France : déflation, croissance zéro, désordre croissant

Le taux d’inflation sous-jacente est inférieur à 0,5 % d’une année sur l’autre (0,1 % en juillet et 0,4 % en août), la croissance du PIB est quasiment nulle depuis le 1° trimestre 2012 (elle n’a été que de 0,5 % sur cette période de deux ans et demi), les dépenses des ménages n’ont pas augmenté depuis le 3° trimestre 2010 (271 milliards d’euros sur un trimestre) d’après les chiffres de l’Insee.

C’est bien la croissance zéro et la déflation potentielle.

En effet, le taux d’inflation sous-jacente optimal doit être compris dans une bande entre 1,0 et 1,5 % pour être à l’abri des risques d’inflation et de déflation.
La déflation est potentielle car les dépenses publiques doivent maintenant être impérativement réduites, du fait de la pression exercée en particulier par l’Allemagne, ce qui contribuera dans un premier temps à une baisse relative du PIB et à une baisse de la demande transmise par la baisse de l’activité des entreprises travaillant pour le secteur public.
La baisse des dépenses publiques n’aura pas d’effets positifs immédiats compte tenu de l’importance des déficits publics.

Pas de croissance, donc pas de création d’emplois, donc pas de hausse du niveau de vie. Le mécontentement général augmente et augmentera d’autant plus que le gouvernement et le président de la République accumulent les erreurs et les revirements (pour être gentil), ce qui accentue le désordre.

Et maintenant, que faire ? … disait le camarade Lénine.

Une première solution serait de suivre les bons conseils et les modèles de nos voisins teutons et helvètes. Pour cela il faudrait entreprendre des réformes selon l’expression consacrée.

Ainsi par exemple, il faudrait supprimer le monopole de la Sécurité Sociale pour laisser faire la concurrence des assurances privées en établissant les règles nécessaires au bon fonctionnement d’un système de santé, il faudrait supprimer le système de retraite par répartition pour mettre en place un système de fonds de pension selon des modalités à définir, supprimer les fameuses 35 heures et une grande partie du droit du non travail, etc.

Evidemment, aucun gouvernement n’a osé ni n’osera faire ces réformes !

Deuxième solution : sortir de l’euro-système évidemment !

Là encore, aucun gouvernement n’a osé ni n’osera le faire.
Dans ces conditions, c’est foutu comme aurait dit l’actuel Premier ministre.

Compléments : la BCE ne peut évidemment ne rien faire pour dynamiser la croissance en France.
Il est clair maintenant que toutes les déclarations des hommes politiques annonçant un avenir radieux dans la zone euro ont été une gigantesque tromperie de la part d’incultes, en matière de monétarisme.

15 réflexions sur “France : déflation, croissance zéro, désordre croissant”

  1. bonjour Mr Chevallier.
    Si l’on sort de l’Euro que vont devenir mes 30.000 € sur mon mon Plan Epargne Logement ? des francs dépressiés ? on punira alors un homme qui a été plutot travailleur et prudent,qui a mis de l’argent de coté,qui n’a pas dépensé l’argent qu’il n’avait pas etc…

  2. Bonsoir,

    Depuis le temps que je vous lis, c’est la première fois que je vous vois si pessimiste. Votre problème est que vous avez rarement tort. Le monétarisme, que j’ai découvert grâce à vous, est une mécanique implacable et, comme vous le rappelez régulièrement, « simple » (enfin, tout est relatif). Dommage que les clowns à roulettes qui président à nos destinées soient si incultes (et ça ne concerne pas que la macro-économie).
    Lorsque vous affirmez  » La baisse des dépenses publiques n’aura pas d’effets positifs immédiats compte tenu de l’importance des déficits publics. », est-il possible de dimensionner la période sans effets positifs? J’ai bien peur qu’elle soit assez longue et, à titre personnel, je pense que nous allons, à cause des mensonges accumulés et des monumentales erreurs faites, droit vers une guerre civile, une vraie. Déjà, autour de moi, je rencontre des personnes qui en arrivent à la même conclusion ou qui, victimes consentantes, refusent le sort qui les attend au nom de la démagogie qui les a bernées. J’espère simplement me tromper.

    Merci pour vos analyses.

    1. C’est bien tout le souci … Les politiques néfastes à base de dépense publiques ont des effets positifs à court terme sur le PIB mais négatif à long terme. Par contre, les politiques bénéfiques d’efficacité ont souvent des effets négatifs à court terme et positifs à long terme. Donc les clowns à roulettes qui nous gouvernent choisissent sans hésitation le court terme … D’ailleurs, quand on voit les retours de flamme qu’ils se chopent à chaque fois, on a du mal à comprendre qu’ils ne se mettent pas à réfléchir à plus long terme …

  3. Concernant la consommatione en France,Mr Charles gave a écrit ceci:

     » Ecoutez, c’est tout simple, cette histoire de consommation, c’est une plaisanterie. Ou la consommation est fondée sur de l’argent gagné, ou sur de l’argent emprunté. Aujourd’hui, la consommation française en entièrement fondée sur de l’argent emprunté.

    On est en train d’arriver aux limites de l’emprunt, donc s’imaginer qu’on peut soutenir la consommation pour empêcher une chute de l’activité est une vaste plaisanterie, ça ne peut pas tenir le coup.

    Donc prétendre qu’on ne va pas prendre de mesure douloureuse, à partir du moment où l’emprunt ne peut plus avoir lieu, c’est-à-dire d’ici quelques mois où on se retrouvera dans une situation comme celle de l’Espagne, eh bien à ce moment-là la consommation baissera automatiquement.

    C’est une plaisanterie. La consommation s’est écroulée en Espagne, la consommation s’est écroulée en Grèce, et on est exactement dans le même scénario.

    C’est une fausse consommation. Il y a toute une partie de consommation en France qui n’est pas gagnée, que les gens ne gagnent pas, et il va falloir un jour ou l’autre qu’on ramène la consommation au niveau gagné.

    Aujourd’hui en France, vous avez la consommation gagnée plus la consommation empruntée. Eh bien, la consommation empruntée va s’arrêter. A ce moment-là, ou on décide de faire comme les Britanniques et on s’en sortira peut-être, ou on décide – je ne sais quoi – que ce soit les marchés qui décident d’arrêter la consommation empruntée, et à ce moment-là c’est le drame. »

  4. Je suis tout à fait d’accord avec les constats faits, et notamment l’incompétence et la collusion qui règnent au sein des instances dirigeantes.
    Mais absolument pas avec les solutions préconisées : fin du système de répartition, confier la gestion de retraites à des fonds de pension, sérieusement? Vous voulez une guerre civile? Avez-vous donc oublié ce qui s’est passé en 2008-2009? Que la bulle spéculative sur les marchés européens alimentée par Draghi & consors éclatera dés lors que la BCE ne pourra plus faire autre chose que remonter ses taux directeurs?
    Le raisonnement va aussi pour les assurances privées.

    1.  » confier la gestion de retraites à des fonds de pension, sérieusement? »

      Dans mon coin, vous pouvez ouvrir votre propre compte d’epargne retraite et le gerer comme vous l’entendez, et mettre dedans ce que vous voulez, actions, obligations, monnaie, … cash 🙂

      La plupart des fonds mutuels panachent les actifs. Il y a des fonds agressifs essentiellement en action, des fonds « conservatifs » avec des Treasury Inflation-Protected Securities, des fonds intermediaires avec un mix d actions et d/obligations.

      Durant les recessions votre epargne retraite peut perdre 10-20-30%dependant du type de placements, mais ca reprend ensuite. Comme l’economie mondiale… qui est globalement en croissance .

      Ici l’evolution d’une action, consideree comme l’equivalent d un fonds de pension « gestion pepere » , celle de Berkshire Hathaway (Warren Buffet) incluant les corrections des recessions

      https://ca.finance.yahoo.com/q/bc?s=BRK-A&t=my&l=off&z=l&q=l&c=

      Souvenez vous que le systeme par repartition francais repose essentiellement sur les actifs francais, qu’il y en a peu, et qu’au moment ou l’investissement s effondre lentement, il y en aura encore moins demain. Faire reposer sa retraite sur un nombre d actifs peu eleve et qui travaillent peu (croissance 0) et pour le moins risque.
      Un fonds d;investissement repose sur une activite et une demande internationale. C a d sur des pays qui ont un potentiel de croissance bien plus eleve que la France.

      my two cents

      Stef

  5. Lundi 15 septembre 2014 :

    Les grandes économies mondiales ralentissent, la zone euro décroche (OCDE).

    L’OCDE a constaté lundi un ralentissement des grandes économies mondiales, en épinglant en particulier la croissance anémique et le risque de déflation en zone euro, le tout sur fond de risques géopolitiques et financiers importants.

    L’Organisation pour la coopération et le développement économiques a baissé de 0,4 point par rapport à sa dernière estimation de mai sa prévision de croissance 2014 du Produit intérieur brut pour la zone euro à 0,8% et de 0,6 point sa prévision pour 2015 à 1,1%.

    Cette croissance anémique est « l’aspect le plus préoccupant » constaté par l’OCDE dans son communiqué de presse.

    http://www.romandie.com/news/Les-grandes-economies-mondiales-ralentissent-la-zone-euro-decroche/517571.rom

    – « Quand on dit que l’Europe de Maastricht créera des emplois, ça reste vrai. Il se trouve que le traité de Maastricht n’est pas encore appliqué. Lorsqu’il le sera, il est évident qu’il y aura une très forte croissance qui en découlera, car nous aurons un grand espace économique avec une monnaie unique. »

    (Jacques Attali, France 2, débat télévisé « Polémiques » animé par Michèle Cotta)

    – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

  6. Dans cet article qui évoque aussi les deux solutions que vous citez, ils donnent une troisième voie possible à la dévaluation monétaire associée à la sortie de l’euro et à la réforme massive des comptes publics. Ils parlent d’une dévaluation interne au sein de l’euro en faisant une TVA sociale massive. Il est vrai que le taux maximal de TVA en Europe est de 27%. Nous avons donc en théorie de la marge. Et il serait possible aussi d’augmenter les taux réduits. Cela permettrait des diminutions très importantes de cotisations salariale et patronales sans trop exploser les déficits. La claque sur le pouvoir d’achat serait massive mais favoriserait très nettement l’investissement intérieur et la balance commerciale. On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs, ce que semblent croire nos dirigeants.

    1. Heu, Silk…

      Cet article a été écrit par un Nicolas Moscovici… ce qui explique peut-être cela !

      L’euro est mort, dans quelle langue souhaitez-vous l’enterrer ?

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