La Banque de France a publié hier 16 décembre les résultats des données bancaires dans le cadre de l’exercice de transparence européen de l’Autorité Bancaire Européenne (European Banking Authority, EBA) qui confirment parfaitement mes analyses, en particulier pour ce qui concerne la détermination des véritables capitaux propres à retenir…
En effet, c’est là un premier point important à clarifier pour analyser la situation des banques car l’écart entre les chiffres publiés et la réalité (selon les analystes) est parfois gigantesque comme le montre le tableau suivant,
Document 1 :
Equity | Published | EBA | JPC |
---|---|---|---|
Socié Générale | 50,885 | 34,922 | 37,141 |
BNP | 86,644 | 68,638 | 68,419 |
Crédit Agri Groupe | 74,1 | 51,808 | 57,855 |
BPCE | 67,381 | 40,841 | 47,778 |
Sommes en milliards d’euros.
Ainsi, les mécanos de la Générale ont publié triomphalement dans leur bilan des capitaux propres pour 50,885 milliards d’euros alors que l’EBA n’en retient que 34,922 milliards et 37,141 pour ce qui me concerne (JPC), au titre des actifs nets tangibles qui représentent normalement le montant des véritables capitaux propres pour tout analyste normalement constitué.
Document 2 :
Les chiffres que j’ai retenus sont également très proches de ceux de l’EBA pour BNP, plutôt avantageux par rapport à ceux de l’EBA pour Crédit Agricole Groupe et BPCE (les écarts importants pour ces deux banques peuvent provenir du périmètre de consolidation).
Document 3 :
La seule divergence notable entre l’EBA et moi concerne l’évaluation du total des dettes, ce qui ne devrait pourtant pas poser de problème car par définition, les actifs sont financés par des capitaux propres et des dettes et rien d’autre (le mot passif n’existe pas en anglais, c’est l’expression Equity & liabilities qui est utilisée).
Donc, le total des dettes est égal au total du bilan moins le montant des capitaux propres, ce qui permet de calculer le véritable leverage, celui qui donne une image fidèle de la réalité, et son inverse, connu généralement sous la forme du ratio Core Tier 1 exprimé en pourcentage.
Document 4 :
Comme l’a répété récemment Axel Weber, les actifs ne devraient pas être pondérés de risques (Risk-Weighted Assets, RWA), et surtout pas par les banksters eux-mêmes.
Il a ainsi rejoint ce bon vieux Greenspan qui a défini à la fin des années 1980 ce ratio Tier 1 dont il avait fixé le… plancher à 8 % soit un leverage de 12,5 au maximum.
Comme les banksters ont fragilisé le système bancaire, il a relevé ses exigences à un ratio de 10 % au minimum soit un leverage de 10 au maximum.
Document 5 :
Tout est simple.
Alors, les gens de l’AMF vont sanctionner l’EBA ?
Les… ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait !
Cliquer ici pour accéder au site de l’EBA relatif à l’exercice de transparence européen.
Cliquer ici pour lire mon article sur le leverage des mécanos de la Générale pour le 2° trimestre 2013.
Merci Monsieur
Tout s’éclaire donc, la transparence a du bon, « nothing is strong as team spirit » comme ils disent.
C’est moi qui vous remercie ! L’information que vous avez donnée est vraiment très intéressante !
Si l’ EBA trouve des capitaux propres inférieurs au votre, cela voudrait – il dire que le ratio core tier 1 de ces banques est encore plus mauvais que celui calculé au Q3 2013 ?
Bonjour,
Vous serait-il possible, svp, d’ajouter dans votre article le tableau mis à jour dans lequel vous mettez en évidence les ratios ?
Avec cet élément en plus se serait vraiment Forimidable …
Sans vouloir abuser de votre gentillesse, si en plus vous aviez la possibilité de mettre en place un tableau qui reprendrait les vrais fonds propres, les montants notionnels sur produits dérivés et qui calculerait le niveau de pertes qu’il faudrait pour que les fonds propres soient entièrement consommés (en %) alors cela ouvrirait les yeux à beaucoup de monde.
Pour illustrer, voyons BNP Paribas :
Fonds propres : 68.638 Mds, notionnel sur dérivés : 48 000 mds, donc si BNP Paribas réalise une perte moyenne sur dérivés de 0.143% alors la banque n’a plus de fonds propres.
Pour mémoire, Dexia est toujours sous « le coup d’une perte latente de 29 milliards d’euros pour 450 milliards d’euros de notionnels, soit 6,4% du montant du notionnel » (extrait de La Tribune de ce matin) … Donc faire une perte de 0.143 % ne relève pas d’une probabilité nulle voire impossible.
Bien à vous.