Natixis 2° trimestre 2014

Natixis est l’entité cotée de l’usine à gaz BPCE. Comme les autres Gos banques françaises, les comptes publiés par Natixis ne donnent pas une image fidèle de la réalité, ce qui est condamnable partout dans le monde mais pas condamné en France.

Pour donner une image fidèle de la réalité, il faut retraiter les comptes publiés par Natixis à partir d’informations pertinentes publiées par cette banque dans ses annexes. Ainsi en est-il du montant des véritables capitaux propres (Core Tier 1 en Bâle III) qui se montent en réalité à 12,8 milliards d’euros,

Document 1 :

Le bilan publié doit donc être retraité en fonction de cette donnée,

Document 2 :

En retenant les bons chiffres, le leverage réel est de 41,8 à la fin de ce dernier trimestre, ce qui correspond à un ratio Core Tier 1 réel de 2,4 % très loin des exigences de ce bon vieux Greenspan des chiffres de l’ordre de 10),

Document 3 :

Natixis2013 Q22013 Q32013 Q4*2014 Q1*2014 Q2*
1 Assets552,5523,6510,1539,7547,4
2 Equity18,617,717,918,217,8
3 Preferred +…--3,332,3
4 Goodwill2,82,72,72,72,7
5 Tangible eq15,81511,912,512,8
6 Liabilities536,7508,6498,2527,2534,6
7 Leverage (µ)3433,941,942,241,8
8 Core Tier 1 (%)2,92,92,392,372,39

Sommes en milliards d’euros. Les chiffres de ces trois derniers trimestres sont calculés à partir de ce type de données.

Comme je l’ai déjà écrit, Un petit rappel : la banque des frères Lehman a fait faillite en 2008 avec un multiple d’endettement (mon µ), le leverage, de… 32 !

Les banksters de Natixis publient un « ratio de levier Bâle III supérieur à 3 % » sans le justifier, ce qui ne correspond pas aux chiffres publiés par ailleurs (alors que leurs homologues de BPCE, suivant la même présentation et la même méthode publient un ratio qui est en concordance avec mes analyses).

Document 4 :

Comme je l’ai déjà écrit, Face à ces chiffres, Danièle Nouy, présidente du mécanisme de supervision bancaire européen (Supervisory Board of the Single Supervisory Mechanism) et Sabine Lautenschläger, vice-présidente de la même entité ainsi que de la BCE ne pourront que mettre en application leurs déclarations antérieures si elles veulent avoir un minimum de crédibilité…
Danièle Nouy a déclaré que toute banque qui ne respecte pas les règles prudentielles d’endettement doit être déclarée en faillite.
Sabine Lautenschläger a même déclaré que la zone euro devait être capable de définir en l’espace d’un week-end un plan de restructuration d’une banque en péril. Ainsi, avant même que les difficultés d’une banque soient vraiment connues et médiatisées, la faillite serait prononcée par le superviseur bancaire, et les comptes des déposants ponctionnés, le tout en 48 heures, conformément au nouveau mode de règlement des crises bancaires que fait avancer l’Union européenne. Ce serait en quelque sorte la « faillite préventive », propos rapportés par Philippe Herlin, chercheur en finance, membre de l’équipe rédactionnelle de Goldbroker.com.
Natixis serait ainsi l’un des premiers dominos à tomber

Les banksters de Natixis ne parlent pas évidemment des 19 milliards d’euros (au 5 août) que la Banque de France leur prête en mettant en pension des titres dans le cadre des Certificats de Dépôt Négociables (CDN)…

Document 5 :

… ni du 1,137 milliards de Bons à Moyen Terme Négociables (BMTN) auxquels il faut ajouter les milliards que leur prête la BCE qui ne cite aucun chiffre ni aucune banque bénéficiaire de ses largesses ,

Document 6 :

Un rappel encore : ce bon vieux Greenspan préconise que le leverage réel des big banks too big to fail soit inférieur à 10, non pondéré des actifs avec le montant des capitaux propres réels (les actifs nets tangibles, sans les écarts d’acquisition), et que son inverse, le ratio Core Tier 1 soit supérieur à 10 % comme le préconisent aussi la BRI, Axel Weber, l’EBA, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni et la Banque du Portugal.

Il faudrait augmenter les capitaux propres de 36,5 milliards d’euros ou diminuer le total du bilan (et des dettes) de… 400 milliards pour respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan.

Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami bancaire.
Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !

Cliquer ici pour voir les résultats de Natixis d’où sont extraites ces informations.

5 réflexions sur “Natixis 2° trimestre 2014”

  1. Un « papier » pour vous faire plaisir, Monsieur Chevallier 😉

    « La France et l’Allemagne ne font plus qu’un

    Comment expliquer un tel appétit pour la dette française alors que ses résultats économiques ne sont pas au rendez-vous ? La forte demande pour un actif sûr, dans un contexte géopolitique de plus en plus incertain (Ukraine, Moyen-Orient…), a fait monter le prix de la dette allemande sur les marchés et baisser son rendement. Les investisseurs, notamment asiatiques, cherchent donc des solutions alternatives et voient désormais Paris et Berlin « comme un seul et même risque », selon ce spécialiste. « La France est considérée comme too big to fail (trop grosse pour faire faillite), elle bénéficie de sa masse et de son importance dans l’économie de la zone euro », malgré des résultats économiques décevants par rapport au reste de la zone euro… »

    (lu sur Lepoint, rubrique Economie)

  2. Merci beaucoup Monsieur Chevallier de prendre le temps de partager vos analyses. Je ne suis qu’un lecteur silencieux parmi de nombreux autres mais sachez que je relaye avec un plaisir non dissimulé les éléments que vous nous fournissez ; ceux qui ouvrent les yeux sont de plus en plus nombreux.

    Merci encore

    Cordialement

    Sébastien

  3. Et ben dis donc, le groupe BPCE en super forme si l’on ajoute BPCE, Natixis et Palatine.
    Vu les BMTN cumulés, on nage en pleine perfusion…

  4. Danielle Nouy à bien raison tout en cachette et à l’insu de tous en 1 seconde les comptes seront ponctionnés , le 15/8 est une bonne nuit.

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