Aux États-Unis, c’est la Fed qui doit mener la politique monétaire dans l’intérêt de tous les Américains et non pas du parti au pouvoir, mais le Trésor ne respecte plus cette séparation des pouvoirs.
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D’après les données de notre ami Fred de Saint Louis, le solde hebdomadaire de la trésorerie de l’État fédéral des États-Unis a connu une évolution étonnante depuis le début de ces publications, c’est-à-dire depuis 1986…
En effet, ce solde a été de l’ordre de 5 milliards de dollars jusqu’à la fin du mois de septembre 2008, ce qui était logique et normal, mais il a commencé à décoller à partir du mois d’octobre 2008, juste après la faillite de la banque des frères Lehman en fluctuant parfois dans des proportions importantes mais en restant toujours inférieur à 400 milliards de dollars, ce qui était déjà hors normes.
Cependant, par la suite, ce solde hebdomadaire de la trésorerie de l’État fédéral des États-Unis a explosé à partir du mois d’avril 2020 lorsque les autorités ont décidé d’interdire aux Américains de travailler tout en leur apportant des milliers de milliards de dollars pour qu’ils puissent vivre à peu près normalement comme précédemment, sous le prétexte de cette histoire de coronavirus.
Document 1 :
Ce solde de la trésorerie de l’État fédéral a atteint un sommet historique de 1 817 milliards de dollars au 29 juillet 2020 pour retomber à 78 milliards de dollars au 13 octobre 2021, puis il est remonté à 946 milliards de dollars au 11 mai 2022 pour retomber à 45 milliards de dollars au 7 juin 2023 et il est remonté à 941 milliards de dollars au 24 avril 2024, derniers chiffres publiés !
Document 2 :
Ces variations du solde hebdomadaire de la trésorerie de l’État fédéral des États-Unis sont gigantesques et totalement hors normes mais (extrêmement) rares sont les articles qui les analysent et qui en tirent des conclusions fiables…
D’après les conclusions de mes analyses des variations des agrégats monétaires, et pour simplifier, une baisse de la masse monétaire entraine une hausse de la croissance du PIB réel.
En conséquence, la hausse de la trésorerie de l’État fédéral entre le premier avril 2020 et le 29 juillet 2020 de 1 387 milliards de dollars a retiré du marché une grande partie des milliards de dollars généreusement et outrageusement introduits par la Fed, ce qui a paradoxalement permis de relancer la croissance du PIB réel !
Inversement, la baisse de la trésorerie de l’État fédéral entre le 29 juillet 2020 et le 13 octobre 2021 de 1 739 milliards de dollars a remis en circulation sur le marché 1 739 milliards de dollars, ce qui a paradoxalement contribué à ralentir la croissance du PIB réel par la suite !
Il en a été de même du 11 mai 2022 au 7 juin 2023 : la baisse de la trésorerie de l’État fédéral a contribué à ralentir la croissance du PIB réel, ce qui s’est manifesté au premier trimestre 2024.
La hausse de la trésorerie de l’État fédéral de 897 milliards de dollars depuis le 7 juin 2023 est destinée à faire repartir la croissance du PIB réel… avant les élections présidentielles américaines !
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Ces variations du solde hebdomadaire de la trésorerie de l’État fédéral des États-Unis sont donc de grande ampleur et elles auraient dû être dirigées normalement par les membres du FOMC dans le cadre de leur politique monétaire car ce sont eux qui sont chargés de la mener, et non pas les dirigeants du Trésor, d’après les règles constitutionnelles.
En effet, comme je l’ai mis en évidence et comme l’a rappelé jadis Milton Friedman, la politique monétaire d’une nation consiste à piloter la croissance du PIB en maitrisant la variation des agrégats monétaires, ce qui est la principale fonction d’une banque centrale qui doit ainsi défendre les intérêts de la nation indépendamment des hommes politiques élus.
La fonction du Trésor de toute nation est de gérer les finances publiques en fonction des décisions prises par les membres du gouvernement qui sont des hommes politiques élus, donc partisans.
Cette histoire de coronavirus aura créé une très grande confusion dans le cadre du fonctionnement des institutions américaines.
Les décisions des dirigeants de ces deux organisations agissent sur les variations de la masse monétaire sans coordination et même en opposition !
Elles répondent à des objectifs qui sont contradictoires.
En effet, Janet Yellen étant membre du parti Démocrate commence à doper la croissance du PIB pour faire réélire le candidat de son parti, ce qui est normal, mais, selon la constitution des États-Unis, elle ne doit pas le faire via la manipulation de la masse monétaire.
Seuls les dirigeants de la Fed sont habilités à le faire avec pour mission d’atteindre le plein emploi et une inflation optimale, ce qui n’est pas compatible avec une politique politicienne, c’est-à-dire défendant un parti contre son adversaire.
C’est la première fois qu’une telle incongruité se produit aux États-Unis.
En favorisant l’augmentation du PIB, Janet Yellen aggrave l’inflation alors que les dirigeants de la Fed doivent au contraire la faire baisser (en maintenant des taux élevés qui ont tendance à créer une crise qui a toujours des effets déflationnistes).
Ces objectifs sont contradictoires et ils accentuent le désordre qui sévit aux États-Unis.
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Pour rappel, les membres du FOMC font varier les agrégats monétaires ordinairement indirectement en agissant sur le taux de base de la Fed qui est le taux directeur des marchés.
Milton Friedman préconisait d’agir directement sur la masse monétaire en menant une politique d’open market qui consiste pour la Fed à acheter ou vendre des bons du Trésor.
A chacun son métier !
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Cliquer ici pour lire un article publié par ZeroHedge abordant une partie de ces problèmes, mais avec manifestement des erreurs…
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