Deutsche Bank 4° trimestre 2017

Les banksters de Deutsche Bank ont publié début février une partie de leurs états financiers mais ils n’ont publié que le 16 mars les véritables chiffres de leur rapport annuel qui sont encore plus inquiétants…

Ils montrent quand même que Deutsche Bank a fait de gros progrès, surtout depuis le 2° trimestre de cette année 2017 (grâce à une augmentation de capital de 8 milliards d’euros en avril) : le multiple d’endettement réel (leverage) passe sous la barre de 30 en cette fin de 4° trimestre, ce qui est encore dangereusement élevé, mais en très net progrès d’une année sur l’autre grâce aussi à une baisse du total des dettes, et en très faible amélioration par rapport au trimestre précédent,

Document 1 :

Deutsche Bank2016 Q42017 Q12017 Q22017 Q32017 Q4
1 Assets1 590,551 564,761 568,731 521,451 474,73
2 Equity59,83359,88566,25865,67663,174
3 Deductions8,5788,3897,2997,7756,035
4 Goodwill8,9829,0398,8348,7738,839
5 Tangible eq42,27342,45750,12549,12848,3
6 Liabilities1 548,271 522,301 518,611 472,331 426,43
7 Leverage (µ)36,6335,8630,329,9729,53
8 Core Tier 1 (%)2,732,793,33,343,39

Sommes en milliards d’euros.

Les banksters de Deutsche Bank publient quand même normalement le montant de leurs véritables capitaux propres : Common Equity Tier 1 (CET 1) capital (CRR/CRD 4) fully loaded,

Document 2 :

Ces chiffres montrent que Deutsche Bank n’est pas la pire des big banks too big to fail car elle est battue de peu par les Mécanos de la Générale dans ce match des plusse pires !

Document 3 :

Cependant, une note (sans commentaires) sur les prêts (Loans), qui se montent à 405,621 milliards d’euros, fait apparaitre des pertes (Allowance for loan losses) pour un montant de 3,921 milliards, ce qui correspond à un ratio NPL (de pertes, Non Performing Loans) sur les prêts de… 0,97 % !

Document 4 :

Or, d’après les Marioles de la BCE eux-mêmes, ce ratio est de 6,2 % en moyenne pour les grandes banques de la zone,

Document 5 :

Donc, soit les banksters de Deutsche Bank sont en fait des banquiers parmi les meilleurs du monde en obtenant un ratio NPL inférieur à 1 %, soit, ce sont encore et toujours des banksters qui ne publient pas des comptes donnant une image fidèle de la réalité, ce qui est condamnable mais pas condamné, évidemment.

Ces comptes de Deutsche Bank sont quand même en passe d’être certifiés par KPMG,

Document 6 :

En reprenant le chiffre fourni par les Marioles de la BCE pour le ratio moyen NPL des grandes banques de la zone, à savoir 6,2%, en l’appliquant sur le montant du total des prêts, soit 405,621 milliards d’euros, ce sont donc… 25,149 milliards qui auraient dû être comptabilisés en pertes, et non pas 3,921 milliards !

Les banksters de Deutsche Bank ont donc maladroitement essayé de camoufler une perte de… 21,228 milliards d’euros (correspondant à la différence entre 25,149 milliards et 3,921 milliards) !

En étant gentil et pour simplifier, en arrondissant les pertes non enregistrées sur les NPL à 20 milliards d’euros, les capitaux propres viennent ainsi en diminution de ce montant, ce qui fait apparaitre un multiple d’endettement supérieur à… 50 !

Document 7 :

Deutsche Bank2017 Q4
1 Assets1 474,73
2 Equity63,174
3 Deductions26,035
4 Goodwill8,839
5 Tangible eq28,3
6 Liabilities1 446,43
7 Leverage (µ)51,11
8 Core Tier 1 (%)1,96

Un rappel : la banque des frères Lehman a fait faillite avec un leverage de 32 !

Le plus drôle est qu’il y a des gens qui n’ont pas décelé cette mystification, et que d’autres se demandent pour quelles raisons le cours de Deutsche Bank a baissé la semaine dernière de 12 %.

Et les banques italiennes non cotées, donc ne publiant pas leurs comptes, sont dans une situation plusse pire encore, ce qui inquiète même les Marioles de la BCE.

Dans ces conditions, il ne faut pas se demander si la zone euro est pérenne, mais quand se produira le tsunami bancaire qui l’emportera dans les abysses.

Pour rappel, Deutsche Bank survit grâce à des augmentations successives de capital de… 30 milliards d’euros et des suppressions massives d’emplois à cause des fautes de gestions de ses banksters jamais condamnés.
La capitalisation boursière de Deutsche Bank reste à un niveau très bas aux alentours de 30 milliards d’euros (en forte hausse grâce à l’élection du Donald !), largement inférieure à ses capitaux propres tangibles (48 milliards), ce qui était considéré lors de la grande crise en 2009 comme le plancher objectif de toute banque en danger : sa valeur à la casse.
Le cours de Deutsche Bank reste inférieur à ce qu’il était en… 1996 !

Les 30 milliards d’euros d’augmentations successives de capital correspondent à sa capitalisation boursière, ce qui signifie qu’il n’y a eu aucune création de valeur de par son activité pendant des décennies.
Les Allemands, s’ils sont de bons industriels, ont déjà montré dans le passé qu’ils pouvaient être les pires en matière de création monétaire et de faillites bancaires, cf. le dernier livre de Pierre Jovanovic, Hitler ou la revanche de la planche à billets.

Deutsche Bank a été dans le passé récent la pire des banques dans le cadre de la liste des 28 Importantes Institutions Financières Systémiques Mondiales (Global Systemically Important Financial Institutions, G-SIFIs) et elle le restera du moins tant qu’elle sera maintenue en survie.

Cliquer ici pour lire les derniers résultats trimestriels communiqués par Deutsche Bank.
Cliquer ici pour lire le dernier rapport annuel de Deutsche Bank.
Cliquer ici pour lire mon article sur les résultats trimestriels précédents de Deutsche Bank.

7 réflexions sur “Deutsche Bank 4° trimestre 2017”

  1. Il manque quand même une réponse qui doit nous permettre d’avoir une vision globale du problème banco-financier en Europe.

    Les bilans de nos banques systémiques ne font pas vraiment envi et elles ont toute une peine monumentale pour respecter les règles d’endettement. Hors, force est de constater qu’elles s’ameliorent (gentiement mais sûrement). Le multiple a tendance à baisser!

    D’un autre côté, la bulle monétaire en Europe grandit considérablement.

    Si bulle, c’est parce que non respect de règles comptable, on ne reconnaît pas une perte etc.

    La question est donc: si nos tbtf tendent vers le mieux mais que la bulle monétaire continue de grandir, alors d’ou vient le carburant à l’heue Actuelle ??

  2. Il n’est pas possible d’obtenir le vrai ratio NPL de la Deutsche Bank ?
    Car 6,2%, d’une c’est une moyenne, de deux c’est une donnée fournie par les marioles donc c’est généreux d’accorder du crédit à cette information.

  3. Dans votre analyse….vous ne parlez pas des 50.000 milliards$ de produits dérivés qui se trouvent dans le « Hors Bilan » ….Je n’ose imaginer la suite si les marchés dévissent…..

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