Smith, Schumpeter, Greenspan et B-2

La richesse des nations (et de leurs habitants) chère à Adam Smith dépend des gains de productivité qui se manifestent par la destruction créatrice de Schumpeter : les entreprises qui innovent détruisent celles qui ne s’adaptent pas à ces innovations qui sont donc le moteur de la croissance, de la richesse et des emplois qui en suivent.

Ce bon vieux Greenspan le rappelait toujours. Pour lui, l’essentiel était que les Américains soient toujours à la pointe des inventions et de l’application des techniques nouvelles.

Les gains de productivité fluctuent autour de 2 % par an avec de fortes variations à court terme…

Document 1 :

… avec une tendance inquiétante à la baisse depuis quelques années,

Document 2 :

L’ordonnancement logique entre les gains de productivité et la croissance a été perturbé depuis le début de ce XXI° siècle,

Document 3 :

Le nombre d’emplois créés aux Etats-Unis depuis l’après-guerre a tendance à progresser par vagues successives sur une tendance longue régulière,

Document 4 :

Ce bon vieux Greenspan a été très gentil en limitant les grandes turbulences de façon à créer beaucoup d’emplois, trop par rapport à la tendance longue.

Le bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, a été chargé de rétablir les fondamentaux pour que l’Amérique garde son leadership : il a créé de grandes turbulences qui ont détruit les emplois superflus.

Aux derniers chiffres publiés ce jour, le total des emplois est encore inférieur à ce qu’il a été fin janvier 2008 !

Document 5 :

Le PIB réel a augmenté de 7,2 % en 6 ans avec 1 million d’emplois en moins, ce qui montre que des gains de productivité importants devaient être réalisés.

Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur n’est que de 3,2 %, ce qui signifie que la croissance peut difficilement être supérieure au rythme actuel.

Quelques petites remarques…
142 000 nouveaux emplois ont été créés dans le privé, 29 000 emplois publics ont été supprimés… aux Etats-Unis bien sûr, pas en France.

Les créations d’emplois sont la résultante de la croissance qui dépend de la destruction créatrice, c’est-à-dire des innovations, des gains de productivité.

Créer des zemplois aidés, limiter les suppressions d’emplois dans les entreprises et le secteur public ne font qu’accentuer et aggraver la crise.

C’est simple. Tout est simple.

Cliquer ici pour lire le dernier rapport officiel sur l’emploi aux Etats-Unis.

10 réflexions sur “Smith, Schumpeter, Greenspan et B-2”

  1. De mon point de vue, il y a soit destruction transformatrice (comme en chimie : « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme) ou création destructrice (par exemple, ces sociétés de réservation par internet de voiture avec chauffeur qui détruisent le boulot des taxis).
    Donc il conviendrait à mon sens de plutôt parler de la création destructrice de Schumpeter ! D’ailleurs vous précisez bien qu’il a d’abord création : « les entreprises qui innovent détruisent celles qui ne s’adaptent pas à ces innovations ».

    La destruction créatrice… une mauvaise traduction de l’anglais ?

      1. Il faut détruire les emplois obsolètes pour libérer les talents et les pousser à créer, à innover!

        Greenspan a été trop gentil, il a permi à des compagnies obsolètes de survivre grace à de l’argent trop bon marché… Avec les données historiques qui sont à disposition, seriez-vous en mesure de nous proposer un article, graphique à l’appui, montrant à quel moment Greenspan fut trop gentil? Quand est ce qu’il aurait dû remonter les taux?

        On revient tout de même sur une problématique de base qui est que le pouvoir dans les mains des gens de la FED me semble trop important! Ils ont su éviter un remake de 29, bravo! Mais, si comme vous le dites, Greenspan a été trop gentil, ne sont-ils pas responsables dans une certaine mesure de la situation précédent 2008?

        Milton à toujours défendu le monétarisme, à mon avis avec raison! Mais il défendait aussi l’idée d’imposer à la FED d’ajuster les taux en fonction de l’augmention de la masse monétair qui devait se rapprocher de l’augmentation de la productivité à Long terme! Et non pas sur des taux de chômages farfelus ou autres…

      2. Je reste dubitatif !!!

        Du point de vue du créateur, il y a transformation d’un existant (on ne part jamais de rien) et donc bien destruction-transformatrice…

        Ensuite d’un point de vue plus général, l’innovation se met à ronger les parts de marché d’un existant… ce qu’en France on ne tolère pas… le règne de l’innovation destructrice.

        On ne manque pas d’innovateur en France, mais percer est quasi mission impossible….

        Oui, pour faire PROSPERER quelque chose de nouveau, il faut pouvoir déjà détruire ce qui est obsolète, sinon, tout le processus est bloqué, et c’est ce qui se passe en France.

          1. Vu comme cela, évidemment ! Mais en France les mauvaises herbes sont retords… ainsi les vétérinaires qui n’apprécient pas que les agriculteurs se passent de leur service… Ainsi est devenu obligatoire (en bio) une visite annuelle du troupeau par le vétérinaire… à la charge de l’éleveur bien sûr !!! Même les professions dites libérales (les vétos) font dans le fonctionnarisme !

          2. Il me plait également de considérer les ENArques comme des mauvaises herbes. Initialement, que l’on produisent des commis d’Etat pour rétablir le pays, pourquoi pas ! Mais ensuite il aurait fallu drastiquement réduire la voilure de production des Enarques… Au contraire, on a continué à en produire à tour de bras dont la promo Voltaire actuellement au pouvoir…
            Charles Gave a pour projet de refaire http://institutdeslibertes.org/comment-participer-a-la-reecriture-de-des-lions-menes-par-des-anes/
            Il pourrait l’intituler « Des lions bloqués par des mauvaises herbes ».

  2. Faire PROSPERER une nouvelle analyse est quasi mission impossible en France.

    L’establishment s’oppose à toute autre forme d’analyse qui ne sort pas de son cru.

    Et quand bien même des sous-marins opèrent en son sein, on minimise aussitôt la portée de l’étude, la réduisant à n’être qu’une petite étude (et déjà dans le titre, l’on signale qu’elle est controversée) :
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/01/28/une-etude-controversee-alerte-sur-la-fragilite-du-credit-agricole_4355589_3234.html
    « C’est une petite étude réalisée par deux économistes néerlandais de renom, mandatés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, qui réunit 34 pays membres), qui fait couler beaucoup d’encre.

    Datée du 6 janvier et révélée par l’hebdomadaire allemand WirtschaftsWochedans son édition du lundi 27 janvier, cette étude sur « L’état du secteur bancaire en Europe » estime à 84 milliards d’euros l’insuffisance de capitaux propres des banques européennes, dont 31,5 milliards d’euros pour le seul Crédit agricole. « Une situation dramatique pour la banque française », souligne le journal. »

    Par ailleurs, Jean-Pierre est bien placé pour le savoir, condamné à payer 10 mille euros…

    Moi même également : diplôme d’ingénieur en poche, les conclusions de mon mémoire de fin d’étude sont alors publiées en 1980 notamment dans le Ouest-France à 800 mille exemplaires. Immédiatement, l’on a demandé à ce que je me dédise sinon tous les responsables de l’Ouest seraient avertis… En d’autres termes, l’on me fermait les portes de l’emploi. Il y avait pourtant 120 mille veaux estimés annuellement perdus (avortement et maladies néo-natales) alors pour les quatre départements bretons… mais de cette perte on s’en fichait… Il ne fallait surtout pas émettre d’hypothèse nouvelle, hypothèse remettant en cause le fondement enseigné sans jamais vraiment être dit.

  3. Je vous conseille la lecture du livre suivant:
    « The lights in the tunnel. » par Martin Ford

    sur l’influence de la technologie sur le marché de l’emploi et sur les bouleversements sociaux à venir.

    Le livre est parfois simpliste, mais le raisonnement est « eye-opener ».

  4. Merci donc à Jean-Pierre d’avoir insisté.
    Voici le commentaire que je viens de poster à l’IDL http://institutdeslibertes.org/des-lions-menes-par-des-anes-suite-introduction/#comment-11903

    Dans un commentaire précédent http://institutdeslibertes.org/des-lions-menes-par-des-anes-suite-introduction/#comment-11856, je signalais avoir longuement fréquenté un membre de la nomenklatura. Pour lui, on ne pourra jamais faire mieux que ce qu’il avait fait (notamment une année 30 milliards de francs de chiffres d’affaires, 5 milliards de bénéfices). C’est donc comme s’il verrouillait le monde sur ce qu’il avait réalisé… Ensuite ce dernier de péricliter comme pour confirmer ses dires.
    Sans aller si haut, pour mon propre père ayant quitté l’école à 11 ans, devenu champion laitier, également de considérer qu’on ne pourra faire mieux que ce qu’il avait fait… C’est donc également comme s’il avait mis un verrou sur ses réalisations qui étaient au top en… 1967 (salle de traire avec petit carrelage et peinture Rust-Oleum…), installation toujours utilisées 50 ans après.
    C’est donc comme si avait été bloqué le processus de DESTRUCTION-création. On reste rivé sur l’acquis, on ne fait que le prolonger…
    Les constructions n’ont pas été voulues relatives mais ont été considérées définitives, absolues… pensées de qualité (qualité qui, dans l’esprit, se veut éternelle -c’est là le piège-).
    Et pour ma part, fils d’un tel père, c’est avec difficulté que j’abordais le concept de destruction-créatrice. Voir ces commentaires http://institutdeslibertes.org/incertitude-intellectuelle/#comment-10905 et leurs prolongements et dénouement ici https://chevallier.biz/2014/02/smith-schumpeter-greenspan-et-b-2/#comments
    Il semble que j’avais du mal à pouvoir accepter la notion de destruction car la mentalité de mon propre père (reflet d’une mentalité ambiante ?) me l’interdisait… La situation semble se dénouer car mon boss qui est aussi mon cousin et gère notamment la ferme familiale, envisage depuis peu un nouveau projet qui gommerait la réalisation paternelle pour faire beaucoup mieux.

    Et si ce problème ici affiché comme tout personnel n’était que le reflet d’un problème plus général : un refus de la destruction -à tous les étages de la société- qui empêche à la nouveauté (que je chérie pourtant de tout mon coeur) de prospérer ? Mais que fait donc l’élite de ce pays qui n’a pas su démasquer un tel problème ? Elle mérite vraiment le qualificatif d’âne ! Elle estime que ce qu’elle fait est de qualité sous entendu absolue et ne supporte aucune critique comme j’ai pu en faire les frais en 1980. Elle serait bien avisée d’intégrer la notion d’obsolescence, de qualité relative.

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