Productivité, emplois, croissance et culture économique

Un rappel et de petites précisions s’imposent manifestement à propos de la croissance, des emplois et de la productivité et plus particulièrement après la publication de certains chiffres aux Etats-Unis…

Les gains de productivité sont normalement de l’ordre de 2,5 % d’une année sur l’autre sur la longue période et c’est très exactement ce qui s’est produit depuis 1992, date à partir de laquelle a commencé la longue période de croissance liée au développement des techniques nouvelles en particulier avec internet et les micro-ordinateurs,

Document 1 :

La meilleure définition de la productivité est celle de l’output par heure de travail dans les entreprises (hors agriculture), OPHNFB, Nonfarm Business Sector: Output Per Hour of All Persons de notre ami Fred de Saint Louis.

Elle peut se calculer d’une année sur l’autre ou d’un trimestre à l’autre, en données annualisées,

Document 2 :

La croissance du PIB, c’est-à-dire la richesse des nations et de leurs habitants, est logiquement le résultat de l’augmentation de la population et (+) les gains de productivité.

C’est simple, évident. Tout le monde devrait le savoir.
C’est un thème classique, bien connu et analysé en particulier par Böhm-Bawerk, Schumpeter et ce bon vieux Greenspan pour lequel le problème numéro 1 de l’Amérique est de maintenir à l’avenir ces gains annuels de productivité à ce niveau de 2,5 %, ce qui est fait pour le moment.

Dans un pays où le niveau de productivité globale est très élevé comme les Etats-Unis, les personnes qui ont une faible qualification ont beaucoup de difficultés à trouver un emploi alors qu’il subsiste une pénurie de diplômés de niveau bac + 4 et + comme le montrent clairement les statistiques depuis un certain nombre de mois et d’années,

Document 3 :

(cliquer sur le document pour l’agrandir)

La croissance du PIB aux Etats-Unis est donc normale. Les personnes les plus performantes sont au niveau de chômage incompressible de 4 %. C’est le goulot d’étranglement. Impossible de faire mieux.

Depuis ces dernières années, il n’y a plus beaucoup d’emplois pour ceux qui n’ont pas bien travaillé à l’école, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas réussi à obtenir un diplôme d’une grande université.

Comme je l’ai déjà écrit précédemment, le taux de chômage n’est qu’une résultante de la croissance et des gains de productivité et non pas un but à atteindre (en cherchant à le minimiser).

Partout dans le monde, dans les régions les plus pauvres, beaucoup de gens travaillent beaucoup, y compris les femmes et les enfants, et pourtant le niveau de vie est très bas.
La richesse des nations et de leurs habitants n’est pas obtenue en augmentant la quantité de travail mais la productivité, ce qui est réalisé dans les pays riches avec de faibles quantités de travail.

Les vociférations des innombrables idiots, a priori inutiles, qui se déchainent en contestant certains chiffres officiels publiés aux Etats-Unis et en en tirant des conclusions qui ne sont pas pertinentes n’ont manifestement aucune culture économique de base mais internet, Twitter et autres Facebook, au lieu de faciliter la diffusion des connaissances, favorise paradoxalement ces gens là en leur garantissant un succès planétaire. C’est le triomphe du pire panurgisme.

Heureusement, ces idiots inutiles peuvent devenir miraculeusement utiles dans la mesure où ils peuvent alimenter la spéculation gagnante.

Cliquer ici pour voir les chiffres du site du gouvernement des Etats-Unis d’où est tiré le document 3.

18 réflexions sur “Productivité, emplois, croissance et culture économique”

  1. François Lenglet, en seulement 2 minutes 43, dit tout ce qu’il fallait dire :

    « Le dogme de l’euro anéantit plusieurs pays en Europe. »

    « Il va falloir dissocier le destin des pays qui n’ont rien à faire dans l’euro et pour lesquels cette monnaie est délétère, et les autres pays, qui vont tâcher de s’arrimer à l’Allemagne. »

    http://auxinfosdunain.blogspot.com/2012/02/francois-lenglet-sur-leuro.html

    En clair :

    – le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, Chypre, etc, vont quitter la zone euro ;

    – les autres pays vont tâcher de s’arrimer à l’Allemagne.

    La zone euro va se disloquer.

  2. Vous avez absolument raison. C’est la hausse de productivité qui entraîne la croissance. Cette hausse de croissance vient principalement de l’innovation et de l’optimisation. A noter que l’innovation n’est pas uniquement technique mais peut aussi être marketing, organisationnel ou commercial. Idem pour l’optimisation qui peut aussi venir de simples effets d’échelles ou de la spécialisation …

    C’est pour cela que la France va si mal. Toutes les politiques des 30 dernières années, en s’attaquant aux conséquences (le chômage et les inégalités) au lieu de la cause (une productivité globale trop faible) amplifient au contraire le phénomène. On nous vend en permanence un « protection » de l’Etat qui consiste justement à accumuler des réglementations contraignantes dans tous les domaines, diminuer la flexibilité et la réactivité, sanctionner les productifs au profits des improductifs. Le résultat est que malgré les progrès technologiques, l’ouverture des marchés européens et la qualité d’une partie de nos diplômés nous avons de la peine à avoir des gains de productivité donc des croissance décentes … Le chômage et les inégalités augmentent donc ce qui permet à nos politiques de persévérer dans leurs erreurs …

    A noter que malheureusement la plupart des français tombent dans le panneau. Un de mes amis s’est plaint de son hyper-marché car ils ont introduit des machines de pesée automatique ainsi que des caisses pour ceux qui scannent eux-même leurs courses. Pour lui cela détruit des emplois … Le gain de productivité globale et de coût, y compris des clients qui ne perdent plus une demi-heure chacun à faire la queue et ont tous les prix lui passe au dessus de la tête. De la part d’un bac+5 je suis atterré, mais je pense que c’est caractéristique de français qui répètent bien sagement les mensonges qu’on leur répète inlassablement …

    1. Le formatage de la formation dans les « grandes écoles » via les concours d’ entrée choisi d’ élèves sans fantaisie ou si vous préférez sans un petit grain de folie qui permet de douter des concepts académiques .
      En économie je crois le grand gourou Milton Friedman et ses adeptes l’ école de Chicago ,base de tous les économistes actuels; ils sont aveugles à des vérités simples .
      La croissance infinie mirage ou religion ? Qui peut en croire?
      La globalisation ou mondialisme des échanges avec une concurrence sauvage avec le capital sans frontières vu son essence apatride , en opposition au producteur de richesse réel(ouvrier,petit artisan, paysan, etc) patriote par définition, créateurs du tissue social qui forme une nation. A qui profite?
      Votre analyse très superficiel manque de distance pour comprendre la situation actuel, la vision me parait ,doit être pluridisciplinaire la simple économie qui, loin d’ être une science érigé en religion par certains est insuffisante .

  3. Je suis d’accord avec vous, je trouve cela très pertinent mais cela soulève une question importante pour l’équilibre social des sociétés occidentales. Comment concilier augmentation de la productivité et paix sociale? Inévitablement, même si la productivité crée de nouveaux emplois qualifiés, il n’en reste pas moins qu’elle détruit d’autres emplois moins qualifiés. Comment intégrer ces derniers pour éviter un chaos social destructeur pour l’ensemble?

    Il s’est passé le même phénomène dans les Etats-Unis des années 20 avec l’arrivée du tracteur qui a envoyé des millions d’ouvriers agricoles en ville alors que l’industrie ne pouvait pas encore les absorber. La crise de 29 en a été la résultante (avec d’autres facteurs). J’ai l’impression que l’on soit dans cette phase actuellement où l’économie est en mutation avant l’émergence d’une société « post-industrielle » d’innovation importante avec la robotique ou encore la révolution énergétique…
    J’ai le sentiment que l’Allemagne a compris cela avant les autres pays ainsi la baisse de sa population serait un avantage. Elle peut ainsi gagner en productivité sans laisser trop de gens sur le bord de la route qui coutent chers dans nos pays européens disposant d’amortisseurs sociaux. (ces mêmes amortisseurs qui trompent le marché en maintenant cher l’immobilier et autres produits et services et au final nous empêche d’être compétitifs sur les marchés mondiaux). Libre à elle également de favoriser l’immigration comme variable d’ajustement si elle en a besoin. De Grèce par exemple…

    A l’inverse, la Chine à qui l’on loue tant de qualités va subir de plein fouet la futur révolution industrielle de la robotique. Ces millions de petites mains risquent de ne plus être compétitives face aux robots qui dit-on sont aujourd’hui compétitifs face à un cout de l’heure de 2 dollars.

    Bref, réflexions d’un citoyen ordinaire non économiste qui essaie de réfléchir sur les problèmes actuels.

      1. Je suis curieux de savoir comment est il résolu puisqu’à mes yeux, celui-ci se pose encore. Vous voulez dire que l’on a la solution mais qu’on ne l’applique pas? Je ne comprends pas le sens de votre réponse.
        Merci

    1. Bien vu , une des questions qui se posent aux élites ; est la réduction de la population , qui permettrait continuer à la contrôler sans trop de heurts.
      Le souci bien sur ,est le moyen ; par la guerre? radical mais efficace pour 2 raisons
      1 : la diminution de la population .
      2: la relance économique du à la reconstruction .
      Il ne vous semble pas du déjà vu?
      🙂

  4. Bien sur que les gains de productivité augment la richesse.
    Mais il ne faut pas oublier que ça ne peut fonctionner que si cette richesse est redistribuée… ou si on est moins nombreux !
    Et ne pas oublier non plus qu’on a beaucoup gagné en compétitivité en ne fabriquant plus chez nous un tas de choses et en les faisant fabriquer par des gens payés une misère et vivant dans des conditions honteuses. Là, coté productivité on atteint des sommets, mais coté emplois on est proche de zéro.

    Quand a l’exemple des caisses automatiques, très bien, c’est plus productif… mais il y a encore mieux, les grandes surfaces ou on remplit son caddy sur internet et où on va récupérer (ou se faire livrer) ses courses sans sortir de sa voiture… là, tout le traitement peut être automatisée a 100% de la prise de commande à la remise de la commande au client, en passant par l’entretient des entrepôts.

    Alors oui, l’augmentation de la productivité, si elle détruit des emplois peu qualifiés, passe par la créations d’emplois plus qualifié. Mais ne jamais perdre de vue que pour qu’il y ait gain de productivité il faut que le solde d’emploi soit négatif…

    Donc moi, il faut m’expliquer où l’on va en étant de plus en plus nombreux (on raille les Allemand sur leur démographie chancelante), en étant de plus en plus productif (pour avoir plus de richesse, et de toutes façon, c’est le sens du progrès technologique) pour avoir plus de croissance, mais en ayant de moins en moins d’emplois a proposer… bha oui, on est plus productifs, on est de plus en plus nombreux, et tous les travaux ‘sales’, ‘fatigants’, ‘peu valorisants’, ‘ne nécessitant pas un bac + 12’ on les fait faire ailleurs…. Et pour ce types d’emplois peu gratifiants que l’on ne peut délocaliser (ou sous traiter a nos lointains esclaves modernes) il y a tellement de ‘pauvres gens’ sur le marché du travail, qui veulent bosser un peu pour tenter de gagner leur vie qu’on peu se permettre de les payer au lance pierre et de les traiter comme des chiens.
    Que l’on m’explique !

  5. « Un de mes amis s’est plaint de son hyper-marché car ils ont introduit des machines de pesée automatique ainsi que des caisses pour ceux qui scannent eux-même leurs courses. »

    Allons jusqu’au bout de la démarche qui consisterait à remplacer la totalité des emplois par des robots (sauf le coiffeur peut-être, quoi que…) ce qui reviendrait à vider les usines, pour ne garder que quelques centaines de « cols blancs » dans le but d’assurer la maintenance; ce serait alors un vrai plaisir de pouvoir faire ses emplettes dans des centres commerciaux quasiment vide d’occupants, surtout pour la petite minorité qui en aurait encore les moyens.

    Et quand bien même, il faudrait être naïf pour croire que les pays émergents resteraient les bras croisés sans prendre de mesures de protection contre ce qui pourrait s’assimiler à de la concurrence déloyale.

    Ce n’est donc pas un hasard si la Chine restreint ses quotas d’exportation en terres rares (90% de la production mondiale). Le message est donc clair pour ceux qui souhaiteraient produire des biens à forte valeur ajoutée, la Chine reste incontournable.

    1. Non. Les gains de productivité dégagent les moyens permettant l’apparition de nouveaux besoins. C’est cette augmentation des besoins qui absorbent la main d’oeuvre disponible. Avec des raisonnements simplistes, on n’arrive pas à comprendre où sont passés les main d’oeuvre importantes qui occupaient avant les campagnes puis les usines. On ne vit plus aussi chichement qu’au moyen-âge pour ceux qui auraient oubliés. L’industrie des loisirs est un bon exemple de besoin qui n’existait pas avant que nous soyons assez riches pour nous les permettre …

  6. Cher monsieur je trouve les chiffres du chômage aux USA dans le BLS et sans avoir votre culture économique, je me pose la question suivante :, le chiffre de 8,3% de chômage est vrai?; en sachant que ils ont fait disparaître 1.200.000 personnes(population active) des statistiques le mois dernier en jouant sur le taux de population active à savoir que leur population grandit de 1.000.000 de américains toutes les 4 mois (croissance de la population linéaire) donc via cette mensonge la population active tombe à 67,3% si je la fais tomber à 58% / 57% et bien les USA seront les premiers à avoir 0% de chômage.

    Maintenant en prenant les chiffres du BLS :le 8,3 en fait représente +/- 12% si vous prenez en compte les exclues du chômage(les plus de 27 semaines d’ indemnisation et les travailleurs très mais très occasionnels nous arrivons à environ 20% .
    1 américain actif sur 5 sans travail ne représente pour moi une économie en bon état.

    Si on recoupe les personnes bénéficiaires de l’ aide alimentaire 47.000.000 soit 15% de la population;les 8,3% me semblent incorrectes.
    A rajouter la période de chômage qui s’ est allonge a 40 semaines du jamais vu.Pour rappel en 2008 1% était touche par le phénomène en 2011: 7%.;

    Ceci plus le ré-achat massif d’ obligations par Mr. Ben Bernanke , à mes yeux, n’ augure rien de bien pour les USA.
    Salutations
    Joel
    Ps . J ‘ allais oublier de vous commenter, les entreprises américaines licencient leur personnel à gros salaire donc mieux formes pour des salaires plus bas ; moins formes?
    Traduction moins de recette pour l’ état.

  7. En voilà un paquet de commentaires plus ou moins utiles…

    quelques infos gratuites, les amis :
    La finance est un système : le système financier
    La finance est un moyen. Elle n’a aucun « but propre ». Ni aucun préexistence qui l’affranchirait de l’humain.
    Elle est née avant vous et vous survivra.

    Ensuite, tout n’est qu’analyse systémique.
    Prévoir les mouvements de foule désordonnés de tous les idiots plus ou moins utiles pour en profiter.

    Tout est tellement simple pour qui voit la lumière.

    1. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour.

      Merci Tenshi de m éclairer 🙂

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