Le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, mène une politique monétaire tout à fait différente de celles de ses prédécesseurs. C’est non seulement le temps des turbulences, comme l’a dit ce bon vieux Greenspan, mais aussi (peut-être) celui d’un nouveau paradigme caractérisé par une croissance acyclique pour la première fois depuis l’après guerre.
En effet, depuis une soixantaine d’années, la croissance du PIB se fait par une succession de cycles plus ou moins réguliers dans leur durée et leur amplitude initiés par la politique monétaire menée par la Fed.
Pour créer ces phases d’expansions et de récessions, elle utilise principalement le niveau de son taux de base qui détermine celui des taux courts du marché : en le baissant, elle fait baisser le coût des emprunts, ce qui incite les entreprises et les ménages à emprunter davantage et contribue de ce fait à faire redémarrer la croissance, et inversement, en l’augmentant, elle contribue à faire ralentir les emprunts, donc la croissance du PIB.
Les gens de la Fed ont souvent été critiqués parce qu’ils étaient accusés de réagir trop tard et de faire varier leur taux de base d’une façon trop importante, donc de provoquer ces cycles dont les points bas sont particulièrement mal vécus car ils correspondent toujours à une augmentation des suppressions d’emplois et donc du chômage.
Par contre, c’est surtout pendant les phases de récession que les gains de productivité sont les plus élevés, ce qui correspond à la destruction créatrice de Schumpeter.
La perpétuation de ces cycles pouvait ainsi s’avérer indispensable.
Il est possible que B-2 réussisse à casser ce mécanisme en maintenant pendant une période très prolongée, au moins 6 ans, de décembre 2008 à fin 2014 ou plus tard, des taux de base pratiquement à zéro, d’après les décisions prises lors de la dernière réunion du Fomc.
Le cycle initié par ce bon vieux Greenspan pourrait donc être le dernier. Il est bien visible dans le graphique représentant l’écart (spread) entre les rendements des Notes à 10 ans et à 2 ans,
Document 1 :
Les taux longs, déterminés par les marchés, anticipent le niveau de croissance et d’inflation.
Un écart élevé entre ces rendements longs et courts prédit un retour de la croissance, et inversement : un écart nul voire négatif annonce une chute de la croissance, voire une récession ou une crise quelques mois plus tard.
Cet écart se stabiliserait entre 150 et 200 points de base, ce qui correspond à une croissance du PIB réel proche de la moyenne de ces dernières décennies : aux alentours de 3 %.
Les taux longs (et courts) pourraient ainsi continuer à fluctuer sur leur tendance plate qui est la leur depuis l’été 2011, autour de 2,0 %,
Document 2 :
Pour maintenir des taux longs bas, les Américains comptent en réalité sur l’€ crise qui fait peur à tout le monde partout dans le monde, en particulier aux investisseurs, ce qui paralyse les marchés, surtout depuis l’été dernier (les Notes à 10 ans sont a priori l’un des meilleurs refuges dans le monde).
Certes, l’€URSS ne sombrera pas à court terme du moins, grâce aux capitaux propres de la BCE et à ses facultés d’emprunt, cf. mes articles à ce sujet, mais les tensions sont fortes et légitimes car la situation n’est pas tenable à terme.
Les désordres dans la zone euro peuvent durer encore un certain nombre d’années, au moins jusqu’en 2014 d’après B-2.
Cette stratégie est gagnante, pour les Américains qui garderont ainsi leur leadership mondial.
Il est encore trop tôt pour tenir pour certaines ces hypothèses, mais elles sont plausibles compte tenu des dernières positions exprimées par B-2.
Bonjour,
Vous êtes confiant dans l’économie américaine et l’un des rares aujourd’hui. De nombreux pays abandonnent le dollar dans leurs transactions, l’économie américaine est au plus mal, les inégalités croissantes risquent de créer un chaos social sans précédent. Je ne comprends pas comment on peut avoir confiance dans l’économie d’un pays en regardant seulement sa politique monétaire.
cdt
Je ne comprends pas comment les gens peuvent se baser sur rien en étant persuadés d’avoir raison !
L’europe s’est basée sur des chiffres officiels pour accepter la Grèce dans la zone Euro.
Ne pas s’appuyer sur des chiffres est un tord, mais les prendre pour argent comptant l’est tout autant. Il faut parfois savoir garder une certaine réserve.
Entièrement d’accord !.
Je me permets de rappeler, en complément, une vieille « Vérité » de nos Anciens en matière comptable : » derrière 1 centime d’écart on peut cacher un million ». Nos Anciens le disaient tant ils étaient terrorisés par le fisc !.
Personnellement, je fonctionne ancienne méthode ataviquez !. Prudence, patte blanche et justificatifs !!.
Ce qui est valable pour moi et mes semblables est valable en « Haut » !. Et si en « Haut » on se fiche de sa propre conduite et des Autres considérés comme » en bas », je commence à ressembler à un dindon en colère !.
Quelqu’un parmi Vous a t-il déjà vu à la ferme des dindons en colère ?, et des oies qui défendent le lieu mieux qu’un chien ?… .
L’entré de la Grèce dans l’€-zone ?.. .
Que penser des Etats qui viennent d’adhérer il y a qques jours à l’€-zone ?. Mais ils sont complètement fous, me suis-je dis !.
Bien à Vous Tous.
vous dites que les taux longs sont déterminés par le marché , les vigilantes. Il semble depuis quelque temps que la Fed contrôle parfaitement les taux longs de par ses anticipations de taux courts à moyen terme. Bill Gross de pimco, éminent représentant des marchés, s’y est cassé les dents en 2011 en voulant shorter les TSY .
Que veut dire » shorter les TSY » ?.
Merci à Vous de bien vouloir translationner parallèlement votre vocabulaire « spécial » pour permettre l’accès à la compréhension de vos propos. Bien à Vous.
@BFA ,
Les TSY ou treasuries sont les bons d’état US. Bill Gross qui gère les + grand fonds obligatiare de la planète est parti en guerre en 2011 contre la fed et a vendu toutes ses obligs US en partant du principe que le marché allait se révolter contre ces tx longs spoliateurs. Il a du faire en 2011 la pire performance de sa carrière. Résultat Bernanke 1 vigilantes 0.
Merci Charles. Bien à Vous.
Vendredi 27 janvier 2012 :
Les taux des obligations du Portugal battent leurs records historiques.
Portugal : taux des obligations à 2 ans : 17,177 %.
Portugal : taux des obligations à 3 ans : 21,111 %.
Portugal : taux des obligations à 5 ans : 19,822 %.
Portugal : taux des obligations à 10 ans : 15,220 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND
L’agence de notation Fitch abaisse la note de la dette souveraine de cinq pays de la zone euro, dont l’Italie et l’Espagne.
L’Italie est ainsi rétrogradée de « A+ » à « A- » avec une perspective « négative ».
L’Espagne passe de « AA- » à « A », avec une perspective « négative ».
La Belgique est abaissée de « AA+ » à « AA », perspective « négative ».
Chypre passe à « BBB » à « BBB-« , la perspective étant aussi « négative ».
La Slovénie est rétrogradée de « AA- » à « A », avec une perspective « négative ».
L’Irlande est confirmée à « BBB+ » avec une perspective « négative ».
Bonjour,
Que pensez de cet article sur la fragilité de la dette US et les interventions de la FED :
http://criseusa.blog.lemonde.fr/2012/01/19/la-dette-souveraine-des-usa-aux-31-12-2011-les-manipulations-du-couple-fed-tresor/
Charles a parfaitement raison.
Avec tout le respect que je dois a Mr Chevallier, ecrire « Les taux longs, déterminés par les marchés » fait preuve d’une naivete immense…
C’est le but de l’opération Twist lancé en septembre par la Fed: faire baisser les taux longs.
pardon « lancée »
Morpheus,
Mr Chevallier dit en fin d’analyse : » il est encore trop tot pour tenir pour certaines ces hypothèses, mais elles sont plausibles compte tenu des dernières positions exprimées par B-2.
Attendons de voir la suite des évènements. Bien cordialement
bonsoir.J’ai lu que BB était obligé de maintenir les taux US bas à cause de problèmes des prêts hypotéquaires à taux trés bas dont les banques sont tributaires.BB dit dailleurs qu’aprés 2014 les taux vont repartir à la hausse..aprés la fin des problèmes hypothéquaires ? merci