Portugal : l’euro m’a tuer !

Il est rébarbatif d’analyser les agrégats monétaires des pays de la zone euro car les données fiables ne sont généralement pas faciles à trouver et elles ne sont pas téléchargeables.
Ainsi par exemple, une recherche (de ces données) sur le site de la Banque (centrale) du Portugal ne donne aucun résultat mais la même recherche sur Google fournit la page de la Banque du Portugal où ont été publiés les derniers chiffres recherchés, sans avoir la possibilité de télécharger les séries longues.

Manifestement, personne en Europe ne s’intéresse au monétarisme qui est ainsi totalement inconnu, y compris de la part des autorités monétaires ! … ce qui est un très grand tort car c’est à partir de ces données que l’on peut voir la partie immergée des icebergs.

D’après ces données, il apparait que l’économie du Portugal est au plus mal avec un agrégat monétaire M3-M2 par rapport au PIB annuel (en pourcentage) inférieur à 2 % et en baisse !

PortugalM1 %GDPM2-M1 % GDPM3-M2 % GDPM3-M2M3
déc-1328,7953,252,223,9147,8
déc-1431,2350,791,62,8146,2
janv-1532,2649,761,542,7146,1
févr-1531,849,871,492,6145,4

Sommes en milliards d’euros.

… ce qui signifie que globalement les entreprises portugaises n’ont pratiquement plus de trésorerie : 2,6 milliards d’euros seulement ! … car elles ne peuvent plus faire de bénéfices à cause de l’euro trop fort compte tenu du niveau de productivité globale du Portugal.

C’est plusse pire en Grèce avec un rapport de 0,5 %, c’est moinsse pire en Italie avec 1,6 % mais à un niveau très faible, inférieur à 2 %, la situation est de toute façon désespérée.

Comme l’a dit Yanis Varoufakis, tout le monde, c’est-à-dire la nomenklatura euro-zonarde, sait que le problème essentiel de la Grèce n’est pas celui d’un manque de liquidités de l’Etat pour payer ses dettes à court terme, mais qu’elle sera de toute façon dans l’impossibilité de rembourser ses dettes, publiques et de ses banques, c’est-à-dire que la Grèce aurait dû quitter l’euro depuis longtemps (au moins depuis le mois de mai 2010, lors du krach éclair) au lieu d’accepter des plans dits de sauvetage qui ne font qu’aggraver la crise.

Après le Grexit, ce sont les dominos des autres cochons de pays du Club Med (et d’autres) qui tomberont, ceux qui ont un rapport M3-M2 par rapport au PIB très bas, létal, inférieur à 2 %.

Bien entendu, cette chute de dominos provoquera de très fortes turbulences dans le monde entier.
Pour éviter ces turbulences, la nomenklatura euro-zonarde fera tout pour maintenir en survie des pays insolvables, ce qui ne fera qu’aggraver la crise dans la vieille Europe continentale.
Tout est simple.

Cliquer ici pour voir la page de la Banque du Portugal où ont été publiés les derniers chiffres des agrégats monétaires du Portugal.

24 réflexions sur “Portugal : l’euro m’a tuer !”

  1. l’ Europe n’a pas été faite dans la logique d’un zone économique mais bien comment une secte, une fois à intérieur vous rester prisonnier et pratiquement impossible dans sortir et même les traités d’une sortie reste assez flou

    1. Oui, on a imaginé l’euro comme le fruit d’un mariage, lequel est percu qualitatif donc indestructible… Nos abrutis croyaient faire dans la qualité… Jetant EU (le pEUple) ils croyaient déclancher la force ROuge puis être ensuite applaudi par le pEUple épidauré ! L’illusion a duré…

  2. bonjour.

    est ce qu’un extraordinaire effort de productivité de ces pays (salaires,retraites,social,etc…) pourrait sauver la situation,si tant qu’est les peuples acceptent ce sacrifice ? ou alors le problème est tellement profond qu’une dévaluation,donc une sortie de l’euro,est obligatoire ?
    cordialement

  3. Du solide.

    Si on analyse les donnees de l’OCDE de la veritable economie, disons la production de biens et de services, on se rend compte que depuis l’introduction de l’euro les economies de la zone ont totalement diverge 🙂

    Ce qui m’a mis la puce a l’oreille c’est ce graphique sur l’Insitiut des libertes:

    http://institutdeslibertes.org/wp-content/uploads/2014/05/prospectus1.pdf

    Production Industrielle Base 100 en 2000. Par un weekend glacial (-36C) j’ai donc compile toutes les donnes de l’OCDE qui confirment cette anomalie. Si on ajoute l’Espagne et le Portugal on trouve entre 2000 et 2008:

    -Une envolee de la production industrielle en Espagne similaire a l’Allemagne. sans doute de la construction
    -Une perte de 8 a 10 point de la production industrielle au Portugal….

    A partir de l’introduction de l’euro la production diverge dans tous ces pays… Avec stagnation de la prduction industrielle en France, en Grece, … effondrement de 8 a 10 points au Portugal.

    Grace a cette etude tout simple, j’ai pu repredre un certain Jean Pisani Ferry de France Strategie (organisation qui recycle les vieilles badernes socialo keynesiennes, qui ont bruyamment soutenu le candidat Hollande en 2012) un jour dans Le Monde.
    Ce monsieur affirmait qu’il fallait retrouver la convergence des economies d’avant 2008

    Quand la connerie aveugle et l’argument d’autorite tiennent lieu d’analyse, il n’y a plus de limites.
    C’est meme a ca qu’on les reconnait.

    Bonne journee a tous

    Stef du Canada 7:48 AM ici. 😀

          1. Oui ! J’ai déjà capté ce graphique depuis 2 ou 3 jours !!! Les grands esprits se rencontrent ! … mais il y a encore à dire sur ce sujet ! Pourquoi y a-t-il cette anomalie avec M3-M2 aussi faible en Germanie ?

          2. Peut être que les entreprises allemandes gardent leur trésoreries très liquides ce qui ferait apparaître le cash en M1 ou M2? Ou bien au contraire elles achètent des actifs ce qui sort le cash des masses monétaires?

          3. Un coup de chance vous voulez dire! 🙂
            Je commence tout juste a comprendre une infime partie de ce que vous expliquez depuis des années… On a encore besoin de vous!!!
            J’ai eu des idées mais rien de très concluant pour juillet/août 2013…

  4. Wikipedia sur les agrégats monétaires vaut ce qu’il vaut mais votre avis est surement intéressant sur ces affirmations !

    « L’interprétation de ces agrégats est devenue complexe du fait des changements structurels qui se sont produits récemment et l’introduction dans les produits relevant normalement de M3 de nouveaux instruments financiers complexes comme les CDO ( Debt Obligations). »

    « Le 23 mars 2006, le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis a cessé de publier M3, considérant que cet indicateur « n’était pas utilisé »(communiqué). La BCE continue à le faire même si Christian Noyer, l’actuel gouverneur de la Banque de France a précisé que l’introduction de nouveaux produits en changeait l’interprétation7. De même le site shadowstats continue à l’estimer. »

    « L’examen rétrospectif de M3 montre le gonflement de la bulle immobilière et le début de son renversement à fin 2007 qui allait précipiter le blocage puis la dégringolade des marchés financiers et des banques [réf. souhaitée]. »

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