Banco Santander 2° trimestre 2017

Ça commence à empirer sérieusement (pour ne pas dire à paniquer) dans le marigot bancaire européen…

D’après des informations de presse, les Zautorités européennes s’apprêtent à prendre des décisions pour limiter les retraits des dépôts dans les banques dans la mesure où ils risqueraient de les mettre en faillite.

Ces réactions s’expliquent par le fait que la Banco Popular s’est retrouvée en état de faillite le mardi 6 juin en fin de journée, étant dans l’impossibilité d’ouvrir le lendemain matin car il n’y avait plus de sous en caisse : 18 milliards d’euros avaient été retirés au cours des 10 jours précédents par des clients qui n’avaient plus confiance dans cette banque pourrie !
Heureusement, dans la nuit du 6 au 7 juin, les généreux dirigeants de Banco Santander ont trouvé dans leur fond de caisse 1 euro pour racheter Banco Popular… et ses dettes alors évaluées très précisément entre 2 et… 8 milliards d’euros par le très sérieux cabinet Deloitte !

Banco Popular était une banque très fiable puisqu’elle avait passé brillamment les derniers tests de stress des Marioles de la BCE au cours de l’été 2016, tout comme les banques italiennes qui viennent d’être sauvées de la faillite, ce qui a coûté 17 milliards d’euros aux constribuables italiens déjà surendettés.

Evidemment, le fait de racheter une banque (dont le total des actifs était de… 147 milliards d’euros !) un mardi soir pour qu’elle ne tombe pas en faillite le lendemain en investissant à l’aveugle 8 milliards (pour l’instant) est assez inhabituel et beaucoup de personnes se demandent quels sont les vices cachés.
L’avenir le dira.
Une certitude cependant : aucun bankster ne devrait être condamné dans ces opérations.
C’est rassurant.

Sur la base des chiffres publiés dans le dernier bilan au 30 juin dernier incluant Banco Popular…

Document 1 :

le leverage réel de Banco Santander est de 22,1 correspondant au ratio Core Tier 1 de 4,5 % c’est-à-dire assez loin des règles prudentielles d’endettement,

Document 2 :

Santander2016 Q22016 Q32016 Q42017 Q12017 Q2
1 Assets1 342,911 329,541 339,131 351,961 445,26
2 Equity100,346101,122102,699104,869100,955
3 Minority int.11,73612,22711,76112,28512,188
4 Goodwill26,54126,14826,72426,93926,07
5 Tangible eq62,06962,74764,21465,64562,697
6 Liabilities1 280,841 266,791 274,911 286,311 382,56
7 Leverage (µ)20,620,219,919,622,1
8 Core Tier 1 (%)4,8555,14,5

Il faudrait augmenter les capitaux propres de 69 milliards d’euros ou diminuer le total des dettes de… 690 milliards pour que cette banque respecte les règles édictées par ce bon vieux Greenspan, à savoir un leverage inférieur à 10 ou un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 % !

Cependant, il n’est pas certain que ces chiffres donnent une image fidèle de la réalité car ceux qui ont été transmis par Banco Santander à la SEC sont sensiblement différents de ceux publiés par la banque vis-à-vis des Zautorités européennes

Document 3 :

… avec les écarts d’acquisitions (goodwill) ainsi précisés…

Document 4 :

… ce qui donne pour fin 2016 un leverage de… 30,8 correspondant à un ratio Core Tier 1 de 3,2 % c’est-à-dire assez loin de ce qui résulte des chiffres publiés pour l’Europe !

Document 5 :

Santander20122013201420152016
1 Assets1 269,651 115,761 266,301 340,261 339,13
2 Equity71,79770,32880,80588,0490,939
3 Deductions18,23816,13917,13221,15319,901
4 Goodwill28,47328,22129,44630,48628,972
5 Tangible eq25,08625,96834,22736,40142,066
6 Liabilities1 244,561 089,801 232,071 303,861 297,06
7 Leverage (µ)49,6423635,830,8
8 Core Tier 1 (%)22,42,82,83,2

Il faudrait alors augmenter les capitaux propres de… 80 milliards d’euros pour que cette banque respecte les règles préconisées par ce bon vieux Greenspan.

Comme les Américains trainent toujours une sale réputation de cow-boys prêts à tirer à bout portant à tout moment, quitte à discuter brièvement après, comme ce fut le cas en flinguant pour l’exemple la banque des frères Lehman, il est compréhensible que les dirigeants de Banco Santander cherchent à sauver leur peau en publiant préalablement des chiffres donnant une image fidèle de la réalité.

Sur ce dernier tableau ci-dessus, il faut bien retenir que le leverage réel de Banco Santander était de l’ordre de… 50 en 2012 (!) et qu’il a fortement diminué par la suite, ce qui montre une fois de plus que ce concept est évidemment fondamental pour évaluer correctement la situation des banques.

Alan Greenspan s’étonnait de l’exubérance irrationnelle des marchés. Il est effectivement étonnant que la capitalisation de Banco Santander soit de 93 milliard d’euros, la plus élevée pour une banque européenne,

Document 6 :

Cependant, il faut remarquer que l’essentiel de son activité était situé hors de cette zone euro pourrie par ses banksters, ce qui explique peut-être cette survalorisation.

Avec un bénéfice de 1,75 milliards d’euros en ce dernier trimestre, le ROE est de 6,9 % sur le montant des capitaux propres publiés, de 11,2 % sur les capitaux propres tangibles et de 5,3% seulement sur le montant des capitaux propres nécessaires (131,7 milliards) pour avoir un leverage de 10.
Le PER de 13,1 s’explique aussi par un taux de distribution élevé de 3,66 %.

D’après un document du Parlement Européen, les prêts dits non performants (c’est-à-dire qui risquent fortement de ne pas être remboursés) s’élèveraient à 141 milliards d’euros pour les banques espagnoles.
Comme Banco Santander est la plus grande banque régulée par la banque centrale d’Espagne, il est certain qu’il y a des cadavres dans des placards.

L’augmentation de capital de 7 milliards d’euros qui vient d’être (sur)souscrite pour éponger les 8 milliards de dettes de Banco Popular doit permettre de maintenir un leverage au même niveau qu’à la fin du 1° trimestre, soit 19,7 toutes choses égales par ailleurs.

Banco Santander fait partie des 30 Importantes Institutions Financières Systémiques Mondiales, (Global Systemically Important Financial Institutions, G-SIFIs) du Basel Committee on Banking Supervision (BCBS).

Pour l’instant, tout va bien, tout le monde est en vacances.

Cliquer ici pour lire les derniers résultats trimestriels de Banco Santander.
Cliquer ici pour lire les derniers résultats trimestriels de Banco Santander pour la SEC.
Cliquer ici pour lire les derniers résultats trimestriels de Banco Popular.
Cliquer ici pour lire le document du Parlement Européen sur les prêts non performants, transmis par un de mes lecteurs que je remercie.

9 réflexions sur “Banco Santander 2° trimestre 2017”

  1. « Die Euro-Krise ist noch nicht vorbei, »…
    La crise en zone€ n’est pas terminée

    « Euro-Sabbatical“ für Griechenland »…
    La Gréce devrait sortir un moment de la zone€

    « Auch Italien hat die Chance « …
    L’Italie devrait aussi avoir cette chance !…

    Otmar Issing, directeur à la Bundesbank et à la BCE ! bientôt en grandes vavances, lui aussi…

    http://www.wiwo.de/politik/europa/otmar-issing-oekonom-fordert-euro-sabbatical-fuer-griechenland-/20115162.html

    Pour une nouvelle, ce n’est pas une nouvelle !

    1. Les critiques de la politique des Marioles de la BCE viennent de + en + de personnes qui ont (ou ont eu) des positions officielles et qui avaient soutenu cette (mauvaise) idée d’€ dont on devrait commencer à voir la fin…

    1. Oui, j’avais vu… après avoir mis mon commentaire, mais de toute façon, les Zautorités finlandaises comme d’autres se posent cette question de la sortie de l’€ qui n’est plus un tabou.

  2. En 2008, face à quelques politiciens qui envisageaient de se laisser tenter par le populisme, les banquiers n’ont rien lâché. Mieux, ils ont définitivement pris le pouvoir avec l’appui des banques centrales et ont placé Super Mario à la tête de l’Euro.

    Ils ont fait le chantage suivant :
    – soit vous êtes contre nous et c’est le saut dans l’inconnu, le big reset, on cesse de financer les zétats,
    – soit vous nous laissez faire, de toute façon c’est nous les pros, et vous verrez que les politiques non-conventionnelles feront sortir tout le monde par le haut.

    La seconde option s’est donc imposée d’elle-même (face à des politiques incultes AUSSI en matière économique…).

    Résultat :
    – Les banques privées sont en effet sorties par le haut ; elles ont été sauvées avec les deniers publiques,
    – Activités de dépôt et banques d’affaires n’ont pas été séparées,
    – Des expériences ont été menées grandeur nature (Chypre, Grèce),
    – Les zétats Nâtion les plus faibles ont été contraints de se réformer.

    En définitive :
    – Les mains faibles ont été les politiques,
    – Les perdants ont été les peuples,
    – Les gagnants ? Les ennemis du président normal…

    En 2018 ou peu après, il n’est pas interdit de penser que l’Histoire va se répéter. A nouveau un gros chantage, un gros poker menteur ! A la différence que la partie sera plus musclée car il s’agit désormais de pousser à la réforme les Nâtions de 1ère division. (réformes déjà bien engagées par le détricotage du Droit du Travail et la perte de certains droits zaquis).

    Bref, y va y avoir du sport, du sang, des larmes ! Et ce, peut-être avant les prochains jeux zolympiques…

    Question : les aurons-nous un jour ces beaux euro-bonds ?!

    Cher Jean-Pierre, je sais ce que vous allez dire avec raison :
    – Euro-bonds? « NEIN! » Strauble und Angela s’y opposeront toujours ! Pourtant, techniquement, pas de système monétaire ad hoc sans obligations !.. d’état ou de super état.
    – Carpe diem !

    🙂 Amicalement.

    1. Oui, ça ne va pas durer comme ça très longtemps et ça m’étonnerait que les l’€mpire germanique accepte de tirer des inconvénients supérieurs aux avantages de l’€ système !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.