Masse monétaire libre et croissance

Les variations du PIB réel sont inversement proportionnelles à celles de la masse monétaire libre M2-M1 qui est la différence entre la variation de l’agrégat monétaire M2-M1 et (moins) le taux de croissance du PIB réel (en données d’une année sur l’autre).

En d’autres termes, ce sont les variations de cette masse monétaire libre qui sont motrices : l’augmentation de la masse monétaire libre M2-M1 entraine une baisse de la croissance du PIB réel, et inversement, ce qui est bien visible en particulier aux Etats-Unis sur la longue période, depuis 1960, c’est-à-dire depuis que ces données sont publiées,

Document 1 :

L’explication est simple, tout est simple comme le disait Milton Friedman, père du monétarisme : quand les consommateurs augmentent leur épargne de précaution (M2-M1) à un rythme supérieur à la croissance du PIB courant du fait qu’ils n’ont pas confiance en l’avenir, ils diminuent d’autant leurs dépenses, la demande diminuant, l’offre s’y adapte et la croissance du PIB réel diminue alors pour devenir nulle voire négative.

Inversement, quand l’augmentation de l’épargne de précaution… diminue (à un rythme inférieur à la croissance du PIB courant) du fait que les consommateurs ont confiance en l’avenir, leurs dépenses augmentent d’autant, la demande augmentant, l’offre s’y adapte, ce qui fait augmenter la croissance du PIB réel.

Depuis plus de 50 ans, le point d’équilibre entre les variations de la masse monétaire libre M2-M1 et la croissance du PIB réel baisse : de 5 % à 2 % environ depuis ces dernières années (zoom),

Document 2 :

En effet, la croissance du PIB réel est logiquement peu supérieure à celle des gains de productivité de 2 % qui est aussi le taux d’augmentation de la masse monétaire libre M2-M1 soit 4 % d’augmentation logique de M2-M1 correspondant à une croissance du PIB courant avec une inflation de l’ordre de 2 %.

Depuis l’après-guerre, les gens de la Fed n’ont jamais réussi à maintenir durablement la croissance du PIB réel à un taux proche de son potentiel optimal. Ils ont créé des cycles, en particulier pour faire baisser l’inflation.

Il est possible qu’après avoir fait éclater la bulle en M3-M2, le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, réussisse à maintenir une croissance du PIB réel à un taux proche de son potentiel optimal pendant une période prolongée.

Cette loi de la masse monétaire libre M2-M1 est également vérifiée avec l’agrégat M3,

Document 3 :

Les variations de M3-M2 qui étaient très fortes et non corrélées avec celles de M2-M1 ont été moins fortes depuis les années 90 et en phase,

Document 4 :

Finalement, les variations de la masse monétaire libre M2-M1ont été proches de celles de M3,

Document 5 :

Contrairement aux idées communément répandues, ce n’est donc pas en augmentant la masse monétaire et encore moins en faisant de la création monétaire que l’activité économique peut être relancée, mais au contraire en la restreignant (l’augmentation de la masse monétaire ralentit la croissance du PIB).

Dans la zone euro, la trop forte création monétaire en M1 condamne la croissance du PIB à être durablement inférieure à son potentiel optimal car les fondamentaux ne sont pas sains : de l’argent non gagné a été distribué en masse, en particulier dans ces cochons de pays du Club Med (l’argent sain est le premier pilier des Reaganomics).

La condition nécessaire pour relancer la croissance du PIB réel serait de faire éclater cette hypertrophie monétaire en M1 et l’euro-système. Pour cela, il faudrait impérativement restreindre la distribution massive d’aides dites sociales ce qui permettrait en même temps de diminuer le taux des prélèvements obligatoires.

Cette loi de la masse monétaire libre est universelle (elle est valable dans tous les pays dans la mesure où il n’y a pas d’hypertrophie monétaire).

Cliquer ici pour voir une version antérieure de cet article sur mon ancien blog.

12 réflexions sur “Masse monétaire libre et croissance”

  1. Je suis on ne peut plus d’accord avec vous sur la nécessaire diminution des aides sociales, cela viendra également diminuer l’argent distribué mais non gagnée.
    Cela permettrait également, en théorie de réduire les charges sociales et relancer l’économie. Malheureusement nos politiciens n’ont pas de cerveau, et je serai prêt à parier que même si ils en viennent à diminuer voir supprimer certaines aides sociales, les charges resteront identiques, car il faut bien financer le déficit.

    JE tenais à vous remercier, car au travers de vos articles, et billets, vous avez répondu ou tenter de répondre, car cela n’est pas non plus si simple que ca, aux différentes questions qui vous sont souvent posées.

    On aurait bien sur plein d’autres questions, mais elles viendront au fil du temps.

    Au plaisir de vous lire.

    Olivier

  2. Vous avez écrit « L’explication est simple, tout est simple comme le disait Milton Friedman, père du monétarisme : quand les consommateurs augmentent leur épargne de précaution (M2-M1) à un rythme supérieur à la croissance du PIB courant du fait qu’ils n’ont pas confiance en l’avenir, ils diminuent d’autant leurs dépenses, la demande diminuant, l’offre s’y adapte et la croissance du PIB réel diminue alors pour devenir nulle voire négative. »

    Vous indiquez aussi que « La condition nécessaire pour relancer la croissance du PIB réel serait de faire éclater cette hypertrophie monétaire en M1 et l’euro-système. Pour cela, il faudrait impérativement restreindre la distribution massive d’aides dites sociales ce qui permettrait en même temps de diminuer le taux des prélèvements obligatoires. »

    Mais ce n’est pas forcément si simple en fait : si on restreint la distribution massive d’aides dites sociales et si on fait éclater l’euro-système, on pourrait aussi diminuer encore plus la confiance de bon nombre de consommateurs, qui épargneront plus, ce qui fera à nouveau diminuer la croissance….

    Par ailleurs, autant il semble logique que si la croissance diminue, les consommateurs deviennent frileux et épargnent plus, autant il semble moins logique qu’il suffise d’empêcher les consommateur d’épargne pour faire augmenter la croissance.

  3. [même message avec qqs corrections]

    Vous avez écrit « quand les consommateurs augmentent leur épargne de précaution (M2-M1) à un rythme supérieur à la croissance du PIB courant du fait qu’ils n’ont pas confiance en l’avenir, ils diminuent d’autant leurs dépenses, la demande diminuant, l’offre s’y adapte et la croissance du PIB réel diminue alors pour devenir nulle voire négative. »

    Vous indiquez aussi que « La condition nécessaire pour relancer la croissance du PIB réel serait de faire éclater cette hypertrophie monétaire en M1 et l’euro-système. Pour cela, il faudrait impérativement restreindre la distribution massive d’aides dites sociales ce qui permettrait en même temps de diminuer le taux des prélèvements obligatoires. »

    Mais ce n’est pas forcément si simple en fait : si on restreint la distribution massive d’aides dites sociales et si on fait éclater l’euro-système, on pourrait aussi diminuer encore plus la confiance de bon nombre de consommateurs, qui épargneront plus, ce qui fera à nouveau diminuer la croissance….

    Par ailleurs, autant il semble logique que si la croissance diminue, les consommateurs deviennent frileux et épargnent plus, autant il semble moins logique qu’il suffise d’empêcher les consommateur d’épargner pour faire augmenter la croissance.

      1. Merci Gilles et JonhyBoy de me le rappeler, effectivement maintenant çà me revient, JP en avait parlé. Ce n’est plus de la furtivité, c’est du Fantomas !!!.

  4. Avec des constations historiques sur plus de 50 ans (!), il est quand même déroutant de constater qu’aucun de nos pairs européens ne traite nos problèmes de croissance sous l’angle monétariste….
    Cela semble tellement limpide. On ne peut pas contester votre parti pris : tout est purement factuel, il n’y a pas d’interprétation. Il est important de rappeler les contextes économiques de chaque période pour comprendre ce qui a été entrepris à l’époque. Mais mis à part ce rappel historique, on ne peut pas nier que la variation de l’un implique la variation de l’autre. Incontestable et vérifiable.
    Le reste semble, effectivement, n’être que littérature….

  5. @BFA: cf. la furtivité du bombardier B-2…

    @Julien: d’accord avec vous. Je me pose la même question… Souvent, quand c’est simple, les gens estiment que c’est trop simple pour être juste…

    Merci JPC pour votre billet ! Excellent !

    Le plan mit en place par B-2 pour faire éclater la bulle monétaire et assainire le système financier en 2007 était véritablement génial.

    J’ai franchement de la peine à croire que nos très chers marioles de la BCE ne sont pas capables de mettre en place eux aussi un « plan de décontagions » et qu’ils ne font que rechercher des solutions à cours terme histoire de gagner du temps… Mais du temps sur quoi ? Aucun plan du côté BCE à votre avis ?

    Encore merci !

  6. Vous expliquez que ces variations monetaires sont dues a la confiance des menages qui investissent, et c’est ca le moteur du PIB et des variations M2-M1. Tout a fait d’accord.
    Donc la cause premiere a la fois du ralentissement de M2-M1 et de l’augmentation du PIB, c’est la confiance des menages, l’investissement, la consommation.

    Ensuite vous dites que pour relancer la Fed doit restreindre l’offre de monnaie… ok ca reduirait l’augmentation de M2-M1, mais ca ne rendrait pas la confiance aux menages pour autant, et donc ca ne relancerait pas le PIB.
    Relancer la confiance, c’est justement ce que la Fed espere faire en amenant de la liquidite.

  7. Bonjour,

    Merci beaucoup d’avoir présenté ces chiffres de M2-M1 et du PIB réel sur longue période. Est-ce qu’on a des explications sur le fait que la croissance moyenne soit passé de 5% a 2% ? serait-ce du a un changement de cycle économique LT (cf Kondratiev) ?

    Cordialement,
    yannick

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