Circulation / création monétaire pour les nuls, suite… sans fin ! (avant dernière ?)

Je reviens une fois de plus sur ce problème de circulation monétaire que tous les nuls confondent avec de la création monétaire

Le commentaire d’un de mes lecteurs se présentant comme un (ancien) professionnel de la phynance m’a fait comprendre la raison pour laquelle ces idiots inutiles considèrent tous que les banques font de la création monétaire en accordant des prêts à leurs clients

Reprenons le cas d’une personne qui emprunte 500 000 euros, par exemple aux mécanos de la Générale pour acheter un appartement ou une maison.

Pour pouvoir accorder ce prêt, les mécanos de la Générale sont obligés d’avoir dans leurs comptes ces 500 000 euros, c’est-à-dire des disponibilités, à savoir l’argent en question, inscrit à l’actif. Ils ont donc emprunté préalablement cet argent sur les marchés (postes Passifs financiers et Dettes représentées par un titre). En fait toutes les banques ont de l’argent disponible, et elles sont même obligées d’avoir une situation nette positive vis-à-vis de la banque centrale tous les soirs.
Ce crédit est inscrit à l’actif de la Générale (poste Prêts et créances sur la clientèle) pour un montant de 500 000 euros et en contrepartie au passif dans le poste Dettes envers la clientèle pour le même montant, en application du principe de la comptabilité en partie double, lors de l’octroi de ce prêt.

Le passif est et a toujours été égal à l’actif, évidemment, et c’est pourquoi il y a un adage dans la banque qui dit que les crédits (les prêts accordés) font les dépôts, dixit alors tout professionnel de la phynance !
Oui, mais dès que ce client de la Générale a son compte crédité, il paie le vendeur qui a un compte par exemple à la BNP. Les 500 000 euros sortent alors des comptes de la Générale pour aller dans ceux de la BNP. Le compte du client de la Générale est débité et celui du vendeur à la BNP est crédité.

Ce qu’il faut voir, c’est l’argent (les 500 000 euros) qui circule, donc sans qu’il y ait de création monétaire ! … sachant que toute opération doit être comptabilisée deux fois, au débit et au passif, selon le principe de la comptabilité en partie double qui n’est pas à l’origine de création monétaire.

Les crédits ne font donc pas les dépôts !
C’est simple, tout est simple, sauf pour les innombrables idiots inutiles qui ne comprennent pas ces évidences.
Pour ceux qui n’ont pas compris, aucune explication (supplémentaire) n’est possible.

Alors quid de la création monétaire ?
Ce sera l’objet du prochain papier… mais les réponses possibles seraient les bienvenues…

14 réflexions sur “Circulation / création monétaire pour les nuls, suite… sans fin ! (avant dernière ?)”

  1. Pas sûr que ce soit « Tout est simple », en tout cas, votre explication me paraît intuitivement plus sensée que « les crédits font les dépôts ».

    D’après ce que l’on m’a toujours expliqué :

    « Pour pouvoir accorder ce prêt, les mécanos de la Générale sont obligés d’avoir dans leurs comptes ces 500 000 euros »

    Les banques empruntaient cet argent sur les marchés intrabancaire ou auprès de la banque centrale, enfin cette tuyauterie m’a toujours parût abscons.

  2. Merci pour cet article.
    Je pense que beaucoup ont maintenant compris que les QE ne crééent pas de monnaie nouvelle mais font uniquement circuler la monnaie existante.
    Ce qu’il serait encore important de clarifier à mon est:
    – l’impact du système de réserves fractionnaires dans la mécanique que vous expliquez.
    – qui créé la monnaie au bout du compte et comment le créateur (la banque centrale j’imagine) sait-il dans quelle proportion en créer.

  3. C’est intéressant… J’aurais trois questions :

    – Ces 500 000 euros qui sont de la monnaie, qui donc ne les a plus sur son compte in-fine, et ne peut donc plus en disposer ?
    – Pourquoi la masse monétaire augmente s’il n’y a pas de « création monétaire » (elle a doublé entre 2000 et 2008) ?
    – Les 21 millions de bitcoin qui circulent en 2016 et n’existaient pas en 2009, quelle est leur nature ?

  4. bonsoir et merci pour votre patiente pédagogie..
    sans taper google je dirais:

    augmentation du nombre de fonctionnaires
    augmentation du social
    augmentation du smig

    en fait tout argent créer par des lois ou des politiques économiques qui créent de la monnaie sans contrepartie ni création de richesses.merci

  5. Bonsoir Monsieur CHEVALIER, j’ai toujours été d’accord avec vous sur le leverage des banques et les recommandation de Monsieur Greenspan mais pour le reste j’ai du mal à vous suivre comment par exemple sur la circulation monétaire jamais par le passé la FED ( plus d’un siècle éxistence na jamais pratiquer de politique de circulation monétaire) et pourquoi elle la fait du jour au lendemain, pourquoi ce changement de cap , voila mes questions

  6. Création monétaire = distribution d’argent sans contrepartie = mauvaise répartion des liquidités des particuliers/investissements/trésorerie des entreprises = mauvais investissements et déclin économique?

  7. J’apprécie votre style presque autant que vos analyses 😉 et je trouve votre démonstration limpide.
    Je suppose qu’il y a bien de la création monétaire par ailleurs, pilotée par la banque centrale (normalement) en considération de la croissance du PIB

  8. bonjour.
    La fonction numéro des Banques centrales est d’empêcher les marchés financiers de trop baisser.elles achètent des obligations d’états,des actions d’entreprises cotées etc…elles font tout ceci avec des fonds permis grace à un levier important par rapport aux actifs réels (à la BCE ).N’y a t’il pas là une création de valeurs artificielles,peut etre pas de création monétaire pure mais un empilage d’endettement dangereux ?

  9. Ha ! je viens de voir ce billet. Ok pour moi jusqu’ici, mais j’attends avec impatience l’explication sur la création monétaire, qui est la clé de voûte pour comprendre toutes vos explications, à mon sens.

    Dans les livres d’économie universitaire, il est écrit que ce sont les banques de second ordre (les banques privées, BNP, crédit patate & co) qui créent la monnaie, mais que ce sont les banques centrales qui la régulent (via les taux d’escompte, et taux directeurs). Mais ok pour laisser ça de coté.

    Je précise une chose, si j’ai bien compris vos explications précédentes, il y aurait de la création monétaire « saine » (que vous allez j’espère nous expliquer dans le prochain billet) et une malsaine, via des subtilités comptables (qui serait le fameux argent non gagné dont vous parlez souvent pour l’Europe). Si j’ai bien compris … ???

  10. Je reviens sur ce mécanisme de création monétaire.

    En reprenant l’exemple des 500.000 euros, vous dites « que la banque doit emprunter les 500.00 euros avant d’accorder le prêt. La raison en étant qu’en fait toutes les banques ont de l’argent disponible, et elles sont même obligées d’avoir une situation nette positive vis-à-vis de la banque centrale tous les soirs ».

    C’est parfaitement exact, les banques sont obligées d’avoir une situation nette positive vis-à-vis de la banque centrale tous les soirs. D’ailleurs si elles sont débitrices, ce qui peut arriver si le trésorier de la banque en charge de la gestion de la trésorerie a mal anticipé les sorties, il doit alors, avant l’ouverture du marché, racheter de l’argent de la veille auprès d’une banque créditrice.

    Mais l’obligation d’avoir une situation nette positive est gérée au jour le jour et non pas par avance. Autrement dit la banque n’est pas tenue d’emprunter l’argent correspondant au prêt de 500.000 euros avant que le vendeur ne présente le chèque de 500.000 euros en paiement par le truchement de la compensation. En effet la banque n’empruntera pas avant que le besoin n’apparaisse, la raison en étant qu’elle ne paiera pas des intérêts sur des sommes empruntées alors même qu’elles ne sont pas employées. Il faut rappeler que les disponibilités laissées en banque de France ne sont pas rémunérées.

    C’est la raison pour laquelle la gestion de la trésorerie au jour le jour se fait toujours au plus juste, les services internes étant tenus de prévenir la trésorerie s’ils anticipent une sortie importante (comme par exemple un tirage sur un prêt important).

    Pour comprendre pourquoi il n’est pas nécessaire pour la banque (en l’exemple la société générale) d’anticiper la sortie de la trésorerie il suffit d’imaginer, dans le cas du prêt de 500.000 euros, ce qui se passe si le vendeur est lui aussi à la société générale et non pas à la BNP.

    Il n’est alors pas nécessaire pour la société générale de sortir de l’argent de son compte à la banque de France puisque personne ne lui demande le paiement des 500.000 euros. C’est pourquoi la banque va attendre le dernier moment pour emprunter de l’argent. Celui où on le lui demande à travers la compensation.

    C’est ce mécanisme qui explique l’organisation du marché monétaire : il est conçu, quand il fonctionne normalement, pour permettre à une banque de toujours trouver de l’argent. Comment ? En permettant à la banque de donner en contrepartie de l’argent qu’elle emprunte son portefeuille de prêt. En théorie une banque pourrait donc financer l’entièreté de son actif, représentant les prêts accordés, sur le marché monétaire.

    Cela signifie-t-il que la banque n’ait pas besoin de faire des emprunts. Non naturellement une banque va emprunter de l’argent pour différente raisons. Mais lorsque l’on parle d’emprunt ici, on se tourne vers le haut de bilan. Différentes raisons expliquent le recours à des emprunts. Premièrement la banque est aussi une société comme toute société commerciale et a besoin de financer ses immobilisations. Deuxièmement la banque a aussi besoin de veiller à l’équilibre de son bilan. Et c’est ici que joue la politique financière globale de la banque. A quel prix se finance-t-elle ? Une banque a quatre sources principales de financement : les fonds propres, l’emprunt obligataire, les dépôts de la clientèle et le marché monétaire. En fonction du prix de chaque ressource, la banque peut choisir d’emprunter parce que le taux est favorable, ou pour assurer l’équilibre de son bilan.

    Mais il n’est pas nécessaire que la banque ait en trésorerie le montant du prêt qu’elle accorde au moment où elle l’accorde (car seule la fuite de sa monnaie a besoin d’être financée, c’est à dire quand le vendeur n’est pas à la société générale).

    Ceci étant dit, l’argument du moment auquel la banque finance les prêts accordés ne permet pas de clore le débat sur la création monétaire. En effet, que le prêt soit financé ex ante ou ex post la question est la suivante : si les prêts sont financés par le recours à de l’argent existant comment pourrait-il y avoir de création monétaire ?

    La question en suspens est celle-ci : un prêt crée-t-il un dépôt ? Ou bien du fait qu’il est financé le total des dépôts restent-ils inchangés ?

    En effet quand une banque accorde un prêt elle en crédite le montant au compte du client. Donc dès que la banque accorde le prêt de 500.000 euros les dépôts de la banque augmentent de 500.000 euros. L’argumentation consiste à dire que parce que les 500.000 euros ont été préalablement empruntés, il n’y a pas en fait de création monétaire. La question est donc celle-ci : d’où vient l’argent emprunté ?

    Comptablement les dépôts de la clientèle forment un sous-ensemble du passif de la banque (l’argent du aux clients, la banque étant seule à avoir le droit de recevoir de l’argent du public). Si dans une journée la banque n’exécute qu’une seule opération, le prêt de 500.000 euros, il est incontestable que la masse monétaire (pour faire simple les dépôts de la clientèle de la banque) a augmenté de 500.000 euros. Est-ce qu’un emprunt préalable peut annuler cette augmentation de 500.000 euros de la masse monétaire ? Pour cela il faudrait que l’emprunt opéré pour financer le prêt ait pour conséquence de faire baisser la masse monétaire de 500.000 euros. Comment cela pourrait-il être possible ?

Répondre à jp-chevallier Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.