Greenspan et ses successeurs

Lorsqu’Alan Greenspan dirigeait la Fed, c’était bonnard : il a réussi à faire baisser l’inflation en provoquant de petites crises puis des reprises vigoureuses.
Finalement, sur cette longue période, la croissance a été proche de son potentiel optimal avec des créations d’emplois supérieures à ce qu’elles auraient dû être.
En quittant la direction de la Fed, il savait que ses successeurs allaient rompre avec ce type de politique monétaire : il a annoncé le temps des grandes turbulences à venir.

Effectivement, le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke et ses acolytes ont provoqué la plus grande crise qu’aient connue les Etats-Unis depuis la Grande Dépression, sans reprise vigoureuse immédiate et sans créer beaucoup d’emplois non qualifiés.
Il s’agit là d’une politique mûrement réfléchie et choisie par ceux qui défendent les intérêts de l’Amérique pour qu’elle garde son leadership sur le Monde libre

En effet, une politique économique garantissant des emplois pour tous les Américains, y compris pour les moins qualifiés, est un puissant aspirateur pour une immigration incontrôlable d’Hispaniques et de Latinos sans formation.

Comme il est difficile de mettre en place une politique protectionniste contre cette immigration indésirable (Donald Trump est vivement critiqué sur ce point, y compris parmi les Républicains), il est plus facile d’introduire cette barrière naturelle qu’est un chômage endémique pour les personnes non qualifiées.

Les statistiques du ministère du Travail sont claires : le taux de chômage des Américains qualifiés (bac + 4 et plus) est de… 2,4 % alors qu’il est de 7,1 % pour les non diplômés !

Document 1 :

L’Amérique manque de main d’œuvre hautement qualifiée (ingénieurs, informaticiens, médecins, biologistes et autres scientifiques, etc.) qui est à la base des innovations, ce qui fait sa force.

Un goulot d’étranglement (constitué par la pénurie de main d’œuvre hautement qualifiée) risque donc de limiter la croissance des Etats-Unis.
Pour éviter un regain d’inflation sur ces hauts revenus, les Américains qui défendent les intérêts de l’Amérique pour qu’elle garde son leadership sur le Monde libre font croire aux innombrables idiots inutiles que l’Amérique est au bord du gouffre avec un chômage à faire peur !

Le premier résultat de cette manipulation de l’opinion est au-delà de leurs espérances : tout le monde (c’est-à-dire les idiots inutiles devenus miraculeusement utiles) est persuadé que tout va mal aux Etats-Unis, ce qui incite entre autres les Américains à augmenter leur épargne, ce qui contribue à contenir une croissance non inflationniste sans que la Fed intervienne directement pour cela.

Le second résultat de cette manipulation de l’opinion est faire croire que la vieille Europe continentale est en meilleure posture (que l’Amérique) ce qui y accentue le désordre qui y règne (et ce qui limite la progression du dollar par rapport à l’euro entre autres).

Ainsi par exemple, la pentification de la courbe des taux est hors de toute norme avec des taux négatifs jusqu’à une échéance de… 19 ans pour les petits Suisses !

Document 2 :

Des taux négatifs jusqu’à une échéance de quasiment… 10 ans en Germanie

Document 3 :

alors que la pentification de la courbe des taux des Etats-Unis est quasiment normale, les taux étant tirés vers le bas par les craintes issues de l’Europe,

Document 4 :

Des taux à zéro, ça n’existe pas, c’est inconcevable, inimaginable comme l’a dit fort justement Jean-Claude Le Tricheur.
Des taux négatifs de référence sur des échéances longues encore moins, et pourtant c’est devenu une réalité.
C’est le signe du plus grand désordre durable provoqué initialement par l’hypertrophie de l’agrégat monétaire M1 dans la zone euro.

Le Japon est englué depuis longtemps par une hypertrophie de l’agrégat monétaire M3-M2 qui provoque là aussi une pentification de la courbe des taux est hors norme avec des taux négatifs jusqu’à une échéance de… 10 ans,

Document 5 :

L’argent sain est le premier pilier des Reaganomics.
Les nuls en monétarisme sont condamnés à végéter.
Tout est simple.

14 réflexions sur “Greenspan et ses successeurs”

  1. Cet argent sain ne bénéficie, en fin de compte, qu’à une infime minorité d’américains… les classes populaires non qualifiées sont aux chômage et les diplômés se font avoir par le système en voyant leur salaire sous valorisé.

    Il n’y a donc pas d’américain qui défende les intérêts de l’Amérique pour qu’elle garde son leadership sur le Monde libre mais seulement quelques américains qui ne défendent, en fin de compte, que leur propres intérêts pour conserver leur leadership sur le monde libre et sur leurs propres compatriotes… ce que l’on peut, par définition, qualifier de « nomenklatura »… l’herbe n’est jamais plus verte ailleurs.

    1. Les choses sont beaucoup plus simples que ça : les banquiers centraux américains font bon usage des outils qui sont à leur disposition, grâce à une bonne culture économique et monétariste.

      Cela permet à ce pays de maintenir son leadership, sa puissance (notamment du point de vue de l’innovation technologique), sur le monde libre, et tous les américains en bénéficient plus ou moins indirectement, à plus ou moins long terme. Les individus non-qualifiés sont « naturellement » incités à se former pour de devenir plus qualifiés.

  2. Après avoir lu l’article je résume que les trois cents millions d’Américains mène une guerre économique contre le reste de la planète et ses sets milliards d’habitants et la géopolitique que devient-elle, imaginons dans un futur proche une partie de l’Europe s’effondre et que dans la tourmente sans savoir au aller face une alliance avec la Russie et la chine antre autre appeler aussi les BRICS et que tout ses pays fond une alliance économique contre les USA, et la je commence à comprendre pourquoi l’Amérique à sauver le Bund allemand

  3. Mitterrand: La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.

  4. bonjour.

    c’est le monde des bulles successives: la bulle internet,la bulle immobilière,la bulle obligataire…etc au suivant..

    1. La bulle obligataire éclatera-t-elle seulement?
      Pour que cela se produise il faudra une hausse des taux US suffisamment forte pour que cette hausse se transmette dans le reste du monde libre (Europe et Japon) … ce n’est pas pour tout de suite à mon avis … qu’en pensez-vous?

      1. Cette bulle obligataire est provoquée par l’hypertrophie en M1 qui est loin de se résorber car elle continue à s’aggraver !
        Donc les taux à zéro et négatifs sont durables, ainsi que l’€-crise…

  5. Les banques centrales sont à l’origine des taux d’emprunts d’états.
    La Suisse est elle endettée pour n’offrir que des taux ZERO?
    A taux ZERO autant de ventes d’emprunts?
    Cela peut il durer longtemps? Ou est ce pour une durée 1/3 ans?
    Et la sortie?????

  6. La BCE n’a pas fini de financer les pays du club Med avec des taux bas:

    La banque d’Espagne estime mardi que le pays n’arrivera pas à réduire avant 2018 son déficit public en dessous des 3% du PIB comme l’exigent les règles européennes, soit un an plus tard que prévu par le gouvernement.

    Pour l’année 2016, la banque estime que l’Espagne aura un déficit public de 4,1%, puis de 3,4% en 2017 et enfin de 2,9% en 2018, selon un document de prévisions diffusé sur son site.

  7. qu’arrive t il mr chevalier si j’emprunte 100 millions sur 1 an a une banque ( soyons généreux a 0.1% de taux d’interet) et que je place cette somme sur un livret orange a 0.5% , placement qui n’a pas de limite de somme.?
    qu’arrive til si je fais 170 000 fois cette opération d’ci fin juin 2016? je fais sauter la banque? ou le système fiancier Français vu que politiquement je ne peux pas toucher le taux règlementé de 0.5% adossé au le livret A?

    Pas belle la vie 🙂

    1. Problème : il faut payer des frais de dossier (en général) et au minimum une contribution pour garantir le prêt, soit 1,50% directement dans la poire … donc au moins 3 ans pour rentabiliser, avec en plus une flexibilité financière dégradée (vu l’endettement) qui empêcherait de saisir des bonnes opportunités qui peuvent se présenter …

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