Industrie : France / Germanie et euro

Comme je l’ai écrit à maintes reprises, tout raisonnement économique doit être étayé par des chiffres, sinon ce ne sont que des idées émises sans lien avec la réalité, c’est du baratin, du n’importe quoi.

Un problème important se pose depuis un certain nombre d’années : celui du déclin de l’industrie dans certains pays au détriment d’autres.
Avec fracas, le Donald a remis ce sujet d’actualité, aux Etats-Unis vis-à-vis du Mexique et de la Chine, mais aussi de l’Allemagne qui bénéficie d’un euro plombé par ces cochons de pays du Club Med, c’est à dire d’une monnaie sous-évaluée, ce qui dope ses entreprises industrielles.
Qu’en est-il en réalité ?

Impossible de disposer de séries statistiques fiables et longues en France, en Allemagne et en Europe pour étudier ce problème.
Il faudrait qu’il existe en France une sorte d’institut donnant des statistiques facilement téléchargeables via internet pour faire des études économiques… Un doux rêve.

Cependant, il existe une solution : notre ami Fred de Saint Louis !
En effet, une simple recherche sur Manufacturing France donne facilement et rapidement l’item Production in Total Manufacturing for France et une série de chiffres remontant à… 1955 jusqu’à fin février 2015 !
Il en est de même pour Production in Total Manufacturing for Germany, Italy et Spain.
Dans ces conditions, il est possible d’étudier ce problème que pose l’évolution de l’industrie dans ces pays…

Ce premier graphique représentant l’évolution de l’indice de la production manufacturière (100 en 2010) permet de mettre en évidence que les entreprises françaises ont été globalement plus performantes que leurs homologues allemandes jusqu’en 1974 (la fin des 30 Glorieuses, avant l’élection de Giscard et l’arrivée de Chirak aux sommets politiciens), puis qu’elles ont évolué plus ou moins en parallèle jusqu’en 2002 (par rapport à leurs homologues allemandes), c’est-à-dire peu de temps après l’adoption de l’euro, pour se faire distancer ensuite nettement

Document 1 :

… ce qui est plus visible sur ce deuxième graphique qui représente l’évolution de l’écart entre la production manufacturière entre l’Allemagne et (moins) la France,

Document 2 :

Autre remarque notable : les entreprises industrielles allemandes ont été beaucoup plus résilientes que les entreprises françaises après la crise de 2008-2009.

Cependant, le plus gros problème (posé par le Donald) est surtout celui de l’emploi dans l’industrie.
Là aussi notre ami Fred de Saint Louis a réponse à tout : il fournit les chiffres de l’évolution des emplois dans l’industrie sur la même longue période !

Ainsi, il apparait que les effectifs dans l’industrie en Allemagne n’ont subi qu’une perte maximale de 12,3 % avec une nette reprise au cours de ces dernières années

Document 3 :

alors que la perte d’emplois dans l’industrie en France a culminée à… 29,4 % pour reprendre faiblement au cours de ces dernières années !

Document 4 :

La situation de l’industrie est pire encore en Italie et en Espagne,

Document 5 :

Zoom sur la période la plus récente mettant bien en évidence cette catastrophe qu’est l’euro pour ces cochons de pays de Club Med, au plus grand profit de l’Allemagne !

Document 6 :

Il est quand même paradoxal que ce soit le Donald qui ait mis en évidence cette sous-évaluation de la monnaie qui est en circulation en Allemagne, favorisant anormalement ses entreprises industrielles, donc faussant la concurrence, ce qui accentue la crise rampante qui sévit dans les pays qui souffrent de cette monnaie surévaluée pour eux qu’est l’euro, monnaie unique contre nature.

13 réflexions sur “Industrie : France / Germanie et euro”

  1. Billet qui tombe à point nommé après la chronique éco de ce jour (à 6h50) de M. Ménanteau sur RTL qui nous explique que le retour au Franc serait catastrophique et que heureusement l’Euro est là pour nous protéger. Trop fort.

  2. Excellent papier 🙂
    Et c’est encore plus rigolo quand on prend 2000 comme année de référence
    Charles Gave propose le graphique sur le site de l’IDL, dans le dossier « euro »

    xoxo

    DrStef

    1. Non : en base 100 en 2000, il est logique que tous les indices se rejoignent ! … puis divergent !
      En fait, c’est l’écart entre les indices qui est important et qui montre que c’est à partir de 2002 que tout bascule, cf. mon graphique 2 et son interprétation.

      1. Vous êtes  » tough » 🙂

        Je savais que j’avais vu la courbe sur Twitter ce matin….

        En fait on observe qu’avec les monnaies nationales (et des dévaluations) la production croit partout avec la même tendance… en 2002 les choses divergent « BIG LEAGUE »

        A partir de 2010 c’est pire que pire 😀

        https://twitter.com/SPIINGOUINOOS/status/831148888732090368/photo/1

        Bonne St Valentin 🙂

        DrStef du Canada en voie de Mexicanisation grâce à Trudeau, Wynne, Notley… 🙁

  3. Merci pour cet article. C’est très juste.
    Cela dit, le simple berger espagnol ou maçon italien l’avait compris dès le premier jour quand il a vu son panier augmenté de plus de 15% (jusqu’à 80% – verre de whisky ) sur des articles comme le pain, le lait, le café, la bière, la viande, le metro et autres. Alors que le simple berger espagnol ou maçon italien avait simplement converti ses prix de ventes au taux fixé. A fin 2016, les prix de ces articles sont stratosphériques (+100% augmentation) en comparaison de l’évolution des salaires. Alors, on peut toujours venir se targuer du pouvoir d’achat qui est somme toute très relatif.

  4. Un petit exemple d’un des pays « du club med/cochons » dont je suis originaire. Avant la passation de pouvoir à l’Allemagne je payais une bière 60 pesetas (Tapa incluse), aujourd’hui la même bière coûte EUR 2.- toute nue, sans TAPA. (1eur=166ptas)

  5. Une seule activité productrice de biens vendables dans le monde……activité manufacturière et ses dérivés.
    La bonne économie est basée sur elle.
    Les services c’est les uns les autres qui se caressent le ventre.
    L’import et l’export doivent être équilibrés.
    Les profits de 10 fois en import ne devraient pas être autorisés.
    La spéculation financière et immobilière interdite.
    L’euro est un mark depuis sa naissance dirigé par les teutons.
    Nécessaire de créer un sous euro mobile fluctuant.

    1. Peut-être, mais vous savez on trouve toujours des contre-exemples partout.
      J’ai une vidéo qui démontre clairement qu’après que l’une des plus grosses institution allemande ait dépensé des millions d’EUR pour rénover sa salle des coffres par une compagnie allemande, la porte du sas s’ouvre avec le premier badge en plastic en le glissant dans la serrure. Par ailleurs, je pourrais vous donner quelques autres noms d’entreprises des pays « pigs » qui sont parmi les meilleurs dans leurs technologie et qui vendent leur produit à l’Allemagne, France, USA, etc…. En effet seuls 2 ou 3 entreprises dans le monde sont capables (à l’heure ou j’écris) de produire ces machines et ni la France ni l’Allemagne en font partie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.