont calculés non pas sur le total des dettes, mais sur les actifs dits pondérés des risques, ce qui ôte toute signification au leverage ainsi calculé.

Une autre arnaque jamais ou très rarement utilisée consiste à publier des minoritaires qui sont en fait largement… majoritaires comme c’est le cas pour Interactive Brokers !

Pour rappel, les capitaux propres réels à prendre en considération sont les apports a priori initiaux (avec éventuellement des augmentations de capital) et surtout les bénéfices accumulés qui doivent logiquement constituer l’essentiel de ces capitaux propres tangibles (tangible equity).

Les intérêts minoritaires ne doivent pas être pris en considération et ils sont généralement effectivement minoritaires, d’où leur nom, ou marginaux.
Pour publier des multiples d’endettement donnant une image fidèle de la réalité, j’ai adopté assez rapidement (mais après 2011) la solution de ne prendre en considération que les capitaux propres, dits part du groupe, sans les minoritaires.
Comme ces minoritaires l’étaient réellement, cette façon de procéder ne changeait que marginalement les résultats calculés antérieurement… sauf pour Interactive Brokers
!

En effet, ces minoritaires (Non controlling interests) se montaient à 5,517 milliards de dollars fin juin 2018 pour 1,183 milliards de capitaux propres part du groupe (Total stockholders’ equity) !

Document 1 :

Il en était de même (presque dans les mêmes proportions) en 2011 avec 4,068 milliards de dollars pour les minoritaires et 565,679 millions de capitaux propres part du groupe,

Document 2 :

Dans mon article de 2011, j’avais malheureusement retenu le total des capitaux propres (Total equity) soit 4,068 milliards de dollars, ce qui conduit à un leverage trompeur hors normes,

Document 3 :

Interactive Bkr2010 Q42011 Q32016 Q42017 Q42018 Q2
1 Assets28,49933,15154,97361,16260,303
2 Equity0,4880,5660,9741,091,183
3 Deductions-----
4 Goodwill
5 Tangible eq0,4880,5660,9741,091,183
6 Liabilities28,01132,58553,99960,07259,12
7 Leverage (µ)57,457,655,455,150
8 Core Tier 1 (%)1,71,71,81,82

Sommes en milliards de dollars.

Par la suite, j’ai toujours retenu le montant réel des capitaux propres, à savoir le montant des capitaux propres part du groupe qui est généralement peu différent du total des capitaux propres publiés.

Interactive Brokers est le seul cas que je connaisse qui utilise cette tromperie assez grossière.
Je n’ai d’ailleurs même pas fait attention à cette anomalie car, ce qui me semblait le plus important est la faiblesse des bénéfices accumulés (Retained earnings) fin juin 2018 d’un montant de… 323 millions de dollars seulement pour 60 milliards d’actifs après 40 ans de fonctionnement de cette société !

Ces 323 millions de dollars constituent donc l’essentiel de ce que devrait être le montant de ses capitaux propres.
Interactive Brokers survit (depuis 40 ans !) donc grâce aux apports de capitaux de ses actionnaires et d’un montage financier plus ou moins abscons.
Enron n’avait pas tenu aussi longtemps.

Les comptes d’Interactive Brokers sont certifiés par Deloitte & Touche LLP.

Les banksters font toujours preuve d’imagination et de pression sur les médias et les autorités pour tromper leurs clients et les investisseurs.
Il suffit de bien décrypter leurs arnaques pour ne pas tomber dans leurs pièges…

Cliquer ici pour lire mon article de 2011 sur Interactive Brokers.

25 réflexions sur “Interactive Brokers, les banksters et le leverage”

  1. IB est essentiellement utilisé par les fonds institutionnels et très peu par les particuliers. Si un courtier doit tomber je doute fort que ce soit celui-la…la preuve en est sur les précédents krachs depuis 40ans, il n’y a aucune raison pour que l’€ krach y change quelque chose.

    L’argent ne disparait jamais, il change simplement de main. IB reste toujours le plus sur des courtiers par rapport aux autres…

    les 323 millions seulement sont presque logiques, IB à les marges les plus faibles au monde.

    Les fonds propres sont répartis dans cette liste de banques US à hauteur de 5% maximum :

    Branch Banking and Trust Company
    Bank of the West
    BMO Harris Bank, N.A.
    Citizens Bank, N.A.
    KeyBank National Association
    Standard Chartered Bank
    SunTrust Bank
    The Bank of Nova Scotia
    US Bank, N.A.
    Wells Fargo, N.A.

    L’anomalie que vous relevez, n’est-elle pas du au fait qu’IB offre la possibilité d’investir sur tout un tas d’instrument financiers dans le monde entier, trackers physique ET synthétiques avec effets de levier and co ?
    Dans ce cas, il est évident que c’est du pur endettement et du virtuel, il n’y a qu’a voir l’écart entre les échanges effectués sur l’OR papier et la « dose » d’or physique mondiale…Si chacun voudrait récupérer son dû en Or, il va en manquer un sacré paquet !

    Il y a probablement des manip plus ou moins « clean » pour diminuer l’IS sur le groupe, mais ce n’est pas forcément une arnaque pour les investisseurs…

  2. Il faut distinguer 2 choses:
    – le cash: vous n’etes que créancier effectivement, il est dans un compte ségrégué chez l’une des nombreuses banques partenaires de IB. Pour les français il s’agit de Citigroup Allemagne, filiale de Citigroup US qui est l’une des plus sures des US selon JP.Chevallier
    – les titres: vous etes seul proprietaire, ni le broker, ni une banque n’en sont propriètaires, les titres sont enregistrés à votre nom par le dépositaire partenaire du broker; en cas de faillite du broker, le dépositaire vous rendra les titres, meme si ca peut prendre du temps

  3. En bref,
    L’europe permet aux bankster de se servir sur nos comptes.
    La loi SAPIN II bloque nos fonds sur les assurances vie.
    Par contre ces derniers sont chez un assureur et non dans une banque. En cas de défaillance de l’assureur, peut-il puiser chez ses gentils clients?
    Même suite à l’€-crash, il restera quelques chose en nouveau franc (mieux que plus rien dans une banque).
    Évidemment on a placer les capitaux en unités de compte.

  4. En effet, IB a pignon sur rue aux yeux des investisseurs, traders, d’autant que des offres intéressantes s’associent au processus(prt). Le problème, soulevé plus haut, est que, tous les courtiers autres que IB, dépendent des banques dont vous faites les analyses et que vous qualifiez de banksters. Donc, quid du choix à faire! Comme vous le stipulez souvent, le bon sens est déjà de préserver la capital d’autant que l’on avance en âge mais là, on a l’impression que la seule issue proposée est celle exploitée dans les articles précédents mais que vraiment peu de gens prendront. Donc, je pose à nouveau la question déjà posée et elle le mérite car s’il ne faut pas acheter d’or, si ‘il ne faut pas laisser de liquidités dans nos banques, si l’immobilier s’écroulera etc, il ne reste plus qu’à gérer nous même notre propre argent, ce que je fais depuis longtemps mais un bon courtier dépositaire de nos sousous existe-t-il?

    1. @Glude, merci pour la mise en avant de cet ancien article.
      « En France, la défaite électorale de la gauche en 2002 s’explique en grande partie par l’hostilité des salariés aux revenus les plus modestes à la croissance zéro car pour eux, cela se traduit par davantage de chômage et un niveau de vie peu élevé » Et c’est un tel fond qui a permis l’élection de Trump… mais on n’avait alors pas en France une personne de son calibre pour vraiment redressé la barre… Et il ne risque pas d’y en avoir, la fabrique à crétin y veillant !

  5. et laisser entre des retraités comme moi qui veulent dépenser leur argent aux US
    Si seulement JPC était recruté comme consultant par le Donald il pourrait parrainer la candidature de ses plus fidèles lecteurs, pour obtenir la nationalité Américaine.
    Je voterai pour le Donald
    A vie

  6. POUR RESUMER :
    Liquidtés dans des banques françaises = HAIRCUT
    Titres dans une banque française + droit bancaire français = HAIRCUT
    Brokers US ou banque suisse = HAIRCUT
    Ouverture d’un compte aux US = MISSION IMPOSSIBLE
    Alors il n’y a rien à faire, on va tous mourir ?

  7. bon ok, on connait votre solution et votre bilan sur IB éradique une solution que je pensais acceptable.Pour autant, vous réalisez, sans cesse, des bilans sur les banques et je n’ai pas oublié que la seule banque d’envergure, en France, est la banque Rothschild respectant plus qu’à la lettre les données de Greenspan.Alors, ma question est la suivante et elle est simple: êtes vous entrain de dire que, même ceux qui ont tout ou partie de patrimoine chez Rothschild vont se faire laminer comme les autres.Si oui, à quoi sert il d’en faire le bilan si l’issu est identique aux bad banks? si non, ont-ils une solution allant dans le sens de votre vérité?

  8. Qu’en est-il de swissquote ?
    Leur compte permet de transformer rapidement le solde en dollars, francs suisse, Euros…
    De plus on peut investir sur des actions dans le monde entier…

  9. @Olivier :

    Sans vouloir faire de pub… Il existe de nouveaux acteurs type Transferwise qui proposent des comptes multi-devises. Commande d’une carte de débit gratuite : 3 min sur le net. Voir leur site. Vous alimentez votre compte puis faîtes les arbitrages que vous souhaitez entre monnaies (moyennant des frais bien sûr). Un super produit innovant.
    Manque plus qu’une API (interfaçage informatique), un algo prédictif et vous faîtes vos arbitrages en automatique ! 🙂 Bon je vous l’accorde, il faut avoir l’algo-qui-va-bien 🙂 Vous changez ainsi de zone de monétaire au grè des perturbations et vous vous partez à la pêche 🙂 Elle est pas belle la vie?

    1. Ce ne sont pas les seuls. Mais à chaque fois, vous prenez un risque car leur conditions d’utilisations stipulent toujours que ces comptes sont destinés au transfert et conversion d’argent et non à la spéculation. Donc ils peuvent vous éjecter sans ménagement. Ceci étant dit, ils ont aussi compris que beaucoup de gens y logent une partie de leur argent de façon à rester très réactif en cas d’événement majeur. Quelques secondes suffisent pour convertir et pour l’instant ils ne sont pas regardant sur ce sujet. Mais en cas de très forte turbulence, ils pourraient aussi interdire les transactions attendant que les cours de change se stabilisent car eux même ne convertissent pas réellement. Ils utilisent des algorithmes et compensent les mouvements. Et si une des devises est en fort déséquilibre, beaucoup d’acheteurs et peu de vendeurs ou l’inverse, dans des volumes importants, ils se couvrent sur le marché des changes.

  10. Fortis actions achetées 40€…….remboursées 1€……10 ans apres faillite.
    Voilà comment les banques ont toujours fait et feront encore.
    Ne parlons pas des assvie et immo qui seront absorbées par l’etat À votre décès.

  11. Retained earnings = bénéfices non distribués.
    Si IB distribue ses bénéfices aux actionnaires sous forme de dividendes chaque année, il n’est pas anormal de voir un montant faible.
    N’êtes-vous pas d’accord ?

  12. Vu le nombre d’actionnaires c’est normal car, chaque nouveau client reçoit des actions.
    Il y a forcément des minoritaires.
    Les classer dans les K propres…? Limite…
    mais, je ne vois pas bien la différence avec les parts actionnaires à la création.

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