Crédit Suisse (comme UBS) ne respecte pas les exigences de Bâle III avec un multiple d’endettement réel (mon µ ou leverage) de 28,8 à la fin du 1° trimestre alors que le maximum autorisé est de 10 soit un ratio Tier réel de 3,5 % contre un minimum de 10 %,
Crédit Suisse | 2010 Q4 | 2011 Q1 |
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Total des dettes | 998,723 | 982,411 |
Capitaux propres | 33,282 | 34,057 |
µ (leverage) | 30 | 28,8 |
Tier (%) | 3,3 | 3,5 |
Les chiffres sont en milliards de francs suisses. Les règles de Bâle III sont intégralement prises en compte dans ce tableau, en particulier en ne retenant que les véritables capitaux propres (en excluant les minoritaires).
Comme les dirigeants de beaucoup d’autres banques européennes, ceux de Crédit Suisse savent très bien que leur banque est dans une situation délicate : ils essaient de réduire les crédits accordés à leurs clients et d’augmenter leurs capitaux propres, sans l’avouer.
UBS et Crédit Suisse sont dangereusement hors normes et too big to fail.
Comme ce sont des vaches (ou des monstres) sacrées pour les petits Suisses, les autorités n’osent pas leur imposer de respecter les règles prudentielles de Bâle III, ce qui est grave car ces banques présentent un risque systémique très élevé qui fragilise la place financière helvète.
Le capitalisme libéral ne consiste pas à laisser entièrement libres les dirigeants des entreprises de faire ce qu’ils veulent tout en les surveillant et en les contrôlant, mais de les laisser libres tout en leur imposant de respecter des règles strictes de façon à ce que la croissance puisse atteindre son potentiel optimal.
Pour les banques, deux règles simples s’imposent : le total des dettes ne doit jamais dépasser 10 fois le montant des véritables capitaux propres et il doit être au maximum de l’ordre de 2 à 3 % du PIB (et de toute façon strictement inférieur à 5 % du PIB).
Ces règles simples ont été élaborées par les gens de la Fed. Elles ne sont pas vraiment formalisées mais elles sont connues. De ce fait, elles s’imposent à toute la communauté financière.
Seule la première règle est vraiment respectée aux Etats-Unis.
Un tsunami bancaire peut se produire à tout moment dans les pays où elles ne sont pas respectées.
Compte tenu de la culture bancaire des petits Suisses, il est étonnant de constater qu’ils se laissent faire par les dirigeants de leurs big banks…