Agrégats monétaires de la zone euro (octobre) pour les nuls

Cet article étant un peu long, j’en mets d’abord l’essentiel, un abstract disent les Américains…

Les Marioles de la BCE publient les chiffres des agrégats monétaires qui n’ont aucun rapport avec la réalité parce qu’ils n’ont aucune culture monétariste et de toute façon, ils sont totalement incapables d’en comprendre la signification, ce qui est grave car une énorme bulle monétaire continue à se développer dans la zone.
La création monétaire porte sur plus de 3 200 milliards d’euros qui sont sur les comptes courants des malheureux Euro-zonards, sur 400 milliards partis se réfugier en Suisse et sur des centaines de milliards en bons de Trésors dont les rendements sont négatifs car les gestionnaires des trésoreries des entreprises préfèrent payer un peu pour y placer leurs disponibilités plutôt que de risquer de récupérer de la monnaie de singe après un tsunami bancaire ayant fait sauter l’euro-système.
Cette hypertrophie monétaire est comparable à celle qui s’est développée dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres et elle aura des conséquences aussi graves.

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Quelques petits rappels sont nécessaires avant d’examiner les derniers chiffres des agrégats monétaires de la zone euro publiés par la BCE pour que les nuls qui ne les comprenaient pas auparavant puissent combler leurs lacunes…

Beaucoup d’Euro-zonards perçoivent bien que quelque chose ne va pas quelque part dans la zone euro mais ils ne savent pas bien précisément ce qui ne va pas et surtout quelles en sont les causes.
Généralement, c’est la financiarisation du système qui est accusée de tous les maux sans que les malheureux Euro-zonards soient capables d’identifier clairement ses modalités, ses causes ni ceux qui en ont provoqué ses dysfonctionnements.
Certains sont plus pertinents en dénonçant une création monétaire, ce qui est juste, mais ils accusent la fameuse planche à billets sans en donner les justifications chiffrées, ce qui ne correspond pas à la réalité.

Pourtant tout est simple, comme le disait et le répétait Milton Friedman, le (grand) père fondateur du monétarisme !

En effet, j’ai montré (et même démontré) en reprenant l’exemple du paysan de Böhm-Bawerk que la circulation monétaire conditionne l’activité économique, ce qui se traduit à notre époque par le fait que la croissance du PIB réel est inversement proportionnelle à la variation de la masse monétaire libre, ce qui signifie en d’autres termes et plus simplement que, si la masse monétaire augmente trop vite, la croissance baisse, le chômage augmente inexorablement et plus rien ne va plus.

Les Américains publient les séries statistiques des agrégats monétaires depuis l’après-guerre, ce qui permet d’établir des normes de bonne gestion en la matière : lorsque la masse monétaire dépasse une certaine limite, des dysfonctionnements graves se produisent toujours.
C’est la raison pour laquelle l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics, dixit Arthur, Laffer.

Pour faire simple, une création monétaire indue se développe lorsque la masse monétaire, dite M3, dépasse 78 % du PIB courant, ce qui est le cas globalement dans les pays de la zone euro depuis le mois de septembre 2004, date à laquelle l’adoption de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro a commencé à produire ses effets négatifs,

Document 1 :

Il apparait clairement sur ce premier graphique qu’avant l’adoption de l’euro, les pays de la zone disposaient d’une monnaie saine, sans création monétaire, car la part de la masse monétaire M3 était alors globalement inférieure à 70 % du PIB courant, ces données ayant été rétropédalées a priori d’une façon fiable.
C’est depuis l’adoption de l’euro en 2000 que la masse monétaire M3 augmente nettement par rapport au PIB courant, avec un pic lors de la crise dite des sub-prime qui a précédé la Grande Récession américaine.

En effet, la création monétaire dans l’agrégat monétaire M3-M2 aux Etats-Unis s’est transmise mécaniquement en Europe par l’intermédiaire des marchés.
L’éclatement de cette bulle monétaire aux Etats-Unis a un peu dégonflé celle de la zone euro mais la création monétaire propre à la zone euro a continué sur sa tendance haussière longue en dépassant le pic de la bulle de 2008 pour atteindre 105 % du PIB annuel fin octobre dernier,

Document 2 :

La masse monétaire M3 de la zone euro se montait à 11 804 milliards d’euros fin octobre alors qu’elle n’aurait pas dû dépasser 8 745 milliards (correspondant à 78 % du PIB), ce qui signifie que plus de 3 000 milliards d’euros sont en trop dans la zone euro, cette bulle monétaire entrainant une croissance faible voire négative dans certains pays, ce qui pérennise un chômage important surtout dans ces cochons de pays du Club Med,

Document 3 :

Le problème est alors le suivant : dans quel agrégat plus précisément se trouve cette bulle monétaire ?
La réponse à cette question n’est pas évidente car un autre problème se pose alors : les Marioles de la BCE incluent dans l’agrégat M1 les billets en circulation (Currency) et tous les dépôts au jour le jour (Total Overnight Deposits), c’est-à-dire ceux des ménages (Household) et ceux des entreprises alors que M1 ne doit inclure que les billets et les seuls en-cours des ménages sur leurs comptes courants.
Pour déterminer les bons chiffres normalisés (selon les standards internationaux) et significatifs de M1, il faut donc retrancher des chiffres publiés de M1 le total des dépôts au jour le jour (Total Overnight Deposits) et rajouter ceux des seuls ménages (Household Overnight Deposits).

Dès lors, après ces rectifications, toujours d’après les chiffres publiés par les Marioles de la BCE, cette création monétaire se trouverait pour l’essentiel dans l’agrégat M1 car il représente 42 % du PIB annuel alors que ce pourcentage ne devrait pas dépasser 13 % comme c’est le cas aux Etats-Unis,

Document 4 :

En effet, cette bulle monétaire de l’ordre 3 200 milliards d’euros est bien quasiment totalement dans l’agrégat M1 car M1 ne devrait se monter qu’à 1 457 milliards seulement contre 4 708 milliards en réalité, l’excès (l’hypertrophie) de M1 étant de 3 251 milliards,

Document 5 :

Plus précisément, l’essentiel de la création monétaire se trouve sur les comptes courants des Euros-zonards car ils représentent 32 % du PIB alors que ce pourcentage aurait dû rester à 10 % du PIB comme aux Etats-Unis et comme avant l’adoption de l’euro,

Document 6 :

Les billets, issus de la fameuse planche, représentent quasiment 10 % du PIB alors que ce pourcentage aurait dû baisser lui aussi pour tomber sous les 5 % du PIB.

Il résulte de ces normes que la création monétaire indue sur les comptes courants des Euro-zonards est de 2 477 milliards d’euros car ils se montent à 3 598 milliards alors qu’ils ne devraient pas dépasser 1 121 milliards,

Document 7 :

La création monétaire due à la fameuse planche à billets ne se monte en fait qu’à… 550 milliards d’euros… seulement (ce qui n’est pas négligeable !) car le total des billets en circulation, 1 110 milliards, devrait être inférieur à 560 milliards.

Donc, les Marioles de la BCE sont incapables de publier les bons chiffres de l’agrégat M1, ceux qui donnent une image fidèle de la réalité, mais ils publient des séries de composantes qui permettent d’obtenir les bons chiffres ainsi que ceux des autres agrégats monétaires !
En effet, à partir des chiffres publiés par les Marioles de la BCE, j’ai pu reconstituer les bons chiffres non seulement de l’agrégat M1 mais aussi ceux de l’agrégat M3-M2 correspondant à la trésorerie des entreprises et par conséquent celui de M2-M1 qui correspond à l’épargne des ménages.

La solution est simple : comme le total des dépôts au jour le jour comprend ceux des ménages et des entreprises, il suffit de retrancher ceux des ménages du total pour obtenir M3-M2 !
Les montants de M2-M1 sont ensuite obtenus en retranchant M1 et M3-M2 de M3
,

Document 8 :

La définition des agrégats monétaires ainsi obtenus est en concordance avec celle de la Fed et elle permet de faire des analyses monétaristes fiables.
Les chiffres que j’obtiens sont donc très différents de ceux qui sont publiés par les Marioles de la BCE et les nuls de la Banque de France !

Document 9 :

L’évolution du pourcentage des agrégats monétaires par rapport au PIB donne ainsi une image fidèle de la réalité qui confirme l’hypertrophie de M1, la décroissance absolue et surtout relative de M2-M1, ce qui signifie que les malheureux Euro-zonards ne peuvent plus augmenter leur épargne, et la faiblesse de M3-M2 qu’il faut relativiser car…

Document 10 :

468 milliards de francs suisses (soit 400 milliards d’euros) provenant de l’€-crise en gestation s’y sont réfugiés comme le montrent les données de la BNS, la banque centrale helvète,

Document 11 :

Les gestionnaires des trésoreries placent autant que possible leurs disponibilités soit en dehors de la zone euro, en profitant des avantages de la zone SEPA (Single Euro Payments Area, Espace Unique de Paiement en Euros), les transferts étant ainsi facilités mais l’argent est ainsi en francs suisses ou en livres sterling, ce qui est un avantage motivant (surtout après le Brexit) en cas d’€ffondrement.
Ils utilisent aussi la possibilité de placer ces disponibilités en bons de Trésors qui bénéficient ainsi d’une forte demande qui fait même plonger les rendements de certains en territoire négatif.
Les montants des disponibilités ainsi placées en bons de Trésors sont difficilement chiffrables. Elles sont certainement de l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros qui s’ajoutent à l’argent non gagné bien identifié ci-dessus.

La création monétaire actuelle dans la zone euro est bien plus importante que celle que l’on pouvait envisager sur la base des seuls chiffres publiés par la BCE.
Elle empire au fil du temps et elle aura nécessairement des conséquences considérables qu’il est difficile de décrire.
Une seule antériorité seulement est discernable : la période de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres.
En effet, Pierre Jovanovic qui l’a particulièrement bien étudiée, a montré qu’elle a été provoquée par une création monétaire comparable à celle de la zone euro actuelle.
La seule grande différence entre ces deux bulles est que celle de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres s’est manifestée par une hyperinflation due à l’usage immodéré de la planche à billets alors que la bulle monétaire actuelle dans la zone euro grossit plus lentement mais inexorablement, à partir des dépôts des malheureux Euro-zonards sur leurs comptes bancaires d’argent non gagné, ce qui s’accompagne de tendances déflationnistes.

Il est quand même étonnant que les Marioles de la BCE et les nuls de la Banque de France fassent de telles erreurs par manque de culture monétariste élémentaire.
Pour rappel, Ben Bernanke a fait supprimer la publication des chiffres de M3 dès sa prise de fonction à la tête de la Fed de façon à ce que les économistes extérieurs à la Fed ne puissent pas voir le développement de la bulle dans l’agrégat M3-M2 de façon à en maitriser l’éclatement.

Et un autre rappel : les juges de la 17° Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris ont eu bien raison de juger nuls la Banque de France et son gouverneur qui m’ont attaqué pour diffamation alors qu’ils ont beaucoup à apprendre de mes analyses monétaristes.

Cliquer ici pour lire mon article précédent à ce sujet.
Cliquer ici pour accéder aux chiffres des agrégats monétaires publiés par la BCE.
Cliquer ici pour voir les données de la Banque de France.
Cliquer ici pour lire mon article sur le jugement de la 17° Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris jugeant nuls la Banque de France et son gouverneur.

6 réflexions sur “Agrégats monétaires de la zone euro (octobre) pour les nuls”

  1. Et pendant ce temps, les journaleux français continuent de nous expliquer que les banques françaises sont saines et fiables tandis que les banques américaines ne respecteraient pas les règles …
    C’est tout simplement HALLUCINANT !

  2. Sauter l’eurosysteme.
    Il a déjà sauté puisque tout le monde s’accorde pour estimer que les teutons bénéficient d’un avantage.
    Les taux de conversion seront donc revus.

  3. il n’ ya pas 3000 milliards d’argent en trop. ll y a un fait important a connaitre c’est que du temps de madoff et des subprime, le fait que les bk us ont decoupés les emprunt immobilier en morceau , il n’a pas été possible aux bk europeenne de savoir qui devait payer les interets des prêts et le capital. En d’autre terme c’était 4000 milliards de prêt foireux sans emprunteur direct , qui ont été comptabilisé dès 2009 et donc sans saisi immobiliere précise. il aurait fallu passer 4000 milliards en perte en 2009 et c’etait l’explosion du system financier europeen.
    qu’ a ti l etaé décidé en haut lieu? manifestement il a été décidé de racheté les emprunts insolvable par la bce qui achetant des pertes redonner du cash aux banque. Et vous dites mr chevaleir que ce n’est pas de la creation monetaire? Et bien justement c’est de la creation monetaire pure car jamais les bank ne rembourseront la bce et jamais la bce ne pourra se faire rembourser ses emprunts ou l’emprunteur n’existe pas.
    Dites moi combien la bce a créé de monnaie depuis 2008? on parle de 4300 milliards. donc en 10 ans la bce a acheter toutes les pertes des banques de 2008, sauf que depuis 2008 on a du en engranger encore un peu des pertes .
    Et qu’a fait la bce pour faire cette opération de racheter des pertes? elle a demandé aux Etat de donner son or en contrepartie ce qu’a fait sarkosy et les autre. Mais ce niveaux d’or ne couvre pas les pertes achetées.

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