L’année 2016 est bien partie pour être une année passionnante car elle ne ressemble à aucune autre avec en particulier la perspective de taux négatifs pour les bons de Trésors de référence jusqu’aux 10 ans dans la zone euro (le Bund), ceux de l’Helvétie ayant déjà atteint cette valeur critique en 2015 (mais les petits Suisses n’intéressent personne).
C’est du jamais vu, c’était inimaginable, inconcevable, mais comme l’a dit Jean-Claude Le Tricheur : depuis 2008 tout est possible !
Dans une telle situation, que faire ?
La seule solution est de se référer évidemment aux théories économiques car elles rassemblent un corpus de connaissances élaborées par un certain nombre d’économistes qui les ont rendues cohérentes et fiables.
Bien entendu, il n’est plus question de reprendre ces théories qui ont finalement prouvé leur nullité comme celles qui ont été tirées des idées d’un certain Karl Marx, ce qui a alimenté l’essentiel des polémiques au XX° siècle.
La seule théorie qui permet maintenant d’analyser d’une façon pertinente les évènements économiques et financiers actuels est celle qui a été initiée par Milton Friedman, enrichie et appliquée avec succès par la suite en particulier par les Reaganomics.
Alan Greenspan a maintenu la flamme tant qu’il a été à la tête de la Fed (grâce à ses discours savoureux) mais malheureusement, depuis son départ, c’est médiatiquement le grand vide bien que les gens de la Fed continuent à appliquer avec brio un monétarisme adapté aux circonstances…
Qu’en est-il de ce monétarisme ?
Le premier pilier des Reaganomics est l’argent sain disait jadis Arthur (Laffer)…
… ça commence mal car, en dehors du microcosme microscopique constitué par les personnes qui lisent et qui comprennent ce que j’ai écrit précédemment, peu de gens maitrisent ce concept.
L’analyse de l’évolution des agrégats monétaires est l’instrument privilégié qui permet de vérifier que l’argent reste sain.
C’est là un concept tellement important que le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, a réussi à imposer, avant sa prise de fonction à la tête de la Fed, la suppression de la publication des chiffres de M3 dès qu’il a eu pris officiellement la tête de la Fed pour que seuls, lui et ses collaborateurs, puissent disposer de cette information indispensable à toute analyse !
Ainsi, tous les économistes ont été privés de cet indicateur essentiel, ce qui a permis aux seuls gens de la Fed de maitriser la grande crise qu’ils préparaient pour faire éclater la bulle qui s’était formée en M3-M2, connue sous l’expression de la crise des sub-prime.
Il en est encore de même actuellement : la Fed ne publie toujours pas les chiffres de cet indicateur-clé mais il est possible d’en avoir des indications à partir de l’observation des disponibilités (cash) des entreprises américaines qui sont considérables, comme le prouvent par ailleurs le montant des réserves de la Fed, la distribution des dividendes et les rachats d’actions, le tout sans création monétaire.
L’argent est resté sain aux Etats-Unis.
Par contre, il n’en est pas de même dans la zone euro où M1 dépasse les limites de ce qui est imaginable, cf. mes analyses à ce sujet.
L’argent n’est pas sain dans la zone euro.
Pire : les banques ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement.
Dans ces conditions, le pire peut se produire.
Les Américains (les gens de la Fed et les dirigeants les plus influents) ont sauvé le Bund des taux négatifs à partir du 28 avril 2015 (car la croissance des Etats-Unis était encore un peu fragile) mais ils ne l’ont pas fait récemment (surtout depuis ce début d’année) car les entreprises américaines peuvent maintenant supporter une €-crise majeure.
Cerise sur le gâteau : ces mêmes Américains font croire à tous les idiots inutiles que l’Amérique est au bord du gouffre, et ils y croient (!) … ce qui a l’avantage de brouiller les pistes en occultant le problème le plus important.
Cependant, de plus en plus d’investisseurs commencent à douter de la fiabilité des banques européennes dont la capitalisation boursière est maintenant inférieure à leur actif net tangible.
Le plus grave est que les autorités de l’Europe continentale n’ont aucune culture monétariste, ce qui fait qu’elles accumulent les erreurs : les gens de la BCE mènent une politique monétaire suicidaire ainsi que les banksters et les hommes (et les femmes) politiques, sous leur influence, ne comprennent rien à rien, ce qui n’est pas étonnant.
Dans ces conditions, une fois de plus, le pire n’est pas certain mais possible.
Complément : William Dudley, Président de la Banque fédérale de New York, vient de déclarer que le système bancaire américain et l’économie en général sont assez forts actuellement pour absorber d’importants chocs extérieurs.
Le non respect des règles prudentielles et l’exuberante bulle monétaire en zone euro vont de pair! Il ne peut pas en être autrement il me semble…
Si je peux me permettre, ce post gagnerait à être étoffé par de l’analyse. Le dogme nous le connaissons! Merci tout de même.
Ce texte est une synthèse qui repose sur mes analyses, à consulter !
Bonsoir,
Merci pour ce billet fort éclairant. Vous suivant depuis quelques années déjà, j’apprécie la pertinence de vos raisonnements et la justesse des théories monétaristes.
Sur les banques, le plongeon boursier vécu ces derniers jours par nos « big bank » conforte in visu vos écrits. Lorsque j’ai entendu et vu cette semaine sur une chaîne d’information économique l’actuel gouverneur de la Banque de France, ci-devant à la tête de l’ACPR et ancien DG d ‘une des gross bank touché méchamment par le krach boursier auquel nous avons assisté (assistons ?), j’ai pouffé, jaune, mais j’ai pouffé lorsqu’il a affirmé sans sourciller que les banques françaises étaient solides comme un roc! Le lendemain, la bérézina commençait. De plus en plus nombreux sont les observateurs économiques qui, sans le dire ouvertement, vous rejoignent (je pense entre autres au fait que les banques préfèrent replacer l’argent prêté par la BCE à la BCE). Il serait réellement intéressant que vous puissiez exposer vos idées sur cette chaîne d’information économique. Hélas pour vous, qui paie commande et je ne suis pas du tout certain que vous y soyez le bienvenu. Il est toujours si difficile d’avoir raison avant tout le monde.
Comme vous le dites, 2016 devrait être riche en événements. J’ai bien peur que nous soyons arrivés ou que nous arrivions, contraints et forcés, au bout d’une ère d’autant plus qu’aux stricts problèmes économiques s’ajoute une échéance politique majeure pour notre pays. Les récentes décisions prisent par le pouvoir n’incitent pas en la matière à l’optimisme. Sur ce plan, l’horizon parait singulièrement bouché.
Bonne soirée
Bonsoir Monsieur CHEVALIER, il y a plus au moins 1 ans et demi vous disiez que les exportations américaine ne valais plus que 2 pc via l’Europe et que une faillite de l’Europe n’aurai pas un impacte important sur l’Amérique après vous dite que l’Amérique à sauvé le Bund le 28 avril 2015 parce que la croissance us étais un peu fragile mais plus maintenant, je pense que une petite explication s’impose
Oh, là, là! c’est la faute du billet de 500 €, que la BCF n’imprime pas ! (Sapin Février 2016),
C’est beau 50 ans de construction Européenne !.
€ zonards, et plus si affinité!
Dette publique + dette privée = dette totale.
En pourcentage du PIB, quels sont les pays qui ont la dette totale la plus élevée ?
Réponse :
Sur les 13 premiers, 11 sont européens !
1- Médaille d’or : Japon. Dette totale : 400 % du PIB.
2- Médaille d’argent : Irlande. Dette totale : 390 % du PIB.
3- Médaille de bronze : Singapour. Dette totale : 382 % du PIB.
4- Portugal. Dette totale : 358 % du PIB.
5- Belgique. Dette totale : 327 % du PIB.
6- Pays-Bas. Dette totale : 325 % du PIB.
7- Grèce. Dette totale : 317 % du PIB.
8- Espagne. Dette totale : 313 % du PIB.
9- Danemark. Dette totale : 302 % du PIB.
10- Suède. Dette totale : 290 % du PIB.
11- France. Dette totale : 280 % du PIB.
12- Italie. Dette totale : 259 % du PIB.
13- Royaume-Uni. Dette totale : 252 % du PIB.
Source :
Rapport McKinsey de février 2015 :
http://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Global%20Themes/Employment%20and%20Growth/Debt%20and%20not%20much%20deleveraging/MGI%20Debt%20and%20not%20much%20deleveragingFullreportFebruary2015.ashx