Natixis 4° trimestre 2013

Natixis est l’entité cotée de l’usine à gaz BPCE. Prudemment, ses dirigeants annoncent la couleur dès la première page des résultats 2013 : aucune garantie ne peut être donnée… aux informations publiées par la banque, etc., etc.

Document 1 :

Au moins, c’est clair !
Ils ajoutent même que les fameux TSSDI, les Titres Super Subordonnés à Durée Indéterminée, sont désormais inclus dans les capitaux propres.

Toute personne sensée examinant les comptes de Natixis sait donc à quoi s’en tenir.

Le document de référence de 2012 faisait apparaitre 1,261 milliard d’euros de TSSDI frauduleusement incorporés dans les capitaux propres, selon les règles comptables internationales mais en conformité avec les règles franchouillardes,

Document 2 :

Les résultats publiés pour le 4° trimestre 2013 font très prudemment état dans le paragraphe consacré à la structure financière de fonds propres Core Tier 1 Bâle 2,5 pour un montant de 11,9 milliards d’euros,

Document 3 :

Ce chiffre est mentionné parmi d’autres plus avantageux, certainement pour montrer que, en ce début 2014, Natixis n’a pas caché la vérité : il suffit de trouver les bons chiffres, ceux qui donnent une image fidèle de la réalité, parmi tout un fatras paumatoire.

En retenant ce chiffre, le leverage réel est de 41,9 à la fin de ce dernier trimestre, ce qui correspond à un ratio Core Tier 1 réel de 2,4 % très loin des exigences de ce bon vieux Greenspan,

Document 4 :

Natixis2012 Q4*2013 Q12013 Q22013 Q32013 Q4*
1 Assets528,37545,4552,5523,6510,1
2 Equity19,4781918,617,717,9
TSSDI+…1,261----
4 Goodwill2,7422,82,82,76
5 Tangible eq15,47516,215,81511,9
6 Liabilities512,895529,2536,7508,6498,2
7 Leverage (µ)33,132,73433,941,9
8 Core Tier 1 (%)33,12,92,92,4

Sommes en milliards d’euros.

Un petit rappel : la banque des frères Lehman a fait faillite en 2008 avec un multiple d’endettement (mon µ), le leverage, de… 32 !

Face à ces chiffres, Danièle Nouy, présidente du mécanisme de supervision bancaire européen (Supervisory Board of the Single Supervisory Mechanism) et Sabine Lautenschläger, vice-présidente de la même entité ainsi que de la BCE ne pourront que mettre en application leurs déclarations antérieures si elles veulent avoir un minimum de crédibilité

Danièle Nouy a déclaré que toute banque qui ne respecte pas les règles prudentielles d’endettement doit être déclarée en faillite.

Sabine Lautenschläger a même déclaré que la zone euro devait être capable de définir en l’espace d’un week-end un plan de restructuration d’une banque en péril. Ainsi, avant même que les difficultés d’une banque soient vraiment connues et médiatisées, la faillite serait prononcée par le superviseur bancaire, et les comptes des déposants ponctionnés, le tout en 48 heures, conformément au nouveau mode de règlement des crises bancaires que fait avancer l’Union européenne. Ce serait en quelque sorte la « faillite préventive« , propos rapportés par Philippe Herlin, chercheur en finance, membre de l’équipe rédactionnelle de Goldbroker.com.

Natixis serait ainsi l’un des premiers dominos à tomber…

Document 5 :

Les banksters de Natixis ne parlent pas évidemment des 20,436 milliards d’euros (au 18 février) que la Banque de France leur prête chaque jour en mettant en pension des titres dans le cadre des Certificats de Dépôt Négociables (CDN) et des 2,742 milliards de Bons à Moyen Terme Négociables (BMTN) auxquels il faut ajouter les milliards que leur prête la BCE qui ne cite aucun chiffre ni aucune banque bénéficiaire de ses largesses.

Un rappel encore : ce bon vieux Greenspan préconise que le leverage réel des big banks too big to fail soit inférieur à 10, non pondéré des actifs avec le montant des capitaux propres réels (les actifs nets tangibles, sans les écarts d’acquisition), et que son inverse, le ratio Core Tier 1 soit supérieur à 10 % comme le préconisent aussi la BRI, Axel Weber, l’EBA et la Prudential Regulatory Authority du Royaume-Uni.

Pour l’instant, ça marche. Tout va bien : il n’y a pas eu de tsunami bancaire.

Heureusement que peu de gens lisent ce que j’écris (en dehors de quelques stratégistes glandus) car ça fait peur !

Cliquer ici pour voir les résultats de Natixis d’où sont extraites ces informations.
Cliquer ici pour voir l’article de Philippe Herlin de Goldbroker.com.

13 réflexions sur “Natixis 4° trimestre 2013”

  1. Juste pour bien vous comprendre et peut-être l’explicitez vous déjà ailleurs dans votre excellent site mais si je vous comprends bien vous ne considérez pas les TSSDI comme du quasi capital bien qu’ils soient subordonnés et perpétuels parce qu’ils payent un coupon annuel (inconditionnel). Je suis tout à fait d’accord avec vous mais il existe beaucoup de TSSDI dont la rémunération annuelle peut être conditionnelle au paiement d’un dividende, ou à la réalisation d’un résultat. Auquel cas je trouve qu’ils sont vraiment proche des actions?
    Je suppose qu’il est impossible d’avoir pour Natixis, le détail des TSSDI liés au paiement d’un dividende et ceux dont le versement du coupon est inconditionnel. Dans le doute vous les excluez du capital. Est-ce correct ?
    Par avance merci

  2. héfaillitos se gausse

    j’ai vraiment du mal à comprendre la structure de cette banque tant elle est éclatée.

    autant pour crédit agricoule je vois comment ça va se passer vu que la structure est plus simple
    Mais par contre là je saisis pas comment ça va se passer quand ça pétera …
    je sais même pas de quoi sont constitués les bilans de natixis.

    Quand la supervision ordonnera de ponctionner…
    BPCE est actionnaire de natixis donc BPCE va payer
    les gens ayant des placements à natixis vont être spoliés… mais ils ont quoi natixis ? les assurance vie et aussi les sicav des clients de BPCE il me semble. C’est tout ?
    donc les gens vont se faire voler leur assurance vie et leur sicav et divers fonds d’investissement.

    pour les prets immobiliers, BPCE passe par le crédit immobilier de france ou le crédit foncier de france ?
    dans ils ponctionneront quand les gens ayant emprunté ne pourront rembourser…

    c’est pire qu’une usine à gaz ce bricolage…
    vous pouvez m’expliquer si vous y comprenez quelque chose ?

  3. Italie, Espagne : les records sont battus.

    Les banques italiennes ont dans leurs livres 156 milliards d’euros d’actifs pourris. Record historique battu.

    Les banques espagnoles ont dans leurs livres 197,045 milliards d’euros d’actifs pourris, soit 13,6 % de l’ensemble des crédits. Record historique battu.

    Vendredi 21 février 2014 :

    Vers des besoins en capitaux accrus pour les banques italiennes.

    Les créances douteuses ont atteint un record de 156 milliards d’euros en décembre, le double de leur niveau de 2010.

    http://www.boursorama.com/actualites/vers-des-besoins-en-capitaux-accrus-pour-les-banques-italiennes-8cfca4cf3c0464650db65b65f4c020f7

    Espagne : record historique de créances douteuses fin 2013 à 13,6%.

    Le taux de créances douteuses des banques espagnoles a atteint fin 2013 son plus haut niveau en cinquante ans à 13,6%, alors que le pays vient de sortir du programme d’aide européen au secteur, a annoncé mardi la Banque d’Espagne.

    Ces créances, surtout présentes dans l’immobilier (crédits de promoteurs et de particuliers risquant de ne pas être remboursés), s’élevaient à 197,045 milliards d’euros en décembre, soit 4,6 milliards de plus qu’en novembre, lorsque leur taux avait atteint 13,07%.

    http://www.romandie.com/news/n/Espagne_record_historique_de_creances_douteuses_fin_2013_a_13617180220141116.asp

  4. Mr Chevallier , il est une grande banque française de laquelle vous semblez ne jamais analyser les bilans, il s’agit de la poste, a-t-elle un statut particulier ?

  5. Bonjour,

    M Chevallier, vous évoquez souvent les règles prudentielles fixées (empiriquement ou statistiquement ?) par Greenspan d’abord à 8% et ensuite portées à 10 %. Je suppose que c’est valable lorsque le marché interbancaire fonctionne normalement. mais quand il ne fonctionne plus (comme actuellement en EU) et que la BCE fait le boulot, le risque n’est-il pas diminué ? puisque les engagements des unes envers les autres est « supprimé » ? N’est ce pas pour cette raison qu’il a été porté à 3 % et que les Gos banques crient cocorico ? Et qu’elles communiquent maintenant sur ce sujet (il n’y a qu’à lire les articles sur Boursorama sur ce point). Ou peut-on trouver les engagements des unes envers les autres ?

  6. Goodwill… bad luck…

    Sans déconner, dans un sursaut de clairvoyance, ils ont décidé de passer de 2.7 à 6 milliards d’écarts d’acquisition entre le 3ème et le 4ème trimestre.

    Pas mal.

    Ces écarts d’acquisition pourraient JUSTE engloutir plus de la moitié des fonds propres.. en l’espace d’un week-end ! (pour reprendre une expression….)

    C’est beau.

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