Les dirigeants des big banks too big to fail helvètes ont manifestement très bien compris qu’il fallait absolument diminuer leur leverage, celui de Crédit Suisse ayant atteint un sommet à 36,8 au 3° trimestre 2012 (la banque des frères Lehman avait fait faillite avec un leverage de 32 !).
Cependant, ces efforts ne se sont pas poursuivis : les chiffres de ces cinq derniers trimestres montrent que le leverage réel de Crédit Suisse reste proche de 25 ce qui correspond à un ratio Core Tier 1 réel de 4 % loin des règles prudentielles d’endettement préconisées par ce bon vieux Greenspan,
Document 1 :
Crédit Suisse | 2014 Q2 | 2014 Q3 | 2014 Q4 | 2015 Q1 | 2015 Q2 |
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1 Assets | 891,58 | 954,362 | 921,462 | 904,39 | 879,322 |
2 Equity | 42,164 | 43,864 | 43,959 | 43,396 | 42,642 |
3 Preferred st | - | - | - | - | - |
4 Goodwill | 7,983 | 8,435 | 8,644 | 8,504 | 8,238 |
5 Tangible eq | 34,181 | 35,429 | 35,315 | 34,892 | 34,404 |
6 Liabilities | 857,399 | 918,933 | 886,147 | 869,498 | 844,918 |
7 Leverage (µ) | 25,1 | 25,9 | 25,1 | 24,9 | 24,6 |
8 Core Tier 1 (%) | 3,99 | 3,86 | 4 | 4,01 | 4,07 |
Sommes en milliards de francs… suisses.
Un rappel : le véritable leverage est obtenu en diminuant le montant des capitaux propres (sans les minoritaires) des écarts d’acquisition, c’est-à-dire en évaluant ces capitaux propres à leur juste valeur de marché, dite des actifs tangibles, sans pondérer les actifs rapporté au reste du bilan qui est constitué par définition de dettes, selon les préconisations de la BRI (et de la directive européenne CRD IV).
Document 2 :
Il faudrait encore augmenter les capitaux propres de 45,5 milliards de francs helvètes ou diminuer le total des dettes de… 500 milliards (en cédant autant d’actifs) pour que Crédit Suisse respecte les règles prudentielles édictées par ce bon vieux Greenspan, à savoir un leverage inférieur à 10 correspondant à un ratio Core Tier 1 supérieur à 10 %.
Tidjane Thiam (X, Mines, INSEAD), le nouveau patron de la banque, un franco-ivoirien trop noir pour la nomenklatura franchouillarde bancaire, est manifestement conscient qu’il faut impérativement restaurer les fondamentaux, en restructurant les activités pour augmenter les bénéfices et au besoin recourir à une augmentation de capital.
Le ROE publié est trompeur car la banque est considérablement sous-capitalisée. En le calculant sur la base d’un leverage de 10, il tombe à… 5 % !
Les petits Suisses devraient être inquiets car leurs deux big banks too big to fail présentant des risques systémiques ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement.
Pour l’instant, tout va bien.
Crédit Suisse fait partie des 30 plus grandes banques mondiales présentant un risque systémique, les G-SIBs (Global Systemically Important Banks) précédemment connues en tant que SIFIs (Systemically Important Financial Institutions) du Basel Committee on Banking Supervision (BCBS).
Cliquer ici pour lire des informations financières dans le dernier rapport financier de Crédit Suisse.
Auriez-vous un commentaire à faire sur les changements de structures légales opérés par de nombreux groupes bancaires ces dernières années ? Je pense notamment à UBS qui vient de terminer un gros changement au niveau de son organisation. Là différence clé entre un groupe constitué de diverse personnes morales et une personne morale ayant des filiales, c’est une répartition des risques, en quelque sorte un cloisonnement. La vie du groupe n’est pas plus assurer mais les entités saines ne sont pas pour autant menacées il me semble?
Non : ça ne change rien, ce qui est important est toujours le groupe consolidé
il me semble qu’il y a une modification notable, certes qui ne considère pas les écritures comptables mais l’esprit des banques privées suisses: auparavant, pour certaines banques privées suisses (UBS ne fait pas partie de ces dernières membres de l’ABPS), les associés étaient commandités, soit donc responsables sur leurs deniers personnels. dorénavant, une structure à responsabilité limitée à été instaurée, coupant cette responsabilité qui faisait le fort du banquier privé suisse.
Soit, mais les bk privées helvètes étaient relativement peu importantes…