Pendant des décennies et même des siècles, les nations ont accumulé des réserves d’or (dans les comptes des banques centrales) car la communauté financière était persuadée que la détention d’or garantissait la valeur de leur monnaie.
Après l’abandon de la libre convertibilité du dollar en or, le 15 août 1971, quid de cet or ?
Les dirigeants de la Bank of England et de la Banque du Canada ont donné les bonnes réponses : cet or appartient à la nation, c’est-à-dire à l’Etat qui est le principal client de la banque centrale où il met en dépôt cet or comme peuvent le faire les clients des banques commerciales dans des coffres.
Conclusion logique : cet or n’est plus comptabilisé dans le bilan de ces deux banques centrales de référence, cliquer ici pour lire mon article à ce sujet.
C’est simple, tout est simple, sauf pour les nuls que sont notre Bécassine adorée et Jean-Claude Le Tricheur car, après avoir bien analysé le problème au départ dans le sens où ils admettent que l’or appartient non pas à la Banque de France mais à l’Etat…
Document 1 :
… ils mettent un soin particulier à induire en erreur le public en ne publiant pas clairement le montant des capitaux propres.
Pour cela, ils ont imaginé une usine à gaz pour ne pas comptabiliser les pertes sur les variations du cours de l’or dans le résultat exceptionnel au moyen de ces réserves de réévaluation des réserves en or !
L’or demeure donc toujours comptabilisé à l’actif de la Banque de France comme s’il lui appartenait encore !
Document 2 :
Il s’agit là d’une faute très grave car le bilan de la Banque de France ne donne pas une image fidèle de la réalité en s’appropriant indument l’or national.
N’importe quel patron de banque (ou de petite entreprise) qui comptabiliserait dans ses actifs (et dans ses capitaux propres) des biens dont ses clients sont propriétaires serait poursuivi et condamné pour publication de faux bilan, ce qui n’est pas le cas des gens de la Banque de France, évidemment…
Pour que les comptes de la Banque de France donnent une image fidèle de la réalité, il faudrait donc biffer cet or à l’actif…
Document 3 :
… et en contrepartie au passif, dans les capitaux propres, pour le même montant,
Document 4 :
Dès lors, le montant des capitaux propres (somme de P 12 à P 18 sauf P 13 et P 15 !) tombe de 105,492 milliards d’euros à… 28,149 milliards !
Le total des dettes passe alors à 472,245 milliards d’euros ce qui correspond à un multiple d’endettement (le leverage) qui se monte à 16,8 correspondant à un ratio Tier 1 réel (son inverse en pourcentage) de 6,0 % !
Pire encore : les Marioles de la BCE font la même faute, en plus grave car elle porte sur des montants plus élevés et là encore il faudrait donc biffer cet or à l’actif (sur le bilan au 1° janvier 2016)…
Document 5 :
… et en contrepartie au passif, dans les capitaux propres, pour le même montant,
Document 6 :
Le montant des capitaux propres (rubriques 11 et 12) tombe alors de 443,373 milliards d’euros à 104,660 milliards.
Le total des dettes passe alors à 2 337,772 milliards d’euros ce qui correspond à un leverage) de 22,3 correspondant à un ratio Tier 1 réel de 4,5 % !
Un petit rappel : d’après ce bon vieux Greenspan, le multiple d’endettement (le leverage) des banques devrait être inférieur à 10 pour respecter les règles prudentielles de façon à ce que la confiance règne dans le système bancaire…
…et un autre rappel : la BCE est habilitée à gérer l’euro-système mais ni elle ni la Banque de France n’ont été autorisées à ne pas respecter les règles comptables (IFRS) dont l’application est obligatoire pour toutes les entreprises qui doivent publier des comptes (résultat et bilan).
Dans ces conditions, il est donc compréhensible que la confiance ne règne plus dans l’€-système ni en cette monnaie contre nature qu’est l’euro.
Comme notre paysan de Böhm-Bawerk, les malheureux €-zonards conservent leur argent non pas sous leur matelas mais en billets et surtout sur leurs comptes courants comme l’indique l’agrégat monétaire M1 qui se monte à 63 % du PIB annuel, cf. mes articles à ce sujet.
L’argent ne circule plus dans la zone euro.
La circulation monétaire est bloquée, ce qui bloque la croissance.
Tout est simple.
Pour aggraver la situation…
– d’après les estimations de la BCE, les banques de la zone (qui ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement) ont 1 000 milliards d’euros de créances douteuses, c’est-à-dire irrécouvrables,
– le système de paiement Target 2 fait apparaitre des déficits de l’ordre de 230 milliards en fin de mois pour les seules banques espagnoles et italiennes,
– les rendements du Bund sont anormalement maintenus en territoire positif alors qu’ils auraient dû rejoindre ceux du Schatz, rendant plate la courbe des taux prédisant ainsi une croissance nulle, ce qui est une configuration inimaginable qui ne s’est jamais produite,
– la politique monétaire dite accommodante de la BCE qui consiste à prêter des centaines de milliards d’euros à des banques qui les redéposent à la BCE ne produit que des effets négatifs.
Les cours des actions s’effondrent, se reprennent parfois, les variations des agrégats monétaires des Etats-Unis battent des records historiques.
Dans ces conditions, il est donc compréhensible que de grandes turbulences financières se développent sur les marchés mondiaux.
Dans l’avenir proche, le pire n’est pas certain mais possible.
Pour l’instant, tout va bien.
Cet excellent dossier ne fait que conforter mon choix d’épargne hors de France, hors UE, hors US, mais plutôt du coté de la MCB et son leverage inférieur à 8…
Danke schoen. Monsieur Chevallier.
Autant votre première partie était très claire et parfaitement logique, autant votre raisonnement dans ce billet ne tient pas debout :
– Admettons que vous ayez raison sur le point du des réserves d’or qui n’auraient pas du être inscrites à l’actif des banques centrales européennes
– Admettons même que Greenspan (qui a dit énormément de crétineries) ait raison sur le point du ratio de leverage des banques Commerciales.
Il se trouve qu’une banque centrale est à la source d’une’ forme de création monétaire et peut à loisir émetre des IOU sans contrepartie. La notion d’un bilan équilibré n’a donc pour elle strictement aucun sens (voir les analyses de Paul de Grauwe à ce sujet). Votre raisonnement là dessus ne tient donc pas.
En outre, vous expliquez que les européens n’ont plus confiance dans l’euro comme monnaie, mais qu’ils en gardent des quantités astronomiques dans leurs compte à vue. Complètement illogique : s’il n’avaient réellement pas confiance, ils feraient tout pour s’en débarasser, et nous connaitrions une hyperinflation. Un défaut de confiance dans la monnaie se traduit par une circulation excessivement rapide, et non l’inverse.
Que l’euro souffre de gros défauts dans sa conception, certes, mais pas ceux-ci.
Non !
Monsieur Chevallier, c’est toujours très difficile de dialoguer avec quelqu’un qui refuse d’écouter. Particulèrement lorsque les croyances l’emportent sur la logique… Bon courage à vous et surtout merci pour ces billets
vous n’avez pas pris mon post dans le premier billet pourtant il donne des infos objectives :
Il faudra dire aux très nombreuses personnes qui vivent dans les pays qui ont vu leur monnaies diminuer de 30, 40, 50, ou 100% par rapport au dollar que l’or est un mauvais placement…
Emile,
pourquoi l’or serait un mauvais placement, si vous êtes Russe et que vous aviez acheté de l’or avec vos roubles avant la crise, votre or aura maintenu votre pourvoir d’achat après la dévaluation car il vaut beaucoup plus en rouble aujourd’hui. Si l’or n’est pas idéal pour spéculer, il protège en revanche votre patrimoine.
Lucas,
C’est tout à fait ce que je voulais dire, dans les nombreux pays qui ont dévalué par rapport au $, les personnes les plus protégées sont celles qui avait de l’or.
Merci
On lit partout des âneries à propos de l’or ! le métal jaune , la relique barbare , ne rapporte rien !!
C’est archi-faux ! Si l’or ne distribue pas de coupons trimestriels ou annuels comme les actions ou les obligations il est un produit d’investissement pour…les plus-values qu’il génère !
Seulement l’investisseur doit être patient ! En attendant il peut dormir tranquille : son patrimoine est à l’abri en période troublée (et c’est actuellement le cas !) et si les cours sont chahutés ( par les manipulateurs désespérés que sont les banques centrales) il sait que son investissement sera la solution quand l’économie sera officiellement à terre!