Or, monnaie et monétarisme

Une petite réflexion s’impose sur l’or et la monnaie à la suite de la publication des bilans des grandes banques centrales…

Le cours de l’or a été multiplié par 7,5 entre 2001 (alors qu’il stagnait aux alentours de 250 dollars l’once) et un sommet de 1 911 US$ atteint fin août 2011 en surperformant a priori tous les autres placements sur cette période,

Document 1 :

Par la suite, son cours a chuté, en particulier de 28 % en 2013.

Pourquoi de telles variations ? Et en particulier pour quelles raisons son cours a-t-il tant augmenté pendant une dizaine d’années ?

L’augmentation des cours de l’or s’explique a priori très bien par celle des achats d’or par les Chinois sous diverses formes (joaillerie, lingots ou autres) : leur stock d’or est passé de 250 tonnes environ en 2000 à… 6 385 tonnes en 2013 ! … grâce à la croissance du PIB comme le montre très bien ce graphique publié par Goldbroker.com,

Document 2 :

Le stock d’or détenu par les Chinois a donc été multiplié par plus de 25 fois en une douzaine d’années ! … ce qui a donc fait augmenter normalement les cours mondiaux (x 7,5).

Ces achats massifs d’or s’expliquent par le fait que les Asiatiques préfèrent traditionnellement toujours avoir leur argent disponible chez eux (en espèces ou à partir d’un certain niveau de fortune en or, facilement monnayable en cas de besoin) plutôt que dans des banques dans lesquelles ils n’ont pas confiance, et ils n’ont certainement pas tort ! Les banksters sont partout dans le monde.

Par la suite, les autorités indiennes ont augmenté les taxes sur l’or pour faire baisser les achats d’or, ce qui a été très efficace : les cours ont logiquement baissé du fait de la moindre demande indienne, ce qui a été accentué par la baisse des encours de l’or détenu en tant que pur produit financier (ETF).

Les banques centrales n’ont pas joué de rôle actif sur le marché de l’or. Leurs dirigeants ont raison de ne pas en acheter car l’or n’est pas le meilleur actif pour une banque centrale, et il leur est difficile d’en vendre des quantités significatives compte tenu des mentalités très attachées symboliquement à l’or.

Dans ces conditions, quid de l’avenir des cours de l’or ?

Tout dépend de la politique adoptée par les autorités asiatiques.

Les autorités indiennes auront tendance à continuer à restreindre les achats d’or par les Indiens toujours très attirés par l’or car ces importations ont des effets directement catastrophiques sur la balance des paiements.

Les autorités chinoises commencent à essayer d’assainir leur système bancaire. Les Chinois devraient donc avoir davantage confiance dans les banques et ils devraient être attirés par les meilleurs placements, ceux qui sont les plus rentables à long terme, ceux qui créent le plus de valeur : les actions comme le montre clairement l’augmentation des bénéfices des sociétés aux Etats-Unis de 7,5 % d’une année sur l’autre sur la longue période,

Document 3 :

L’or est un produit stérile. Il ne crée pas de valeur. B-2, le bombardier furtif, Ben Bernanke a particulièrement bien étudié le rôle de l’or dans son jeune temps. Pour lui et ses collaborateurs dans cette étude, les achats massifs d’or par la France ont été la cause principale de la crise des années 30, la Great Depression.

En effet, l’épargne s’est alors dirigée préférentiellement sur l’or qui a ainsi stérilisé l’argent qui aurait dû être investi dans des entreprises créatrices de richesses.

La contrepartie d’une monnaie n’est pas l’or comme le croyaient à tort les hommes jadis, mais la richesse créée au sein de la nation.

La date historique la plus importante dans l’histoire économique mondiale est bien celle du 15 août 1971 lorsque les Américains ont eu la bonne idée de déconnecter le dollar de l’or.

Ainsi, depuis cette date, les monnaies sont définies les unes par rapport aux autres, l’or étant un produit (généralement un actif) parmi d’autres évalué en monnaie (nationale).

Bien entendu, l’augmentation des cours de l’or depuis 2000 n’a rien à voir avec la politique monétaire dite accommodante menée par la Fed. Comme je l’ai écrit à maintes reprises, elle a eu pour effet d’accélérer la circulation monétaire… sans création monétaire.

Cliquer ici pour accéder au site de Goldbroker.com qui est aussi un acteur sur le marché de l’or.

13 réflexions sur “Or, monnaie et monétarisme”

  1. En effet, l’épargne s’est alors dirigée préférentiellement sur l’or qui a ainsi stérilisé l’argent qui aurait dû être investi dans des entreprises créatrices de richesses.

    vous voulez dire  » l’argent qui aurait été volé par les états  »

    l’or n’a pas de valeur évidemment.
    sa valeur c’est de ne pouvoir être imprimer à volonté
    ne faites pas semblant de ne pas comprendre

  2. Votre constatation est limpide, Mr Chevallier, comme trop souvent !

    Cependant, comme vous le soulignez, le cas de l’Or reste un actif particulier qui, me semble-t-il, s’apparente plus à une assurance et à une contre-partie dans certaines conditions.

    Car vous oubliez de préciser que la Chine a plus de 2 trillions d’excédents libellés en Dollar, et que par les moments d’incertitudes et de conflits monétaires actuels, elle a besoin de diversifier ses avoirs. Cela pour des raisons stratégiques, car elle compte bien pesée sur le devenir de sa monnaie, entre autres.

    Donc, le cas de la Chine n’explique pas tout le ramdam sur le cours de l’Or. Les positions de Goldman-Sachs sont certainement plus énigmatiques et ambiguës… Quant au fixing du prix de l’or, il relève plus de l’alchimie frauduleuse que d’un marché digne de ce nom.

    L’Or reste, dans l’Histoire de ce monde, la plus délirante des aventures humaines, depuis des millénaires. Les croyances sont irrationnelles et l’Or a toujours été considéré comme la monnaie des Dieux. Les cadavres n’ont pas fini de s’aligner avec les fanatiques de ce métal, ce qui relève plus de la physiatrie que de l’investissement.

    La Fed a tracé une ligne, qui repose entre autres sur son Dollar, son armée…et l’or noir ! Tout le reste c’est de la spéculation avec peu de gagnants et beaucoup de perdants…Et ‘histoire nous apprend que si l’Or dépasse la ligne, il sera confisqué d’une manière ou d’une autre.

    Ce-ci n’est qu’un point de vu très personnel.

  3. Grèce : 28 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 61,4 %.

    Espagne : 25,8 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 54,6 %.

    Croatie : 18,8 % de chômage.
    Chômage des jeunes : 49,8 %.

    Chypre : 16,8 %.
    Chez les jeunes : 40,3 %.

    Portugal : 15,3 %.
    Chez les jeunes : 34,7 %.

    Slovaquie : 13,6 %.
    Chez les jeunes : 31,3 %.

    Bulgarie : 13,1 %.
    Chez les jeunes : 30 %.

    Italie : 12,9 %.
    Chez les jeunes : 42,4 %.

    Irlande : 11,9 %.
    Chez les jeunes : 26 %.

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    Vous vous rappelez ce que disaient les hommes politiques et les économistes pour nous inciter à voter « oui » au traité de Maastricht ?

    Les économistes qui ont voté « oui » au traité de Maastricht lors du référendum du 20 septembre 1992 sont des aveugles, des menteurs, des charlatans, des escrocs, des crétins, des astrologues (rayer la mention inutile).

    – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

  4. je ne suis pas d’accord lorsque vous dites que les Américains ont eu « la bonne idée » de déconnecter le dollar de l’or ».
    Le général de Gaulle a dit , et je suis son raisonnement,
    «Nous tenons pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir d’autre critère qu’un étalon autre que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. »

  5. Ce raisonnement sur l’or serait valable Mr Chevalier, si comme vous le dites , les monnaies s’appréciaient librement. Seulement l’interventionnisme sur les fluctuations monétaires, interventions là des banques centrales, biaise le fonctionnement. De plus, pour un produit « livrable » on aurait du interdire les ETF; le principe de vendre ce que l’on a pas, surtout quand cela existe physiquement, c’est une belle erreur, ou plutot un beau hold up.
    LEs positions short de la JP ou de la GS ont été beaucoup sur le silver mais a eu des conséquences sur le gold.

    On peut toutefois s’interroger quant au refus de la FED pour l’évaluation de ses stocks d’or. Pourquoi tant de secret autour de l’or si ce dernier n’a aucune importance pour la Fed?
    L’or allemand qui va mettre 10 ans pour faire les US l’allemagne… étonnant quand même !

    La planche à billet, création monétaire de facto en europe aurait du entrainer si je suis votre raisonnement, une baisse de l’euro au profit du dollard. Nous avons assisté au contraire.

    La vrai valeur d’une monnaie doit en effet correspondre à la productivité et la richesse d’un pays mais les manipulations sont légions.

    La valeur d’une monnaie papier n’est liée en fait qu’à une seule chose, quoi qu’on en dise:

    La confiance que lui accorde les gens qui l’utilise.
    La monnaie est donc liée à la politique tout entière d’un pays et pas seulement la politique monétaire.
    Ce qui n’est d’ailleurs pas mieux que quand la monnaie était liée à l’or.
    De ce fait si les utilisateurs perdent confiance, il se retourneront vers un actif physique échangeable facilement et dont la valeur est liée à ses stocks, et aux demandes (loi de l’offre et de la demande).
    Alors on va pas écahnger des barils de pétrole dans la rue, ni des plaques de Tungstène, je pense que c’est plus facile avec des pièces !!!

    Les économistes ont tendance à oublier que ce ne sont pas eux qui font l’économie, ce ne sont pas des B2 ou autre, mais c’est le peuple, les consommateurs qui font l’économie.
    L’était actuel de l’économie, sa complexité, et son côté obscur rendent complexe les risques et les conséquences. Le peuple ne peut pas comprendre le système économique, les apprentissages sont de mauvaise qualité dans les écoles, la formation est médiocre, donc les gens n’ont pas la culture et la connaissance pour comprendre le fonctionnement du système actuel.
    Que se passe t il quand on ne comprend pas un système, et qu’on a la sensation qu’il nous viole, euh pardon nous vole?

    En général, on perd confiance.

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