2018, année historique de l’€-crash !

En ce début d’année 2018, un petit récapitulatif (ou une synthèse) de mes analyses s’impose…

D’abord, bien sûr, l’évolution de la courbe représentant l’écart entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans fait apparaitre des cycles qui se succèdent (comme ils le font depuis des décennies, cf. ci-après le document 11),

Document 1 :

Les points bas correspondent au zéro, c’est-à-dire à une courbe des taux plate, les taux longs et courts sont au même niveau.
Pire : la courbe des taux peut être inversée, c’est-à-dire que les taux courts peuvent être supérieurs aux taux longs, ce qui signifie que les bons investisseurs placent alors leurs capitaux disponibles préférentiellement en bons du Trésor à court terme car ils craignent l’arrivée d’une récession qui se produit un an et demi plus tard.

Ce premier graphique ci-dessus montre un cycle atypique qui se produit actuellement : la baisse anormale de cet écart des rendements de ces Notes à 10 ans et à 2 ans est due à la crise qui se développe dans la zone euro.
Elle n’est donc pas endogène, c’est-à-dire qu’elle n’est pas créée par la situation économique aux Etats-Unis.
Elle s’est accentuée une première fois à l’été 2011, surtout en Grèce mais elle a été plus ou moins bien (ou plutôt mal) résorbée provisoirement par un sauvetage coûteux.
Cette €-crise a repris de l’ampleur par la suite en 2014 pour être sauvée provisoirement par l’intervention des membres du FOMC lors de leur réunion du 28 avril 2015 et elle a encore une fois été sauvée provisoirement (et involontairement) par l’élection surprise du Donald.

Cependant, comme les causes de l’€-crise n’ont pas été résolues, cette €-crise se poursuit encore et rien ne devrait plus l’empêcher de poursuivre ses effets, c’est-à-dire que la courbe de l’écart entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans devrait continuer à plonger vers le zéro et même en territoire négatif en 2018 avec des répercussions aux Etats-Unis, à savoir une récession début 2020.

Toutefois, ce schéma prévisionnel peut se produire plus rapidement car les rendements des Notes à 10 ans peuvent plonger en 3 ou 4 semaines de 100 points de base comme ils l’ont fait en février 2016 lors d’une accentuation de l’€-crise,

Document 2 :

Les conséquences de l’€-crise qui s’est produite depuis l’été 2011 sont bien visibles sur ce graphique 2 comme le montre la baisse anormale des rendements des Notes à 10 ans qui aurait dû rester dans la bande des 3 %.

Cette €-crise est causée principalement par les banksters européens qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan à savoir que les dettes des banques ne doivent pas dépasser 10 fois le montant de leurs véritables capitaux propres, ce qui correspond à un leverage réel qui doit donc être inférieur à 10.
Effectivement, les big banks américaines too big to fail respectent presque toutes cette règle ce qui est loin d’être le cas des banques européennes,

Document 3 :

En effet, les autorités américaines sont intervenues vigoureusement pour imposer aux dirigeants de leurs banques de respecter cette règle prudentielle d’endettement, ce qui n’a pas été le cas en Europe comme le montrent par exemple le leverage de Citigroup et de Société Générale (dont ces données ne peuvent pas être calculées avant 2014),

Document 4 :

Les banksters de la zone euro ne respectent pas cette règle prudentielle d’endettement, ce qui oblige les Marioles de la BCE à leur prêter des centaines de milliards d’euros sans en avoir les moyens de financement.
Cet écart (Spread) entre les disponibilités accordées aux banques par la BCE (sous forme de prêts et d’achats de titres) et ses moyens principaux de financement s’accentue à chaque exacerbation de crise au point d’être devenu fortement négatif lors de la clôture du dernier bilan au 22 décembre dernier,

Document 5 :

Les Marioles de la BCE ont donc été obligés d’emprunter auprès de non-résidents de la zone euro (rubrique 6 du passif) pour combler des besoins de financement de… 69 milliards d’euros le 22 décembre !

Les banksters de la zone euro, du fait qu’ils ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement, prêtent trop d’argent à leurs clients par rapport au montant de leurs capitaux propres, ce qui conduit à une hypertrophie monétaire : la masse monétaire M3 est supérieure au PIB courant annuel alors qu’elle ne devrait pas dépasser 78 % de ce PIB,

Document 6 :

D’après les données de la BCE, la création monétaire est donc au moins de… 3 000 milliards d’euros alors qu’il n’y avait pas de création monétaire dans les pays de la zone euro avant qu’ils n’adoptent cette monnaie unique contre nature !

Cette bulle monétaire se situe surtout dans l’agrégat M1, c’est-à-dire dans les portefeuilles et sur les comptes courants des malheureux Euro-zonards car cet agrégat représente plus de 40 % du PIB alors qu’il ne devrait pas dépasser 13 % du PIB comme c’est le cas aux États-Unis et… comme c’était le cas avant l’adoption de l’euro,

Document 7 :

2 500 milliards d’euros se trouvent donc en trop sur les comptes courants des malheureux Euro-zonards (Household Deposits) et au moins 500 milliards qui sont de la pure création monétaire par la fameuse planche à billets (Currency),

Document 8 :

D’après les chiffres publiés par la BCE, il est donc possible d’évaluer la création monétaire dans la zone euro à 3 000 milliards d’euros mais il faut aussi tenir compte des presque 500 milliards de francs suisses qui se sont réfugiés dans les banques helvètes (d’après les chiffres publiés par la BNS) mais qui peuvent revenir facilement et rapidement dans la zone euro,

Document 9 :

Il est fort possible qu’il y ait une masse importante de capitaux refugiés au Royaume-Uni issus de trésoreries d’entreprises mais ils sont moins facilement détectables.

De la création monétaire massive et des banques au bord de la faillite, c’est un cocktail explosif particulièrement dangereux.
La seule antériorité connue est celle de l’Allemagne de l’entre-deux guerres comme l’a fort justement bien remarquée et décrite Pierre Jovanovic dans son livre Hitler ou la revanche de la planche à billets.

Cette bulle monétaire se développe depuis l’adoption de l’euro et elle doit nécessairement éclater un jour.
Le problème était d’en déterminer la date.
L’évolution de la courbe représentant l’écart entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans en donne la solution : normalement, c’est-à-dire logiquement, depuis plusieurs décennies (tout au moins depuis que notre ami Fred de Saint Louis publie ces données), lorsque la courbe des taux est inversée, une récession (barres en rouge clair) se produit toujours un an et demi plus tard,

Document 10 :

La zone en orange à droite du graphique est une anticipation.

Des cycles se sont donc produits pendant des décennies aux Etats-Unis, du fait de la situation économique (au sens large) qui y régnait,

Document 11 :

Cependant, ce dernier cycle est dû à l’€-crise qui sera tellement grave et importante qu’elle produira des dommages collatéraux importants, y compris aux Etats-Unis (une récession).

L’évolution de la courbe représentant l’écart entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans depuis un an montre qu’elle doit atteindre le zéro au plus tôt début février prochain et au plus tard fin août prochain,

Document 12 :

L’avenir est par définition incertain mais il est difficile d’envisager d’autres solutions à l’hypertrophie monétaire qui s’est développée dans la zone euro et qui est toujours létale à terme, ce terme étant devenu discernable.
L’éclatement de cette bulle sera d’autant plus douloureux que les banksters l’auront aggravée en ne respectant pas les règles prudentielles d’endettement.
Le début de la fin devrait se produire avec la chute des dominos bancaires italiens qui comptent plus de 200 milliards d’euros de créances irrécouvrables. Elle se transmettra dans la zone qui ne sera plus gérable.

9 réflexions sur “2018, année historique de l’€-crash !”

  1. Bonjour M. Chevallier, qu’en est-t-il de l’aspect indicateur de croissance du spread de taux. La réforme fiscale de Trump devrait produire une accélération de croissance en toute logique. Or la baisse du spread de taux indique le contraire.

  2. bonsoir.magnifique travail,félicitations.

    le dernier antécédent étant l’entre deux guerre ,puissions nous envisager les mêmes répercutions,à savoir des brouettes d’euros pour acheter une baguette de pain ? ou bien à l’inverse,une destruction monétaire via les banques et une réévaluation des euros encore en service,si les euros existent encore ? en fait quels scénarios sont sur la table ? merci .

  3. Les tbtf européennes ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement et ça depuis de nombreuses années. Néanmoins, leur état ne semble pas s’agraver, hors la création continue… alors ou est-elle ???

  4. Bonjour, et meilleurs vœux pour 2018,

    Pourquoi la création monétaire ( planche à billet) ne s’accompagne t’elle pas d’une inflation importante ?

    CDT.

  5. bonne synthèse. La cause réelle n’est pas dite car ce que vous analysez est juste la conséquence d’une cause inconnue. le hasard n’existant pas il va vous falloir chercher la cause dans la volonté d’illuminés et donc vous pencher sur des cycles qui ne sont pas financier.

  6. Si j’ai compris ce n’est pas l’hypertrophie en euro qui déclenche la cession mais l’inversion des taux us , cette récession aggravée en euro ensuite.

  7. Bonjour Mr Chevallier et meilleurs vœux à vous et vos lecteurs,

    Cette bulle monétaire depuis l’adoption de l’ euro correspond aux excédents de l’Allemagne sur la même durée !!!

    Alors !? La guerre ou les euro bonds ?! Les allemands devront choisir !!!

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