Monnaies et crypto monnaies pour les nuls

Le cours du bitcoin en dollars atteint des sommets, ce qui commence à poser de sérieux problèmes.
Une petite mise au point s’impose sur ce sujet…

Pour comprendre ces problèmes monétaires, il faut d’abord bien comprendre ce qu’est une monnaie.
Pour cela, il suffit de reprendre l’exemple du paysan de Böhm-Bawerk qui vend son fromage sur le marché de la ville proche dont les habitants disposent de billets gagnés par leur travail.
Lorsque le paysan vend son fromage, des billets vont des portefeuilles des clients à celui de notre paysan, du fromage faisant le sens inverse, tout le monde l’a compris.

Au cours de cet échange, ce sont les clients qui créent en fait de la valeur en acceptant de payer un certain prix pour acquérir un produit.
C’est donc l’échange qui est créateur de valeur. Une valeur est ajoutée à la production de cette communauté locale
(au PIB dit-on aujourd’hui au niveau d’une nation).
L’argent ne fait que circuler des uns aux autres, donc sans création monétaire.

Pour assurer une activité commerciale normale, c’est-à-dire des transactions sans entraves, la banque locale qui émet ces billets doit pouvoir répondre à la demande, c’est-à-dire en «donner» à ses clients qui ont de l’argent sur leur compte courant qui est ainsi débité du montant des billets fournis.
La banque ne crée donc pas de monnaie dans ces opérations mais elle ne fait que fournir des prestations et des moyens de paiement pour faciliter les échanges indispensables entre les hommes, les clients et les commerçants et producteurs.

L’argent qui circule ainsi dans cette communauté se trouve donc sous la forme de billets et d’inscriptions sur des registres, en l’occurrence de banque.
Les hommes ont inventé spontanément de telles monnaies depuis plus de 5 000 ans et un peu partout dans le monde, sans se concerter, pour résoudre des problèmes pratiques d’échanges indispensables dans des sociétés organisées caractérisées par une spécialisation du travail.

Cet argent repose sur la confiance des partenaires.
Ainsi, par exemple, un billet de 10 florins permet aux gens de cette ville d’acheter une certaine quantité de fromage à notre paysan de Böhm-Bawerk.
La contrepartie de ce billet, c’est telle quantité de fromage, ou tant de chemises, ou une consultation de médecin ou d’avocat, etc.
L’argent n’a pas pour contrepartie un métal précieux mais des biens (et services) : ceux qui sont produits et échangés dans une société humaine évoluée
.

Il faut attendre le 15 août 1971 pour qu’un tel système monétaire (sans référence à l’or) soit bien établi, mais il n’est toujours pas bien compris ni admis, même encore maintenant !

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L’argent sain est le premier pilier des Reaganomics, dixit Arthur, Laffer.
En effet, l’argent qui circule doit être de l’argent gagné normalement, c’est-à-dire en respectant les règles en matière monétaire, ce qui n’est pas toujours le cas.
Des dysfonctionnements peuvent se produire.
Le plus grave est incontestablement la création monétaire qui a toujours de très graves conséquences
.

Ainsi par exemple, au début des années 2000, les grandes banques américaines (et d’autres), n’ont plus respecté les règles prudentielles d’endettement, ce qui a été à l’origine d’une hypertrophie de l’agrégat monétaire M3-M2.
Pour faire éclater cette bulle monétaire, les autorités américaines ont dû attendre qu’elle gonfle pour que les banksters soient en position de faiblesse (ils ont des pouvoirs de nuisance et d’influence très importants).
Etant alors en position de force, le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke en a flingué une pour l’exemple, à bout portant et sans sommation, ce qui a fait réagir positivement les survivants.
La résorption d’une hypertrophie monétaire provoque toujours des dommages collatéraux importants : ce fut alors la Grande Récession.

La Grande Dépression (la crise des années 30) a eu des conséquences beaucoup plus graves.
Par contre, la bulle monétaire en M1 qui affecte le Japon depuis plusieurs décennies ne fait que… brider les Japonais dans leur expansion et leur croissance.

La création monétaire qui continue à se développer dans la zone euro dans l’agrégat M1 aura des conséquences d’autant plus graves que les autorités dites compétentes n’ont aucune compétence en matière monétariste.

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Un bitcoin, qu’est-ce que c’est demande notre paysan de Böhm-Bawerk ?
Un vendeur lui explique que c’est rien, et que ça vaut presque rien, mais que ça peut prendre de la valeur à l’avenir.
Il ne comprend pas que des gens puissent acheter du rien qui risque de ne plus rien valoir à l’avenir.
Comme la valeur du bitcoin en dollars explose et que certains idiots nuisibles prennent au sérieux ce produit financier qui ne repose sur rien, dont des régulateurs de marchés, les crypto monnaies risquent d’accentuer le très grand désordre qui règne déjà dans les systèmes financiers.

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L’exemple du paysan de Böhm-Bawerk peut aussi se situer en Helvétie où 150 monnaies différentes étaient en circulation en 1850 !
Elles reposaient sue la confiance que les petits Suisses accordaient à leurs banques locales qui géraient (correctement) leurs monnaies.

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Tout ceci est simple à comprendre.
Tout est simple disait Milton Friedman.
On ne comprend pas pourquoi tant de gens ne comprennent pas le monétarisme.

6 réflexions sur “Monnaies et crypto monnaies pour les nuls”

  1. Vous connaissez la monnaie, mais n’avez visiblement pas creusé la signification d’une cryptomonnaie…
    comment pouvez-vous dire qu’une cryptmonnaie ne repose sur rien, quand le découplage dollar/or revient exactement à la même chose ?
    en quoi une écriture comptable en dollar differe-t-elle d’une écriture en bitcoin ?

    L’avenir, que les vieux paysans le veulent ou non, est à la monnaie virtuelle, le papier disparaitra, il ne restera que des transactions entre portable/tablette, voire même puce RFID implantée sous la peau.

    Les zétats qui veulent contrôler la circulation et les flux « opaques » (travail au noir) seront ravis de cette révolution, tout sera contrôlable, le rêve de tout « grand frère »

    pas du tout convaincu par votre article qui manque d’une sérieuse argumentation. Tout est simple pourtant.

    1. A erresse : 11 000e la pièce pouvez vous me dire quel poids d’or cela doit faire svp? vous ne savez pas , je vais vous le dire ca fait 250g d’or env.
      il y a un imbécile qui a créé une monnaie par internet? non une marchandise par internet ce qui n’est pas pareil monsieur.
      Une monnaie, mr son rôle est d’être une simple valeur d’échange et donc elle doit mourir à la fin du processus sinon cela devient une marchandise qui se stock avec le temps dans une minorité de mains.

      le bitcoin est cher mais comme cela ne repose sur rien demain on cotera 1/ bitcoin puis ca sera 1/8 de bit coin puis 1millionieme de bitcoin etc… En gros rien sous le soleil qui n’existe pas avec la monnaie marchandise qu’est le dollar ou l’euro.
      ce bidule informatique n’offre pas plus de sécurité que la creatino de monnaie de la bce par sa photocopieuse qui va faire quelques planches qui passeront sous le manteau, histoire d’enrichir des gens sans sueur de travail.
      ca reste de l’escroquerie bancaire ce bitcoin et rien d’autre.

  2. « Cet argent repose sur la confiance des partenaires. »

    Justement, le paysan n’a plus confiance dans sa banque ET dans son gouvernement. Il voit sa responsabilité engagée sur les pertes bancaires ET sa démocratie confisquée, ses frais ET ses taxes augmentent, avec une impossibilité d’ajuster ses tarifs sous peine de ne plus être concurrentiel en utilisant une monnaie pas adaptée à ses normes de productions, pendant que les cocobobozozos se goinfrent sur son dos. Lorque le crédit de ses investissements n’est plus remboursé, c’est sa mort, alors que l’endettement de nos gouvernements se roule indéfiniment en augmentant impôts, intérêts et dettes insoutenables (100% du PIB, voir plus…!??!)

    « Des dysfonctionnements peuvent se produire. »

    C’est le cas depuis les crises de 1980 et de 2007-2008 à ce jour, donc c’est la norme !

    « C’est donc l’échange qui est créateur de valeur »

    Résumons:

    Monnaie = outil d’échanges.
    Échange= création de valeurs.
    Valeur = création de richesses.
    Richesse = création de capitaux.
    Capital = épargnes + investissements.
    Épargne + investissement = emprunts.
    Emprunts remboursés = création monétaire.
    Emprunt non remboursé = destruction monétaire.

    Dévaluation et évaluation monétaire = ajustement à la concurrence internationale.
    Intérêts négatifs = déflation maquillée.

    Derrière les crytomonaies et le blockchain se joue une guerre qui ne dit pas son nom, et les multiples rebondissements amplifient la spéculation. Mais la valeur du blockchain est ailleurs… et les cryptomonnaies répondent à un besoin dans le développement et la création de richesses pour et par les réseaux, qui sont devenus indispensables.

    Le fait d’introduire en bourse les cryptomonaies renforce leurs légitimités… s’en prendre à la neutralité des réseaux et développer l’espionnage numérique, c’est rentrer dans des conflits inutiles et dangereux…Les refuser reste contre-productif, les accepter, c’est d’abord et avant tout mettre fin aux dérives bancaires… Pour être respecté, il faut être respectable !

    Que le gouvernement fasse son taf en nettoyant les banques et en retrouvant sa souveraineté monétaire au lieu de nous mettre des limitations et des radars en tous genres, les vaches seront bien gardées et si le paysan trouve son compte en vendant ses fromages au bout du monde, nous irons au bout du monde pour manger ses fromages !

  3. Vous lancez le débat Monsieur Chevallier! : )

    Le bitcoin, « c’est rien, et ça vaut presque rien, mais ça peut prendre de la valeur à l’avenir », car il est rare.

    Le dollar, l’euro, le yen (ou toute autre monnaise fiat), valait presque rien hier, ne vaut rien aujourd’hui, vaudra encore moins demain, car il est devenu illimité.

    Je pense que le paysan de Böhm-Bawerk en avait assez de voir son pouvoir d’achat chuter à cause de tous les billets émis par les politiciens pour que les banquiers puissent aller au casino.

    Le paysan de Böhm-Bawerk comprend ce qu’il se passe et il veut récupérer son argent.

  4. Je viens d’apprendre que le bitcoin ne vaut rien grâce à cet article. Il cote actuellement 15 000 $, ce qui est rien, en effet : que vaut le dollar ? Sa création est basée sur de la dette, comme pour l’euro. Cela repose donc sur un passif, et une dette n’est pas rien, du moins tant que le débiteur peut payer…

    En ce qui concerne bitcoin, sa création ne repose pas sur la dette, mais sur la loi de l’offre et de la demande. Ils en veulent ? Le btc monte. Ils n’en veulent plus ? Le btc descend. A quoi sert-il ? A tester l’avenir des monnaies qui passera par les blockchains. Avec le bitoin, beaucoup d’entre nous sont devenus des cobayes…

    Le bitcoin disparaîtra un jour, comme le franc français l’a fait avant lui, et comme tant d’autres monnaies-papier l’ont fait aussi. Mais pour l’instant, il est en train de connaître ses beaux jours.

    Les frères Winklevoss sont très contents du bitcoin, ils peuvent prendre leurs profits maintenant : cela se chiffre en milliards.Peut-être parce que ce ne sont pas des paysans de Böhm-Bawerk ?

  5. Bernanke (sur instruction Paulson dit-on) a laissé une banque faire faillite et n’a pas flingué grand monde. Confus à force de changer de version et donc peu convaincant à justifier le choix de Lehman (c’est en définitive sans importance), il s’est toujours défendu d’avoir voulu faire un exemple; ce qui est exact et ce que les faits confirment.
    Les top managers de Lehman ont pu ouvrir leur parachute en toute légalité pour un atterrissage
    en douceur. Richard Fuld n’a pas été inquiété ses revenus sur 2008 étant certes moins
    élevés que ceux de 2007. Fuld a été sanctionné par Forbes qui l’a exclu de son classement,
    il s’en est remis et s’est plutôt bien défendu.
    Quid des autres dirigeants d’AIG, Bear Stearns, Merril Lynch, Citigroup…parachutes aussi et pour Joe Cassano, va bene cosi.
    En matière d’exemples on a fait mieux, pas plus tard que la semaine dernière d’ailleurs.
    Oliver Schmidt et son plaider coupable devant un juge de Détroit dans le diesel gate a pris le maximum: 7 ans.
    Flingué Oliver.

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