Agrégats monétaires du Canada et les mystères des bulles monétaires en M1…

La courbe représentant l’évolution de la masse monétaire M3 par rapport au PIB (courant annuel, en pourcentage) du Canada révèle l’existence d’une bulle aussi importante que celle de la zone euro,

Document 1 :

Cette hypertrophie monétaire du Canada a commencé à se développer à partir de 2005 et elle s’est accélérée après la faillite de la banque des frères Lehman pour stagner à un haut niveau depuis début 2016.

Dans la zone euro, le dérapage monétaire s’est produit dès l’adoption de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro pour dépasser la barre critique des 80 % en 2004, puis atteindre des sommets après la faillite de la banque des frères Lehman et en stagnant par la suite à ce haut niveau,

Document 2 :

L’agrégat monétaire M1 du Canada a atteint un bon niveau très bas à 13,0 % du PIB (courant annuel) fin 1981 début 1982 mais il a augmenté par la suite pour exploser à partir de la faillite de la banque des frères Lehman,

Document 3 :

L’agrégat monétaire M1 du Canada a atteint le même niveau que celui de la zone euro, comme pour M3,

Document 4 :

Il est étonnant de constater dans les deux cas, au Canada comme dans la zone euro, d’une part, que les autorités monétaires n’ont pas maitrisé l’évolution de leurs agrégats monétaires (surtout par manque de culture monétariste) et d’autre part, que c’est une hypertrophie de l’agrégat M1 qui s’est développée.

Paradoxalement, le Canada est donc plus proche de la vieille Europe continentale que des Etats-Unis, pour ce qui concerne les problèmes monétaires !

Pour rappel, l’agrégat M1 comprend les billets que possèdent les particuliers ainsi que le total des encours sur leurs comptes courants.

Aucune étude fiable n’a été effectuée sur cette hypertrophie de M1, que ce soit dans la zone euro ou au Canada.
Deux explications peuvent être envisagées a priori

La première relève du behaviorisme, c’est-à-dire du comportement des gens (des particuliers) qui n’ont plus confiance (plus ou moins consciemment) dans leur système monétaire.
En conséquence, ils conservent toujours de l’argent qu’ils pensent pouvoir être immédiatement disponible afin de faire face à des dépenses supplémentaires en toutes circonstances.

Les malheureux Euro-zonards sont effectivement légitimement amenés à s’interroger sur la fiabilité et la pérennité de cette monnaie contre nature qu’est l’euro.
Les Canadiens peuvent être eux-aussi légitimement inquiets à la suite des agissements des banksters… des Etats-Unis qui ont des répercussions dans leur pays.

La seconde explication plausible se trouve dans le non-respect par les banksters des règles prudentielles d’endettement.

En effet, les banques de la zone euro ont des multiples d’endettement qui dépassent largement les normes (cf. mes analyses), ce qui les conduit à accorder des crédits (surtout pour financer des acquisitions immobilières) qu’elles n’auraient pas dû accepter, ce qui donne à ces emprunteurs l’illusion d’une certaine richesse.
Les emprunteurs ont ainsi (indûment) des disponibilités excédentaires sur leurs comptes courants qui dépassent les normes.

Quelles que soient les causes de cette bulle monétaire en M1, elle a pour conséquence de ralentir l’activité économique, c’est-à-dire la croissance du PIB car la circulation monétaire représentée par le ratio du PIB sur la masse monétaire (qui est l’inverse du ratio M/PIB en pourcentage) est faible, et même inférieure à 1,

Document 5 :

La seule solution pour faire repartir la croissance dans la zone euro et au Canada serait de faire éclater cette bulle monétaire, ce qui provoquerait alors des dommages collatéraux considérables.

L’argent sain est le premier pilier des Reaganomics dixit Arthur, Laffer.

Les autorités américaines (des Etats-Unis) ont fait éclater une telle bulle (dans l’agrégat M3-M2) en mettant en faillite la banque des frères Lehman, ce qui a provoqué la Grande Récession mais par la suite, la croissance est repartie à son potentiel optimal sur de bons fondamentaux.
Tel est le prix à payer en cas d’hypertrophie monétaire qui est toujours létale à terme.

***

Les données utilisées pour établir les graphiques relatifs au Canada sont celles de notre ami Fred de Saint Louis car celles de la Banque du Canada sont difficilement exploitables.

Cliquer ici pour accéder aux chiffres de l’agrégat M1 qui donnent l’impression de donner une image fidèle de la réalité, ce qui n’est pas le cas des chiffres de M2, ce qui empêche de calculer les autres agrégats.

10 réflexions sur “Agrégats monétaires du Canada et les mystères des bulles monétaires en M1…”

  1. Bonjour,

    Question sans rapport avec l’article, mais partant d’un niveau zéro en économie, je cherche à remonter le fil de vos articles pour comprendre les concepts que vous exposez.

    Sur ce blog les articles se terminent en 2010, alors que sur http://chevallier.over-blog.fr on peut remonter en 2007.

    Allez-vous republier ces articles sur ce blog ou alors est-ce que c’est préférable que je lise 2007-2010 sur l’autre blog ? Est-ce dans ces articles que vous donnez le plus d’explications ? Car vous précisez ne pas réexpliquer les bases dans les articles récents (ce qui est normal) néanmoins j’ai bien du mal à trouver les articles détaillés sur ce que sont M1, M3-M2 et ce que l’on peut tirer comme conclusion de ces données et pourquoi.

    Merci d’avance et félicitations d’essayer d’apporter un peu de vrai analyse dans cet océan de propagande qui nous fait boire la tasse intellectuelle à tous.

    1. Vous avez de la chance, mon blog antérieur à 2007 a disparu !
      Le monétarisme s’apprend au fil du temps…
      Un nouveau site est en préparation, ce qui facilitera la compréhension des concepts et des méthodes…

  2. Merci beaucoup pour cette analyse, Monsieur Chevallier.
    Je savais que les canadiens ont une addiction au crédit, surtout pour acheter leur « home sweet home » à des prix démentiels, vu l’ampleur de la bulle immobilière là bas, mais je ne pensais pas que la situation du pays soit « aussi pire » qu’en Europe !

  3. Dans votre dernier billet sur la Suisse on remarque que M3%PIB était bien supérieur chez les Helvètes avant Lehman (2004-2005) avec presque 120%. A la même période les canadiens étaient à 65% et l’UE 80%, signe que l’aflux de capitaux avait commencé bien avant Lehman.

  4. L’amour des bulles !!!

    Est-ce comme l’amour mère-enfant, lequel tiens à l’écart le père qui un jour où l’autre ne peut que reprendre ses droits, manifestant alors l’argent sain ?

  5. C’est bien vous vous etes penché sur le canada. Agrégats a surveiller ca rle canada explosera avant l’Europe.
    Bientôt 2018 se termine, encore 6 mois à attendre. L’alignement et regroupement des planetes néfastes se formant en capricorne arrivera a son terme en janvier 2020. et 2020 ca fait 4 la croix et 40 qui forme un nombre détestable.
    Mais l’humanité survivra, les récoltes diminueront par contre.

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