USA : monétarisme et croissance normale, suite

Les derniers chiffres des agrégats monétaires publiés par la Fed jeudi soir montrent que M2-M1 augmente sur une pente en moyenne de 4,9 % depuis un an pour atteindre un nouveau sommet à 7 778 milliards de dollars

Document 1 :

L’augmentation de M2-M1 a donc… diminué pour se situer dans une tendance lourde aux alentours de 5,0 % d’une année sur l’autre depuis le début du mois d’aout 2011,

Document 2 :

… ce qui signifie que la croissance du PIB est proche de son potentiel optimal depuis cette date,

Document 3 :

Cependant, l’épargne des Américains est trop importante (par rapport au PIB), surtout depuis la faillite de la banque des frères Lehman : elle est proche de 50 % du PIB

Document 4 :

alors qu’elle devrait n’en représenter que 40 % au maximum,

Document 5 :

Ainsi, 10 % du PIB sont quasiment stérilisés dans les caisses d’épargne, soit 1 500 milliards de dollars au lieu d’être dépensés ou investis.

Pour relancer la croissance et faire diminuer le chômage, il suffirait que le futur président, Mitt Romney par exemple, incite les Américains à dépenser leur argent comme le fit ce bon vieux Greenspan après les attentats du 11 septembre 2001, ou à investir, directement dans des entreprises ou indirectement dans des valeurs mobilières.

Cette solution aurait l’avantage de profiter aux Américains mais l’inconvénient de profiter aussi aux Euro-zonards dont la croissance serait ainsi tirée par la locomotive américaine.
Pour l’instant, l’€-crise et la tête d’enterrement du bombardier furtif B-2, Ben Bernanke, entretiennent une ambiance de pessimisme qui fait tomber la croissance du PIB réel un peu sous son potentiel optimal historique mais dans une zone normale sans inflation.

Tout va donc bien aux Etats-Unis…
Tout est simple.

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Remarque 1 : les 1 500 milliards de dollars d’épargne excédentaire des Américains se retrouvent a priori dans les 3 000 milliards du bilan de la Fed.

Ainsi, comme je l’ai écrit, la Fed fait circuler l’argent qui, sans son intervention serait stérilisée, ce qui contribue à la croissance du PIB.

Encore une fois, il n’y a pas de création monétaire aux Etats-Unis, pas d’argent non gagné, la planche à billets ne tourne pas. Il n’y a qu’une circulation monétaire accentuée par la Fed.

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Remarque 2 : ainsi, il peut y avoir augmentation de la masse monétaire (ici en M2-M1) sans qu’il y ait de création monétaire.
L’augmentation de la masse monétaire fait baisser la croissance du PIB (ici sous son potentiel optimal, c’est ce qui se passe aux Etats-Unis) alors que la création monétaire est létale à terme (c’est ce qui se passe dans la zone euro).

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29 réflexions sur “USA : monétarisme et croissance normale, suite”

  1. Je vais surement poser une question bête. Quand vous dites JP  » il n’y a qu’une circulation monétaire accentuée par la Fed », est-ce que celà explique le fameux QE dont on se demandait pourquoi ?…

  2. A votre avis, cette épargne, ces 1500 milliards, elle est détenue par les américains ou par des européens qui souhaitent se protéger des grandes perturbations à venir ?

  3. Ouaww !! Depuis le temps que je lis votre blog, c’est le premier article que j’arrive intuitivement à comprendre(j’espère dans le bon sens)
    Par contre cela m’inspire la question suivante : Pourquoi les gens préfèrent épargner plutôt que consommer ou investir (à la différence du livret A ou Assurances Vie) ?
    J’ai bien des éléments de réponses mais différents du traditionnel « les Euro-zonards n’ont aucune culture économique » mais plutôt tourné vers la peur de l’avenir ou du risque et le manque de confiance dans la formation des prix.

  4. Bonsoir,
    J’ai tradé aujourd’hui et le chiffre du chomage a fait son effet en intraday. Toutefois une fois le plus haut de 2007 dépassé sur le DJ il s’est replié. Correction technique certaine…
    Toutefois en regardant d’un peu plus prè sles chiffres ont peu pas nier l’évidence.
    Augmentation massive des emplois à temps partiel liés à la conjecture.
    Les taux ne baissent pas dans les tranches des 25 ans.. des jeunes quoi.
    Alors croissance ok, en démultipliant les emplois temps partiel? ce qui signifie que pour maintenir de la croissance les US précarisent la population. cela devrait faciliter la sortie de l’épargne, c’est un moyen comme un autre.
    Je trouve que le monétaire ne pèse pas forcément bien les conséquences de sa politique, ou alors ils connaissent les conséquences mais n’informent pas les populations. Comme on dit, ca passe ou ca casse…
    C’est malhonnête mais favorable à MT pour le pays…
    Je pense que les américains sont plus aptes que les européens à le supporter. D’autant que leur législation du travail est beaucoup plus flexible. Il seront plus pauvre un temps mais si le système se maintient la montée du PIB devrait leur permettre à MT de récupérer leur pouvoir d’achat. L’épargne servira donc bien à couvrir les dépenses courantes dans un premier temps et maintenir l’économie à son niveau. Bon moyen d’éviter la planche à billet quand on a pas une population d’assistés revendicateurs 😉

    1. @ Magaja : votre post ici présent corrobore ce qui semble être l’orientation vers laquelle on souhaite faire aller le marché du travail en Europe, à savoir mettre fin aux rentes de situation au sein de la classe moyenne (on voit les dégâts que cela cause particulièrement en France).

  5. Si j’ai bien tout compris :
    – Epargne M2-M1 est toujours un peu trop haut ( épargne de précaution, peur du lendemain )
    – Ce qui entraine ( inversement proportionnel ) un PIB toujours un peu trop bas ( usines au ralenti, précarité, chomage )
    – Pour relancer la croissance PIB ( potentiel optimal réel stable autour de 3.5 % ), il faut diminuer de taux de base pour diminuer la masse monétaire ;
    > donc taux bas de la Fed ;
    > diminution des liquidités détenues par les banques commerciales en leur vendant ( par banque centrale ) des bons du trésor. Mais celà entraine de l’inflation.

    Pour que celà tourne rond, il faudrait donc adopter une politique générale incitative pour que les ménages consomment plutot que remplir les chaussettes, et que les plus aisés d’entre eux investissent dans les entreprises, performantes, ( d’où baisse du chômage, de la précarité, et confiance retrouvée ).

    Mais si les 1500 milliards d’épargne excédentaire se retrouvent, à priori, dans les 3000 milliards du bilan de la Fed, celà voudrait dire que la Fed a asséché les banques commerciales au profit des bons du trésor ( endettement de l’Etat, inflation ). C’est pas bon du tout çà ?…. .

  6. Mais…. comme c’est la guerre, monétaire, celà traduit, peut-être, que les US ne relancent pas volontairement leur potentiel alors qu’ils en ont les moyens, question de prendre le temps que les Z€uro s’enfoncent un peu plus afin qu’ils ne profitent plus autant de la relance outre Atlantic ?…..

    1. @ BFA : puisque vous semblez être tenté(e) – tout comme je le suis – par la tentative de faire des projections sur l’avenir et de décrypter les orientations stratégiques tant économiques que bancaires initiées (parfois de façon contraires) par la FED, la BCE, le FMI, l’OMC, … (et d’autres moins institutionnels…), permettez-moi de rappeler une évidence à votre esprit : le caractère apatride et sans idéologie de tout investissement est inversement proportionnel à son volume 🙂 En clair, la guerre monétaire US (gagnée contre l’Euro) commet à court terme de la casse auprès de la population US, mais lui est bénéfique à moyen terme. Pour le long terme… Dieu seul sait.

  7. Lundi 8 octobre 2012 :

    Grèce – « Il faut songer à une restructuration de la dette » – un responsable du FMI.

    Les pays européens devraient réfléchir à une restructuration de la dette de la Grèce s’il s’avère que le pays n’est pas en mesure de se remettre sur les rails, estime un responsable du Fonds monétaire international cité lundi dans un journal néerlandais.

    « Une contribution de la part des Etats sera alors certainement un sujet de discussion », dit Menno Snel au quotidien Het Financieele Dagblad.

    Ses déclarations illustrent les divergences entre les membres de la troïka – FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne – sur la manière de résoudre la crise de la dette.

    Des responsables européens ont dit à la fin septembre à Reuters que le FMI voulait que les Etats passent une décote sur la dette grecque qu’ils détiennent, une perspective rejetée par les pays de l’UE tant elle leur paraît politiquement périlleuse.

    L’Europe préfère donner plus de temps à Athènes en matière de respect des objectifs budgétaires.

    Un responsable grec a déclaré samedi que deux semaines de discussions seraient encore probablement nécessaires pour parvenir à un accord entre la Grèce et la troïka sur de nouvelles mesures d’austérité.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00469275-grece-il-faut-songer-a-une-restructuration-de-la-dette-resp-fmi-370034.php

    Encore ?

    Encore un défaut de paiement de la Grèce ?

    Mais cette fois-ci, ce sont les Etats de la zone euro qui vont subir des milliards d’euros de pertes.

    Contribuables européens, préparez-vous à payer.

    Contribuables européens, préparez-vous à payer pour le deuxième défaut de paiement de la Grèce.

  8. Je pensais que B.B était plus Keynésien que Friedmanien… je me trompe?
    Tout à basculé dans la campagne à partir du moment ou Romney s’est opposé en disant qu’il vererait Bernanke, c’est pas du monétarisme ça, ça va même à l’encontre.

    Toutefois Mr Chevalier, j’ai une question:

    Pourquoi aborder vous le monétarisme sans prendre en compte les éléments qui peuvent déstabiliser ce marché, à savoir le comportement des acteurs financiers et l’utilisation des afflux financiers?
    Le comportement nuisible des banques américaines qui ont fait en sorte le 29 septembre par exemple qu’il ne soit pas possible de limiter la taille des positions sur le marché des matières premières?
    La nature humaine peut elle réellement s’accommoder honnêtement de la dérégulation complète?

    J’aime beaucoup votre pragmatisme, car il permet d’avoir une vision dénuée de tout parasitage, mais quand même…

    1. 1 Un bombardier furtif n’est jamais là où l’on croit qu’il est
      2 Comme toujours, ie avec Greenspan et B-2, la Fed laisse faire pour qu’une crise éclate de façon à imposer (en position de force) ses règles, seuls ces idiots de libertariens sont convaincus que des marchés totalement libres peuvent perdurer

      1. Si l’on prend une option biophysique pour comprendre, point de vue développé par Roland Pigeon (québécois décédé en 1980 ou environ)…
        En 1969, on pouvait lire « Il faut que la lithophère assure et guide l’évolution des espèces, par les modifications qu’elle impose au milieu sanguin. »
        J’ai longtemps tiqué sur cette formulation.
        Par ailleurs, l’on peut lire : « la vie semble être un phénomène des plus instables, provoqué par la microsphère, responsable d’un formidable transfert d’énergie, … »
        En d’autres termes c’est un feu, un feu de paille s’il n’y a pas de mécanisme de contrôle.
        La formule se poursuit : …, et qui ne peut être limité dans son action que la lithosphère ».

        Ce feu de paille, on peut l’observer dans les familles pauvres, familles sans réelle structuration et notamment sans absolument aucune notion d’économie. De la bouffe arrive… on s’y précipite tant pis pour les absents. Des allocations gouvernementales sont versées (en l’occurence dans la famille où je vis, 4 euros), ce sont des babioles pour les bébés qui sont achetées… Je finance les sacs de riz soit 100 kg de riz par mois pour une famille de 6 enfants. Pour moi c’est énorme… Où est la fuite ? Et là hier alerté par les chats titillant une casserole je découvre dedans un gros paquet de riz cuit avec des têtes de poissons… Puis ensuite une casserole de riz cuit puis une autre avec du riz tout nouvellement cuit. Furieux, je vais demander des explications et j’aurai donc ainsi heurté toute la famille, crime pour ma copine…
        En fait, je symbolise l’ordre, la lithosphère, ordre dont l’incursion dans le monde de la microsphère est inadmissible (je vise à faire durer le sac de riz et non à ce qu’il flambe comme présentement). Et c’est pourtant à l’occasion de heurts que cet ordre, notion d’économie, peut être intégré… Voilà donc ce que je viens de comprendre….
        Ma micro expérience semblant faire écho à la macro-économie… Et sur ce papier daté de 1969, Roland Pigeon de dire : « Cette loi méconnue contrôle en définitif la vie, tant dans ses composants inorganiques que ceux hautement structurés ».

  9. ces dérégulations qui profitent majoritairement aux banques « too big to fail » les autorisent à « parier » avec habituellement beaucoup de » leverage  » et ce marché est énorme et donc potentiellement très dangereux pour le système financier
    même si la FED veut laisser aller jusqu’à l’éclatement d’une crise avant de réguler (en comptant sur la liquidité des QE pour limiter les dégâts dans l’économie réelle )
    elle joue avec le feu car avec ces «  »side bets » il y a toujours une contrepartie dans le marché et il est peut être déjà trop tard pour pouvoir agir /réguler sans gros dommages collatéraux

  10. « [Cette solution aurait l’avantage de profiter aux Américains] mais l’inconvénient de profiter aussi aux Euro-zonards dont la croissance serait ainsi tirée par la locomotive américaine ».

    Une question Mr Chevallier : votre sévérité envers les « euro-zonards » n’est-elle pas devenue idéologique ?
    Que faudrait-il a ces pauvres bougres pour qu’ils s’attirent moins vos foudres ? Des dispositions sur le marché du travail ? Des dispositions fiscales ? … ? Y a-t-il un espoir de voir un jour l’euro fonctionner techniquement (c’est a dire sans la volonté politique imposée par la nomenklatura) ?

  11. Votre « remarque 1 » a la fin de votre présent article, cher JPC, fait penser que la FED va savoir rétablir la pleine confiance de sa population dans les mois qui viennent…

    Votre « remarque 2 », fait penser que la BCE n’y parviendra malheureusement jamais…

    A suivre.

  12. Mr Chevallier,

    George Ugeux sur son site dans un article du 4 octobre écrit quelque chose qui fait soit sourire soit donne froid dans le dos (c’est selon le tempérament de chacun) :

    […] « On y apprend notamment que les banques européennes représentent collectivement 340 % du PIB européen et que ce pourcentage est inférieur à 100 % aux Etats-Unis et au Japon. Le monopole de la banque universelle est décidément puissant ».

    Pardon par avance mais je ne comprends pas le sens de la remarque « monopole de la banque universelle »… Quel en est le sens entendu par Ugeux ?

    1. @ Homer : je pense qu’il pointe la consanguinité, l’hypertrophie et l’hyperpuissance (tant financière – financement des dettes publiques…., que législatives – lobbies, etc….) des banques européennes, qui, bien que mal gérées, détiennent le pouvoir sur les gouvernements locaux.
      Ils font la pluie et le beau temps, en toute connivence (transferts des Pérol, Musca et autres, rien qu’en France, entre public et privé, sans se cacher !).
      Avec toutes les activités qu’ils couvrent, la fameuse banque universelle, ils sont totalement imbriqués et incontournables.
      Au niveau économique, on peut commencer à s’en passer (de plus en plus de PME tentent l’aventure obligataire non cotée pour obtenir leurs financements, ils ne passent plus par leurs banques), mais qui pour financer les déficits des états ???? Qui est gorgé d’obligations d’Etat ? Leur poids les rend incontournable et les législateur iront toujours dans leurs sens.

  13. Mardi 9 octobre 2012 :

    Le FMI craint une aggravation de la crise dans la zone euro.

    Le FMI, qui a abaissé ses prévisions de croissance pour la France, se montre tout aussi pessimiste pour l’ensemble de la zone euro. « La crise dans la zone euro reste la plus claire menace sur les perspectives mondiales », assure-t-il dans ses perspectives économiques, publiées lundi 8 octobre.

    Malgré de récentes avancées, la récession semble plus forte que prévu cette année en zone euro et le rebond s’annonce limité en 2013, pire, la crise pourrait encore s’aggraver sans nouvelles « mesures immédiates », prévient le FMI, qui participe aux trois plans d’aide en cours dans la région (Grèce, Irlande, Portugal).

    « La crise de la zone euro s’est aggravée en dépit des décisions politiques visant à la résoudre », constate-t-il. Les indicateurs « restent dans le rouge, ce qui suggère que la faiblesse se répand de la périphérie vers l’ensemble de la zone euro », touchant tous les pays, y compris l’Allemagne.

    http://www.boursorama.com/actualites/le-fmi-craint-une-aggravation-de-la-crise-dans-la-zone-euro-ef23c6e2cce73aae3d33155efcba7249

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