€ crise : actualité…

Lundi 23 mai, rien ne va plus : le bras de fer est engagé entre les hommes (et les femmes) politiques de la zone euro qui veulent restructurer les dettes de la Grèce (c’est-à-dire abandonner d’une façon ou d’une autre une partie de ces créances) et les gens de la BCE qui ne peuvent pas l’admettre, ce qui est normal (ils menacent de ne plus accepter les bons du Trésor grecs en nantissement, ce qui déclencherait la chute des banques grecques, premiers dominos de la chute de l’euro).

L’euro trop fort, surévalué par rapport au dollar (US$), baisse,
Graphique 1 :

Cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

L’euro baissait normalement fin 2010 jusqu’à la fin de la première semaine de janvier à 1,29 $ en même temps que les cours des actions de la zone car les investisseurs sortaient leurs capitaux pour les placer préférentiellement aux Etats-Unis.
Pour éviter la chute de l’euro et surtout des cours des banques de la zone, ce qui aurait signifié la chute des premiers dominos euro zonards, la communauté financière et politique a choisi de faire monter l’euro par rapport au dollar qui a atteint un sommet intenable à 1,49 $ le 4 mai.

Depuis ce jour, la situation devient de plus en plus intenable : l’euro fort est positif pour les pays dont la balance commerciale est excédentaire comme l’Allemagne mais létal pour les économies du Club Med.
L’euro fort permet aussi de maintenir les capitaux dans sa zone mais ils se réfugient surtout sur l’ersatz de deutschemark qu’est le Bund au détriment des bons des Trésors du Club Med dont les rendements explosent : l’écart entre le rendement du 10 ans portugais et celui du Bund a atteint un sommet historique lundi 23 mai, largement au dessus de son point haut du début mai 2010,
Graphique 2 :

La situation du Portugal est en dehors de toute logique économique.

Les rendements des bons du Trésor de l’Espagne ont bondi eux-aussi, ce qui signifie que ce pays est dans une situation pire que celle de l’Argentine fin 2001 avant une dévaluation du peso par rapport au dollar de 70 %,
Graphique 3 :

L’Italie est dans une situation à peine comparable avec une dévaluation potentielle et optimale dans les 60 %,
Graphique 4 :

La France n’est pas épargnée avec une dévaluation potentielle et souhaitable de l’ordre de 15 % par rapport au deutschemark, ce qui est proche de la dévaluation de Pompidou en 1969,
Graphique 5 :

En 2007 et au premier semestre 2008, les rendements des bons des Trésors étaient dans les normes. Les turbulences financières créées par les gens de la Fed et du gouvernement américain ont créé un choc qui est fatal à l’euro (comme l’avait prédit Milton Friedman) : la crise s’est manifestée début mai 2010 et elle a rebondi récemment, l’annonce de la démission d’Axel Weber de la Buba donnant le point de départ du début de la fin,
Graphique 6 :

Si l’Espagne et l’Italie sont dans une mauvaise situation, celle du Portugal est tout à fait hors normes,
Graphique 7 :

C’est pire pour la Grèce (dont je n’ai pas suivi l’évolution des rendements),
Graphique 8 :

Dans l’avenir proche, tout peut se produire à tout moment. La communauté politique euro zonarde soutenue par la communauté financière (et surtout bancaire !) exige le maintien de l’euro système, les gens de la Fed veulent maintenir l’euro système dans les normes, les marchés donnent les bonnes indications qui sont en contradiction avec ces politiques.

Le scénario de l’horreur selon l’expression de Christian Noyer aura lieu mais ses détails ne sont pas encore connus.

Les données utilisées pour les graphiques sont celles de Reuters en fin de journée américaine et de notre ami Fred de Saint Louis pour la parité euro dollar.

8 réflexions sur “€ crise : actualité…”

  1. Bonjour.
    Etes vous réellement persuadé que l’eurogroupe va laisser exploser les banques et états pour une dette de 300 Md€ ? Soit vous êtes naïfs , soit vous poussez à la vente d’un produit de bookmakers.
    Bien sûr que l’eurogroupe ira même jusqu’à solder lui même cette dette.

  2. Espérons que le scenario de l’horreur arrive après les élections 2012 car je ne préjuge du résultat des votes vers les extremes autrement…

  3. En tout cas grâce à votre site décodeur de ce qui se trame, je comprends mieux et avec plus de recul ce genre de dépêche AFP : AFP le 24/05/2011 à 13:27

    L’Europe se déchire sur l’avenir de la dette de la Grèce :

    Les responsables européens affichent des divergences croissantes et au plus haut niveau sur l’opportunité d’en passer par l’option risquée d’une restructuration de dette pour résoudre la crise grecque, mettant à rude épreuve la cohésion de la zone euro.

    Discret jusque là sur le sujet, le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, est venu ajouter mardi à l’impression de cacophonie en mettant en garde contre toute forme de restructuration: version douce avec rééchelonnement, ou option radicale avec non remboursement d’une partie de la dette.

    « Il existe un vrai danger qu’une forme ou une autre de restructuration ou rééchelonnement de la dette aggrave la situation », a-t-il déclaré à Paris.

    « Les risques d’échec de telles opérations sont grands par rapport aux avantages potentiels », a-t-il insisté, « c’est pourquoi l’accent doit continuer à porter sur la mise en oeuvre des réformes difficiles mais nécessaires » en Grèce.

    Ce faisant, il a pris le contre-pied du chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, qui a brisé un tabou la semaine dernière en se disant ouvert, sous conditions, à une « restructuration douce » de la dette de la Grèce avec des délais prolongés de remboursement.

    Une option que la Commission européenne et l’Allemagne n’excluent pas non plus pour les créanciers publics mais aussi les détenteurs privés de dette grecque, banques et fonds d’investissement. Sous réserve qu’au préalable Athènes accélère le programme promis de 50 milliards d’euros de privatisations — aucun actif public n’a été cédé à ce jour — et réforme son économie pour réduire déficit et dette.

    Bruxelles a du reste salué mardi le plan de redressement présenté la veille par le gouvernement grec, prévoyant des privatisations immédiates, notamment dans les télécoms et la banque postale, ainsi qu’une rigueur renforcée.

    Mais l’idée d’une restructuration suscite de fortes réserves en France. « La restructuration ou le rééchelonnement qui serait de nature à constituer une situation de défaut sont pour moi +off the table+, on n’en débat pas », a récemment dit à Bruxelles la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

    L’Espagne et l’Italie la considèrent aussi d’un mauvais oeil. Ces deux pays redoutent une grave crise de confiance affectant toute la zone euro, qui les placerait à leur tour en première ligne face aux marchés financiers et mettrait en péril l’Union monétaire.

    Ils l’ont fait savoir clairement à Athènes lors d’une récente réunion secrète à Luxembourg des principaux pays de l’Union monétaire avec Athènes, demandant aux autorités grecques de redoubler d’efforts pour assainir ses comptes, selon des diplomates.

    La Banque centrale européenne campe elle aussi sur son refus de toute restructuration.

    L’un de ses membres, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, a estimé mardi que ce serait « l’effondrement de l’économie grecque, c’est le scénario de l’horreur ».

    Quant à « l’allongement des maturités (délais de remboursement des obligations grecques), il pose des questions juridiques très compliquées, il y a de fortes chances pour que cela soit l’équivalent d’un défaut », a-t-il mis en garde.

    Si la Grèce était considérée dans l’incapacité de rembourser son dû, elle devrait être concrètement maintenue sous perfusion financière pendant des années par la communauté internationale, à commencer par l’Europe, car elle ne pourrait plus emprunter sur les marchés.

    Une restructuration de la dette grecque aurait des conséquences négatives, y compris pour d’autres pays européens, a prévenu à ce sujet l’agence de notation Moody’s dans un rapport publié mardi.

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