BCE : les Marioles et leurs administrations publiques

Les Marioles de la BCE ont prêté la somme fantastique de 1 125 milliards d’euros à des banques de la zone euro (rubriques 5.1 et 5.2 de l’actif)…

Document 1 :

qui les redéposaient ensuite globalement à la BCE (rubriques 2 du passif) ce qui est compréhensible car ils se substituent au marché interbancaire qui ne fonctionne plus car les banquiers qui connaissent très bien la situation de leur propre banque n’ont pas confiance dans les autres banques (ils craignent à juste titre un tsunami bancaire qui peut se produire à tout moment, ils préfèrent donc déposer leurs disponibilités auprès de la BCE plutôt que de les prêter à des banques qui risqueraient de ne pas les leur rendre),

Document 2 :

Tout va relativement bien tant que ce mécanisme fonctionne mais comme je l’ai écrit à maintes reprises, le problème est qu’un jour cet équilibre risque d’être rompu par un manque de dépôts bancaires auprès de la BCE, ce qui s’est déjà produit à plusieurs reprises et en particulier dans le dernier bilan de la semaine finissant le 23 novembre : – 33 milliards par rapport à la semaine précédente !

Dans ce cas, les Marioles de la BCE jonglent avec divers artifices pour équilibrer leur bilan du vendredi soir, en particulier avec la rubrique 5.1 relative aux Engagements de mystérieuses Administrations publiques qui ont augmenté de… 33 milliards d’euros par rapport à la semaine précédente !

J’ai demandé à plusieurs reprises depuis plus d’un mois à la BCE des renseignements sur ces mystérieuses administrations publiques… sans avoir de réponse pour l’instant.

Un de mes lecteurs a posé une question identique pour savoir ce que sont les Autres engagements de cette rubrique absconse 5.2 et il a eu (difficilement) une réponse : il s’agit pour l’essentiel de dépôts d’établissements non bancaires qui ne dépendent que des banques centrales nationales de l’euro système.

En transposant cette réponse, les mystérieuses administrations publiques devraient être des établissements financiers dépendant d’Etats de la zone euro relevant de la seule autorité des banques centrales nationales, sans que la BCE ne les contrôle.

Ainsi, il apparait vraisemblable que, le vendredi soir, juste avant la clôture des comptes, constatant un trou potentiel de 33 milliards d’euros dans leur bilan (à la suite de la baisse des dépôts bancaires), les Marioles de la BCE demandent à des banques centrales nationales d’emprunter un total de 33 milliards sur les marchés par l’intermédiaire d’établissements financiers dépendant d’Etats (l’Allemagne ?) de la zone euro.

Ces acrobaties devraient apparaitre dans d’autres comptes, or il n’en est rien a priori.

Alors ? Que se passe-t-il ?

Il est possible que les 130,8 milliards d’euros d’Engagements envers des administrations publiques soient un artifice comptable sans réalité, de la pure création monétaire, un véritable faux bilan.

Cliquer ici pour voir la réponse de la BCE à la question posée par un de mes lecteurs le 29 octobre.

29 réflexions sur “BCE : les Marioles et leurs administrations publiques”

  1. Il est possible que les 130,8 milliards d’euros d’Engagements envers des administrations publiques soient un artifice comptable sans réalité, de la pure création monétaire, un véritable faux bilan.

    vous aviez des doutes ?

  2. bonsoir.Je viens de voir Michel Barnier passer un savon aux américains responsables d’un report de Bale 3 d’une année ! j’ai pensé à vous et ça ma fait marrer !

      1. L’europe et les usa parlent de Bâle3 mais ne le calculent pas de la même manière si je comprends bien mr Chevallier.dans ces conditions je suis surpris de lire ceci:

        « Nous n’accepterons pas que les Etats-Unis abandonnent Bâle III pour favoriser leurs propres banques », a déclaré vendredi le patron de la deuxième banque allemande Commerzbank, alors que le gouvernement américain a repoussé sine die l’application du nouveau cadre réglementaire.
        « Tant que Bâle III ne sera pas appliqué aux Etats-Unis, nous devrions voir comment limiter l’activité des banques américaines ici en Europe », a ajouté Martin Blessing dans un discours prononcé lors d’un congrès financier à Francfort (ouest) organisé par le cabinet de conseil Maleki.

        « Si une compagnie aérienne ne respecte pas nos règles de sécurité, nous ne l’autorisons pas à atterrir dans nos aéroports. Cette même logique s’applique au secteur bancaire », a-t-il justifié.
        Depuis la décision des Etats-Unis le 9 novembre de reporter sine die le début de l’application des nouvelles normes internationales de Bâle III, qui était initialement prévu pour janvier, les instituts de crédit européens s’inquiètent d’un risque de distorsion de concurrence en faveur des banques américaines.
        La Commission européenne a toutefois estimé que le retard pris aux Etats-Unis ne devait pas influer sur le calendrier de la mise en oeuvre de Bâle III en Europe, et la présidence chypriote de l’Union européenne espère toujours un accord d’ici la fin de l’année.
        « Plus tôt Bâle III sera appliqué, mieux ce sera », mais les mêmes règles doivent être valables pour tous, a insisté M. Blessing. « 

    1. Bâle III, de toute façon, est-ce bien raisonnable ? On ne pourra donc décidément plus emprunter :/
      Mais comment c’est qu’on va faire ??

      Et ce Barnier : ayatollah de la rigueur sado-masochiste ? Faire des reproches à nos si chers amis qui nous fournissent en si précieux dollars : est-il fou ? Son projet serait un BB- pour la France plus vite que prévu ? Un corralito pour l’anniversaire à Jésus ?

  3. Bonjour,
    j’ai comparé le bilan actuel de la BCE par rapport aux historiques très intéressants de ce site malheureusement pas remis à jour depuis mars 2012 : http://www.les-crises.fr/bilan-bce/

    Le phénomène que vous décrivez, bien qu’inquiétant y semble tout à fait relatif :
    – la répartition des rubriques a peu bougé depuis les LRTO
    – la rubrique 5 a déjà eu des valeurs de cet ordre depuis le début de la crise

    1. La BCE ne prête rien; c’est l’€système qui prête; les encours LTRO auprès dela banque de france sont de presque 180 milliards d’€, soit 2 fois plus que pour la période Lehman, avec en face 6 milliards de capital.

  4. Mardi 27 novembre 2012 :

    La grosse rigolade de la journée !

    Lisez cet article :

    Hollande : « La résolution de la crise grecque lève les doutes sur la zone euro »

    Le président français François Hollande a estimé mardi que la résolution de la crise grecque allait permettre de lever tous les doutes sur l’avenir de la zone euro, lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre belge Elio Di Rupo à Paris.

    « La résolution de la crise grecque va permettre maintenant de lever tous les doutes sur l’avenir de la zone euro, son intégrité, sa pérennité », a déclaré M. Hollande après l’accord trouvé dans la nuit de lundi à mardi sur les moyens de réduire la dette grecque.

    http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Hollande_La_resolution_de_la_crise_grecque_leve_les_doutes_sur_la_zone_euro67271120121806.asp

    La crise grecque est résolue !

    Youpi, la crise grecque est résolue !

  5. héfaillitos dieu grec de l'haircut qui rase gratis

    bizarre que le pays de l’oncle sam traine des pieds pour les accords de Bale III
    Alors que les bilans de ses banques sont toujours aussi impeccables*… et toujours livrés en temps et en heure.

    * Sauf goldman qui est plus malin : ils laissent dériver régulièrement pour racheter pas cher leur propre capital et le revendre quand le cours remonte… et ainsi se créditer les gains

    à ce sujet :

    [quote= »M.Chevallier »]Il est possible que les 130,8 milliards d’euros d’Engagements envers des administrations publiques soient un artifice comptable sans réalité, de la pure création monétaire, un véritable faux bilan.[/quote]

    j’avais lu sur le blog de Philippe herlin de natixis (un des nombreux « idiots nuisibles… »)
    que la sécu empruntait en dollars. c’était l’an dernier à la même période de l’année.
    Il se peut que les états usent des rares signatures crédibles par ses divers organismes pour emprunter du dollar par ci par là et fournir ses banksters incompétents et en défaut de paiement en dollars.
    Cette colonne de la bce servirait alors à centraliser les emprunts des divers organismes.

    Si ce n’est pas ça, je vois pas d’autre solution que celle de la colonne bidon comme vous l’avez supposé.
    Car sinon, c’est de la création monétaire donc inflation… ce qui correspond à la hausse des prix qu’on observe.
    Enfin, on verra bien ce qui se passe à Noel, c’est la période où il faut être vigilant, les couleuvres passent quand les idiots regardent ailleurs

  6. Le commentaire de Béchade qui dit que Apple serre de levier à la FED pour manipuler le Nasdaq et en même temps les indices,me semble très vraisemblable.Car le cours passe début 2009 de 100 à 700 en 2012,et le volume de transaction est gigantesque en rapport avec les autres entreprises,jusqu’à 12 fois plus par rapport à d’autres très grosses boîtes,vous avez un avis M.Chevalliez à ce sujet?

    1. Apple fait partie des titres détenus par certaines banques centrales de certains pays….. je ne sais pas par quel biais et quel support mais c’est ainsi qu’on a pu savoir que certaines banques centrales étaient en difficultés suite à la baisse d’apple.
      For me, apple est entrée en phase gaussienne baissière de sa vie d’entreprise…. on verra bien mais les rebonds sont des occasions de vente pour les détenteurs d’actions !!

      Concernant Bale en effet j’ai du mal à comprendre pourquoi les US ne mettent pas les européens face à la réalité de leurs comptes bancaires.

      Est ce que tout cela n’est qu’une pièce de théâtre qu’on joue devant des spectateurs ignares?

      C’est pas possible à un moment donné que les gens soient tous incultes à ce point?

  7. apple est detenu par tous les hedge funds qui veulent faire aussi bien que l’indice de référence

    pas étonnant que les volumes soient importants, même l’etat d’israel achete du apple

    1. @ fanon : 1 hypothèse…
      Moi, je suis un groupe bancaire US,
      Bâle III est mis en application en Europe (par les copains pions GS),
      Mais pas aux US, enfin, pas tout de suite… Quand ? Plus tard… Bientôt…
      C’est autant de temps et de niveau de levier gagné sur l’adversaire,
      Pratique pour continuer d’acheter de bonnes entreprises européennes exsangues mais à fort potentiel…
      Les racheter à vil prix, dans une optique de moyen long terme.

      « C’est simple ! », non ?

  8. Lorsque DSK à dit : il faut prendre ses pertes…ils l’ont viré……..et il faut les prendre….tout de suite………..sinon c’est la mort lente……..oui mais de mort leeeeeenteeeee………

  9. Ouh la, c’est du lourd cette histoire!
    La BCE oserait truquer son bilan!??
    Draghuignol a du regarder « Les tontons flingueurs » et dire au directoire :
    « Qu’est ce qu’on fait? On se risque sur le bizarre ? »

    Bon, en même temps, dixit Audiard:
    « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait! » :-))

    1. Je ne suis pas un spécialiste mais j’ai l’impression que Bâle III, dans sa façon complexe de pondérer les différentes rubriques des actifs et passifs des sociétés afin d’obtenir des ratios à respecter continue de favoriser outrageusement les dettes d’Etat par rapport à des placements équivalents. Leur liquidité est considérée comme totale et leur risque plus faible à notation équivalente. Hors aux USA, la FED achète in fine une grande partie de bons du trésor alors qu’en Europe, ceux-ci finissent massivement dans les comptes des banques. cela explique peut être en partie cette différence de vue.

  10. Sous le couvert de normes comptables contenues dans des ouvrages aussi épais que les murs des coffres des banques, les responsables et comptables des banques des banques sont devenus les nouveaux artistes du XXIème siécle. Quelle extase…

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