L’hypertrophie de l’agrégat monétaire M2 aux États-Unis est considérable : plus de 5 000 milliards de dollars d’argent non gagné se trouve encore indument dans les comptes des Américains… C’est ingérable et létal !
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Pour premier rappel, l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics, dixit Arthur, Laffer, ce qui signifie que les ratios des agrégats monétaires par rapport au PIB annuel courant (en pourcentage) ne doivent pas dépasser certaines limites qui sont tirées de l’observation de leur évolution depuis l’après-guerre pour les États-Unis.
Ainsi, la norme principale est la suivante : l’agrégat monétaire M2 ne doit pas dépasser 55 % du PIB annuel courant.
Document 1 :
Pour rappel, l’agrégat monétaire M2 est constitué de la somme des agrégats M1 (les soldes positifs des comptes courants et des billets, soit 15 % du PIB) et de l’agrégat M2-M1 (les dépôts dans les comptes d’épargne, soit 40 % du PIB).
Or ce ratio est dépassé depuis la fin du mois de juillet 2011 avec un pic historique à plus de 90 % fin juin 2020 car les autorités ont alors interdit aux Américains de travailler tout en leur transmettant plus de 6 000 milliards de dollars pour qu’ils puissent continuer à vivre normalement, ce qui aura été une erreur (ou plutôt une manipulation de l’opinion publique) historique, évidemment.
Document 2 :
Pour rappel, évolution de l’agrégat monétaire M2 depuis la fin des années 50,
Document 3 :
Un zoom sur l’évolution du montant de M2 à partir du début de l’année 2019 montre que la baisse du montant de l’agrégat M2 n’est que de… 502 milliards de dollars à la fin du mois de septembre dernier (derniers chiffres publiés à ce jour) par rapport à un plus haut atteint en avril 2022 à… 21 723 milliards de dollars, soit 2,3 % de baisse seulement, ce qui est négligeable par rapport à la norme.
Document 4 :
Le gros problème qui devrait se poser maintenant aux autorités américaines est de faire éclater cette énorme bulle monétaire !
D’après les déclarations de Jerome Powell et d’autres anciens et actuels membres du FOMC, la mesure qui permettait auparavant de faire éclater une telle bulle monétaire en gestation était (relativement) simple : il suffisait d’augmenter le taux de base de la Fed au point de créer une inversion de la courbe des taux, ce qui provoquait immanquablement une récession plus ou moins forte mais suffisante pour rétablir les bons ratios.
Or cette solution ne fonctionne plus maintenant car cette bulle monétaire est trop grosse !
Les variations d’un mois sur l’autre de l’agrégat monétaire M2 se sont accentuées depuis le début des années 2000 avec des amplitudes extraordinaires depuis 2020, à la hausse et à la baisse,
Document 5 :
Un zoom sur la période de 2022 à nos jours montre que le montant de l’agrégat monétaire M2 augmente de plus en plus, de mois en mois, pour dépasser les 100 milliards de dollars au mois d’août dernier, mais avec une hausse de 80 milliards de dollars… seulement en septembre, derniers chiffres publiés à ce jour,
Document 6 :
Compte tenu de ces variations mensuelles hors normes de l’agrégat monétaire M2, ses variations d’une année sur l’autre ne sont plus significatives,
Document 7 :
L’augmentation des billets en circulation après 2020 est importante mais elle n’est pas catastrophique.
En effet, l’hypertrophie de la masse monétaire ne provient pas de l’usage intempestif de la fameuse planche à billets mais de la distribution de 4 000 milliards de dollars sous la forme de virements bancaires versés à beaucoup d’Américains et à certaines de leurs entreprises.
Document 8 :
La part de ces billets en circulation par rapport au PIB est marginale. Elle est revenue dans les normes.
Document 9 :
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Une hypertrophie de la masse monétaire dans une nation a le très gros inconvénient d’être létale à terme car elle y provoque toujours une crise majeure et durable, cf. entre autres l’Allemagne de l’entre-deux guerres et le livre de Pierre Jovanovic à ce sujet : Hitler ou la revanche de la planche à billets !
Par contre, cette même hypertrophie de la masse monétaire a l’avantage de fournir à court terme aux banques des liquidités qui leur permettent de ne pas faire faillite !
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Une hypertrophie de la masse monétaire dans une nation a aussi le très gros inconvénient d’accentuer les inégalités…
En effet, elle provoque une inflation qui appauvrit les plus pauvres et enrichit effrontément les plus riches.
Ainsi par exemple, McDonald’s a été obligé de réintroduire une offre de repas à 5 dollars pour ses clients désargentés qui désertaient ses établissements car les prix des autres menus dépassent leurs moyens de paiements.
Par contre, les milliardaires et gros investisseurs profitent de la hausse des cours des actions surévaluées (les Magnificent Seven) mais les meilleurs spéculateurs comme Warren Buffet vendent beaucoup de leurs actions pour conserver des liquidités ou les placer dans des fonds mutuels de trésorerie dans l’anticipation du momentum crash à venir.
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Pour rappel, l’analyse des agrégats monétaires est la meilleure solution pour piloter l’évolution de l’économie dans une nation et donc pour comprendre les mécanismes qui la rythment.
Ben Bernanke a mis fin à la publication hebdomadaire des chiffres des agrégats monétaires et de l’agrégat monétaire M3 lorsqu’il a pris la direction de la Fed et Jerome Powell a modifié la définition de l’agrégat monétaire M1 en ne publiant plus que mensuellement ceux de M2 qui restent les seules données fiables à ce sujet.
Ben Bernanke et Jerome Powell ont donc fait tout ce qu’ils pouvaient faire pour enduire dans l’erreur à l’insu de leur plein gré tous les analystes monétaristes.
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