BCE : cavalerie pour les nuls et €-crash

Je reviens sur ce gros problème qu’est la politique monétaire de la BCE, dite de Quantitative Easing qui n’est en fait qu’une grande cavalerie.
Tout d’abord un petit rappel s’impose sur quelques éléments essentiels souvent mal connus…

Tous les soirs, toutes les banques de la zone euro doivent avoir une position nette créditrice vis-à-vis de la banque centrale dont elles dépendent.
Certaines ont des disponibilités excédentaires, d’autres au contraire sont en manque de disponibilités.
Normalement, celles qui ont des disponibilités excédentaires les prêtent à celles qui sont en manque de disponibilités.
C’est le rôle du marché monétaire que d’assurer ainsi l’adéquation entre l’offre et la demande
.

Le problème est que beaucoup de banksters ne respectent plus les règles prudentielles d’endettement depuis l’adoption de l’euro au point que certaines banques peuvent se trouver en faillite d’un jour à l’autre un mardi soir, comme ce fut le cas par exemple pour Banco Popular qui a pu quand même ouvrir le lendemain matin grâce à son rachat pour… 1 euro symbolique (et la reprise d’une dizaine de milliards de dettes !) par Banco Santander.
De ce fait, les banques qui ont des disponibilités excédentaires ne les prêtent plus à celles qui sont en manque de disponibilités.
Le marché interbancaire est bloqué. Il ne fonctionne plus
.
Les banques qui ont des disponibilités excédentaires ne les prêtent plus qu’à la BCE.
Celles qui sont en manque de disponibilités ne peuvent emprunter qu’auprès de la BCE pour survivre.

Depuis l’adoption de l’euro, la situation des banques se dégrade de plus en plus et la BCE a donc été obligée de leur prêter de plus en plus : jusqu’à… 1 450 milliards de dollars fin juin 2012 !
Par la suite, les Marioles de la BCE ont eu l’idée de ne plus prêter autant à des banksters risquant de ne pas pouvoir rembourser mais de leur racheter des titres (principalement des bons de Trésors de la zone) pour qu’elles puissent avoir assez de disponibilités pour conserver une position nette créditrice, sans pour cela faire baisser les prix des contrats et donc augmenter les rendements.
Ce fut le début de la politique monétaire de la BCE, dite de Quantitative Easing (Q€) qui n’est en fait qu’une grande cavalerie

Document 1 :

car les Marioles de la BCE n’ont pas les moyens de prêter aux banques ni de leur acheter ces titres.

En effet, pour financer ce Q€, ils mettent en circulation des billets (un peu grâce à la fameuse planche) et surtout en recevant les dépôts (donc des dettes, Liabilities, pour la BCE) en retour des banques créditrices dont celles qui ont bénéficié de ces achats, ce qui constitue cette gigantesque cavalerie,

Document 2 :

Cette manip a marché pendant un certain temps, mais, surtout depuis 2015, ces passifs ne peuvent plus financer ces actifs,

Document 3 :

L’écart (Spread) entre ces passifs et ces actifs se creuse au point de fluctuer entre 300 et 400 milliards d’euros depuis la fin 2017,

Document 4 :

Cet écart, en fait un trou financier qui fluctue entre… 500 et 650 milliards d’euros( !), est comblé par de généreuses, anonymes et mystérieuses administrations publiques (General Government) et par de non moins généreux, anonymes et mystérieux non-résidents,

Document 5 :

Depuis mi-2015, ce trou augmente et il est toujours comblé par ces sauveteurs.
Les explications précédentes sont simplifiées pour bien expliquer le mécanisme de la cavalerie mais les besoins de financement de la BCE sont en fait supérieurs au spread du document 4.

Les généreuses, anonymes et mystérieuses administrations publiques semblent avoir atteint un palier (dans leurs prêts) qu’elles ne peuvent plus dépasser : 300 à 400 milliards d’euros.
Seuls, les généreux, anonymes et mystérieux non-résidents (indubitablement des capitaux provenant de riches pays musulmans producteurs de pétrole) sont toujours en mesure de prêter 300 à 350 milliards d’euros le vendredi soir pour satisfaire les besoins de financement des Marioles de la BCE !

Document 6 :

Conclusion : ça va mal finir, par un €-crash !

Document 7 :

12 réflexions sur “BCE : cavalerie pour les nuls et €-crash”

  1. Sur le document 6 on peut voir qu’en fin d’année 2016 et en fin d’année 2017, il y a 2 gros transferts d’argent. C’est à dire que la BCE rembourse en dernières semaines de 2016 quelque chose comme 50 Milliard d’€uros aux General Government tout en empruntant 80 Milliard d’€uros aux Non-residents.
    Ensuite en fin 2017, de manière encore plus impressionnante, la BCE rembourse 60 Miliards aux General Government et emprunte 190 Milliards aux non-residents (pour en rembourser 110 après le bilan).

    Si la capacité maximale des General Government est de 400 Milliards, et que les non-residents sont allés à prêter 355 Milliards, on peut estimer la capacité minimale (la persuasion, ou la soumission, au choix) d’emprunt actuelle à 755 Milliards, sachant qu’on est a 569 Milliards actuellement, ça laisse encore un peu de temps à la cavalerie de gonfler encore. Surtout qu’on ne connait pas les sommes que peut prêter les non-residents, leur moyen sont surement supérieur aux General Government (et leur conditions plus salées aussi). Du coup, ce n’est sans doute pas ce gouffre que vous dénoncez qui va provoquer le crash à court terme.

    A qui pourrait profiter l’€ crash ? Qui est capable de le provoquer en s’enrichissant de la situation ? Et qui a l’intérêt et les moyens de maintenir l’agonie silencieuse de l’€ ?

      1. Merci pour votre réponse. D’une certaine manière elles sont pour certaines déjà en faillite, c’est le désintérêt et l’inaction générale qui leur permettent de feindre la vie. Notre soumission ne nous rend t-elle pas premier responsable de leur dégénérescence et des conséquences qui nous éclaboussent ? Bref, bon week-end à vous.

  2. Avec le pétrole qui monte, les Arabes accumulent plus de rentrées financières en dollar.

    Ils le vendent ensuite pour acheter des euros et le prêter à la BCE.

    Avec comme conséquence l’euro qui monte.

    Faisable ?

    1. interessant comme hypothese pour expliquer la montee de l’eur/usd.
      on peut penser aussi que les us peuvent avoir une envie supplementaire de faire exploser l’euro,histoire de rappeler au monde que le dollar c’est pas si mal que ca. D’ailleurs amha les shutdowns successifs de l’administration us sont amha des operations de com pour montrer aux creanciers des us qu’ils sont prets a faire ce qui est necessaire pour rembourser.

  3. Pour le monde économique l’euro c ‘est le deutchmark.la formidable vitalité des exportations allemandes explique également l’appréciation de l’euro.un américain qui achète un produit allemand achète en fin de compte de l’euro et vends du dollar d où l’appréciation de L’EURO.

  4. Bonjour JP,
    Merci de reformuler et de synthétiser les évenements , qui si la situation n’était pas grandement tragique, nous fait penser aux « guerres picrocolines  » de Rabelais.
    Vous citez la faillite de la « banco popular  » reprise en deux jour pour 1 euros symbolique par la « banco santander »: il est évident que la BCE était aux commandes!
    Ainsi lorsque vous dites que ce sont les « bad bank  » qui vont enclencher par un effet boule de neige , la chute de la maison « Euro » » , ne pensez-vous pas qu’une fois de plus il y aura une banque plus grosse pour racheter la petite banque en faillite pour 1 euro symbolique , et reprendre les dettes et les créances(dépots des clients) ?
    Quelle serait la limite à cette « magouille » ?
    Celà me fait penser aux rachats d’entreprises,avec l’aval des « ETATS » pour concentrer un système « GLOBALISTE » ! mer ci de votre écoute!

  5. « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain », Helmut Schmit

    « Les QE des Marioles aujourd’hui sont les impôts de demain et le chômage d’après-demain », HOMER (lecteur assidu de JPChevallier et quelques rares autres économistes crédibles).

  6. Très bonne explication synthétique et pédagogique, merci. Sûrement que les mondialistes ont quelque chose derrière la tête pour bâtir leur Gouvernement mondial avec une monnaie unique. La une de la revue « The Economist », parue le 9 Janvier 1988, illustrant un phénix renaissant des cendres de billets nationaux brûlant à ses pieds, est titrée « Get ready for a world currency ».Ils aiment employer la stratégie du choc (concept expliqué par la journaliste canadienne Naomi Klein) à défaut du consentement des peuples, puisque leur devise est « Ordo ab Chao ». Chez eux tout est prévu de longue date comme la fin des états nations par le biais d’une Europe fédérale et de la régionalisation telle que décrite avec documents à l’appui par Pierre Hillard dans ses ouvrages.

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