Deutsche Bahn publie normalement ses comptes en respectant les règles comptables. Ils font apparaitre 13,4 milliards d’euros de capitaux propres (dont une bonne partie est constituée de bénéfices accumulés) et 28 milliards de dettes à long terme, ce qui est plus ou moins acceptable,
Document 1 :
Il n’en est pas de même pour la SNCF qui n’a toujours pas publié normalement ses comptes consolidés car c’est une usine à gaz concoctée par la nomenklatura.
La SNCF, c’est maintenant le Groupe SNCF qui se présente sous la forme d’un EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial) SNCF qui comprend deux EPIC : l’EPIC SNCF Mobilités (les trains…) et l’EPIC SNCF Réseau (les chemins de fer sur les quels roulent les trains).
L’idée antérieurement développée était bonne : créer une entreprise pour gérer les infrastructures (les chemins de fer) sur lesquelles auraient pu rouler des trains gérés par des sociétés privées ouvrant ainsi à la concurrence ce mode de transport, à l’instar des transports par route.
Cependant, une telle solution peut difficilement être mise en œuvre en Europe, principalement pour des raisons historiques car dans chaque pays, c’est toujours une seule compagnie nationale qui a toujours assuré le transport ferroviaire et il est difficile d’imaginer l’arrivée de nouveaux opérateurs dans ce secteur fortement capitalistique où les innovations majeures sont improbables contrairement au téléphone par exemple.
Marche arrière donc. La SNCF est censée publier des comptes consolidés respectant les règles comptables en vigueur, dites IFRS puisqu’elle fait appel public à l’épargne en émettant des emprunts obligataires.
Le premier problème est qu’elle ne l’a pas fait à ce jour.
Ensuite, les informations financières publiées ne sont pas cohérentes…
Ainsi par exemple, le Groupe SNCF publie sur son site un chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros…
Document 2 :
… et par ailleurs un chiffre d’affaires de 6 milliards pour l’EPIC SNCF Réseau…
Document 3 :
… et de 18 milliards pour l’EPIC SNCF Mobilités,
Document 4
Plus de 6 milliards d’euros sont un peu perdus quelque part ! Une paille.
Pire, dans le chiffre d’affaires de 6 milliards pour l’EPIC SNCF Réseau sont compris 3,7 milliards payés à l’EPIC SNCF Mobilités selon les chiffres publiés par l’EPIC SNCF !
Pire encore : inversement, l’EPIC SNCF Mobilités comptabilise 2,6 milliards d’euros payés à l’EPIC SNCF Réseau pour des travaux de maintenance !
Document 5 :
Petite remarque au passage : les clients de l’EPIC SNCF ne paient que la moitié de ce qu’ils devraient payer car les AO (les Autorités Organisatrices, c’est-à-dire les régions) qui ne voyagent jamais par le train lui donnent généreusement 4,5 milliards d’euros.
Par ailleurs, il est étonnant que l’essentiel des 12 milliards de dépréciations de l’EPIC SNCF soient logés dans le passif de l’EPIC SNCF Réseau…
Document 6 :
… alors que l’EPIC SNCF Mobilités n’enregistrerait que les 2 milliards de pertes sur le résultat,
Document 7 :
Petite perle : les 8,6 milliards d’euros de subventions sont comptabilisés dans les capitaux propres !
Pour terminer, cliquer ici pour lire mon étude sur les contes de la SNCF en 2007 qui est encore en lige sur mon site,
Cliquer ici pour voir les contes de l’EPIC SNCF Réseau,
Cliquer ici pour voir les contes de l’EPIC SNCF Mobilité,
Cliquer ici pour voir les contes de l’EPIC SNCF,
Cliquer ici pour voir les informations financières de Deutsche Bahn.
Je remercie le lecteur de mon site qui m’a donné les liens pour les résultats des deux EPIC !
Tout ceci dépasse l’entendement.
Comment des commissaires aux comptes pourraient ils accepter de certifier de pareilles inepties ?
Comment les agences de notation, pourtant pas françaises, pourraient elles passer à côté de ça, ou pire, le dissimuler volontairement ?