La Banque de France a publié les chiffres de la balance des paiements de ce dernier mois. Tout le monde devrait en parler car c’est très important…
La balance des transactions courantes qui synthétise le résultat de l’ensemble des activités courantes d’une nation vis-à-vis du reste du monde montre une dégradation étonnamment régulière depuis que la Banque de France publie ces chiffres, c’est-à-dire depuis le début de l’euro-système, quelle que soit la couleur du gouvernement, avec un déficit de 1,5 milliards d’euros pour ce dernier mois …
Document 1 :
… soit 236 milliards d’euros de déficits cumulés depuis 2005, nouvelle série, nouveau record !
Document 2 :
Ces déficits sont causés essentiellement par ceux de la balance commerciale : 5,0 milliards d’euros pour ce dernier mois contre des excédents de 14,8 milliards pour l’Allemagne !
Document 3 :
Le déficit est de l’ordre de 60 milliards d’euros en moyenne sur les 12 derniers mois contre un excédent de presque… 200 milliards pour l’Allemagne !
Document 4 :
Depuis juin 2004, le cumul des déficits des biens seuls atteint un nouveau record historique de 481 milliards d’euros ! No limit !
Document 5 :
Les déficits de la balance commerciale s’expliquent en grande partie par l’euro fort.
Comme la France n’est plus compétitive vis-à-vis de l’étranger et que la crise s’accentue en France et dans ces autres cochons de pays du Club Med, les entreprises étrangères désinvestissent un peu en France (144 millions d’euros) et les entreprises françaises investissent un peu… à l’étranger (1,5 milliards)… la tendance du déficit des IDE (Investissements Directs Etrangers) se poursuivant depuis l’adoption de l’euro,
Document 6 :
Les investissements, qu’ils soient étrangers en France ou français à l’étranger, sont maintenant au point zéro, ce qui est bien visible sur les courbes de leurs cumuls sur les 12 derniers mois, ce qui ne peut que continuer à paralyser la croissance (zéro) et qu’aggraver le chômage,
Document 7 :
Les déficits cumulés des Investissements Directs Etrangers sont de l’ordre de 600 milliards d’euros depuis l’adoption de l’euro,
Document 8 :
Au total, ce sont donc plus de 1 000 milliards d’euros de déficits qui se sont accumulés depuis ces dernières années.
Avant, du temps du système de Bretton Woods, tout le monde, de la ménagère au président de la République, savait que les déficits de la balance commerciale allaient entrainer une dévaluation, ce que s’est empressé de faire Pompidou juste après son élection (une dévaluation de 12,5 % le 8 août 1969), ce qui a permis de prolonger la croissance jusqu’à la fin des 30 Glorieuses.
Maintenant, plus, personne ne comprend ces problèmes économiques simples.
C’est avancer les yeux fermés au bord du gouffre.
Une petite précision : les déficits sont occultés par l’euro-système et par les investissements de portefeuille d’étrangers en titres français, en particulier en mauvais bons du Trésor, si bien que la balance des paiements est paradoxalement équilibrée principalement par la dette publique souscrite par des étrangers !
Document 9 :
Attention ! L’interprétation de ces chiffres et de ces courbes est délicate : en période heureuse (d’excédent de la balance commerciale), les excédents français en capitaux peuvent être investis à l’étranger, ce qui est enregistré dans la balance des paiements en sorties de capitaux, et inversement, en période de crise, les déficits de la balance des transactions courantes sont compensés par des investissements étrangers en France, ce qui est plus clair sur les courbes de leurs cumuls sur les 12 derniers mois,
Document 10 :
Ainsi, la France est le seul grand pays qui a une proportion très importante de dette de l’Etat (1 502 milliards d’euros) détenue par des étrangers : 64,5 % d’après les derniers chiffres de l’Agence France Trésor, soit un total de 970 milliards fin septembre 2013,
Document 11 :
Ça marche, du moins tant que des investisseurs étrangers acceptent cette situation et tant qu’il n’y a pas de tsunami bancaire mais c’est très dangereux !
Par ailleurs, une rubrique absconse « Autres investissements » représentant des prêts-emprunts joue un grand rôle dans l’équilibre de la balance des paiements…
Document 12 :
… avec des variations de plus ou moins 200 milliards d’euros sur 12 mois,
Document 13 :
Les variations des « Autres investissements » (prêts-emprunts) viennent en contrepartie de celles des investissements en portefeuille, le tout portant sur des sommes beaucoup plus importantes que celles des déficits de la balance commerciale,
Document 14 :
Ainsi, la financiarisation et mondialisation sauvent en apparence et jusqu’à présent la France de la faillite déclarée, ce qui est encore plus clair sur le graphique représentant les variations du solde de la balance des transactions courantes (comptabilisant les exportations et les importations des biens et des services) et celles des investissements (de portefeuille et les « autres », prêts-emprunts),
Document 15 :
La désindustrialisation et le déclin de la France ont donc pu se faire sans douleurs apparentes, du moins sans les facteurs limitants qui existaient jadis, avant l’adoption de l’euro, jusqu’à présent du moins.
Après le naufrage de la Grèce, le prochain pays sera peut-être, pour les raisons exposées ci-dessus, celui… qui est donné par Rainer Voss, un ancien financier allemand,
Document 16 :
Pour terminer joyeusement : notons que les grosses têtes de la Banque de France n’ont trouvé que 2,5 milliards d’euros en trop dans leurs derniers comptes !
Document 17 :
Ces chiffres sont ceux qui sont publiés par la Banque de France dans le cadre de ses séries longues.
Le village Potemkine français est ainsi repeint pour le plus grand plaisir de la nomenklatura.
Cliquer ici pour voir la page des données de la Banque de France sur la balance des paiements.
Cliquer ici pour voir la bande annonce du film allemand Master of the universe qui relate l’expérience de Rainer Voss, un ancien financier allemand (information donnée par l’un de mes lecteurs que je remercie).
Cliquer ici pour voir la page des données de l’Agence France Trésor.
Hollande …je suis bon…je dois 970 Md aux étrangers , mes banquiers ont besoin de 400 Md , j’ai perdu 481 Md en transactions…..continuons à rouler en mobylette pour aller voir les filles avant qu’on me la saisisse.
en vélo, ou à pied bientôt
Comment se traduit en réalité un « désinvestissement », comme on peut le voir dans le document 6, quand un point d’une des deux séries présentées passe en dessous de 0 ?
C’est une entreprise qui ferme, qui délocalise des machines ou des profits qu’elle réalise en France ?
Comme en nutrition, le « french paradox » ?