Natixis est l’entité cotée de l’usine à gaz BPCE. Comme les autres Gos banques françaises, les comptes publiés par Natixis ne donnent pas une image fidèle de la réalité, ce qui est condamnable partout dans le monde mais pas condamné en France.
Pour donner une image fidèle de la réalité, il faut retraiter les comptes publiés par Natixis à partir d’informations pertinentes publiées par… cette banque dans ses annexes !
Ainsi en est-il du montant des véritables capitaux propres (Core Tier 1 en Bâle III) qui se montent à 12,6 milliards d’euros,
Document 1 :
Le bilan… comptable ! (sic, le ridicule ne tue pas les banksters !) publié doit donc être retraité en fonction de cette donnée,
Document 2 :
En retenant les bons chiffres, le leverage réel est de 39,7 à la fin de ce dernier trimestre, ce qui correspond à un ratio Core Tier 1 réel de 2,5 % très loin des exigences de ce bon vieux Greenspan (un leverage inférieur à 10 ou un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %), sans amélioration par rapport aux trimestres précédents,
Document 3 :
Natixis | 2014 Q3 | 2014 Q4 | 2015 Q1 | 2015 Q2 | 2015 Q3 |
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1 Assets | 563,4 | 590,4 | 574,1 | 511,8 | 512,5 |
2 Equity | 18,5 | 18,9 | 19,6 | 18,3 | 18,9 |
3 Deductions | 2,4 | 3,5 | 3,4 | 2,3 | 2,8 |
4 Goodwill | 3,1 | 2,8 | 3 | 3,5 | 3,5 |
5 Tangible eq | 13 | 12,6 | 13,2 | 12,5 | 12,6 |
6 Liabilities | 550,4 | 577,8 | 560,9 | 499,3 | 499,9 |
7 Leverage (µ) | 42,3 | 45,9 | 42,5 | 39,9 | 39,7 |
8 Core Tier 1 (%) | 2,36 | 2,18 | 2,35 | 2,5 | 2,52 |
Sommes en milliards d’euros.
Comme je l’ai déjà écrit, Un petit rappel : la banque des frères Lehman a fait faillite en 2008 avec un multiple d’endettement (mon µ), le leverage, de… 32 !
Les banksters de Natixis publient un « ratio de levier Bâle III de 3,9 % », ce qui ne correspond pas aux chiffres publiés par ailleurs (alors que leurs homologues de BPCE, suivant la même présentation et la même méthode publient un ratio qui est en concordance avec mes analyses),
Document 4 :
Ils ne parlent pas évidemment des 18 milliards d’euros que la Banque de France leur prête généreusement en mettant en pension des titres dans le cadre des Certificats de Dépôt Négociables (CDN)…
Document 5 :
… ni des milliards que leur prête la BCE qui ne cite aucun chiffre ni aucune banque bénéficiaire de ses largesses.
Un rappel encore : ce bon vieux Greenspan préconise que le leverage réel des big banks too big to fail soit inférieur à 10, non pondéré des actifs avec le montant des capitaux propres réels (les actifs nets tangibles, sans les écarts d’acquisition), et que son inverse, le ratio Core Tier 1 soit supérieur à 10 % comme le préconisent aussi la BRI, Axel Weber, l’EBA, la Fed, la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni, la Banque du Portugal et la directive européenne CRR/CRD IV.
Il faudrait augmenter les capitaux propres de 34 milliards d’euros ou diminuer le total du bilan (et des dettes) de… 375 milliards pour respecter les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan.
Là encore, il est étonnant de constater que les dirigeants de cette banque comme ceux d’autres big banks too big to fail ont pris récemment enfin la décision d’améliorer leur leverage non pas en augmentant leurs capitaux propres (grâce à des bénéfices non distribués) mais en diminuant fortement le total de leurs dettes par cessions d’actifs : 79 milliards d’euros en moins depuis fin 2014 ! … ce qui confirme une fois de plus, si cela était nécessaire, la pertinence de mes analyses…
Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami bancaire.
Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris car ça fait peur !
Cliquer ici pour voir les résultats de Natixis d’où sont extraites ces informations.